Touche à Touche Part 8
Mini Pouce
J’ai choisis de rester et pour réponse je lui ai donné toute la tendresse que je pouvais lui offrir, après autant d’année d’abstinence en matière de passion, il venait de révéler toute l’intensité qui pouvait se cacher en moi. Sans le vouloir je me suis allongée sur les touches du piano qui ont raisonnées d’un ton très grave comme pour nous indiquer que c’était mal. Seulement dès ce moment rien ne pouvait plus décoller nos lèvres les unes des autres. Il retira ma veste de tailleur beige et déboutonna du bout de ses doigts mon chemisier bleu.
Il n’a pas mis longtemps à me faire chavirer sur le sol de sa maison, le parquet était recouvert à cet endroit d’un tapis de couleur rouge, juste suffisamment confortable pour ne pas gâcher le moment. A mon tour j’ai déboutonné les boutons de sa chemise tout en continuant de l’embrasser langoureusement, j’ai arraché son t-shirt blanc pour découvrir un corps merveilleusement doux. Mes doigts parcouraient son corps sans se lasser, je sentais les siens qui en faisaient de même, un coude sur le sol pour retenir son poids. Il restait prévenant et doux et pourtant il possédait cette force étrange qui me déroutait, chaque geste était contrôlé, je n’avais qu’à me laisser guider vers le plaisir. Il s’est installé rapidement au creux de mes hanches, et c’est à peine si j’ai le souvenir d’avoir fait l’amour avec lui, mon corps est parcouru de frisson, j’ai peur et en même temps je tremble de plaisir, en fait je crois que j’ai presque honte d’avoir eu autant de bonheur. Nous sommes là, allongés l’un contre l’autre, et peut-être sous l’effet de mes frissons, il n’a pas mis très longtemps à chercher une couverture pour m’enrouler dedans, ma tête posé sur son torse, j’écoute sa respiration.
Des millions de questions venaient se percuter les unes contre les autres dans ma tête, c’était le désordre complet, certaines questions n’avaient même pas le temps d’être comprises ou analysés, qu’une autre venait déjà prendre sa place. Pour résumer ce chaos, j’essayais simplement d’en imaginer les conséquences, ce qu’allait être son futur, s’il avait l’habitude de faire ce genre de chose, ou si c’était sérieux. Alors que lui semblait si serein, il jouait du bout de doigts avec mes cheveux et il respectait mon silence, ce calme pour reprendre un peu de souffle après avoir tant donné.
- Est-ce moi, où est ce que ça t’arrive souvent ?
- Oui souvent avec tous mes étudiants, je suis un accro, pourquoi ?
Il n’a pas attendu ma réponse, ou même de sentir ma gêne pour exploser de rire, il n’avait pas pu s’empêcher de faire une blague, j’aurai du m’en douter venant de lui. En même temps j’étais complètement incapable de lui en vouloir, car indirectement il venait de m’avouer qu’il n’y avait que moi.
- Bon et je suppose que notre prochaine discussion est de savoir quelles vont être les conséquences de nos actes, n’est ce pas ? (j’esquissais un petit hochement de tête, il en venait au sujet problématique avec une telle simplicité que c’était déconcertant) Si tu es allongée là nue à mes côtés, c’est que j’aime ce que tu représentes, et pas seulement tes formes qui je dois dire son agréable à regarder et toucher. Non disons qu’il y a plus que cela, mais je sais que c’est facile pour moi, cette maison n’est habité que par un crétin vivant accompagné de son piano. Il n’y a que toi qui peut te poser des questions et qui puissent te donner des réponses.
- Crois tu que c’est aussi simple que ça ? A t’écouter tout repose sur moi.
- En effet pour moi tout repose sur toi, tu dois choisir entre ta vie actuelle, heureux petit cocon familiale, et une vie incertaine mais peut-être passionné avec moi.
- Belle façon de résumer les choses…
Nous sommes restés allongés encore un petit moment jusqu’à ce que l’horloge sonne et me rappelle que non mon carrosse ne m’attendait pas à l’extérieur, mais plutôt ma famille chez moi.
