Toulouse

pardessuslajambe

Toulouse,

Je t'écris comme on s'excuse, comme on rougit.

J'aimerais… Te raconter que je suis venue à toi, conquérante et conquise, à l'assaut de tes monuments de brique rose, et séduite par ta douceur de vivre. Pouvoir te dire, les yeux plongés dans ta Garonne, que j'avais rêvé de cette vie dans le sud : de ton soleil, de ton accent chantant, de tes balades le long du Canal du Midi. Te laisser imaginer que je suis tombée amoureuse de toi au premier regard, prête à te prouver que la passion dure bien plus de trois ans. Que tu croies que j'aimais tout de ton fichu caractère, de ta vie colorée, de ta folie douce, de ta mélancolie, aussi.

Mais l'amour était loin d'être acquis.
J'ai posé mes valises chez toi sans te prévenir.
Nous nous sommes jaugées, chacune retranchée derrière ses préjugés.
Toi drapée dans ton orgueil, moi dans le mien.
Davantage une cohabitation, qu'un mariage d'amour.
La ville rose n'a pas pris mon cœur et ne m'a pas donné le sien.

Les années ont passé.
Tu m'as assené quelques claques, que je t'ai parfois rendues.
J'ai gardé mon accent, et toi ta retenue.

Et puis tu as vu naître mes enfants.
Puisqu'ils étaient chez eux, j'étais aussi un peu chez moi.
D'ailleurs, regarde bien, ils ont autant de moi, qu'ils ont de toi.
Je suis leur mère, tu es leur terre. Ils ont tes expressions, et mes cheveux.
Je les ai portés, tu les as enfantés.
Puisqu'ils sont nos enfants, c'est que nous avons dû commencer à nous aimer.
Sans nous en apercevoir. Un amour clandestin au début. Et depuis peu officiel.

J'aime tes rues les plus cachées, tu me réchauffes de ton soleil.
Je ne te suis pas complètement fidèle, mais tu n'es pas rancunière.
Tu as ton histoire, j'ai mes racines.
J'ai accepté d'être un peu plus d'ici, et un peu moins d'ailleurs.
Tu t'es résignée à n'être pas la première dans mon cœur.

Cela fait dix ans que j'ai posé mes valises chez toi, Toulouse.
Tu m'as vue me construire, je t'ai vue t'épanouir.
Il nous aura fallu ce temps pour nous apprendre.
Pardonne-moi d'en avoir douté.

Je finis cette lettre, comme je l'ai commencée.
En la signant comme on s'excuse, comme on rougit.
Mais aussi comme on aime.


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