Trompe l'œil

franekbalboa

Derrière. 

Regardons derrière. 

Derrière les larmes, les sourires, les silences, les mots. 

Derrière les larmes, il y a souvent des années de torture. Des sacrifices et des douleurs qui n'ont jamais été révélés. Derrière les larmes, de la souffrance psychique, physique, parfois les deux, refoulées au plus profond de notre être, par peur, peur de déranger, peur de devoir accepter la réalité, peur d'en pâtir encore plus et de souffrir d'avantage encore... La peur... 

Derrière les sourires, il y a parfois du bonheur et de la joie. Parfois il y a aussi de la peine et des souffrances, de la fierté et de l'orgueil, de l'envie d'être différent, de celle de ne pas se laisser aller, pas se laisser aller à s'écouter, écouter ses peines, son corps, ses douleurs, plus ou moins vieilles, plus ou moins profondes. Cicatrices de l'âme, celle du corps aussi, parfois visibles, parfois non. Le sourire est un masque dangereux, parfois. Surtout quand c'est le moral qu'on camoufle, parce que les gens ne regardent bien que le masque pour la plupart, et sans réfléchir, parfois sans le faire exprès, ils sont blessants, encore plus qu'ils n'auraient pu l'être en le voulant... 

Derrière les silences se cachent des cris, des hurlements. Ceux que l'on n'ose pas lâcher. Enfouis au plus profond de nous, ils grondent sinistrement, nous faisant vibrer de façon malaisante, trembler parfois, mais toujours en se taisant. Le silence est lui aussi à double tranchant. Parfois les gens comprennent des choses qui ne nous effleureraient pas l'esprit, par absence de réponse, et on l'a tous fait, la meilleure est celle qui nous arrange. Alors parfois ce silence nous vaut des reproches, on souhaite simplement rester mutique. Continuer à se taire, à se cacher. Ce bouclier pratique, celui du "je n'ai rien dit", mais celui qui peut être l'un des plus pesants... Car ne disant mot, on ne se comprend. 

Derrière les mots se cachent parfois des doutes. Le manque d'assurance comblé par quelques mots bien sentis. Parfois la peine, une confession, un texte, un témoignage, un dialogue... Parfois il se cache d'autres mots. Des paroles qui auraient pu, qui auraient dû, mais qui n'ont pas, par peur, par envie de préserver, par ennui, par fatigue... Parfois ils s'y cachent aussi des peines affreuses, d'horribles souffrances, des émotions, des joies, des peines, des histoires sans début ni fin, des cris, et même des silences... 

Oui, en parlant, on peut être silencieux. On masque, on décore par les mots, par la voix, on voit ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas. Un virtuose des mots saura camoufler un vide ou un trop plein, une peine immense ou une joie démesurée, le tout atténué à merveille alors que tout tourne autour de ça, autour de lui...

Et vous, que cachez-vous ? 

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