Tous pour Un !

Alec Drama

Le gérant, Georges Picard, est sur les dents à cause de la venue, dans l'un de ses salons, d'un client mystère chargé d'évaluer la qualité de l'établissement; il met la pression à tous.

Tous pour Un !


Une comédie en 2 actes pour 14 personnages à plus ou moins deux, soit 12 acteurs minimum et 16 maximum. Possibilité d'inclure des enfants. Durée: +/- 1h30.

Lieu: Le salon de coiffure, d'esthétique et de blanchiment des dents: Frank Prévôt.

   
Les points forts de cette pièce:

Une intrigue haletante.
La charge comique répartie sur l'ensemble des personnages.
Un tac au tac entre le patron et l'électricien.
Un quatuor infernal dans un jeu de buzzer  à mourir de rire.


Difficultés éventuelles:

Garence, la responsable du salon, sera inconsciente à plusieurs reprises et passera quelques scènes allongée au beau milieu du salon.

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La pièce commence rideau fermé ; on entend les 12 coups du brigadier puis 3 personnes qui parlent.

 

-George: Bonjour Mesdames!

-Alexandra: Bonjour George.

-George : Alors, où sont les autres ?

-Alexandra : Pas encore arrivés.

-George : Quelle heure est-il ?

-Aurélie : 9h05, chef.

-George : Ça ne peut plus durer, je vais demander à Garence qu'elle remette bon ordre à tout ça ! Ils vont voir de quel bois j'me chauffe ! (un temps)

Quelle heure est-il ?

-Aurélie : 9h06, chef.

-George : Bon, allez, ouvrez le rideau.

 

Le rideau du théâtre se lève comme si c'était le rideau de fer du Salon de coiffure. Les 3 comédiens ne disent rien et regardent à travers la vitrine du Salon en direction du public. Ils ont l'air dubitatifs et impatients chacun à leur façon.

 

-Georges : Alors, vous vous rappelez bien les consignes ?

-Alexandra : Oui, je crois.

-Georges : Je crois ?

-Alexandra : Non, je suis sûre.

-Georges : Vous êtes sûre que vous vous en rappelez ou vous êtes sûre que vous ne vous en rappelez pas ?

-Alexandra : Je m'en rappelle, chef : 3 mots d'ordre : Accueil, Accueil, Accueil et rendement.

-Aurélie : Ça fait plutôt 4.

- George : Voilà ! Pardon ? Qu'est-ce qui fait 4 ?

-Aurélie : Ben, ce qu'elle a dit : accueil, accueil, accueil et rendement. Elle montre ses doigts pour preuve.

-Alexandra : Techniquement ça fait plutôt 2 : accueil, accueil, accueil - elle montre 3 fois son pouce - et rendement - elle ajoute au pouce l'index.

-Georges : Vous vous foutez de moi ?

-Alexandra : Non, chef, on n'oserait pas... en aparté… devant vous.

-Georges : Donc on récapitule : on ne refuse aucun client, on a le sourire pour chacun, on offre un café ou un thé pour faire patienter, on coiffe admirablement bien et rapidement, on encaisse gentiment et on fait attention en rendant les manteaux...

 

Garence arrive enfin.

 

-Garence : Bonjour, M. Picard, mesdames.

-Georges : Ah, enfin ! Alexandra, je compte sur vous pour tout redire à Madame et surtout Garence quand je reviens, on aura un petit entretien tous les deux au sujet de vos ouailles !

Il quitte la scène côté clients.

-Garence : Qu'est-ce qui lui prend ce matin ? Qu'est-ce que vous devez me dire ?

-Aurélie : Il est fâché des retards.

-Garence : Vous ma p'tite je ne vous ai pas sonnée ;  Alexandra ?

-Alexandra : Il est fâché des retards.

-Garence : Et pourquoi serait-il plus fâché ce matin ?

-Alexandra : A cause du client mystère !

-Garence : Saperlotte ! J'avais complètement oublié. Quelle heure est-il ?

-Aurélie : 9h16.

-Alexandra : Alors qu'est-ce qu'ils fichent les autres ?

 

Sandy et Maxence arrivent enfin.

 

-Sandy : Ils fichent que M. Maxence, ici présent, ne s'est pas réveillé ce matin; moi, si ça continue comme ça, je ne l'emmène plus !

-Maxence : Oui ben, toi non plus tu t'es pas réveillée, c'est pas la peine de fayoter, hein. Et puis c'est pas moi qui ai fini la soirée en dansant sur le bar hier, non ?

- Sandy : Oui ben, moi, au moins, j'ai pas mis dans mon lit le premier mec venu !

-Garence : Stop !

-Maxence : Jalouse !

-Garence : J'ai dit stop ! On n'a pas envie de connaître vos frasques à tous les deux ! L'important, c'est qu'aujourd'hui, on doit avoir la visite du client mystère ! Alors…

- Sandy : Oh, c'est bon ça fait une semaine qu'on nous dit ça, alors...

-Garence : Alors s'il devait passer cette semaine et qu'il n'est pas encore passé, c'est aujourd'hui qu'il va venir puisqu'on est samedi et que demain c'est dimanche !

-Maxence : Je confirme, on est samedi et demain c'est dimanche.

-Garence : Vous vous fichez de moi, Maxence ?

-Maxence : Non, Madame, on n'oserait pas…en aparté…devant vous.

-Garence : Soit. Ce que je voulais dire c'est que : puisqu'on est en fin de semaine et que le salon est fermé demain, il n'a plus qu'aujourd'hui pour nous évaluer. Alors il nous reste moins d'un quart d'heure avant l'ouverture, il faut vérifier qu'il y a bien du thé et du café pour faire patienter les clients, que le vestiaire est rangé, que le salon est propre, que les miroirs sont clean, que tous les accessoires sont en place, que les WC sont propres également…

-Sandy : Oh ben ça, tant que Maxence n'y est pas allé, c'est bon… mais après bonjour les traces de pneu !

-Garence : …que la zone accueil est accueillante… oh, c'est pas vrai ! C'est quoi ces fleurs fanées ? Allez Sandy, vous allez nous chercher un nouveau bouquet chez le fleuriste, vite !

-Sandy : Ce n'est pas dans mes attributions !

-Maxence : … et pourtant tu en as des attributs !

 

Ils se frappent dans la main tous les deux de connivence.

 

-Garence : Vous deux !... Bon alors Aurélie, allez me faire cette course, s'il vous plaît. Voilà 15€, je veux de la couleur !

 

Sortie d'Aurélie côté clients, et chacun s'affaire pour vérifier que tout va bien.

 

-Garence : Et souvenez-vous des 3 mots d'ordre !

-Alexandra : Oui, on sait ! Accueil, accueil, accueil et rendement !

-Garence : Non : propreté, propreté, et propreté !

 

Sandy passe l'aspirateur, Maxence fait les miroirs et la vitrine et Alexandra est chargée du vestiaire et des WC.

 

-Garence, se dirigeant vers la salle de pause : Oh décidément, je ne vais pas pouvoir garder cette boucle d'oreille, elle me fait trop mal. Garence se frotte le lobe de l'oreille tout en parlant à sa plante mal-en-point. Oh non c'est pas vrai… mais qu'est-ce que t'as, toi ?

 

Pendant que Garence regarde sa plante mal-en-point,  George arrive pour lui dire quelque chose qu'il a oublié et s'arrête croyant qu'elle est au téléphone. Il fait signe à Maxence, qui se dirigeait vers la salle, de s'arrêter aussi et ils écoutent la conversation.

