Trop bien luné

Loxias

Qu'une ronce ou un arbuste agrippe son manteau et ne le retienne trois secondes, il y voit l'intervention d'un lutin.

Qu'un rayon de lumière l'inonde subitement alors qu'il songe à quelques futilités, égaré sur son canapé, et c'est aussitôt le clin d'œil de la vie-même qui vient le conforter.

Que la cloche de l'église sonne alors qu'il vient d'improviser un bon mot, c'est pour le ponctuer.

Que la tache de café qu'il vient de renverser forme la lettre L sur la nappe en papier, c'est que Lucie pense à lui et qu'il peut enfin la rappeler.

Que cette année le printemps soit venu en avance, c'est que le temps s'accélère, qu'il faut se dépêcher.

Que Lucie ne lui réponde pas après tant d'appels, elle est forcément en danger.

Qu'on l'arrête parce qu'il a fracturé sa fenêtre pour lui venir en aide, c'est un coup monté !

Qu'on lui dise que les lutins n'existent pas et qu'il est ici pour qu'on l'aide à ne plus les voir, mais qui sont ces dérangés ?

Qu'on lui dise qu'il est l'heure de manger, ou de sortir, ou de prendre ses cachets, il ne se sent pas concerné.


Il est enfermé, il doit s'évader.

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