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eminence

Une fraction de seconde pour faire disparaître à jamais cette correspondance amoureuse tapie dans le nuage... L'irreparrable pour se réparer ? J'ai tout effacé.

Surprise de mailbox

Mais où est cette maudite facture ? La recherche par mot-clé mène à tout, y compris à ce fagot numérique de messages ressurgis du passé.

LE dossier, avec son label, son tag, son flag, tes initiales, sa couleur rouge. Tentation.

Jeter un œil, le sortir de l'oubli, dorloter de vieilles peines ou de revivre les joies anciennes... Le fouiller, s'en délecter jusqu'à la prochaine fois.

Tentation de régression totale, de retourner dans ton sein pour y trouver quelques gouttes de miel : ignorer l'amer (la mère ?). Revivre l'amour en illusion, sa mort aussi, en conclusion.

Codées de 0 et de 1, virtualisées, inventoriées, pesées en méga octets, ainsi finissent aujourd'hui les amours fanées : en fichiers. Fait chier. J'ai préféré le papier.

Mon ange, ma bête

Tentation, résolution. Ne plus vivre à reculons, tourné vers le passé. Effacer ce dossier (non)oublié, s'amputer pour avancer...

Je mets à la corbeille ? Je vide, définitivement ? C'est violent. C'est salutaire.

La décision est prise : me défaire de ce fardeau virtuel mais néanmoins réel de souvenirs m'autorisera à grandir, à regarder devant. Mon ange à tranché : un mal pour un bien.

Mais décider n'est pas exécuter. Mon démon s'interpose : quitte à souffrir, détruire et oublier à jamais, pourquoi ne pas y regoûter, une dernière fois ? Allez...

Les peines que l'on s'inflige

sont parfois les plus cruelles. J'ai parcouru nos proses, de textes roses ou bleus, de pixels, bucoliques ou pornographiques, revécu mille moments d'extases ou de failles. Les escalades et les dégringolades, les rigolades, les engueulades... J'ai presque pu sentir ton odeur de petit pain chaud, celle de ton cou au réveil.

En quelques minutes, avant d'effacer, j'ai ri, joui et failli pleurer.

Un dernier adieu.

Sans vider la corbeille de mes pensées...


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