 

-Garence : Non mais franchement je ne comprends pas ! Ça fait longtemps qu'on est ensemble, tu ne peux pas me faire ce coup-là ? Ressaisis-toi ! Trop mouillée, ça ne va pas, pas assez non plus ! Faudrait savoir ce que tu veux ! Je t'ai même coupé la tête… je ne peux pas faire mieux.

 

Les deux hommes qui se marraient au départ, font une sale tête en s'imaginant la scène et George se tient les attributs mimant la douleur. Ils s'éclipsent.

 

Aurélie revient avec le bouquet.

 

-Aurélie : Madame, le bouquet est coloré, mais il n'avait rien pour 15€ alors j'ai rajouté 15€  de plus…

-Garence : Très bien, mettez-les dans le vase, vite…et mettez une goutte de javel, il paraît que cela fait tenir les fleurs plus longtemps.

-Aurélie : Oui… mais… mes 15€, il ne faudrait pas oublier…

-Garence : Quoi vos 15€ ? Si j'avais été moi-même chez le fleuriste, j'aurais eu un bouquet deux fois plus beau pour deux fois moins cher, alors vos 15€, vous oubliez hein ! Et estimez-vous heureuse que je ne décompte pas de vos heures cette petite escapade ! Allez vous occuper du salon d'esthétique !

 

Sortie d'Aurélie vers le salon.

 

-Sandy : Saleté !

-Garence : Que dites-vous ?

-Sandy : Oh… je dis… : « Quelle saleté ! » Le sol est… très très sale !

-Garence : Ah oui ! Je vous l'avais bien dit qu'il était nécessaire de faire le ménage !

-Sandy : Ah ça oui, Il est nécessaire de faire le MENAGE !

-Garence : Bon, tout est fin prêt ?

-Tous : Oui.

 

Tous s'approchent de la vitrine et scrute au dehors pour essayer de savoir qui peut bien être le client mystère. En regardant les spectateurs, ils font des suppositions.

 

-Maxence : Je parie que c'est une femme. Y a qu'une femme pour faire ce métier ; il faut être un fin observateur, méticuleux…

-Sandy : Ouais… une emmerdeuse quoi ? !

-Maxence : Ouais…

-Aurélie, revenue chercher un produit : y a du monde aujourd'hui dites donc ; j'voudrais bien savoir combien de français ne travaillent pas le week-end...Tiens ce n'est pas notre Simone là-bas ?

-Maxence : Où ça ?

-Aurélie : Là, juste là !

-Sandy : Ah oui, c'est notre Momone à Nous ! J'croyais qu'elle ne venait pas travailler aujourd'hui parce qu'elle avait une fièvre de cheval…

-Alexandra : Hum Hum non, non, ce n'est pas elle…

-Maxence : Si, si c'est bien notre Momone à nous sauf qu'au lieu d'avoir une fièvre de cheval, elle ne va pas tarder à monter le bel étalon qui est à ces côté, on dirait…

 

Maxence et Sandy se frappe dans la main de connivence.

 

-Garence : Où ça ? Je ne la vois pas, moi ? Simone, vous avez dit ?

-Alexandra : Non, pas notre Simone…

-Sandy : Ah ! Euh, non, c'est de Mémé Simone dont on parle là.

-Garence et Maxence : Mémé Simone ?

-Sandy : Oui, Mémé Simone, ma grand-mère. Quel Boute en train !

-Garence : Et elle est où ?

-Sandy : Oh ben là, elle vient de se faufiler entre deux voitures… c'est qu'elle est rapide ma Mémé malgré ses 86 ans et son pied baud ! Et sinon euh… notre client mystère, ça ne pourrait pas être elle ?

 

Elle désigne une femme dans le public.

 

-Garence : Non... elle a l'air trop décontractée et en plus elle est accompagnée. En général, le client mystère vient seul au salon, ce n'est pas comme pour évaluer un restaurant.

-Maxence : Et celle-là, à droite, elle a l'air un brin sadique...

-Alexandra : C'est peut-être un homme… et pourquoi pas celui-là, là ; il a l'air franchement renfrogné et désagréable.

-Maxence : hum, t'as raison, avec un manche à balai dans l'...

-Garence, toussant pour interrompre : c'est M. Picard.

-Maxence : Ah oui, n'empêche qu'il a quand même l'air d'avoir un manche à balai dans...

-Garence : Vous, à l'accueil. Elle le pousse vers son poste …et puis arrêtez de tout ramener à..., au... enfin vous voyez ce que je veux dire !

-Maxence : Ah non, je ne vois pas du tout !

-Sandy : …au cul

-Alexandra : Et lui là, houuuuuu je ne le laisserais pas coucher sur le paillasson !

-Garence : Et vous Alexandra, vous me ferez le plaisir de calmer vos petites hormones...

-Sandy : Ah ben ça, c'est facile à dire, on voit que vous avez jamais été enceinte parce que...

-Garence : Je vous ai demandé l'heure à vous ? Moi, jeune fille, j'ai privilégié ma carrière, j'ai été mannequin, tout le monde ne peut pas en dire autant !

-Maxence : Et tout est dans le « été mannequin "!

-Garence : Je n'ai pas fait que de penser à mon... si vous voyez ce que je veux dire !

- Sandy : Ah non, je ne vois pas du tout !

-Maxence : ... cul !

-Sandy : Saleté !

-Garence : Vous dites ?

-Sandy : Je dis… qu'il reste beaucoup de Saleté !

-Garence : Et vous Aurélie, je n'vous avez pas demandé de vous occuper du salon d'esthétique ?

-Aurélie : Si mais…

-Garence : Allez, circulez virgule que je vous apostrophe ! Le temps c'est de l'argent !

 

 

George revient.

 

-George : Alors tout est prêt ?

-Garence : On est fin prêt. On n'attend plus que notre client mystère.

-George : Non !

-Garence : Non ?

-George : Non !

-Garence : Vous pouvez développer ?

-George : NON, on attend tous les clients avec le client mystère ; mais comme on ne sait pas qui il est, on traite chaque client comme si c'était notre client mystère : sourire, café ou thé, coiffure, on encaisse gentiment et manteau !

-Maxence : oui, patron.

 

 

Dans la salle de pause, Alexandra donne en cachette un billet et un petit mot à Aurélie et lui fait signe de se dépêcher. Elles donnent l'air de comploter quelque chose de grave.

 

 

 

  DING DONG, entrée d'une cliente : Cindy.

 

 -Maxence : Bonjour madame, que puis-je faire pour vous ?

-Cindy : Il me faut une nouvelle tête ; je ne supporte plus celle-ci.

-Maxence : Alors là, je suis désolée ; y a trop de boulot !

 

George se précipite en entendant cela.

 

-George : Non mais Maxence, vous êtes sous l'emprise d'une drogue ? Excusez-le mademoiselle, je suis vraiment confus...

-Maxence : Relax, c'est Cindy…

-Sandy : Ben oui monsieur George, c'est ma frangine !

-George : Oh mon Dieu, Vous m'avez fait peur... mais vous êtes fous ; imaginez que le client mystère soit là et qu'il entende…

-Cindy : Relax George, j'suis la sœurette de Sandy.

-George : Et vous croyez qu'ça me rassure ça !

-Sandy : Salut ma sousouille !

-Cindy : Salut ma didouille !

