Tribulations d'un Roi des Âges Sombres

luvian

I

La pluie tombait. Les gouttières, trempées, résonnaient sous les coups de boutoir du vent. L’eau s’écoulait, en toute disgrâce vers un sol déjà pourri. L’odeur, atroce, emplissait les narines de quiconque passait le chemin de cette ruelle sombre. Une ruelle d’une ville abandonnée par toute grandeur, surpeuplée, en proie à la détresse du vide qui l’attend à son terme. Les couleurs du ciel, grisâtres, reflétaient à la perfection les pensées des murs des citadelles, dont les noms, oubliés, sont désormais remplacés par des signes, tags éphémères d’une époque idéale. Un royaume un tant soit peu magique, qui réussit à tenir malgré l’absence de fondations. Heureux le mortel qui ouvre ses yeux sur un tel paysage ! Car c’est le seul, en ces temps, qui demeure encore. Une ville, le dernier bastion de l’humanité, le dernier sanctuaire des peuples. Les Âges Sombres, c’est le nom que je leur ai donné. Car l’espoir n’y est plus que souvenir.

Le son étouffé de mes pas sur le sol boueux de la ruelle n’attire l’attention de personne. Clochards et putes jonchent les murs tels des déchets qui se décomposent à la lumière. Les rayons de soleil ont réussi à percer les nuages. Pour combien de temps ? Les saisons ne sont plus que lointaines légendes et l’ordre, une vaine chimère. Les protecteurs de la ville ont cru bien faire en l’isolant du chaos extérieur mais la maladie était tout de même entrée. La maladie de misère et de folie qui prend les hommes au crépuscule de leur beauté. Elle aurait pu être belle cette ville, oh oui. Elle aurait pu être très belle. Mais bandits et malfrats la gangrenaient. Je n’ai pas coutume de critiquer les décisions des membres du Protectorat, souvent justes et perspicaces, mais que faire, ils se sont fourvoyés. L’âme humaine continuera à s’étioler. En partie à cause de cette ville. Elle sera leur tombeau. Précipiterais-je leur mort ? Pourquoi le ferais-je ? Ils ne m’ont rien fait. Qu’ils vivent et meurent sans bruits.

Il y a pourtant une lumière qui atténue l’obscurité de la cité. Je l’ai découverte quelques jours seulement après y avoir mis les pieds. Je venais de l’extérieur, voyageur impétueux des contrées sauvages qui bordent le monde des hommes, attendant l’heure de sa perte. J’y étais rentré plus par curiosité que par désir de confort. La nature sauvage y pourvoyait, les bêtes et les dangers. Je ne souhaitais d’ailleurs pas y rester. Mais sa beauté me fit rester, parmi les immondices et les illusions d’une espèce déchue.

C’était au détour d’une rue, sur la place du marché. Elle achetait des prunes, les seules récoltées dans les champs qui surplombent la ville. Plus polluées que saines et plus synthétiques que naturelles mais suffisamment bonnes pour être consommées sans dégoût. Mon regard s’était alors innocemment posé sur elle, elle qui n’était qu’un visage de plus dans cette foule. Que je pensais. Je restais planté sur place, mon baluchon sur les épaules et mes armes à la ceinture, les gens me bousculant, vaquant à leurs activités, hurlant ceci à l’un, chuchotant cela à l’autre. Parfois des regards noirs et vicieux, mais quelle importance… Elle était seulement à quelques mètres de moi, vêtue d’une tunique bleue et blanche, les cheveux au vent peints d’un ambré roux éclatant. Elle remercia le vendeur et détourna son attention des fruits alléchants. Une petite voix, claire et limpide, sensuelle. Une femme me bouscula alors, plus violemment que les autres. J’entendis un : « Faîtes attention où vous marcher ! ». Comme si je marchais…mais le mal venait d'être fait. Je ne la voyais plus. Je jurais comme un charretier avant de prendre la décision de questionner le vendeur.

-       Vous connaissez cette belle dame mon bon seigneur ?

Ses joues pleines de gras remuèrent avec disgrâce, éclaboussant son étalage de postillons puants.

-       Vous êtes bien curieux vous !

Je ne répondis pas et le dévisageai avec dédain.

-       Je ne cherche que le sourire et la gentillesse d’une femme.