Les jours se sont écoulés comme d’ordinaire, je cherchais toujours un prétexte pour en arriver au conflit avec mon compagnon. Celui avec qui j’avais traversé toutes ces épreuves et ces années me devenait insupportable. Cette douceur et cette détente qui le composait ne me suffisait plus, je voulais voir sortir la rage de son être, je voulais qu’il me dise les pires choses pour que je puisse avoir à tout lui reprocher, mais ça n’arrivait jamais, il continuait d’être lui-même et je continuais de rêver d’un autre.
Nous nous étions si bien entendu toutes ces années, c’était difficile pour moi de prendre la décision de tout quitter, je ne voulais surtout pas imposer autant de malheur à mes enfants. En réalité le choix était déjà fait, c’était du moins tout comme, je n’attendais que le bon prétexte, le bon moment pour y mettre des mots.
Ce moment n’a pas mis longtemps à arriver, je pensais que j’aurais été celle qui aurait eu le courage de le faire, après tout il n’avait jamais rien dit toutes ces années, je passais mon temps à tout analyser alors que lui, j’avais l’impression que la vie lui passait dessus tel un coup de vent, une sensation de frisson et sitôt oublié. Il n’avait pas tellement changé depuis tout ce temps, toujours le même visage enfantin et toujours cette même façon de sourire sagement. Pour lui il n’y avait jamais de problème et il détestait ma manie de toujours vouloir le pousser à bout. Il aime les gens, il aime la vie et il ne voit surtout pas l’intérêt de s’embêter à penser à autre chose.
C’est donc environ une semaine après, comme d’habitude après avoir regardé un peu la télé, enroulé l’un contre l’autre sur le canapé nous sommes allés nous coucher. Nous avions l’habitude de toujours nous retrouver comme ça après avoir couché les enfants, c’était notre petit moment de solitude partagé, cependant il y avait bien longtemps que cet instant était plus devenu un rituel qu’un réel plaisir.
Je regardais le plafond allongée dans le noir, les images de Jimmy ne cessaient de me hanter, et surtout je sentais la douleur grandir d’être allongée là à côté d’un homme qui ne méritait pas tout ça. Il a rompu le silence, c’était sans prévenir, et jamais je n’aurais pu croire qu’il prenne cette initiative.
- Nous n’avons pas complètement échoué, nous avons de beaux enfants, une situation presque enviable pour beaucoup, et puis surtout nous nous sommes amusés.
- Oui bien sur que nous n’avons pas échoué…
- Seulement aujourd’hui est arrivé le moment que nous connaissons tous les deux. On le connait parce qu’on la prévu depuis le début.
- Comment ça ?
- Laisse-moi finir. Nous étions brisés tous les deux quand nous nous sommes rencontrés, nous avions eu un passé difficile et nous nous sommes accrochés l’un à l’autre dans l’espoir de nous reconstruire doucement, d’affronter le monde à deux et surtout afin d’éviter tout risque de souffrance nous avons décidé de ne jamais compliquer les choses avec de la passion.
Nous nous étions relevé dans le lit, la lumière tamisée de ma lampe de chevet éclairait chaudement nos visages sans pour autant en irriter nos yeux. Il fallait que nous puissions nous voir sans pour autant ajouté de distance. L’heure des aveux était arrivée.
- J’ai passé mes meilleures années à tes côtés, tu m’as apporté beaucoup de bonheur et de joie, mais je dois avouer qu’il m’a manqué quelque chose, ce petit plus que tu découvres aujourd’hui et qui est en train de créer autant de violence et de différence entre nous.
- J’aurai voulu oublier ce que je ressens, mais je n’arrive pas, j’ai l’impression de me réveiller après des années de sommeil, c’était calme et reposant, mais j’en ai oublié quelque chose…
- La passion… Tu as sans doute oublié après toutes ces années, mais nous en avons déjà parlé, nous savions que ce jour arriverait, pourtant nous étions certainement loin d’imaginer que ce bout de chemin aurait duré si longtemps.
Nos mains se serraient tout comme nos cœurs souffraient dans notre poitrine. Je n’arrivais pas à retenir les larmes qui coulaient le long de mon visage, je n’avais pas un soupir et pas un tressaillement qui venait onduler mon corps, juste ces petites gouttes qui venaient s’échapper le long de mes joues. Il savait tout, il avait eu la force de dire les mots qui me terrifiaient tant.