-George, en aparté : Salut les andouilles !

-Sandy : J'm'occupe de toi ; allez donne-moi ton manteau et prends place.

-Sandy : Allez dis-moi tout…

- Cindy : Ah ben ça ne va pas fort entre Yohan et moi… depuis la grossesse… mon corps… ma libido…

-Sandy : Heu non, c'est façon de parler quand je dis : « Dis-moi tout » c'est pour savoir ce que tu veux comme coupe… parce que j'ai pas du tout l'intention d'entendre parler de…

-Cindy : Ah, pardon, ben là franchement, j'en ai marre de ma tête ; mets-moi du relief, de la couleur enfin du peps, quoi. Je te fais confiance.

-Sandy : T'as raison, je vais bien m'occuper de toi. Tu vas voir comme tu vas ressortir légère.

 

Aurélie revient vers Alexandra le plus discrètement possible et lui donne un paquet qu'Alexandra s'empresse d'ouvrir. Le public découvre deux éclairs.

 

-Alexandra : Hum c'est trop bon ; j'en avais trop envie. Merci Aurélie. Toi au moins, tu me comprends.

-Maxence, arrivé par derrière : Ah ben, ça va ! On ne s'en fait pas ! Cool la vie !

-Aurélie : Non mais c'est à cause de la grossesse, Maxence ! Ce sont les envies des premiers mois.

-Maxence : Ouais c'est ça ; bizarrement on n'a pas envie de n'importe quoi quand même !

-Alexandra : Comme quoi tu parles sans savoir, hein !

-Maxence : Ouais comme si j'allais croire au vieux mythe des envies de femmes enceintes qui font courir leur bonhomme à 4 heures du matin dans toute la ville pour des fraises !

-Aurélie : Ma mère, elle a fait tourner mon père en bourrique pour de la confiture de fraises et du café alors qu'elle détestait ça et après l'accouchement elle n'en a jamais plus consommé, tu sais !

-Maxence : Et tu veux me faire croire qu'Alex n'aime pas du tout les pâtisseries, peut-être ?

-Alexandra : Si j'adore ça ! Surtout les darioles et le gâteau qu'on nomme petit chou !

-Maxence : Des darioles, je ne sais même pas ce que c'est. Ca date du 17ème siècle ça, non ?

-Alexandra : Tu ne crois pas si bien dire !

-Maxence : Si tu prends un jour des religieuses, pense à en prendre pour les copains au moins!

 

 

  Ding dong, entrée d'une cliente : Madame Dufour.

 

-Maxence : Madame, que puis-je pour vous ?

-Madame Dufour : J'ai rendez-vous dans une demi-heure…

-Maxence : Mme Dufour ?

-Madame Dufour : Oui, c'est bien cela

-Maxence : Madame Dufour... Mais ce n'est pas bien ça madame Dufour, avant l'heure ce n'est pas l'heure et après l'heure c'est plus l'heure… vous connaissez la chanson, non ?

-Madame Dufour : Alors il faut que je revienne ?

 

George recrache son café dans la salle de pause et accourt.

 

-George : Mais non madame, mon collaborateur plaisante… vous savez ce que c'est les jeunes…hein, que vous plaisantez Max ?

-Maxence : Maxence ne plaisantait pas ; Maxence applique la rigueur exigée par son horrible chef.

-George à Maxence : Vous ne payez rien pour attendre !

 

 

George installe la dame au lavage cheveux, Sandy qui a feuilleté un book avec sa sœur en fait autant.

 

 

 

- George : Ce n'est pas trop chaud, madame ?

- Sandy : C'est pas trop chaud, madame ?

-Madame Dufour et Cindy : Non, c'est bien.

-George à Sandy : Max souhaiterait-il saboter la visite du client mystère ?

-Madame Dufour : Max va très bien, je vous remercie mais je n'ai pas bien entendu ce que vous m'avez demandé avec l'eau qui coule dans mes oreilles.

-Sandy : Pas à ma connaissance, c'est juste un boute en train. Il est toujours comme ça et certains clients apprécient.

-George : Et certains n'apprécient pas, j'imagine !

-Madame Dufour : Si, si, c'est bien mon p'tit, continuez comme ça, j'apprécie.

-Sandy : Ils rient d'oser le taquiner.

-Madame Dufour : Les rideaux et quoi ?

-George : Maxence, quels sont les rendez-vous à venir ?

-Maxence : 10h15 : Tapis rouge pour Mme Galon sous les projecteurs. 10h 30 : un inconnu, M. Bonheur puis rien jusqu'à 14h00.

-George : Décidément vous donnez dans l'originalité !

-Maxence : Ce sont des codes pour mieux retenir nos clients les plus fidèles. Et vous verrez ce que je veux dire pour Mme Galon quand je vous parle de tapis rouge !

 

  Ding Dong, entrée d'une cliente : Madame Galon.

 

 -Maxence : Ah, quand on parle du loup. Bonjour madame Galon… je prends votre manteau...

Il prend un air dégoûté en emmenant le manteau au vestiaire.

 

-Madame Galon : Bonjour mon p'tit Maxence. Et cette fois, ne vous trompez pas de manteau, je n'aimerais pas repartir avec une fourrure ou pire encore.

-Maxence : Installez-vous au bac, je vous prie, je vous passe votre blouse, voilà. Oh là là, Madame mais vous revenez encore du Festival de Cannes, c'est pas possible. Vous avez développé de la pellicule, hein !

 

George n'en revient pas d'une telle effronterie et malaxe vigoureusement  la tête de Mme Dufour.

 

-Mme galon : J'ai pourtant utilisé votre shampoing antipelliculaire et au prix qu'il est, hein !

-Maxence : Bon, allez, on se détend ; vous connaissez l'histoire du gars qui va à l'opéra ?

-Galon : Non, je ne crois pas que vous me l'ayez racontée celle-ci.

-Maxence : Alors c'est un gars qui va à l'opéra avec un millefeuille ; il mange tranquillement en se délectant des moindres miettes puis au bout de 10 Minutes qu'il a fini il se demande pourquoi il a toujours autant de miettes à terminer ; là, il lève la tête et voit un gars au balcon, au-dessus de lui, qui se gratte son psoriasis.

 

Il mime la scène en faisant le type qui se gratte le cuir chevelu au-dessus de Mme Dufour.

 

-Alexandra, revenue des toilettes : Ah, tu me donnes la nausée avec tes histoires dégoûtantes.

-George : Décidemment vous ne pouvez pas vous en empêcher, hein ?!

-Maxence : Oh, l'humour ne tue pas et il y a eu une étude récente qui a montré que...

-Sandy : Ah oui, j'ai entendu : le rire prolongerait notre espérance de vie car il a un effet rajeunissant…

-Maxence : Hein, Mme Galon, ça vous fait du bien un p'tit coup de jeune ? A Mme Galon, et puis ça ne ferait pas de mal au chef non plus quand on voit sa face de crabe aplatie…

-Madame Dufour : c'est qui que vous appelez la face de crabe aplatie ? C'est drôle, dites donc…

-Maxence : Ah ce que je vois on n'est pas toujours sourde Madame Dufour… je parlais d'un chat qui a une face de crabe aplatie mais je ne me souviens plus de la race. Vous êtes experte en félins ?

-Madame Dufour : Ah oui,il s'agit d'une race de persan sans doute comme le colorpoint ou le peke-face, ils ont été sélectionnés par mutation génétique…

-Maxence, regardant son chef du coin de l'œil : ah oui, c'est bien ça : une mutation génétique !

