Tranxène, première partie, Miami beach
Guillaume Vincent Simon
TRANXENE
La vie d’un stéréotype
“Gloire à Dieu qui a voulu, pour des raisons que nous ne connaissons pas, que la méchanceté et la bêtise conduisent l'univers !”
Joseph Arthur de Gobineau
Nouvelles Asiatiques
1.
Miami Beach, Hotel Victor, 1144 Ocean Drive, 4 Août 2010, chambre 523
- réveil menstruel -
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Réveil cotonneux, le soleil déjà très vif passe à travers les rideaux occultants très mal fermés, ça me pique les yeux, vraiment, et ça accentue mon mal de crâne.
Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il peut être, et je survole ma chambre, enfin, ce qu’il semble en rester, pour essayer de trouver le poste HIFI, connexion iPod, où doit normalement être inscrite l’heure.
Après une trentaine de seconde de recherche veine, je m’aperçois qu’il est en fait à côté de moi, gisant tel un éventré sur l'oreiller, enfin plus exactement l’oreille d’une personne que je n’arrive pas encore à identifier, avec mon iPod dessus, qui semble encore jouer des pistes.
Vraiment, là c’est le brouillard, je ne revois rien d’hier, encore moins de la manière dont je suis rentré, ni de l’heure à laquelle je suis rentré, et encore moins de celle qu’il est actuellement. La seule sensation identifiable est un horrible mal de crâne. Le bruit sourd de l’air conditionné ronronne, il n’y a aucun autre bruit.
Je suis là à errer dans les 75 m2 de ma “Ocean Front Suite”, tout rideau tiré, à ne pas réellement savoir quoi faire. La personne (ou la chose) qui git de l’autre coté de mon lit, ne bouge pas. Je m’étire, mes cotes craquent, mon cou aussi, baille une seconde fois, et me frotte les yeux, paisible, mais simplement pataud. Je m’approche de lui.
Un mec, peut-être dans la trentaine, je m’en approche encore. J’ai la trique.
Un brusque reflex me fait reculer de quelque pas, environ un mètre, ce qui me fait tomber dans la baignoire séparant la chambre de la salle de bain, encore pleine d’eau.
Je retourne voir le type. Il a le visage entièrement écorché, le sang séché lui rend la face gauche presque noire.
Je reprends mon souffle, et vais allumer les lumières, pour mieux voir cela. Je reviens vers le lit.
Stupeur - toute sa gueule est en fait pleine de sang, maintenant rougeâtre, tirant sur le noir, il y a de la cendre dans les plaies, il a le regard fixe, sur mon oreiller, le nez écrasé, et le poste HIFI semble encastrer dans son oreille. Sa bouche dessine un rictus assez drôle, une sorte de cul de poule. Ses cheveux sont éparses, et tous ceux du front sont brûlés, il ne ressemble à rien que je ne connaisse.
Je lève le drap qui se trouve lui aussi être taché de sang, couleur rouille, car il est sec. Le type a les viscères qui font des lettres, il y a marqué juif, en caractère anglais parfaitement tracés sur le drap blanc, mais il n’a pas du tout l’air juif pourtant, au contraire, il a le type “latinos”, et quand bien même. Toujours est-il qu’il a l’air mort, et je pense qu’il l’est, qui pourrait dormir normalement avec ses tripes qui font l'alphabet ?
Je continue l’état des lieux de la chambre. Il a la plante des pieds posée sur le mollet, l'articulation démise et les poils de son mollet sont brûlés, la peau est cloquée, jaunie et suppurante. Il a des grosses coupures sur la cuisse, et en regardant de loin, on dirait que des personnes ont joué au morpion sur ces dernières, 5 parties en tout, dont une sur le pubis, le carré a toujours gagné.
J’ai la tête qui tourne, j’ai le corps entièrement vierge de toutes écorchures, de tous bleus. Putain, j’ai encore la trique. Je pars dans le salon voir les affaires qu’il peut y avoir pour savoir qui ce con crevé dans mon king size est. J’entre, j’allume le lampadaire en forme de méduse situé sur la droite, à l’entrée. Sur la table basse nogushi, chêne naturel et plateau de verre poli, trois bouteilles de Piper, dans un énorme seau rempli d’eau et de cigarettes aux filtres blancs détrempées qui ont teinté la flotte d’un jaune douteux. Du verre cassé jonche la moquette rouille et bordeaux et des taches rouges dessinent des motifs pop. Je trouve sur le canapé trois pantalons, le mien, blanc rayure tennis couleur lin de chez Ralph Lauren collection été 2009, intact et parfaitement plié sur l’accoudoir, un jean diesel coupe Thanaz, bleu délavé en boule sous un des coussins du dossier du canapé, et un autre jeans levi’s, super skinny noir accroché à un des pieds de la table. Je fouille dans les deux, et retrouve un portefeuille dans le levi’s, en cuir noir et vert, d’un designer inconnu, Kenny Westys, qui exerce son art à New York à priori. À l’intérieur environ 100 $, et diverses cartes qu’un français ne peut pas comprendre, et un permis de conduire. Je le prends et retourne vers mon macabé.
Je me concentre sur sa gueule, sanguinolente, écorchée. Il est défiguré, je remarque qu’il lui manque une dent, et qu’il a la paupière droite coupée ou arrachée. J’arrive à voir la couleur de ses yeux, marrons, même s’ils sont injectés de sang. Comme sur le permis.
Bon, après quelques minutes dubitatives, j’en arrive à la conclusion que j’ai son permis de conduire entre les mains. Il s’appelait Josh Cothgrove, né le 12 mars 1975 à Orlando.
Riche de cette information nécessaire, un vent de panique m’envahit, et je commence en fait à me demander ce que je vais pouvoir faire de ce truc dans mon lit. Je me rue alors sur le bouton “do not disturb”, et je vais prendre une douche.
J’allume la télé, et voit avec ma plus grande surprise qu’on est le 4, qu’il est 18h, c’est-à-dire lundi, et que la dernière soirée que j’ai faite, était le samedi.
