Tous ego
Louisa Slama
L'impression de ne pas avoir la capacité si commune à savoir vivre. Que la clé la plus simple, je ne l'ai pas reçu à la naissance
On s'est foutu de ma gueule, c'est le seul ressenti que j'ai en permanence.
L'injustice et sa bouillonnante frustration sont mes compagnes depuis bien longtemps
« Mais ne t'inquiète pas, ça passera, la résignation de l'âge fera son travail, comme la mort c'est une employée grandement efficace ». La mort elle, a comme élégance de ne pas s'appuyer de tout son poids à chaque pas effectué. Elle éclate, défonce, ramasse et part. Ce n'est pas propre mais c'est efficace. Que faire contre l'injustice, mais surtout que faire contre la frustration qu'elle amène avec elle ? Comment vivre avec un grondement sourd en permanence ? Un orage, une pluie acide, ce sel qui vous ronge ? Alors oui, il ne faudrait pas tomber dans les mêmes schémas que ceux qui nous distille l'injustice, ne pas se résigner donc à celle-ci, ne pas combattre le mal par le mal en outre. Apporter de la joie et de l'espoir dans nos luttes, garder à l'œil nos avancées, nos communautés et continuer. Continuer. Prouver, sortir de ses filets de plastiques qui lacèrent les chairs de nos existences, trouver des petits outils pour en couper les nœuds etc etc etc. Mais en fait, si je suis persuadée du bien fondé de cette façon de penser (car il y a beaucoup de vrai là-dedans) j'ai quand même la profonde envie de fracasser à l'aide de mes mains les visages suintants des gens qui rétorque ce discours à mes pensées acerbes. Parce que j'emmerde l'espoir, j'emmerde ces gens et j'emmerde cette façon de penser. Parce que j'aimerai que la colère soit reconnue pour ce qu'elle est dans sa forme la plus pure : de la colère. Et pas un biais de, et pas un moyen de faire avancer quoi que ce soit. Que cette colère se hurle sans justification ni but, qu'elle résonne comme l'écho de l'injustice de ce monde, qu'elle devienne la matrice de nos vies pourries. Je veux que la colère inonde les rues et les cœurs et que soit tagué « nique l'espoir » sur de grands murs. Que les vermines que nous sommes se fasse écraser, toutes entrailles à l'air par une grande godasse divine ou par quelque forme de vie cosmique extra-terrestre. Mais que cette forme de vie soit la plus primitive possible, qu'elle n'est jamais reconnue l'intelligence comme sommité de l'évolution, qu'elle ne perçoit pas la technologie comme support à quoi que ce soit. Une forme de vie parfaitement « primitive » qui a su parfaitement s'adapter à son environnement spatial et stellaire et qui en toute facilité à traverser les univers pour nous absorber, en tant que source de carbone nécessaire à leur développement. Que l'humanité se meurt puisqu'elle n'a pu associer le temps de l'esprit au temps des événements. Que l'humanité se meurt puisqu'elle n'a pu faire le lien entre existence, environnement et émotion. Que nous crevions tous, amas de chair barbotant dans notre ignorance, ingurgitant tant que faire se peut. Mourrons tous donc en vomissant nos tripes et que les religieux voient ça comme l'expulsion de nos péchés. Qu'ils aillent tous mourir et dieu avec, meurt donc, toi et tes anges, et tes bons préceptes et ton savoir infini, tu peux te le foutre où je pense si autant de connaissances ne t'a permis de créer que ce flan de merde alors meurs. Mais meurs de façon bien nulle, en glissant sur une banane ou en t'enfonçant le coton-tige un peu trop long dans l'oreille. Rassure-toi, les hommes mourront de façon bien pire, car finalement c'est eux qui m'inspirent le plus de mépris.
Que mes lecteurs s'étouffent et me calomnient, crachez sur ce texte et riez-en donc, car sur cette page ou dans ma tête je suis Dieu.
Je suis le créateur. Je fais et je défais. J'invente et je réitère. Je décide de votre vie, de votre valeur, de votre existence et de votre mort.
Car tout se passe dans ma tête.
Et qu'importe le reste, la seule décisionnaire, c'est moi.