-Mme Dufour : …pour avoir la face la plus aplatie possible ce qui leur confère un air renfrogné et particulièrement patibulaire avec leurs babines pendantes et leur moustache qui tire vers le bas…

-Maxence : Ah oui, je le reconnais bien là, c'est bien le mâle de la maison !

-George : Mme Dufour, je vous propose un petit soin offert par la maison pour rendre vos cheveux moins secs et cassants, je reviens.

George passe dans le salon d'esthétique pour prendre un produit.

-Mme Dufour : … d'ailleurs en parlant de cheveux, le persan colorpoint est vraiment remarquable, son poil est soyeux…

-Maxence : et vous en avez-vous des chats comme ça ?

-Mme Dufour : Oui, j'ai eu un Peke-face marron orangé mais maintenant j'ai une colorpoint…

-Maxence, un peu distrait : ah, elle est belle votre chatte, vous l'aimez…

-Mme Dufour : oh oui avant elle avait un peu de poils orangé mais plus elle vieillit et plus elle est blanche et ses poils sont courts…

-Maxence : Ça doit être une belle chatte effectivement…

-George, ayant pris la conversation en cours, se fâche : Oh c'est pas vrai, quel obsédé vous faîtes, Dieu me garde ou je vais faire un malheur !

-Mme Dufour : Mais laissez-le ce petit, c'est gentil c'est pas tout le monde qui s'intéresse à ma chatte…

 

Sandy installe sa sœur à son poste de coiffure.

 

-Sandy : Alors frangine, j'te fais quoi ?

-Cindy : Franchement, tu vois j'me verrais bien avec cette tête-là ; elle montre une coiffure dans le book.

-Sandy : Ok, l'annuaire est juste là dans le tiroir à côté de toi !

-Cindy : Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ?

-Sandy : Que tu l'ouvres aux pages des chirurgiens esthétiques…

-Cindy : Oh, t'es con toi !

-George, finissant son soin : Sandy, s'il vous plaît et Maxence vous pouvez venir une minute.

 

Il les convie en salle de pause.

 

-George : Alexandra vous vous occupez de Mme Dufour, son shampoing relaxant est terminé.

-Alexandra : Veuillez prendre place Mme Dufour, alors vous voulez bien regarder le book et m'expliquer ce que je vous fais aujourd'hui ?

-George : Vous deux, vous allez avoir une mise à pied !

-Maxence : Ah ben moi, c'est déjà fait c'est Sandy mon chauffeur sinon je rentre à pieds tous les soirs quand elle est en repos !

-George : Non, je ne rigole pas ! Vous êtes désobligeants et non professionnels, vous prenez tout par-dessus la jambe...

-Maxence : Sandy, c'est plutôt en-dessous la jambe mais bon…

-George : STOP aujourd'hui c'est Tous pour Un…

-Sandy : Et un pour  tous, comme les mousquetaires ?

-George : Je veux dire qu'on doit tous se concentrer sur le client et quand je dis le client c'est plutôt the client, c'est-à-dire le client mystère.

-Sandy : On sait…

-George : Eh bien, on ne le dirait pas ! Regardez, y a aucune étiquette déjà sur les manteaux ! La dernière fois, vous avez drôlement vexé le monsieur, alors hein...

-Maxence : En même temps, ce n'est pas de ma faute, je ne pouvais pas me douter que ce gros manteau de fourrure était à ce gros maquereau, hein ? On pourrait considérer cela comme un acte politique…

-George : Silence, je ne veux rien entendre de plus et rappelez-vous bien ce que je vous ai dit ! Je dois m'absenter, il faut que ça roule ! Garence est à la compta aujourd'hui et c'est elle qui gère aussi l'Ultra Bright !

-Alexandra : C'est bon, j'ai fini madame Dufour, je vous laisse vous installer dans notre petit coin détente afin que la couleur prenne bien. Voulez-vous un petit thé ?

-Mme Dufour : Avec plaisir.

-Alexandra : Vanille, caramel, menthe ?

-Mme Dufour : Vanille, s'il vous plaît, j'adore la vanille surtout la Bourbon.

-Alexandra : Dite donc vous deux, vos clients vous attendent avec un turban sur la tête ! Moi, il me faut un thé vanille pour Mme Dufour.

-Sandy : Ben, tu vois Alexandra, toi qui est si parfaite parfois, tu aurais pu leur proposer à elles aussi un thé ou un café !

-Alexandra : Oui c'est ça pendant que vous faites les ânes. Tenez Mme Dufour avec un petit gâteau à la cannelle ; c'est encore meilleur avec une petite douceur.

-Maxence : Ce sera un thé vanille également pour Mme Galon, Alexandra.

-Sandy : Et un deuxième Alexandra, avec un petit gâteau à la cannelle, c'est meilleur avec une petite douceur, hein Frangine ?

-Cindy : Oui, enfin… avec le poids que j'ai pris, je peux m'en passer, hein.

-Sandy : Boucle-la, c'est la maison qui offre !

 

Alexandra sert deux thés à la vanille et revient en pause en prendre un elle aussi finissant le reste. Elle met ses jambes en hauteur pour favoriser la circulation sanguine.

 

-Maxence : Alors à nous deux Mme Galon, que souhaitez-vous ?

-Mme Galon : Juste un épointement, c'est comme ça qu'on dit ?

-Maxence : Sans doute, mais vous allez continuer à dérouler le tapis rouge avec une longueur pareille, vous ne voulez pas plus court pour...

-Madame Galon : Non surtout pas, j'ai les cheveux longs depuis toute petite.

-Maxence : Oui ben c'est pas pour ça que ça vous va, et puis vous savez en vieillissant il vaut mieux éviter surtout quand on n'a pas une qualité de cheveux...

-Alexandra : Madame t'a dit non, Maxence. Ecoute ta cliente.

-Maxence : et toi la tienne.

 

Alexandra donne de nouveau de l'argent et un petit papier à Aurélie qu'elle a appelée à l'entrée du salon d'esthétique mais elle a une envie pressante, elle se rend aux toilettes…

 

-Alexandra : Aurélie, s'il te plaît ? Tiens prends ça, je t'ai inscrit ce que je voulais. Oh zut ! Faut que je retourne au WC.

-Maxence : Allez, on attaque Cannes ! Donc pas trop court.

Je coupe ici, là…

 

Il taille dans le vif, dos au public pour cacher Mme Galon, et les cheveux volent.

 

-Sandy : Ça y est ma belle, t'as changé de tête et c'est dépaysant, hein ?

 

Cindy se regarde dans le miroir, coiffure tressée avec des perles africaines.

 

-Cindy : Je ne sais pas si ça va plaire à mon Minou, ça ?

-Sandy : Oh Minou, on s'en fout. C'est toi qui comptes. Tu dois penser à toi avant de penser à ton mari. Allez, j'te laisse passer en caisse. Manteau… ça vous fera 32€-00, madame ! Non, sœurette, j'rigole, j't'ai pas inscrite ! Donne-moi 10€ de la main à la main et on est quitte. BYE !

-Cindy : Bye. T'es sûre que…

-Sandy : Ouais, tu vas faire fureur, Ciao ! Bon c'est pas tout ça, mais j 'suis crevée moi hein. Allez, un p'tit café '!