Putain, ça fait donc deux jours que je dors.
En passant dans la salle de bain, je me prend les pieds dans trois serviettes imbibées de sang, et tombe en plein dans un tas de capotes utilisées, et pleines, au moins une vingtaine. Aucune bribes de ces deux jours ne me reviennent. Trou noir.
La douche est la seule partie de ma chambre qui soit intacte. Je la prends, longuement, ressent des picotements aigus sur ma peau, l’eau est brûlante. Je ferme les yeux.
Mon mal de tête commence à se dissiper et la vapeur de la douche me cajole. Je prends une des serviettes blanches et immaculées accrochées dans la douche, m’en entoure, et sors du cube de verre, évitant les nombreux obstacles jonchant le marbre blanc de la salle de bain.
De toutes façons je dois partir dans 4 jours.
Je vais dans le dressing, prendre de quoi m’habiller, pour faire le ménage moi même. Une fois revêtu, je commence par la salle de bain.
Et là, au fur et à mesure que je nettoie, ce que je trouve me permet de reconstruire, péniblement, ce qui s’est passé dans la chambre. Enfin, j’imagine.
Ma rolex est au fond de la baignoire, remplie à moitié d’une eau rose, certainement du sang dilué, et je retrouve la paupière manquante qui flotte, des poils, ce qui ressemble à du vomi, flottant, et d’autres trucs, que je n’arrive pas à identifier.
OK - STOP -
Je la vide, mais elle se bouche, je ne veux pas prendre tout ça à la main. Je sors, de la chambre courir au CVS le plus proche pour acheter des produits bien corrosifs, avec des sacs poubelles et des dizaines d’éponges, bref, de quoi faire disparaître les choses salissantes. - 54$ - .
Sur Ocean Drive, entre la 18ème et le 12ème, tout le monde me paraît suspect, et patibulaire, je suis habillé d’un bermuda Marc Jacob bleu à carreau blanc, d’un polo lacoste rose pale, et mocassin de la même couleur. Inutile de vous dire la sensation que j’ai ressentie quand je suis passé au lobby de l’hotel, blanc.
De retour dans ma chambre, l’odeur âpre des viscères de mon ami, et du sang sec me fait tourner la tête. Je remplis la baignoire, et plonge Josh dedans, avec un litre d’eau de javel, et commence à le frotter, après avoir remis, tant que je puisse ses entrailles à sa place. Une fois le chéri nettoyé, enfin décapé, je l’en sors et l’enrobe délicatement de sac poubelle 200 litres. Je le traîne dans le couloir de la chambre. J’ôte tous les draps, retourne le matelas, et refait le lit.
Au bout de deux heures, la chambre est propre, la seule trace des deux jours précédents et le très gros sac poubelle dans le hall. Il est maintenant 21 heure et j’ai faim.
La dernière question, avant de commander mon club sandwich au room service, et comment me débarrasser de lui.
Et là, digne de moi, une brillante idée me vient à l’esprit. Je vais acheter une énorme valise, il en avait au CVS sur Lincoln road. Et à Miami, les CVS sont ouverts 24h/24. Je cours aller en acheter une. 99$.
Je reviens à la Chambre 523, qui sent désormais délicieusement le détergent et le propre, et j’enfonce (j’ai cherché mais je n’ai pas trouvé d’autre mot) le corps dans la valise à coque couleur titan, contenance 200 litres. Une fois sur roulette, j’enferme le tout avec un litre d’eau de javel. Je sors de ma chambre, pour aller mettre la valise avec d’autres, à coté du lobby, ce sont les bagages de ceux qui quittent l’hôtel le soir, avec un peu de chance, elle va être récupérée par des japonais, qui l’emmèneront loin, loin de moi, ayant évidemment pris soin de nettoyer toutes empreintes, afin de ne pas faire le rapprochement avec moi.
Bon, maintenant il est l’heure de manger. Je commande le Turkey Club à 17$, qui me sera livré dans 15 minutes. Et je demande en même temps une nouvelle parure de draps, non ne vous embêtez pas, je ferai le lit moi même, il est tard.
En l’attendant, j’essaie les pantalons qu’on m’a laissé, et les deux me vont parfaitement, touchante attention. Mon club arrive et le fait mettre sur la table du salon, je donne à la mexicaine qui m’apporte mon repas les bouteilles et les verres, enfin ce qui ne sont pas cassés, et tout les bazar du salon, ainsi que 10 $ de pourboire. Je pose les draps propres sur le lit.
J’ai faim.
2.
Piscine du Delano, 5 Août 2010, 13h30
Bloody mary
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Le vent joue avec les palmiers, et j’ai encore la gueule de bois. Le soleil tape très fort aujourd’hui, il doit faire environ 35°, comme d’habitude.
Je n’ai pas voulu aujourd’hui retourner à la piscine de l’hotel, car on ne sait jamais les rencontres que l’on peut y faire.
Je suis donc allé à la piscine du Delano, un autre de mes hotels préférés sur South Beach, designé par Stark, et surtout l’un des hotels où la piscine, qui loin d’être la plus grande est l’une des plus belles.
Allongé langoureusement sur les transats teck, à profiter du soleil de Floride, je transpire à grandes eaux, Ray-ban new wafarer au nez, à écouter les Talkings Heads sur mon Iphone, road to nowhere. Je scrute le ciel, et j’y lis les informations du jour.
J’ai la tête pleine d’idée, pour ce soir, mon retour en France, la prochaine audience à laquelle je dois plaider, mon prochain bloody mary, même s’il fait 35°. J’ai soif, mais je vais me baigner. J’ai soudain en tête alors que la liste aléatoire de lecture passe à Elliot Smith a question mark, ce qui constitue ma vie maintenant, à 26 ans. Non, elle n’est pas un désastre, du moins depuis 4 ans. C’est ce qui s’appelle la restaurer, passer d’un existence opulente mais exsangue de toutes signification, à la consécration d’une passion, qui vous fait oublier tout le reste, les déconvenues quotidiennes, comme une chemise mal repassée par la bonne ridiculement noire, ou alors le fait qu’il n’y ait plus de tartare aux truffes au Georges. Non, ce genre de choses passent pour des broutilles à coté du bonheur réellement palpable, de mon bonheur. La joie dépend de beaucoup de chose, certes, mais surtout du hasard de rencontre, bref, des coïncidences.
