Tragiquement imparfait.

giby

Le rythme mélancolique et triste de cette musique qui te donne envi de tout plaquer, taper ta poutre et en crever dans un flot de sky imbibé sur le tapis du salon pas loin de la partouze dans la chambre d'à côté à laquelle t'as refusé de participer parce que tu broyais du noir d'avoir tout perdu de ce qui te resté. Les yeux remplient de larmes, les mains tremblantes, la bouche sèche, les membres impuissants et l'ouïe sourde, le regard perdu et vide. Tu te lèves tous les matins avec une personnes différentes à côté de toi, le nez plein, les veines alcoolisées, les yeux dilatés ... Le monde te hait et tu le détestes. La vie te tue et pourtant tu ne peux qu'assumer le chemin que tu as emprunté même si tu aurais pu revenir en arrière, maintenant il est trop tard. J'repense à cette question : es-tu heureux ? Je n'ai pu que répondre non, serrant la queue entre les jambes et donner l'espoir à mon interlocuteur en affirmant faussement que je faisais, malgré tout, tout mon possible pour le trouver, que j'y travaillais ... Quand on est seul, qu'on a rien à perdre, on fonce tête baissé dans les pires trac-nards sans avoir peur des conséquences, après tout, rien ne peut être pire qu'une solitude déchirante quotidienne, personne à qui faire attention, personne a qui on pourrait manquer, personne d'autre qu'une pute à poil parfaitement rasée qui bouge sa poitrine siliconée au rythme de son souffle lors des matins douteux. Tu te plonges dans la musique, la drogue, le sexe, l'alcool et tous les vices que cette vie t'offre afin de te rendre esclave de sa dureté. Tu te mets à écrire des lignes sombres et sales qui te dégoutent toi même mais dont ta fierté et ton égo n'en sont que grandissant. Après tout, ce n'est que ta vie que tu déblatères sur des bouts de feuilles à l'encre noire. De ligne en ligne en sort un bouquin lugubre et cynique, politiquement incorrect mais délicieusement arrogant. Les gens finissent par apprécier l'auteur dépressif et vulgaire qu'ils ignoraient si facilement auparavant. Pourtant tu es toujours le même, sur le rebord de la fenêtre, un spliff à la main, un verre dans l'autre, à regarder le soleil se coucher et ton cerveau se barrer. Il est dit et connu qu'il faut souffrir chaque jours passé sur cette terre pour être un artiste parfait. Il faut une souffrance inéluctable et une vie à chier pour pouvoir se moquer de la vie et que les gens heureux trouvent ça tellement pathétique et loin d'eux qu'ils aimeront. Ils réussiront ainsi à connaitre les méandres profondes d'un homme seul et pitoyable. Cependant, les gens heureux, eux, ne seront jamais talentueux. Ils seront heureux, mais tellement banals ... La banalité. Triste fait tellement répandu ... Si on vous donnez le choix entre la banalité et le talent (en sachant évidemment ce que tout cela implique), que choisiriez-vous ? Bon évidemment il ne s'agit que d'un choix futile étant donné qu'à l'heure qu'il est, il est déjà trop tard pour devenir ce qu'on aurait aimé. Moi voyez-vous, je suis un raté sans avenir mais avec tant de talent que je m'en noie chaque jour sous des flots de mots et d'idées tellement plus brillantes les unes que les autres. Je suis un artiste ... Un artiste qui pourtant ne demande même pas à être heureux, il sait qu'il y perdrait tout son génie alors il accepte son triste sort au dépens de son talent.

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