 

Maxence a mis une serviette autour de la tête de Mme Galon : artifice qui servira à enlever la perruque de départ aux cheveux longs en même temps que la serviette pour laisser apparaître les vrais cheveux de la comédienne qui sont courts.

 

-Maxence : Bon, je vous ai mis un petit baume, Mme Galon. On laisse poser 10 minutes. Vous voulez un autre thé vanille, peut-être ?

-Madame Galon : Oui, s'il vous plait

 

 

-Maxence, revenant avec un thé, gâteau et magazines : Voilà. A tout de Suite. Il retourne en salle de pause…

-Sandy : Hum ça fait trop de bien un p'tit noir.

-Maxence : Comme celui d'hier, que j'ai croisé ce matin ?

-Sandy : T'es con toi.

-Maxence : Moi, je n'aime pas les p'tits noirs... je ne prends que des grands… thés. Et ça aussi, ça me fait du bien ! Un temps. Sauf que ça me donne envie de pisser c't'affaire, j'ai déjà pris un grand bol ce matin !

 

Il se rend aux toilettes mais ils sont toujours occupés par Alexandra.

 

-Maxence, revenant des toilettes : C'est pas possible, elle est en train d'accoucher aux toilettes ou quoi ?

-Sandy : Ben tu sais les premiers mois de la grossesse…

-Maxence : Attends hier déjà, j'ai dû pisser 3 fois dans la plante !

-Sandy : Ah c'est ça l'odeur... mais t'es fou, c'est la plante préférée de la Castafiore, elle va te tailler un short si elle apprend ça !

-Maxence : Et tu veux que je pisse où ? J'en ai des suées tellement j'ai envie. J'vais me pisser dessus, oui.

-Sandy : Tiens, t'as qu'à pisser dans une bouteille, il doit bien y en avoir une de vide quelque part. Ou tu en vides une dans la plante et tu pisses dedans.

-Maxence : Ah non, ça jamais ! T'es folle ou quoi ! Je suis pas un allemand à la fête de la bière !

-Sandy : C'est toi qui vois. Moi j'vais à l'accueil avant de me faire repérer.

           

Maxence se tortille un moment, envisage la plante, se ravise, retraverse le salon en serrant les fesses pour vérifier si les WC sont libres, revient et pisse dans le thermos du thé à la vanille qui était vide. Il est enfin soulagé lorsqu'un client entre et Garence débarque dans la salle de pause. Il n'a pas le temps de dissimuler le thermos.

 

-Garence : Y a du monde au salon !

-Maxence : J'y vais de suite.

-Sandy : Bonjour monsieur, que puis-je pour vous ?

-M. Emilien : Rien merci, j'attends quelqu'un.

-Sandy : Vous êtes déjà venu au salon, non ?

-M. Emilien : C'est possible.

-Sandy : Installez-vous alors. Souhaitez-vous un thé, un café.

-M. Emilien : Un thé, s'il vous plait.

-Sandy : Vanille, caramel, menthe ?

-M. Emilien : Vanille, merci.

 

Alexandra sort juste des toilettes.

 

-Sandy : Tu peux servir un thé vanille à monsieur, s'il te plaît ?

-Alexandra : Bien sûr.

 

 Ding Dong : Arrivée d'Axel Bonheur.

 

-Sandy : Bonjour monsieur, vous aviez rendez-vous ?

-Axel Bonheur: Oui à 10h30.

-Sandy : M. Bonheur… Maxence va s'occuper de vous.

-Maxence : Bonjour monsieur.

-Axel : Bonjour. Ne me dites pas monsieur, appelez-moi Axel.

-Maxence : Votre manteau, s'il vous plaît Axel. La blouse. En route. Installez-vous au bac.

           

Pendant Ce temps, Alexandra prépare un thé vanille pour M. Emilien qu'elle lui ramène avec un petit gâteau.

 

-Alexandra à Axel Bonheur : Souhaitez-vous Monsieur un thé ou un café ?

-Axel : Oui, un café s'il vous plaît.

-Alexandra : Madame Dufour ?

-Madame Dufour : Un thé vanille.

 

Retour en pause d'alexandra qui prépare un thé vanille et un café qu'elle rapporte aux clients.

 

-Alexandra : C'est curieux quand même, j'aurais juré qu'il n'y avait plus de thé vanille tout à l'heure. C'est toi qui en as refait Sandy ?

-Sandy : De quoi ?

-Alexandra : du thé vanille…

-Sandy : Ah non, moi je suis à l'accueil depuis tout à l'heure.

-Alexandra : Tenez Madame Dufour. Faites voir vos cheveux ? Ca ne devrait pas être mal là…Oh excusez-moi il faut que je retourne aux toilettes de toute urgence.

-Mme Dufour : Je comprends, allez-y ma p'tite !

 

Madame Dufour commence à boire son thé avec stupéfaction d'abord puis elle y prend goût. M. Emilien touille toujours son sucre et mange son gâteau un doigt en l'air. Alexandra revient mais a très mal aux jambes.

 

-Alexandra : Garence, je peux prendre une pause là, je n'en peux plus.

-Garence : Prenez votre pause, vous y avez droit. Je ne voudrais pas en plus être accusée d'infanticide ! Aurélie, s'il vous plaît ?

 

Aurélie est tout juste revenue de chez le pâtissier ; prise au dépourvu, elle cache le paquet derrière son dos.

 

-Aurélie : Oui, Madame.

-Garence : Vous allez faire vos preuves sur Madame Dufour. En route pour votre première couleur.

-Aurélie, accourant en salle de pause : Tiens, ta religieuse !

 

Aurélie prépare sa cliente avec des papillotes aluminium plein la tête. Pendant ce temps, Alexandra, en pose, mange son gâteau puis se sert un thé Vanille au bord de l'écœurement à cause de ses douleurs.

 

-Aurélie : Ca va comme ça, madame Dufour ? Je ne vous tire pas trop les cheveux.

-Madame Dufour : C'est bon, ma petite. Appliquez-vous et faîtes-moi une belle couleur. J'ai la communion de mon petit-fils, il faut que je sois resplendissante tout de même.

 

L'astuce scénique pour la suite consisterait à faire basculer la tête en arrière de la comédienne dans le bac pour laisser les papillotes agir et, quand que le public s'intéressera au sort d'Alexandra, recourir à une bombe de peinture fluo en faisant comme si Aurélie rinçait, au bout de quelques minutes, sa cliente.

 

 

Alexandra prend une grosse gorgée et s'aperçoit qu'elle est en train de boire de l'urine, elle recrache tout en hurlant.

 

-Maxence, qui s'est précipité : Oh non mais c'est dingue… quand t'es pas en train de pisser, tu bouffes, toi ! Ben ça va pas, t'accouches ?

-Alexandra : Non du con, j'viens de boire ta… écœurement j'viens de boire ta…

-Maxence : Oh non, ce n'est pas vrai ! Quelle horreur !

-Alexandra : C'est peu de le dire !

-Maxence: Oh, je suis… je suis… tout… retourné…

-Alexandra : Pas autant que moi ! Mais merci de ta compassion…

-Maxence : Non mais t'imagines, penser que y a un peu de moi qui circule en toi, ah quelle horreur !

 

Alexandra prise de nausées cherche où vomir et attrape de justesse un sac à main tendu par Maxence pour vomir.

 

-Maxence : Ah ça chmoute ! Mais c'est pas vrai !  T'as mangé quoi ? Il faut du désodorisant au plus vite.