Un mec habillé d’un maillot de bain Vilebrequin, forcément français, plonge dans la piscine, et interrompt ma rêverie, brusquement. La façade majestueuse est à ma droite, j’ai le soleil qui inonde mes pectoraux parfaitement dessinés.
Je commande un autre bloody mary, il est 15h. Je décide d’aller me baigner. Je suis revêtu d’un maillot de bain Dolce Gabana blanc, rayure italienne au coté droit. L’eau est délicieuse, et les poissons qui y détrempent ou y transpire aussi. Il y a ce type qui baigne depuis 13h allongé sur la partie faite à cet effet au bout de la piscine. Beau mec, outrageusement bronzé, beau corps quoi qu’un peu trop sec à mon goût. Il a l’air d’avoir une grosse bite tant la bosse que dessine l’organe à cet endroit est protubérante, même si le soleil peut avoir pour effet de faire gonfler l’engin. Il est a priori assez grand, je dirai entre 175 et 180 centimètre, brun, et je ne peux pas voir ses yeux cacher derrière des Carreras Dakar 2 modèle écaille.
Mon bloody mary arrive enfin, porter par un piédestal blond d’environ 182 cm, pour des mensurations que je ne suis pas en capacité de juger, correctes au demeurant, qui me tend la boisson rouge avec un sourire délicieusement américain, ultra bright, commercial mais sincère.
Je le lui prends des mains avant qu’elle n’ait eu le temps de le déposer sur la tablette en teck elle aussi qui brode mon transat, et commence à le boire tout en continuant à scruter la faune présente à la piscine du delano.
Je me dissipe dans un nuage de certitude, le liquide rouge coule délicatement dans mon oesophage, tel un brevage régénérant, qui transcende ma langueur bourgeoise. Après quelques minutes d’hésitation profonde, je me décide de finir mon verre, et d’aller parler au possesseur des Carreras.
Mon coeur s’emballe alors d’une pulsion mêlée d’impatience et de crainte. Rien ne me dit qu’il sera réceptif à mon approche et encore moins qu’il ait envie de me parler.
Pourtant, j’ai des atouts. Je mesure 187 centimètres, je suis fin, svelte à l’allure sportive, je fais 72 kg. Je suis naturellement d’un brun assez rare, aux reflets blonds, j’ai évidemment les yeux bleus, qui en fonction de paramètres hygrométriques et de l'ensoleillement varient du gris à l’azur. J’ai des dents qui suivent un alignement parfait, dents d’une blancheur éclatante, obtenue grâce à un traitement blanchissant quotidien haut de gamme, qui sans agresser l’émail, nettoie les traces de tabac, de café, et des autres agression.
Je suis naturellement beau, même lorsque je ne suis pas coiffé ou habillé, sans doutes permis grâce à la qualité toute première des gênes des mes parents, issus de branches où la consanguinité n’a jamais existé. Mon charisme est un modèle du genre, naturellement j’arrive à impressionner.
Mon corps lui aussi est parfait, toute l’année hâlé, hâle obtenu grâce à une pratique hebdomadaire, mais raisonnée de la cabine UV domestique Ergoline prestige 1100 S, que j’ai fait installé dans mon 150 m2 parisien.
En outre, mon charme est loin de n’être que physique, il procède également d’une maîtrise complète des atouts intellectuels et physiologiques dont j’ai toujours été doté, c’est à dire d’une culture rare et d’une intelligence fine et pernicieuse, qui trouve sans mal les passerelles pour rendre les personnes que je rencontre dépendante de mon aura.
Je me décide de finir plus vite que prévu mon bloody mary, ou trempe désormais une branche de céleri verte. Je me lève très hautainement de mon transat où gisent quelques éparces cendres, prises de folie par le vent constant des bords de mer. Je plonge un pied dans l’eau tiède, puis un mollet, en enfin mon corps entier y pénètre.
Je m’approche d’une brasse décidée de cet homme, et commence à lui parler en anglais, puisqu’étant aux Etats-Unis, c’est la règle.
Je lui demande alors s’il va bien, il me semble ravi de me voir lui parler, tant il en perd ses mots, et réajuste, d’une manière anxieuse ses lunettes, qui de près me semblent finalement fausses, ce qui va sans dire, me vexe profondément. En effet, la pauvreté n’est pas un problème, quand on l’assume.
Repris dans ses émotions, il décide à me répondre, et sous son bronzage profond, une lueur de rouge pointe. Je l’impressionne - je lui coupe la parole et lui demande de reprendre sa respiration, lui fait comprendre par mon sourire carnassier et mon air cajoleur, qu’il n’a pas à être timide avec moi.
Il reprend sa respiration, et me dit qu’il s’appelle Ethan. Je lui tends alors ma main, humide, qui va à la rencontre de la sienne, cachés derrière nos lunettes de soleil, elles se touchent, sensation délicieusement moite, et chaude. Je décide avant même de poursuivre ma découverte d’Ethan, de recommander un autre bloody-mary, qui devrait m’aider à perdre la pudeur hypocrite qui est traditionnellement mienne.
La même serveuse me l’apporte dix minutes plus tard, ce qui réduit significativement l’espoir qu’elle a pourtant pu caresser d’avoir un quelconque pourboire. Ethan, lui, au vue de ma sincère générosité, a commandé un Long Island Ice Tea, qui lui parvient en même temps que moi.
Nous levons nos verres, nos verres se choquent, et ombragent un instant nos visages transpirants. Nous engageons la discussion, il est de New-York.