- Nous avons grandie ensemble, nous n’étions pas fort avant ça pour affronter ce que la vie nous préparait et être ensemble c’était notre manière de nous défendre, de ne faire qu’une. Grâce à toi je me suis apaisée, j’ai les plus beaux enfants du monde, mais il y a bien plus, j’ai l’impression d’avoir appris à lire en toi sans avoir besoin des mots. Avec toi tout n’était jamais trop, tu étais dans la mesure, et j’ai suivie ton tempo, calme et doux.
- Le temps est sûrement venu d’apprendre à marcher seul, de prendre des risques et d’y croire, ce que nous avons loupé n’est pas perdu. Je sais qu’il y a eu de l’amour, je n’en ai jamais douté, énormément de tendresse. Seulement aujourd’hui je ne peux plus supporter de te voir agir comme ça, tu me rappelles tous les jours à quel point la réalité est dure et que pourtant je dois l’affronter, ta violence m’est devenue insupportable et je ne veux plus avoir à l’affronter, je ne veux plus être celui qui t’empêche d’avancer.
Après un long silence j’ai décidé qu’il ne devait plus y avoir de mensonge entre nous, que jamais plus de toute façon je ne pourrais revenir en arrière, il m’offrait la chance de vivre ma vie.
- Tu sais qu’il y a quelqu’un d’autre ? J’ai lutté, j’ai voulu me rendre compte du bonheur que tu m’offrais chaque jour, pourtant je n’ai pas résisté, une partie de moi ne demandait qu’à vivre cet instant.
- Je le sais depuis le début. Il était trop tard pour te retenir, et même si je l’avais fait je me serais aussi privé de cette chance de pouvoir vivre aussi ce que tu ressentais.
Nous nous sommes finalement endormies l’un contre l’autre, les mots étaient dits, nous avons beaucoup pleuré, je pouvais sentir ses larmes qui venaient couler sur mon oreille, ses petits reniflements et surtout mes mains qui ne pouvaient pas lâcher les siennes. Au petit jour, il faudra que nous prenions notre envol, alors cette nuit restons encore l’un contre l’autre, protégeons nous encore un peu. La chaleur de nos corps l’un contre l’autre, son souffle près du mien, nous étions encore un peu ensemble le temps d’une dernière nuit. Après rien ne serait plus comme avant, le plus difficile restait à faire, et surtout il faudra affronter la peine de nos enfants.
On croit qu’on est préparé à vivre seul toutes ces années, qu’on n’a besoin de personne et surtout que l’amour n’est pas éternel. Alors peut-être qu’il ne l’est pas aujourd’hui je suis prête à le croire, seulement je sais qu’il n’y a pas un seul moment où nous sommes prêt à affronter la vie seul, on a toujours besoin de quelqu’un à ses côtés, une personne sur qui se reposer quand la vie devient difficile, on veut pouvoir se retourner dans son lit et se dire que ce n’était qu’un cauchemar, que vivre c’est avoir cet homme allongé blottie contre mon corps qui pourra tout donner pour moi. Alors oui ensemble on peut tout faire, on peut tout devenir, il n’y a rien pour nous empêché d’avancer. Il n’y a pas d’âge où un jour on peut dire, c’est bon je suis adulte, je peux affronter toutes les épreuves qui vont me défier dans mon quotidien. Il y a bien des moments où l’on se croit fort, et prêt à tout, mais ce n’est qu’un leurre pour mieux se rendre compte qu’au final on est seul, et que c’est difficile. L’homme n’est pas un animal solitaire, il est fait pour vivre en communauté, être deux au début et puis plusieurs après. Se croire suffisamment fort pour affronter tout ça sans l’aide de personne est une prétention qui finalement ne mène qu’à notre perte.
Je n’ai peut-être pas choisis la personne qui ferait battre mon cœur pendant toutes ses années, mais j’ai choisis celle en qui je pouvais avoir confiance. Je n’avais jamais besoin de me retourner, il était toujours là pour surveiller mes arrières et c’était suffisant.
:-)
· Il y a presque 14 ans ·.