 

Il court en chercher aux toilettes et asperge littéralement le Salon et le public.

 

 -Oh la la, ça chmoute !

 

Aurélie, qui avait retiré les papillotes de Mme Dufour et était en train de la rincer, hurle en découvrant que le désodorisant a fait virer la couleur des cheveux au fluo.

 

-Garence, assistant à la scène : Maxence, espèce de...

 

-Maxence court auprès d'Alexandra : Les clients... le thé vanille…

- Alexandra : Oh, ce n'est pas vrai. Tu t'occupes des tiens et moi des miens !

-Maxence : Monsieur, bonjour, puis-je me permettre de vous proposer quelque chose à boire ?

- M. Emilien : Mon petit, ne voyez-vous pas que telle la Madeleine de Proust je m'apprête, en épicurien, à tremper ce petit gâteau dans mon thé ?

-Maxence : à la vanille ?

-M. Emilien : C'est du moins ce qu'on m'a proposé...

-Maxence : Il doit être froid, puis-je me permettre de vous le remplacer par un chaud ?

-M. Émilien : Il est vrai que j'aime ce qui est très chaud mais celui-ci me convient bien...

 

Alexandra fait les gros yeux à Maxence et lui fait signe de se débrouiller alors que M. Emilien porte la tasse à ses lèvres.

 

-Maxence : Je suis désolé, ce n'est pas possible. J'ai une conscience professionnelle, moi monsieur, et un chef horrible !

 

Il tente de faire lâcher la tasse à M. Emilien qui tient bon et il la lui boit entre les mains avalant d'un trait ce qu'elle contient.  Ecœurement de Maxence suivi par Alexandra qui a assisté à la scène près de Mme Dufour.

 

-Madame Dufour : Ma petite, ça ne va pas ? Vous êtes bien pâle d'un coup. Encore ces nausées ?

-Alexandra : Ça ne va pas fort.

-Madame Dufour, lui tendant sa tasse de « thé vanille » : Buvez un peu, ça va vous faire le plus grand bien...

 

Alexandra se précipite aux toilettes.

 

-Madame Dufour : Je ne comprends pas les jeunes ; ce petit thé à la vanille est succulent. Il ne vaut peut-être pas la vanille Bourbon mais…D'ailleurs Maxence, j'aimerais bien en avoir un autre, s'il vous plait.

-M. Emilien :... et moi aussi ; je trouverais inconvenant de votre part de ne pas m'en proposer un chaud cette fois, attendu que vous avez bu le mien !

-Garence : Mais enfin Maxence ! Là, vous êtes vraiment tombé sur la tête ! Dépêchez-vous de servir nos clients !

-Maxence : Y a plus de thé à la vanille !

-Garence : Bien sûr que si, je viens de la salle de pause et j'ai vérifié moi-même. Dépêchez-vous de nous ramener cela.

 

Maxence reste interdit ne sachant quoi faire. Alexandra le rejoint suivie par Sandy.

 

- Sandy : Mais qu'est-ce qui te prend ?

- Maxence : C'est de sa faute à elle, tout ça !

- Sandy : Je ne comprends rien.

- Alexandra : Il avait envie…comme j'étais déjà aux …et bien il a…

-Sandy, l'interrompant : c'est moi qui lui ai dit de pisser dans la bouteille, me dites pas que vous avez servi aux clients...

-Alexandra : ben si justement…

-Maxence : J'ai dû avaler celui du client et Garence veut que je ramène deux thés vanille maintenant !

-Sandy : Merde !

 

 

 

-Garence, arrivant : C'est votre QG ici ou quoi ? Les thés vanille ! Vous voyez bien qu'il en reste !

-Tous 3 : Non !

-Maxence : C'est… de la mangue !

-Sandy,  en même temps : de l'ananas !

-Garence : … ben faudrait savoir de la mangue ou de l'ananas ?

-Alexandra : Exotique !

-Garence, buvant le thé après l'avoir senti : C'est étrange comme odeur. Ca sent plus la pisse qu'autre chose… c'est comme certains thés qui ont une odeur de médicament…

 

Elle boit et recrache tout en direction du public. Regardant ses 3 employés et comprenant ce qui se passe, elle jette un œil vers le salon et s'évanouit sous la pression.

 

-Sandy : Ah ben il manquait plus que ça ! ...

-Alexandra : Tout va bien, ne vous inquiétez pas. Je m'occupe du salon et vous d'elle. Oh non, mes nausées recommencent !

 

Alexandra se précipite aux toilettes.

 

-Maxence : Qu'est-ce qu'on fait ? On ne peut pas la laisser comme ça.

-Sandy : Ah ben si, moi ça me va plutôt bien. Harpagon n'est pas là et la Castafiore dort. C'est merveilleux !

-Maxence : Attends j'ai une idée, on a qu'à lui donner à la vieille ce que prend Alexandra pour ses nausées. Ma mère m'en donnait quand j'étais petit et que je tombais dans les pommes.

-Sandy : Pauvre petit mignon…

-Maxence : Donne-moi deux sucres… quelques gouttes d'huile essentielle de menthe poivrée.

 

 Il verse des gouttes pensant que c'est comme l'alcool de menthe.

 

-Maxence : Mais que 'est-ce que tu fais ?

-Sandy : Je ne peux pas laisser passer l'occasion.

 

Sandy, avec du crayon noir, grime sa patronne et lui donne une apparence de pocharde.

 

-Maxence : Elle va te tuer ! En même temps, ça lui va trop bien à cette bourrique ! Attends, il faut lui rajouter un peu de rouge sur le nez.

 

Il corrige le maquillage et va pour lui donner les 2 sucres.

 

-Sandy : Tu en as mis assez ?

-Maxence : Oh ben oui, regarde à quoi elle ressemble c'te pochtronne !

-Sandy : Non, je te parle de la menthe.

-Maxence : Je ne sais pas, je ne me rappelle pas combien il en faut.

 

Ils rajoutent 10 gouttes en comptant et attendent en essayant de la ramener à elle, à coup de claques chaleureuses.

 

-Sandy : Allez ma grosse mémère; on se réveille... pour la Belle au bois dormant, on est trop vieille…

-Maxence : Allez Garence, ouvrez les yeux… voilà… vous vous êtes évanouie.

 

Garence émerge mais, paralysée d'un côté de la figure à cause des huiles essentielles, elle a la face tordue.

 

-Garence : Qu'est-ce qu'... qu'est-ce qui s'est passé ?

-Sandy : On ne sait pas, on vous a trouvée comme ça. Mais ça n'a pas l'air d'aller beaucoup mieux.

-Maxence : Ah bon, tu trouves qu'elle est différente de d'habitude, toi ?

-Garence: SI... Si... Si… ça va aller. Je reste là juste un moment…juste un moment.

                                                                                                  

Garence s'assoit sur une chaise.

 

-Maxence : Ne vous inquiétez pas ! On s'occupe de tout !   

 

Garence fait la grimace et se montre particulièrement inquiète. Aurélie a fini la couleur de Madame Dufour.

 

-Sandy : Ça va Madame Dufour, tout va comme vous voulez ?

-Madame Dufour : Oui, mon p'tit.

-Sandy, de connivence avec Maxence : Vous entendez bien ?

-Maxence: La réception est-elle bonne ?