Vers 17h, soit à peu de chose près, deux heures après notre rencontre, je décide de partir, pour regagner mon hôtel, situé 8 blocks plus bas sur Ocean Drive. Nous nous donnons rendez vous à 19 heures, pour un apéritif au Tides.
Sur le chemin du retour, dans ma voiture, j’ai la trique à l’idée de la soirée que nous allons passé.
3.
Tides, 5 Août 2010, 19h15
Les suhis sont à base de thon rouge ce soir monsieur
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Je suis habillé d’une chemise bleu ciel à rayure tennis bleu marine, col mao blanc, boutonnière et manchette blanc à bordure bleu marine Prada, d’un pantalon blanc coupe smoking Dior, et de derby en peau retournée bleu marine bout fleuri Weston, j’ai un bronzage uniforme et parfait, qui me donne une allure encore plus digne, ma coiffure est sage, cheveux mi-long gominés sur le coté droit, raie existante mais discrète.
Je m’assoie à une table basse de la terrasse du Tides, plateau de marbre rose, piétement en fer forgé, et commande un Martini dry, à la cuillère, avec Belvédère et trois olives, en attendant Ethan.
Mon Martini arrive, accompagné d’un serveur d’origine asiatique, assez petit, comme tous les hommes de ces catégories génétiques, il tient sur son plateau de métal argenté ma boisson, qui emplie un verre triangulaire sur pied, classique pour cette boisson. Elle est accompagnée de quelques fruits sec.
Il est 19h35 lorsqu’arrive Ethan, habillé d’une chemise blanche à col retourné, très certainement une Dior, bouton en écaille, d’un jean Diesel, et d’une paire de basket Dolce Gabana. Sortir en basket, quelle idée. Je l’invite, malgré son manque de goût certain, à s’asseoir à la table et à commander ce qu’il veut. La nuit tombe sur South Beach, au loin, au large, un orage se forme.
Il prend un verre de vin blanc chardonnay de Californie. Je lui demande s’il aime le vin, car c’est une de mes plus grandes passions. Il me répond qu’il adorerait s’y connaître plus.
Son verre de vin arrive, Sonoma-Cutrer de 2005, qui baigne dans un verre à grand pied de 12 cm, il a une couleur or, malgré un crépuscule qui se fait maître du temps, il est gras, et coule lentement sur les parois de verre.
Nous trinquons à notre rencontre, qui j’en suis sûr sera fructueuse. La soirée s’engage, et ce jeune homme est charmant, plein de vie, et de charme, il travaille dans une agence de placement, filiale de la New-York Bank, il a 29 ans, ce qui me ravi. Je lui dis que je suis avocat, à Paris, spécialisé en droit pénal et plus exactement dans l’atteinte au corps humain. Il en a l’air ravi. Je reprends un second Martini Dry, nous parlons de chose que nous apprécions, comme par exemple les romans de Pier Paul Pasolini, ou encore le jazz, spécialement Nat King Col. Comme moi il a une vision hédoniste de la vie, qui doit se vivre dans le partage et la joie. Je lui avoue mon amour pour les fourrures. Il a l’air surpris.
20h45. Après trois Martini Dry, et trois verres de vin, nous demandons au concierge de l’hôtel de procéder à une réservation au Doraku, nouveau restaurant en vogue de sushi, sur Lincoln entre Lenox et Alton Road.
21h00, après être passé aux toilettes dont les murs, le sol et le plafond sont recouvert de mosaïque tricolore de marbre brun, noir et beige, pour prendre de la cocaïne, je rejoins Ethan, qui sourit en me voyant arriver. Nous regagnons le cabriolet que j’ai loué, une corvette Z06 noire V8 5,9l, afin d’aller au restaurant.
Le vent tape fort contre mon visage, et j’ai les yeux qui piquent. L’air chaud emplit ma chemise Prada, les phares des SUV qui passent sur l’autre voix me font mal aux yeux, ai la pupille qui se dilate.
Le ronron du V8 de la Chevrolet caresse mes oreilles, je me sens flotter dans une immensité translucide, sans attache, ni lien.
Les nuages empliront alors mes yeux plein de rêve, de corps sans bras qui flotteront dans un liquide aussi claire et appétissant qu’un Corton Charlemagne 1995, je vois mes yeux qui me regarde, et ceux d’une autre personne qui fixent au loin ce qui a la forme d’un palmier.
Le compteur retroéclairé rouge indique 70 miles. Nous sommes en excès de vitesse, mais nous arrivons très vite au Doraku.
Une pute a le rôle de l'hôtesse d’accueil, elle a aussi l’air japonaise qu’une vache d’un lapin, elle porte une robe de la dernière collection de Feu Alexander Mc Queen, qui ne lui va pas du tout, car elle a trop de cul, ce qui du coup ne constitue pas un très bel hommage au grand créateur que ce fut. Je ferme alors les yeux pour qu’elle nous guide à notre table, sans la voir.
J’avais demandé au concierge du Tides de réserver pour une table intime, et où ne pourrions pas être vu. Nous arrivons à ce qui semble être la table des VIP, au fond, dans un box privatif. Il y a une table ronde, avec un plateau en bois de poirier, et marqueterie de citronnier, de nacre et de rosier, qui représente une allégorie à la nature dans le plus pur style japonais du début du siècle dernier. Les banquettes en soie rouge et beige entourent parallèlement la table. Nous y prenons place, l’un en face de l’autre.
Je commande une bouteille de Piper, et je regarde Ethan, qui n’est pas plus beau dans l’obscurité. Cependant, et à sa décharge, il fait très chaud ce soir, quelque chose comme 30°, il n’y a pas de vent, il annonce une tempête, Bonnie, pour cette nuit.
