TOUT EST RARE

giuglietta

TOUT EST RARE

Sans un mot, sans un son, ils se sont enlacés, désunis, repris, frottés, caressés, léchés, sucés, dévorés. Ils ont dansé toute la nuit une valse si lente que le satin des draps sur la soie de leur peau était la mer étale.

A peine si leur souffle à l'unisson toujours y faisait naître quelque vague.

Ils ont fermé les yeux, souri, entrouvert des regards soudain avides et des cuisses et des bouches et refermé les yeux.

Ils ont picoré, délaissé, goûté encore et ainsi si longtemps que le jour d'été qui avait succédé à la nuit glissait avec eux vers le soir.


Sans que cela put, sans que cela jamais ne parut devoir finir.


Oh, ils étaient loin de la ville, du jardin, des oiseaux, du monde, des rues, des guerres, des famines, des familles, loin de leurs corps à tant y être, loin de la raison, des pensées.

Ils étaient éloignés de tout, perdus et retrouvés dans un océan sans contours, sans rives où le lit peut-être se faisait radeau.

Perchés dans cet azur, si haut, si haut, flottant au-dessus de la chambre, bien au-dessus des mots...


Mais elle dit, chuchota, égrena, souffla, balbutia :

« C'est... rare... ?!... »

Il répondit bien vite :

« Tout est rare, non ?»


Alors soudain, ce fut fini.


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