-Madame Dufour : Oui, je suis bien accueillie…

-Maxence, tendant un couvercle de poubelle en fer et un fer à friser à Madame Dufour : Vous voulez bien tenir cela deux minutes, je pense que ce sera mieux comme ça…

-Sandy, imitant une découverte extra-terrestre : Houston, vous m'entendez ? Je confirme la présence d'une vie extra-terrestre sur Youplaboum ! Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité !

 

Ils se frappent dans la main, de connivence.

 

-Maxence : Merci madame, c'est très gentil à vous, j'ai encore rajeuni d'un an au moins ! Il range le couvercle et le fer. Dis-donc Sandy, tu le trouves pas un peu louche, le type-là ?

-Sandy : Faut voir. Tu crois que c'est notre client mystère ?

-Maxence : Je ne sais pas mais il me regarde avec insistance.

-Sandy : On va vite le savoir ! Mme Dufour, vous voulez bien me rendre un petit service, s'il vous plaît ?

-Madame Dufour : Bien sûr, ma chérie.

-Sandy : Vous pouvez nous dégoter quelques informations sur le monsieur là-bas ?

-Madame Dufour : Vous me demandez de jouer les James Bond ? Il n'est pas un peu vieux pour vous ?

-Sandy : Oh non, il ne s'agit pas de cela.

-Madame Dufour : Ce n'est pas grave, mon petit. Je ferai de mon mieux. Les temps changent.

-Maxence : En toute discrétion, hein... !

-Madame Dufour : Oui, j'ai compris, je suis en mission. Allez Passe-partout, voguez à vos occupations quotidiennes, je suis pour ainsi dire l'homme de la situation !

-Maxence à Sandy : T'es sûre que tu as bien fait de lui demander ça ?

-Sandy : Cool ma poule, ça roule !

 

Madame Dufour se rapproche de M. Emilien tandis que Max et Sandy font un brin de ménage.

 

-Madame Dufour, prononçant à la française : Ça vous tente un p'tit Sudoku ?

-M. Emilien : Plaît-il ?

-Madame Dufour : Je veux juste faire un peu la conversation pour faire passer le temps.

-M. Emilien : Merci mais mon temps passe très bien ainsi.

-Madame Dufour : C'est un bon article ?

-M. Emilien : Pardon ?

-Madame Dufour :... ce que vous lisez ?

-M. Emilien : oui, c'est un psycho-sociologue qui a fait une thèse sur le respect...

-Madame Dufour : Moi, je préfère les magazines où il y a des romans photos...

-M. Emilien : Ah oui vraiment ?  Ça ne m'étonne pas!

-Madame Dufour : Et vous venez souvent ici ?

-M. Emilien : Ici ? Ah vous voulez dire dans ce salon ?

-Madame Dufour : Oui, moi j'y viens tous les 2 mois…pour me faire coiffer.

-M. Emilien: J'imagine qu'on vient effectivement quand on a besoin de se faire coiffer, non ?

-Madame Dufour : Oui, mais vous ne semblez pas être venu pour cela ?

-M. Emilien: Madame, je ne voudrais pas me montrer grossier mais vous n'êtes pas du tout mon type, si vous voyez ce que je veux dire !

-Madame Dufour : Ah ben, ça tombe bien, moi non plus vous n'êtes pas mon type. C'est la petite coiffeuse là-bas qui voulait que je vous aborde pour elle si vous voyez ce que je veux dire…

-M. Emilien : Madame, je ne suis pas du tout intéressé. Je suis venu là incognito dans un but bien précis.

-Madame Dufour : Ah vous êtes en mission alors ! Chut ! Je vous laisse. Je sais ce que c'est.

-Sandy : Alors Madame Dufour, qu'avez-vous appris ?

-Madame Dufour : Alors je crois qu'il est amoureux de vous lui aussi !

-Sandy : Oh mais non ! Qu'est-ce qui 'il vous a dit ?

-Madame Dufour : Qu'il n'est pas là pour une coupe de cheveux apparemment et que ce n'est pas un habitué du Salon, qu'il doit venir Incognito car il est en mission.

-Maxence : Ah ben voilà ! Tu vois que j'ai le nez fin, hein ? C'est bien notre client mystère.

-Sandy : Bon, au moins comme ça, on le sait. On va pouvoir mieux s'occuper de lui.

-Madame Dufour : Et il a dit que ce n'était pas moi son type de femme... en vous regardant !

-Sandy : Oui ben c'est bon Madame Dufour, on a compris. A part : Quel crampon !

-Madame Dufour : Alors j'ai bien rempli ma mission ?

-Sandy : Parfaitement ! Maintenant c'est à nous de jouer !

 

  Ding Dong : entrée d'une cliente : Madame Dupont.

 

 

-Aurélie : Bonjour madame.

-Madame Dupont : Bonjour.

-Aurélie : Aviez-vous rendez-vous ?

-Madame Dupont : Non, je viens entre deux réunions. Vous serait-il possible de me prendre pour une formule Shampoing, coupe, brushing, s'il vous plaît ?

-Aurélie : Tout à fait. Je prends votre veste ?

-Madame Dupont : Oui merci.

-Aurélie : Installez-vous au salon, je vous prie, j'arrive de suite.

 

 

Aurélie va ranger la veste au vestiaire.

Maxence et Sandy courent annoncer la nouvelle à Garence toujours en salle de pause.

 

-Maxence : Chère Castafiore... euh je veux dire très chère Garence, j'ai trouvé qui était le client mystère ! Allez… un triple ban à 5 pattes pour Moi 12345 (il applaudit et Sandy lui emboîte le pas) 12345 12345 123 12345 12345...

-Garence : Oh ma tête, arrêtez tous les deux… Vous êtes bien sûrs de vous ?

-Sandy : Ah oui mon neveu ! 100% sûrs, même 200% sûrs, même 300% sûrs...

-Garence : Oh mon Dieu, vous ne vous arrêtez jamais ? C'est lequel alors ?

 

Ils passent la tête tous les 3 pour l'apercevoir. Sandy a 4 pattes, Garence penchée au-dessus d'elle et Maxence encore au-dessus.

 

-Maxence : C'est la momie là-bas. Chut !

-Garence : Je croyais que c'était un homme ?

-Maxence : Oui ben c'est bien ce que je dis, non mais pas elle… c'est lui là ; ça fait des plombes qu'il est là sans rien faire tel un embaumé !

-Garence : Bon, comment procédons-nous ?

-Sandy : Ne vous inquiétez pas, on va le bichonner ce petit monsieur mystère et lui sortir le grand jeu !

-Maxence : Pendant que l'on s'occupe de lui, vous prenez la relève au salon.

-Garence : Oui mais je ne peux tout de même pas sortir dans l'état où je suis !

-Maxence : Oh vous êtes déjà beaucoup mieux là ! Et puis il ne reste que nos habitués à peu de choses près. On va leur expliquer votre situation. Ils seront compréhensifs...

-Garence : D'accord, dans ces conditions... je parlerais le moins possible.

 

Garence a toujours la face tordue  et une insensibilité qui l'empêche de bien articuler.

 

-Sandy : Allons-y : Mission La momie Mystère engagée !

-Maxence à Sandy : Qu'est-ce qu'on dit aux clients alors ?

-Sandy : No stress ; tu abordes Mystery Man, alias le Retour de la Momie et tu le conduits vers l'Ultra Bright pendant que moi j'explique aux clients ce qui se passe... et je viens te rejoindre après.

-Maxence : OK... hésitation et inquiétude dans la voix, tu leur dis quoi exactement ?