La bouteille arrive, le serveur, une sorte de Ken latino, ultra carré aux maxillaires maxi gonflés, aux yeux noirs profonds, mais d’une profondeur stérile et débile, d’une carrure impressionnante, mais tout à fait surfaite, nous l’ouvre, d’une rapidité que seuls les européens ne supportent pas, perdant ainsi la plus belle vision du dioxyde de carbone lapant délicatement le cul du bouchon, laissant ensuite s’échapper une sensuelle coulure mousseuse d’un blanc intact. Il nous le sert, avec la même délicatesse, je lui fais ensuite savoir que nous nous passerons désormais de lui et lui priant de demander à un autre serveur de poursuivre notre service. Il acquiesce sans dire mot, et s’en va avec l’allure d’un bodybuildé moulé dans un uniforme bas de gamme.
Nous trinquons de nouveau, moi à la beauté du poisson cru, lui à une chose qui apparemment ressemble à une déclaration d’attirance sexuelle (je viens d’inventer ce terme, car je ne voyais pas comment dire autrement, vous m’en voyez excessivement navré). Ce type de toast m’a toujours déçu, tant je sais que je suis parfaitement désirable sexuellement.
Il commence alors à me parler de sa vie, qui pour être très honnête est banale, sans intérêt, ce qui me fait me poser la question de sa valeur. Il m’informe que son métier est purement alimentaire, car son appartement situé sur la 55ème sud-est, lui a été offert par son oncle. Il ne s’épanouit pas au travail, car il ne comprend pas où va le monde, pour lui, il est évident que désormais nous courons à notre chute, et que tout comme le mot chute ne prend qu’un "T", on ne peut tomber qu’une fois. J'acquiesce mollement de la tête, ma coupe de champagne dans la main droite, ma cigarette dans l’autre, comme pour lui montrer un quelconque intérêt. Ces sujets, lui répondis-je alors, manquent cruellement d’originalité, dans un monde où toutes les minutes peut commencer une pandémie planétaire, une guerre nucléaire biologique ou autre, où finalement tout être doué d’un tant soit peu d’esprit est capable d’en arriver à une conclusion identique, sans ressentir ce mal de crâne caractéristique d’un crampe du cerveau. Je lui demande s'il a au moins ressenti cela un jour.
Il ne semble pas bien le prendre, ou le comprendre, à dire vrai, je m’en fous, ce n’est pas le cerveau qui suce.
Je finis ma coupe de champagne, et recommande une autre bouteille, la même, et m’excuse car je dois passer aux toilettes. Il m'a très bien compris, et me demande de lui en donner un peu. Je m'exécute.
Une fois sorti des toilettes, au dessus desquelles une méduse, enfin non un poulpe géant est suspendu (appétissant dans un restaurant de sushi), j'ai le coeur qui bat comme les timbales du boléro de Ravel, je fixe le plafond - et il est bleu -.
Je regagne la table, où Ethan me fixe avec un regard d'une perversité inouïe. J'ai la trique. Il y va à son tour.
Une fois l'apéritif pris, nous commandons une autre bouteille de champagne, des glaçons et du Gold Stricke. Nous décidons de laisser le chef nous préparer les sushi qu'il veut, nous n'avons pas envie de choisir, cela nous fatigue.
À 21h45, les sushis arrivent posés d'une manière géométrique sur une grande assiette ronde en laque noire (les rolls au centre en forme de rosace, les sashimi au pourtour, formant un cerle, et enfin, les maki, en vague) - je n'ai pas faim.
Pourtant à 22h18, l'assiette est terminée, nous continuons donc à parler en dégustant le gold stricke.
Il me raconte son enfance, dans une banlieue de New York, dans le compté de Westchester, Ossining, son père était publicitaire dans une des nombreuses agences de Manhattan, et sa mère, d'après ce que j'ai compris, ne faisait rien, si bien qu'elle s'est suicidée lorsqu'il avait 15 ans. J'essaie tant bien que mal de ressentir une émotion, mais la coke paralyse ma production de sérotonine.
Bref, il a ensuite été faire des études à l'université Rockefeller, puis est entré dans divers emplois. Aujourd'hui il gagne 7 000 $ par mois. Cette conversation m'ennuie.
Je lui parle alors de mon métier. Le Gold Stricke me monte vraiment au nez, et j'ai la tête enfermée dans une bulle de coton. Je lui dis que j'adore ce que je fais, mais que je n'ai pas besoin de travailler. Cependant, j'aime mon métier, même si je n'ai pas besoin de travailler, il me dit que je commence à me répéter, d'un air con, je souris, et me ressert un shot de Gold Stricke.
C'est vrai je me répète, et je l'emmerde.
Bref je n'ai pas besoin de travailler car mon père est mort, et qu'il a laissé une grande fortune que ma mère a partagé entre elle et moi, son seul fils, ce qui m'a rendu multimillionnaire le jour de mes 19 ans, mais l'envie d'étudier les erreurs de mes congénères m'a poussé lors de mes très brillantes études à l'université de la Sorbone, à vouloir m'intéresser au droit pénal. En effet, lui dis-je d'un air tout à faire sérieux, pour moi c'est par le meurtre, la torture et les exactions physiques que s'étudient les pulsions de l'être humain, et étudier puis, défendre ou non, les criminels, est une sorte d'anthropologie.
Il me regarde médusé, sa coupe de champagne dans la main, ses grands yeux fixés à ma bouche parfaitement symétrique et proportionnée. Puis il me dit, après quelques secondes de réflexion, secondes durant lesquelles il avait l'air très bête, qu'il n'avait jamais eu cette vision des choses, et qu'il comprend pourquoi maintenant, il y a eu des avocats qui ont défendu Klaus Barbie, par exemple.
Il est 22h48 et nous sommes presque ivre, car la bouteille de gold stricke est presque vide. Je retourne aux toilettes, pour reprendre de la coke, car elle efface mon ébriété, et me donne de l'élégance.
Il est 23h07, quand je règle la note de 187§, en laissant un pourboire de 21%, c'est à dire de 39,27§, ainsi que ma carte de visite au serveur assez convaincant qui nous a servi.
Je demande au voiturier de voiturer. Il arrive avec ma corvette, nous prenons la route d'une boîte gay qui se trouve sur Wahington, entre la 11ème et la 10ème. Le Twist.