-       Vous en avez pleins à la sortie de la ville des putains ! Fourrez votre nez ailleurs bel étranger, les dames de la cité ne sont pas à vendre !

-       Tout est à vendre gentil bonhomme…

Je le fusillais du regard et tendis vers sa paume quelques pièces de monnaie.

-       Je vous conseillerai de ne pas dépenser un sou pour cette catin mais…

Sa main se referma sur la mienne.

-       Pas pour elle, imbécile ! Pour ta vie !

La lame de mon poignard sur sa petite gorge. Dans la pénombre de ses sourcils, la peur. Toute fierté délaissée, tout masque arraché au profit de la crue vérité, la misère incarnée.

-       Je ne connais pas son nom…

Il déglutit avec force.

-       Mais elle habite dans le Haut Quartier, près du Mausolée aux Héros.

-       D’où tiens-tu cette information ?

Ses paupières clignèrent, son souffle s’accéléra.

-       Parle !

-       Oui, oui, oui ! Ça vient ! Je l’ai suivi, je la trouvai belle, tout comme vous ! Elle pouvait faire une bonne pouliche sur les marchés vous savez ! Je n’aime pas les concurrents Monseigneur mais pour le prix de ma vie, je vous offre la moitié de mes filles à prix d’or !

-       Qu’est-ce qui as freiné ton geste ?

-       Une marque, un tatouage ! Celui des bêtes de l’extérieur !

-       Où détiens-tu tes filles ?

-       Je les rassemblerai ce soir pour vous ! Vous verrez ! Ma marchandise est fraiche, jeune et bien pourvue, vous verrez !

-       Je te crois sur parole…

Je retirai délicatement la lame de sa peau, satisfait.

-       Vous voyez gentil bonhomme, on finit par avoir un terrain d’entente.

-       Rendez-vous à quatre de la nuit, fontaine des péchés. Ne soyez pas en retard ! Et maintenant, déguerpissez, vous faîtes fuir mes clients !

La dernière ville des hommes…quelle cruelle plaisanterie. Cette dame provenait des bois extérieurs. Quant aux autres…elles seraient bientôt libérées du joug de ce malfrat. Combien de filles obéissaient à ces êtres-là ? Et que devaient-elles faire pour ne pas mourir ? Sucer des queues noires de crasse et saigner comme des truies ? Certains se réfugient dans la cruauté lorsqu’ils ont peur. Il y a un remède pour la peur. La mort. A quatre de la nuit, les filles auraient rendez-vous avec la liberté et lui…avec moi.

 

II

Le Haut Quartier s’étendait sous mes pas. L’un des seuls endroits où il fait bon vivre dans cette ville. C’est là où se dressent les ruines du siècle passé. Et là où se regroupe l’élite sociale. Je ne suis pas pour l’inégalité mais ceux qui y demeurent comptent parmi les plus méritants de la ville. J’ose cependant croire qu’ici s’abrite un tout autre genre de créature que l’homme. Comme une femme portant la marque des Bêtes de l’Extérieur. Nulle surprise à ce qu’elle ait préférer le relatif calme du quartier au souc bruyant qui se perpétue partout ailleurs.

Malgré la pensée et les images de filles maltraitées, son visage ne s’effaçait pas de ma mémoire. Son visage, sa voix, peut-être son odeur. Ses yeux. Ses formes aussi. Son corps. Sa bouche. Une reine. Une reine parmi les mécréants et les méchants, une lumière éclipsant l’obscurité. Mon cœur et mes désirs, forts de la même intensité, de la même volonté, me poussent à la retrouver et à la séduire.

Je me tenais immobile et contemplais le Mausolée aux Héros. Haut comme quatre hommes, il cherchait tant bien que mal à imiter les temples de jadis et leur merveille. Sans grand succès. Mais c’était mieux que rien. Les habitants du quartier commençaient à fuir la place à mesure que la nuit avançait et les cabots et animaux survivants jappaient à l’idée de rester seuls dans le noir.

-       Ils fuient comme si leurs vies étaient en jeu.

Une voix si belle…la sienne !

-       Ils fuient la solitude et le noir, craignant de n’y voir que leur mémoire et l’absence d’échappatoire.

-       Vous ne croyez pas en l’espoir ?

Je tournai ma tête vers elle.

