Travail et seigneurie

Farid Adafer

-« Travaille ! » dit le seigneur des terres aux formes aplaties

-« Pourquoi ? » dit le vassal souffrant son air aigri,

-« Parce que c’est ainsi » dit le seigneur, aux formes rabougries

-« Pourquoi, alors le seigneur du ciel dit : « Bois »,

et « mange » aussi, et partage les offrandes de la vie,

Où est donc le travail dans ce champ élargi ? »,

ajoute le vassal, à bras raccourcis

-« Le travail sert la charité qui a donné ton pain »,

Fais le seigneur des terres aux champs grossis,

-« C’est ton sacer pour la vie, il faut bien mériter

De sa peine une offrande, et c’est celle ci

Le travail est ainsi, et c’est ainsi que tu travailles », ajoute le pater des terres ramollies,

-« Et que dit le ciel, et la terre, qui nous nourrit ?»

Dit le pauvre Artémis dans une forme rebondie,

-« Ils ne disent rien, car le ciel ne dit jamais rien,

c’est pour cela que nous avons mangé la terre et dompté le ciel », dit le seigneur aux bras raccourcis,

-« Mais alors », dit le serval aux yeux de biboches

« A quoi cela me sert-il de nourrir mon seigneur

Aux formes arrondies, si de terre, d’eau, de terrain, je ne tirerai

jamais la lie »

-« C’est ainsi », dit le seigneur aux armes affadies

« Il en va des ordres de l’homme, comme du monde,

Chaque étage fait sa miséricorde, et la hiérarchie des ordres gronde »

-« Mais alors » , dit Artémis, comme ragaillardi,

« A quoi sert le destin et où trouve-t-on son chemin ? »

-« Il sert à compter chaque devoir ici bas,

et tu te trompes de chemin en invoquant le destin

seul ta peine est ton chemin,

sinon, bien vite, de destin en larcin tu commettras

et des hommes, bannis et hors du monde tu faisanderas. Seul le labeur compte à celui qui veut faire sienne une marche d’homme bénie » dit le seigneur dans une longue tirade abâtardie.

Le vassal fit une pause. Puis, dans un sourire flatteur, tournant l’œil de côté,

Illuminant l’arche aux lumières effacées,

il dit :

« Seigneur de la terre, mon destin est tout autre, et vous n’avez rien compris

Mon salut est ailleurs et ciel, je vous ai compris

Je vous donne mon congé et je vous remercie ! »

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