4.
Twist, 5 Août 2010, 23h31
Les pédés en bar
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Merde, je suis riche, et quand je décide que ce putain de videur va faire office de voiturier, il a intérêt de le faire. Mais dans ce putain de monde, tout s'achète, je suis obligé de lui donner un billet de 50§ pour qu'il puisse daigner aller garer la corvette ailleurs. Je suis encore avec Ethan, nous nous apprêtons à rentrer au Twist, une boîte gay sur wahinghton, qui est en quelque sorte mythique.
Nous pénétrons à l'intérieur, et une horrible musique cubaine raisonne dans une espèce de pièce absolument dégueulasse, aux allures de vieux pubs des années 70. Il y a sur la droite un bar, un très long bar, de cuivre, et des serveurs d'une laideur étonnante, il y a un chinois, rabougris, beaucoup trop musclé par rapport à sa carrure d'un mètre couture, un autre, qui a l'air latino, également petit, sans vraiment de beauté, si ce n'est encore une fois un corps, qui ici paraît banal. Devant le bar, 7 tabourets couleur verni chêne à l'assise capitonnée de sky marron, usée, évidemment, mais sur lesquels gisent quatre bears, que je ne décrirai pour le bien-être de tous. Nous nous empressons de passer cette pièce, non sans éveiller des regards, que je ne décrirai pas non plus, et pour la même raison.
La musique se fait moins forte. Les odeurs, passent d'une odeur de tabac à une odeur de musc âpre, celle de la transpiration. J'aime cette odeur. J'ai le cerveau à cheval sur les prairies bleues d'un mont inconnu. Les gentianes et les bleuets tapissent le sol, et par des pas pataud, mon cheval trace un puzzle. Le soleil rose du crépuscule s'éteint au loin sur la lueur affamée de l'océan jaune. Mes yeux tournent sur eux même, et marquent des sauts incongrues et flatteurs. J'ai mes cheveux qui se sont habillés sur leurs 31. Mes doigts jouent alors du piano, sans vraiment savoir ce qu'ils jouent. Moi j'écoute, et je regarde mes yeux danser sur le rythme de mes doigts.
Je saigne du nez, sans doute la clim' beaucoup trop forte des différentes salles de la boîte. Mais j'ai toujours un mouchoir sur moi pour prévenir ce type d'accident. Ethan est venu avec un verre, qu'il me tend mais je ne refuse de prendre. Je vais donc m'en prendre un, une vodka Grey goose tonic light.
Dans le patio qui occupe le centre du bâtiment, un retroprojecteur diffuse des images d'un clip qui fait danser tous les mecs. Je ne le connais pas, et reste dubitatif devant cette parade quasi militaire, ridicule pour tout avouer.
Je regarde cependant les mecs qui sont là. Plusieurs ont l'air beau, mais l'alcool, la coke, et surtout l'obscurité semble distendre mon jugement.
Je demande donc à Ethan s'il veut aller à l'étage, où nous boirons un verre, avant de partir, où il veut. Nous y allons, il y a toujours autant de monde, beaucoup moins beau. Je finis d'une rasade mon verre, en recommande un autre, que je bois avant même que Lady Gaga n'ait eu le temps de finir de me parler, et quitte cet endroit répugnant, avec Ethan. Le temps d'attendre ma corvette, je ne sais ce qu'il me prend, mais je commence à l'embrasser, car il est finalement beau, il apprécie et me touche la bite.
La corvette arrive. J'y pénètre, et met une de mes chansons préférées, Danke Schöen, chanté par Wayne Newton, composé par Bret Kaempfert, et enregistré en 1963. J'aime particulièrement les années soixante.
La corvette roule comme une pépite noire sur Collins, ou les chansons jazzy défilent. Ethan me regarde, et commence à me demander pourquoi j'ai un sourire fixe, les yeux écarquillés. Je lui réponds que j'ai passé une excellente soirée. Il me dit que lui aussi et me remercie.
Je roule je ne sais où.
Je suis décoiffé.
Je n'aime pas ce type.
Il me propose d'aller à son hôtel. J'acquiesce.
Pendant que j'attends que le feu passe au vert, je lui demande de me branler, car j'ai la trique depuis que j'ai démarré. Il acquiesce. Il ouvre alors mon pantalon dior et y glisse sa main. Il porte une montre Jaeger Lecoultre Reverso Grande GMT, bracelet de cuir, boitier en or jaune. Je ne l'avais même pas remarquer ce qui m'énerve particulièrement.
Il n'a pas l'air étonné quand il palpe l'importance de ma bite. Je monte le son de la musique, qui est désormais Fly me to the moon, interprété par Julie London, la version de 1963 de l'album The end of the world, de la même année.
Nous arrivons rapidement à l'orgasme et à l'hotel, le delano, je recapote, et confie la voiture au voiturier. Il remarque que je n'ai pas fermé ma braguette.
Nous arrivons dans sa chambre. Chambre n°708, Loft View. La blancheur glaciale de la chambre, entièrement blanche me fait froid dans le dos. Je suis Ethan jusqu'au salon. Je m'assoie sur le canapé blanc lui aussi de cuir.
Je me détends et ne pense plus à grand-chose. Il commande au room service une bouteille de Champagne français, ainsi qu'une bouteille de Vodka. J'en profite pour aller me recoiffer.
Les bouteilles arrivent, et je commence à servir les verres pendant que Ethan est dans sa douche. Je nous verse deux verres de vodka-champagne, en rajoutant un peu de ghb dans le verre d'Ethan, il est temps de jouer.
Il arrive vers moi en peignoir, ce que je trouve extrêmement vulgaire, étant donné la soirée que nous avons passé. Je lui demande alors s'il aime le vin, car je peux lui expliquer un peu l'oenologie.
Il me répond qu'il a toujours rêvé qu'un français lui fasse découvrir ce patrimoine, je lui tends son verre, et trinque à cette délicieuse soirée, que nous en sommes sûr, nous allons passé.