-       Je ne crois pas en lui.

-       Et pourtant vous êtes là, face au plus haut monument de cette ville, celui érigé par le Protectorat pour nourrir l’espoir du peuple !

-       Ce n’est pas pour lui que je suis là.

-       Si ce n’est pour lui c’est donc pour moi. Comment t’appelles-tu ?

Je restai silencieux.

-       Tu ne sais pas ?

Elle éclata de rire. Pas un rire méchant, un rire simple et plein de vie, charmant et amical.

-       Je l’ai laissé aux portes de la ville.

-       Tu n’es pas d’ici alors ? Comment est-ce possible ?

-       Ah…c’est une longue histoire…

Elle se rapprocha de moi et me prit la main.

-       Tu n’es pas le seul à en avoir…viens chez moi…

-       C’est que…

-       S’il te plait.

Un sourire s’esquissa sur mon visage, le premier depuis un lointain passé.

-       Avec grande joie.

Elle raffermit sa prise sur ma main et m’entraina dans une suite de virages, à travers un dédale de portes et d’écriteaux. Elle s’arrêta brusquement devant l’une d’elles, vierge de toute inscription et la poussa sans ménagement.

-       Voici ma demeure, homme d’honneur ! Entres-y avant que je ne te pousse sur le lit, plaisanta-t-elle en riant !

Je feins de ne pas l’écouter et attendis sa réaction. Pas longtemps car je me retrouvais vite poussé tout contre le lit. Je me retournai et l’observa attentivement. Je ne quittais pas ses yeux lorsqu’elle commença à se dénuder. Je ne les quittais pas lorsqu’elle commença à se caresser. Je ne les quittais plus lorsqu’elle entreprit de me débarrasser de mes habits.

-       Que fais-tu loin de chez toi Bête Dorée, susurra-t-elle en passant ses doigts sur la marque des bêtes qui ornait mon torse ?

-       Je cherches à en trouver un Bête Ambrée, lui confiais-je en l’attirant vers moi.

Elle gloussa avant d’embrasser mes lèvres, y laissant la liqueur parfumée de sa salive.

-       Tu viens de le trouver…

-       Oui…

-       Dans mes bras, en moi, contre toi…

-       Oh oui…

Je l’embrasse avec vigueur et passion, avant de descendre vers d’autres régions.

III

-       Comment une femme telle que toi a-t-elle atterrie ici ?

-       Les Protecteurs.

Elle arrêta sa caresse sur mon torse et me confia droit dans les yeux :

-       Ils pourchassent les nôtres.

-       Pourquoi diable feraient-ils cela, lui répondis-je effaré ?

-       Pourquoi diable cette ville tient-elle encore debout, répondit-elle sur le même ton ?

Je me redressai, alerté par une réponse qui me faisait peur. Elle m’accompagna dans mon geste et m’enlaça tendrement.

-       Je suis la dernière de ma tribu. Laisse-moi te raconter ! C’était une nuit tranquille tu sais, comme celle-ci... Le temps parfait pour la chasse. J’avais quitté le campement pendant quelques heures seulement, mais une fois rentrée, tout le charme et toute la magie accumulée durant mes folles enjambées se sont évanouis dans le vent. Une odeur de chair brulée m’assaillait les narines. Pas de viande, pas de corps en lambeaux. Non, juste l’odeur qui s’insinue dans tes poumons pour te faire vomir toute ta dignité. Je n’avais rien vu venir, la nuit était si calme…

-       Comment sais-tu que ce sont eux ?

-       Parce que j’ai remonté leurs traces.

-       Tu as dit qu’il n’y avait pas de corps.

-       Non, aucun.

-       Comment est-ce possible et comment des humains ont-ils pu si aisément venir à bout de ta fratrie ?

-       Je l’ignore…mais je sais où sont les miens. Ils sont la magie qui fait tenir la cité !

-       Ils utilisent notre force pour survivre…cela explique tout.

-       Je t’écoute.

-       Si je suis venu ici c’est par curiosité.

-       Pourquoi ?

-       Parce mes rêves montraient un monstre dans la cité. Des rêves qui prennent sens à présent !

Je sentis ses griffes parcourir mon dos. Des frissons de plaisir m’envahirent soudainement.

-       Tu ne me dis pas tout.