-Sandy : Ben, la vérité pure, c'est ce qu'il y a de mieux.

-Maxence : OK.

-Maxence, abordant M. Emilien : Je suis de nouveau venu vous présenter mes excuses pour votre thé… Ma directrice vous offre une prestation complète de soins du visage et un blanchi- ment des dents si vous le voulez bien.

-M. Emilien : Oh je ne m'attendais pas à... C'est vous qui allez vous occuper de moi ?

-Maxence : Tout à fait monsieur.

-M. Emilien : Alors c'est parfait, je vous suis.

-Sandy à Mme Dufour : Madame Dufour, puis-je encore compter sur vous ?

-Mme Dufour : Bien sûr, trésor !

-Sandy : C'est un peu délicat comme situation... Ma chef va nous aider au salon et… comment dire, elle risque de vous surprendre un peu par son accoutrement et sa manière de parler...c'est qu'en fait, elle est bipolaire avec des troubles de la personnalité graves ! Nous, on a l'habitude, mais les clients…

-Madame Dufour : Ah bon ! Mais je ne l'avais jamais remarqué.

-Sandy : Non la plupart du temps, on arrive à la soutenir pour cacher sa maladie mais aujourd'hui… C'est pire, quelquefois ça la rend même méchante et on doit se méfier d'elle.

-Mme Dufour : Oh mais là vous me faites peur...

-Sandy : Non, tant qu'on va dans son sens et qu'on ne lui tourne pas le dos... vous savez ce que c'est les chefs... euh je veux dire les malades comme elle. Je compte sur vous pour l'expliquer discrètement aux autres clients si besoin.

-Mme Dufour: D'accord ; je vais me montrer discrète comme à mon habitude !

 

- Madame Dufour à Axel Bonheur : Vous êtes au courant ? Il parait que la patronne est psy et qu'il ne faut pas lui tourner le dos. C'est une folle, en crise.

- Axel Bonheur : Ah d'accord madame... et puis la marmotte, elle met le chocolat dans le papier !

                                  

- Madame Dufour : Hein ? Toujours est-il qu'il ne faut pas qu'on la laisse se voir dans un miroir, elle est psy, je vous dis. Faites la commission aux autres !

- Axel Bonheur : Oui Oui bien sûr, je leur dis que Nosferatu est parmi nous ! Et qu'ils s'attachent un collier d'ail au cou …

- Madame Dufour : Mais enfin, je ne suis pas sénile, je suis en mission ! Ah ces jeunes, il faut tout faire soi-même.

 

Madame Dufour fait le tour des clients pour leur expliquer la situation.

 

  Ding Dong : entrée d'une cliente : Madame P.

 

 

- Aurélie : Bonjour Madame.

- Madame P : Bonjour, Auriez-vous de la place sous peu pour un blanchiment des dents ?

- Aurélie : Je regarde… Dans 10 minutes, madame.

- Madame P : Très bien.

- Aurèlie : Vous êtes madame… ?

-Madame  P : P.

-Aurélie : Madame Paix ? Comme paix ?

-Madame  P : comme P !

-Aurélie : La paix ou le…

-Madame  P : comme P tout court.

-Aurélie : Vous pouvez me l'épeler s'il vous plaît ?

-Madame P : P

-Aurélie : P oui ça j'avais compris…et la suite ?

-Madame P : Il n'y a pas de suite… c'est comme la lettre P tout court… Mon mari était de l'assistance publique. Pendant un moment, on ne leur a donné qu'une lettre de l'alphabet comme Nom patronymique.

-Aurélie : Je prends votre manteau et votre sac… Vous pouvez patienter dans la partie salon avec une collation si vous le désirez.

-Madame P : Merci bien. Je veux bien un petit café, merci.

-Aurélie: Je vous amène cela. A Garence : J'ai besoin d'aide au salon, il y a trop de monde. Mais ça ne va pas ? Qu'est-ce qui vous arrive ?

-Garence, toujours un peu paralysée : Oh vous je ne vous ai rien demandé, hein ! J'arrive.

 

Lorsque Garence arrive, tous les clients restent interdits puis Madame Dufour se racle la gorge bruyamment afin qu'ils se rappellent ce qu'elle leur a dit.

 

-Garence à Madame Dupont : Bonjour. Je vous en prie, madame, nous allons passer au bac…

-Madame Dupont, les yeux exorbités : Je vous remercie. C'est vous qui allez me couper les cheveux.

-Garence : Pour l'instant, je vous fais seulement le shampoing.

-Madame Dupont, peu rassurée : Ah…

-Garence: Vous êtes bien installée ?

-Madame Dupont: Heu… oui oui

-Garence: C'est la première fois que vous venez au salon ?

-Madame Dupont : Oui…

-Garence : Décontractez-vous, Je suis la patronne. Vous êtes entre de bonnes mains.

-Aurélie à Axel Bonheur : Donc pour vous c'était un petit rafraîchissement avec coiffage ?

-Axel Bonheur : C'est bien ça… La nuque surtout et puis les pattes, j'ai vite l'air d'un singe.

-Aurélie : Ce serait dommage…

-Axel : Qu'on me prenne pour un primate ?

-Aurélie : Oui… même si les hommes en général…

-Axel : J'adore les femmes qui ont de l'humour tout en étant un peu ingénue…

-Aurélie : Ingénue libertine, peut-être ?

-Axel : Sinon je ne m'appellerais pas Axel Bonheur.

-Aurélie : C'est original.

-Axel : Une lubie de mes parents qui voulait faire un jeu de mots…

-Aurélie : Un jeu de mots ?

-Axel : Oui, Ah que c'est le bonheur !

-Aurélie : Ah oui ; ils ont de l'humour vos parents.

-Axel : C'est surtout moi qui doit en faire preuve… depuis tout petit j'ai droit à ça ou on m'appelle accès de bonheur ou excès de bonheur ou Ah la bonne heure !

-Aurélie : Ah oui, je vois ça a dû être terrible !

-Axel : Ah, je vois vous vous moquez… vous êtes une coquine.

-Aurélie, minaudant : C'est à voir…

-Axel : Vous finissez à quelle heure ?

-Aurélie : A la fermeture du salon.

 

Ils se regardent tous les deux amoureusement. Garence qui a assisté à leur petit manège débarque près d'eux en furie.

 

-Garence : Ça va ? On ne vous dérange pas trop ?

-Axel : C'est parfait, merci.

-Garence : Vous ma petite, vous ne perdez rien…

-Axel : Dites donc, c'est qu'elle sort les crocs la matrone ! Allez me chercher un pieu ! Le client n'est-il pas roi ?

-Garence : Peut-être mais mon apprenti n'est pas reine !

-Madame Dufour : Tout va bien, calmez-vous. Asseyez-vous un instant là

-Garence : Mais enfin, je vais très bien, j'ai quand même le droit de…

 

Madame Dufour vient de s'apercevoir qu'elle l'a mise près du miroir. D'un bond, elle lui fait faire un tour de chaise.

 

-Madame Dufour : Oh non, non pas le miroir !

-Axel : Vade retro satanas !

-Garence : Mais vous êtes tous fous ou quoi ?

-Madame Dufour : Nous non mais vous… Vous voulez un petit thé, un petit café ? Allez calmez-vous. Tout va bien.

 

Garence reste sans voix et s'éloigne prudemment de ses clients pour aller vers le salon d'esthétique.

 

-Madame Dufour : Ouf, on l'a échappé belle. Pauvre France !


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