Je le regarde boire avec un réel intérêt.
Nous commençons à parler de tout et de rien, du vin notamment, puisque je lui avais promis de lui faire une sorte de cour, accompagné il va sans dire de démonstration.
Il est 1h09 lorsque les premières bourrasques violentes et moite de Bonnie frappent les baies vitrées de la suite. La piscine que l'on aperçoit à travers les palmiers semblent être aux prises d'une violence inouïe, comme prise de spasme incoryable, le vent la contraint à ne plus se soumettre aux lois de la gravité. Ethan est allongé.
Je suis debout, nu, dans le clair obscur de la chambre éclairée aux bougies, ma coupe de champagne à la main, et je regarde, placide, le vent mettre à sac cette belle terrasse. Les matelas des transats n'avaient pas été enlevés, ils volent comme tant d'oiseau perdu, et voués au grès des vents.
Les palmes, comme mes bulles de champagne, virevoltent violemment, puis un éclair.
Je suis allongé dans l'immensité blanche de l'enfer, celui voué aux saints, je ferme les yeux, mais reste. Mon esprit, prisonnier du bien se perd dans les méandres tortueuses du remords ; ma lobotomie - au loin je sens des picotements vicieux, des sensations violentes m'envahissent m'empêchent de me relever, et je tombe, dans un puis sans fond, où ma mère vient me couper le majeur.
Je ne suis plus, je ne me suis plus. Je tombe, indéfiniment, comme une feuille, extraite de sa volonté, je tombe inutile, je tombe, je vois le fond, je m'y écrase. Je suis alors celui qui n'est plus, je me vois, de loin, je n'ai plus de dent, mon oeil regarde mon nez écrasé par la violence du choc, ma bouche est W, j'ai très mal, mais je ne dis rien, je meurs mais je ne dis rien. Je pleure, toutes les larmes rouges de mon coeur, ma haine me pique les poumons, je ne veux qu'une seule chose, c'est partir, et oublier.
Au loin, comme un espoir, je vois mon père, je voudrais m'excuser, mais ma bouche est cousue.
5.
Hotel Delano, 7 Août 2010, 12h36
Le temps des départs
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La matinée a été superbe, le soleil a brillé, et le monde s'est remis en marche. Je me caresse le visage comme pour me dire bonjour. Je me lève, et la blancheur candide de la chambre me brûle la rétine, je mets les lunettes de soleil Carrera de Ethan, que je ne trouve plus.
Je suis seul dans sa chambre, personne n'est venu me déranger. Je reprends mes affaires, et commande un petit déjeuner.
Café expresso
Viennoiseries
Jus d'oranges pressées, Jus de Kiwi, Jus de Carottes
Pas de beurre pas de confiture
On me le livre, et on me demande si je suis Ethan Woodrow, je réponds qu'évidemment. Je laisse 10$ de pourboire qui viennent de son portefeuille, à un espèce de serveur horrible, très indigne d'un hôtel de ce genre. Aujourd'hui il faut que j'aille faire mes bagages, car je pars pour Paris ce soir.
Je m'installe sur la terrasse privée de la chambre, blanche, sur une table en résine blanche, vernie, entouré de deux chaises, blanche, en chrome, et toile de coton du nil. La vue est imprenable, au loin l'immensité bleue, indifférentes à nos excès, qui lèche jour après jour les côtes de nos vies, plus de trace de Bonnie.
Je prends mon petit déjeuner en 8 minutes, puis décide d'aller prendre un bain. Je traverse la salle de bain de marbre blanc, et je vois un des tesson de bouteille de Dom Perignon taché de sang. Je pénètre dans la baignoire rectangulaire de marbre blanc, dont le dossier de marbre blanc de 1,25 cm est taché lui aussi de sang. L'eau coule encore, brûlante et fumante. Mon corps alanguis frôle l'orchidée dont les fleurs blanches mouchetées de rouge fanent, insensibles à ma beauté.
Je me lave, avec le gel douche Occitane mis à disposition, parfum verveine verte. Je ferme les yeux, et bois mon jus de kiwi (riche en vitamine C, E, A, B, B9), mon iPod diffuse Kelly watch the star, de Air, de 1998, présent sur l'album Moon Safary.
Le monde est soumis à la langueur du matin, à la beauté du soleil au zénith, et à la magie de son couché. L'eau ravive mes pensées, qui se choquent et forment des cercles concentriques, qui se pénètrent les uns avec les autres, pour n'en faire qu'une.
La quiétude de l'eau qui frappe le marbre me disperse dans une mer de pensée délicieuse.
Je me sèche. Je m'applique une crème hydratante sublimante de jour que je prends dans la trousse de toilette Vuiton d'Ethan, de marque MAC cosmétique, formule anti-UV SPF15, puis me coiffe avec l'un des gels disponible, en l'occurrence une pâte sèche à base d'argile rose, de chez Sebastian. Je décide de m'habiller.
J'ouvre l'armoire d'Ethan, et je prends ce que je pense m'ira.
Force est de constater la pauvreté de la garde robe de vacance de ce jeune homme. Je fouille et décide de prendre un caleçon Pull-in à motif de tête de mort, un jeans Diesel bleu clair coupe Kroole collection 2010, disponible aux Etats-Unis à 230$, une marinière coton et soie, bleu marine et blanche, Marc Jacob, collection été 2010. Je reprends mon téléphone, ainsi que mes papiers mon porte-feuille, et ma rolex Daytona, or rose, je réunis mes vêtements d'hier soir dans un 24h Paul Smith que j'ai pris hier dans le coffre de ma corvette, ainsi que sa montre, et sa crème MAC que je trouve parfaite. Je remarque sans réelle surprise qu'il y a sur ma chemise Prada de toutes petites tâches rouge, cela peut très bien un des nombreux vins que j'ai fais essayé hier à Ethan, Bordeaux ou Bourgogne, je ne cherche plus à savoir maintenant.