Je l’empoignai et l’allongea sur le dos. Je parcouru du regard le teint de sa peau et soutint son regard inquisiteur.

-       Je t’ai tout dit de moi lâcha-t-elle !

-       Tu dis vrai.

Je déposai un baiser sur son ventre avant de mordiller sa poitrine.

-       Réponds-moi !

-       La réponse est simple…j’ai senti ton odeur. Et je n’ai pas pu résister à l’envie de la sentir comme je la sens à présent.

-       Tu mens !

-       Non.

Elle saisit ma tête dans ses mains et me tira violemment contre elle. Elle m’embrassa alors fougueusement avant de me demander le sourire aux lèvres :

-       Qu’allons-nous faire ?

-       Venger les tiens et nettoyer la ville de sa crasse répugnante.

-       Je parlais de nous…

-       Je pourrais te laisser ici mais…

Trois gouttes de sang tombèrent sur les draps. Ma bête m’avait griffée.

-       Mais j’ai envie de te garder près de moi donc…

-       Donc on retourne rapidement dans les bois extérieurs afin de récupérer nos noms !

-       J’aime ce plan !

-       Alors qu’il en soit ainsi…finit-elle par dire en m’attirant un peu plus vers elle…

IV

La nuit était bonne, silencieuse, dotée d’un charme qui arrête le temps. Je l’avais passé dans ses bras, bien au chaud. Mais quand quatre de la nuit approcha, je me rappelai mon rendez-vous. Le mac et ses filles bien nées, souillées et déchirées. Je ne pouvais pas me permettre de fuir et d’abandonner ces filles à leur sort. C’était pour elles que je quittai les bras de ma douce qui grogna de mécontentement.

-       Je suis frustrée, me dit-elle.

-       Je reviendrais.

-       Je sais.

J’étais prêt, habillé et armé. Je poussai la porte. Une voix me retînt.

-       Ne réveille pas trop les voisins !

Je me retournai vers elle et la gratifia d’un sourire complice. Puis je sortis, dans l’obscurité et le froid qui bientôt m’environnèrent de partout. Je pris la direction de la fontaine des péchés, située dans les bas-fonds du Bas Quartier, là où seuls les repris de justice osent pénétrer.

V

A quatre de la nuit, tous les hommes sont gris. En témoigne les ombres qui se profilent autour de la fontaine, déambulant discrètement, scrutant les ténèbres avec le regard de celui qui sait qu’il est en tord. Je le retrouvais donc mon bon marchand. Mais de là où je me trouvais, lui ne pouvait me voir. Son inquiétude commençait d’ailleurs à poindre. Perché sur le toit d’une bicoque, j’observais tout, enveloppé dans le manteau de la nuit. J’entendis des bruits de pas et de chaînes. Le frottement douloureux de la chair contre la pierre. C’est là que je les vis…les fantômes. Une dizaine de filles, plus mortes que vivantes dont l’étincelle des yeux semblait à tout jamais disparue.

Pauvres filles…

Je m’étonnais qu’elles soient si peu, la besogne devait pourtant aller bon train. Dix filles ne pouvaient suffire à des centaines d’hommes à peine capable de se masturber correctement. Je devais comprendre… Avant que d’autres filles ne soient blessées.

Je relevai la tête vers le marchand d’esclaves, renifla deux ou trois bouffées d’air et sentis comme il puait la merde et le déchet. Une vraie loque, issue des pulsions perverties de l’homme. Je m’élançai dans le vide et me réceptionna sur le sol pavé de la cour. Le bonhomme sursauta d’effroi. Quant aux filles, elles restèrent aussi immobiles que des statues privées de raison.

-       Que voulez-vous ?

-       Je veux les filles. Toutes les filles.

Il déglutit.

-       Ont-elles encore leurs langues ?

-       Oui monseigneur, s’empressa-t-il de répondre ! C’est grâce à elles que les clients sont satisfaits !

-       Combien avez-vous de clients ?

Il éclata de rire, réaction surprenante pour quelqu’un sur le point de mourir. Il leva ses yeux vers le ciel et confia :

-       Ils sont tous là-haut. Sur la montagne !