Je jette un dernier coup d'oeil à la chambre, pour bien vérifier que je n'ai rien oublié, je regarde sous le lit, et je vois enfin Ethan, qui n'a pas l'air bien, peut-être est il encore ivre, car une bouteille de champagne est enfoncée jusqu'au cul dans sa bouche, lui donnant un air d'aborigène amazonien.
Je décide définitivement de partir.
6.
Hotel Victor, 7 Août 2010, 15h00
Le temps des valises
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Je serai de retour à ma chambre d'hôtel après avoir rendu la corvette au 1619 Alton road, sur Miami beach. Je suis très en retard. Le type à qui je dois rendre la voiture a l'air patibulaire, un vieux black d'une cinquantaine d'année qui a l'air foncièrement agacé par mon bronzage, l'allure que me donne mes aviator miroir, et par mon accent excessivement européen, que je cultive évidemment. Alors que d'habitude, quand je rends une voiture louée, l'employé ne procède jamais "à l'état des lieux" du véhicule, et heureusement, là, je pense par vengeance personnelle, il inspecte l'intégralité de l'habitacle, de la boîte à gant, au dessous des sièges, avec un professionnalisme et un minutie à faire pâlir de jalousie un horloger suisse.
Il fait d'abord le tour de l'habitacle, taché par mes sécrétion nombreuses sur la colonne centrale, suffisamment transparentes pour ne pas laisser trop de trace. Patiemment et par étape, il note sur un feuille jaune, logotée, sur un porte document, l'état des pièces de l'habitacle.
Il me dit qu'il y a une paire de lunette de soleil sous le siège passager, ainsi qu'une montre, et une paire de havaianas noire. Je lui demande de me les mettre dans un sac, et lui dit que cela doit être des affaires que j'ai oublié un soir en garant la voiture.
Il continue son tour du véhicule. Je le vois se raidir violemment, prendre son front, entre ses deux mains graisseuses et pleine de cicatrices de brûlure lorsqu'il s'arrête sur la calandre de la voiture. Je lui demande alors ce qu'il a à réagir comme ça. Il me dit qu'il y a du sang, je lui réponds que j'ai dû percuter un crocodile lorsque je suis allé dans les everglades, il n'en dit mot, ou peut-être autre chose, que je roulais souvent ivre, qu'on était à Miami, et que tout le monde était comme ça ici. Je lui répète que de toutes façons il n'a aucune autorité pour me faire dire ce qu'il s'est passé, cela reste entre la corvette et moi.
Il retourne à l'intérieur, et se relève du cockpit gainé de cuir matelassé de la corvette, et me regarde avec un regard à la fois inquiet et haineux. Je le toise derrière mes Ray-Ban, lui demande de procéder à l'état des lieux le plus rapidement possible, car j'ai un vol international dans 5 heures, et qu'il veuille bien vérifier qu'il n'y a pas eu de dégâts matériel, le désordre qu'il peut trouver ne le concernant absolument pas, vu que son rôle est de vérifier l'état des voitures, non de procéder à leur historique de fonctionnement. Pour ce faire je lui tend un billet de 100$, qu'il prend goulûment. Cinq minutes mécaniques plus tard, il me fait signe qu'il n'a trouvé aucun dégât significatif, seulement des tâches bizarres sur les tapis de sol et sur l'appuie tête sur lequel est frappé le sceau corvette. Je suis réponds qu'il s'agit d'une personne qui a développé du psoriasis capillaire virulent, pour l'appuie tête et du jus de Cranberry pour les tapis de sol, il fait mine d'acquiescer.
Il me rend ma caution, ainsi que le sac en Kraft contenant les affaires retrouvées dans la voiture.
À l'intérieur, une paire de lunette Persol, modèle Crystal (référence PO2978S), monture en écaille marron foncé La Havane, et verre gris, très beau à dire vrai, une montre Vacheron Constantin, modèle Malte, Cadran Or blanc et bracelet cuir noir, et une paire horrible de tong noir Havaianas. Je ne me souvenais que quiconque monté dans cette voiture avait porté cela, mais c'est une agréable surprise, et je me réconforte en disant que qui que ce soit, il devait être beau, du fait de ces objets de goûts. Malgré cela, la Vacheron Constantin a une horrible rayure sur le cadran, et une quelque trace de chaire sur le bracelet, je l'emmènerai chez un horloger sur Paris.
Je quitte le black répugnant en lui faisant un sourire glacial, tout en enlevant mes lunettes de soleil, ce qui le glace, et l'empêche de dire quoi que ce soir. J'appelle un taxi qui s'arrête net vers moi. Je lui dis de me conduire à l'hôtel Victor, 1144 Ocean Drive, le plus vite possible.
J'arrive à l'hôtel, Rember, DWhitaKer Version de Air sur les oreilles, je m'assoie dans le canapé, et ferme les yeux.
J'ai envie de partir loin, ma patrie n'est finalement que mon cerveau, dont les habitants, toujours hospitaliers m'accueillent sans cesse en lies. Leur maître, leur roi, mes envies sont les esclaves de mes tabous. Je ne sens vraiment mon coeur battre qu'en voyant les autres vivre comme moi vivre, jouir comme moi jouir, manger, boire, respirer, penser, faire, rire, pleurer, avoir honte, se sentir heureux, comme moi. Personne n'est comme moi, comment dès lors faire, j'ai besoin de vivre.
J'ai ce lointain souvenir, terne mais vivant, comme ces vieux films des années 30, qui crépitent, mais où les gens rient, d'un jardin, d'un bassin, de carpes du japon qui nageaient imperturbables, à nos problèmes, nos ennuies. Cette maison au loin, qu'enserraient deux toujours hautes et larges, au milieu un perron, dont les rampes en fer forgée descendaient gracieusement dans la grève grise. Je me tiens assis, sur un petit fauteuil d'enfant en fer, je regarde. Il y a ma m&
qu'il est doux de le faire avec le type de la stéréo...
· Il y a environ 14 ans ·gun-giant