-        Les Protecteurs…

-       Vous croyez vraiment que les gens d’ici ont le sou pour se payer une catin ? Même de bas étage ? Non…seuls les maîtres ont la bourse assez pleine pour disposer de ces filles…

-       Et comment fait le peuple pour tirer son coup ?

Toutes les filles baissèrent les yeux à cet instant. Lui, en revanche, me regarda droit dans les yeux.

-       On dispose de qui on veut, quand on veut…

Une boule de chagrin se forma dans ma gorge.

-       Vous les violez…

-       Si vous étiez d’ici vous sauriez que toutes les femmes sont violées…

Je tirai mon poignard de ma ceinture et lui trancha la gorge. Son sang m’éclaboussa pour ultime offense. Son cadavre s’écroula sur la fontaine des péchés. Qu’elle l’engloutisse, lui et son engeance !

Les filles me regardèrent avec attention. Il y avait…comme une lueur d’espoir dans leurs yeux. L’une d’entre elles avança dans ma direction et tendit les mains vers moi. Je tendis les miennes. Elle les toucha, chercha à entendre ce qu’elles disaient. Puis elle lâcha mes mains et écarta les bras, me montrant l’une de ses chaines.

-       Je vais vous libérer.

Elle me fit un grand sourire mêlé de larmes. Il remua tout mon être avant de s’effacer et de laisser place à l’effroi.

VI

-       Nous devons partir, maintenant !

Je regardai ma femme droit dans les yeux et lui dit :

-       Occupes-toi des filles, je m’occupe du reste.

-       Non ! J’ai besoin de toi ! Brise les chaines de ces gamines et rejoins-moi !

Je me tournai vers le groupe de femmes et m’exécuta rapidement.

-       Vous êtes libres, leur dis-je. Faîtes ce que bon vous semble.

La fille la plus proche me murmura un « merci » avant de déguerpir.

-       Qu’y a –t-il, demandais-je à ma compagne ?

-       Tu poses trop de questions !

-       Et toi tu ne donnes pas assez de réponses !

Elle me jeta un regard noir, attrapa mon bras et m’entraina dans sa course. Course qui s’arrêta aussi rapidement qu’elle avait commencé, devant une ancienne cour, protégée des regards extérieurs par de hauts murs en pierre. Nous nous hissâmes par-dessus les barrières et là, je me sentis défaillir.

-       Je t’avais dit que nous n’avions pas beaucoup de temps, daigna-t-elle me dire. Mais nous ne sommes pas arrivés en retard, tu es pardonné.

Elle attrapa ma main et la serra avec délicatesse.

Devant nous se dressaient quatre piliers, des piliers auxquels étaient attachés quatre hommes, des Bêtes et tout autour d’eux, des silhouettes encapuchonnées.

-       Laisse-moi deviner, ce sont les Protecteurs !

-       Oui…et ceux-la sont les rescapés de mon clan !

-       Ils n’ont pas l’air bien en forme…

-       Ils peuvent être sauvés !

Je serrai sa main plus fort.

-       Ne le sens-tu pas ? Ils sont vides. Plus proches de la mort que de la vie.

Une larme coula sur sa joue.

-       Je ne les laisserai pas ici…

-       Je suis avec toi.

-       Et pour les autres ?

-       Tuons-les.

VII

Nous enterrâmes les corps des malheureux. Pas dans cette cité pourrie mais dans leur sol natal, près de la nature et de leur histoire. Les cadavres des Protecteurs furent en revanche arrachés à leur cité bien-aimée. Nous les avons donnés en pâture à tous ceux qui épris de vengeance, voulaient les voir morts. Le lendemain matin, il ne restait que des chairs en lambeaux de ces êtres si bons. Nous avions pris notre revanche. La cité que nous avions quitté sans regret ne tiendrait sans doute plus très longtemps, mais qui sait, l’espoir demeure. Moi, sa présence me comblait sur tous les points. Elle était tout ce que j’avais toujours cherché.

Lynne elle s’appelait. 

  • Je ne sais pas si mes commentaires sont utiles, je crois que non. Après tout, qui suis-je pour donner un avis sur ta plume ? Bref. Hm, je dirais simplement bravo, encore une fois. Tu nous plonge dans ton univers avec de poésie et de simplicité qu'il m'en faut peu pour te dire à quel point ton talent est grand.

    · Il y a plus de 11 ans ·
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    sundayflowers

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