Troubles

leeman

Bien souvent, je n'ai plus la force de réfléchir, ni d'agir. On dira que l'un et l'autre sont indissociables ; c'est pour cela que les deux, en moi, s'annulent complètement. Je vis les choses telles qu'elles viennent. Elles se présentent, les unes après les autres, pour venir en moi, pour devenir moi. Je n'avance plus ; ce sont les choses du monde qui viennent à moi, offrant ainsi à ma conscience le sentiment d'avancer sans jamais rien faire ; ce qui est le cas. Sans doute n'y a-t-il en moi que fatigue d'être au monde. Le repos est primordial pour tous, ce repos constant, réel, infini. Un repos nous offrant un moment de répit. De joie. Autrement dit, un peu de calme pour nous ressourcer. C'est peut-être de ce dont j'ai besoin, ce calme, ce repos, cette joie. Car j'ai beau m'éloigner du réel par les songes, il arrive parfois que je ne sois guère reposé. Au contraire, il arrive que je sois davantage épuisé ; comme beaucoup de gens, je suppose. Ce sont des choses bien communes, donc bien réelles, et que tout un chacun partage. Soit, peut-être devrais-je accepter ma fatigue, et me laisser porter par l'épuisement, qui, devenant une force plus docile et plus rigoureuse que la puissance d'être, me fera m'évanouir, et ainsi me fera connaître le repos le plus confortable. Finalement, comment vivre ? Difficile de vraiment mener sa vie de la meilleure façon qui puisse être. Et si, en définitive, tous les chemins se valaient ? Et si tous les choix possibles pouvaient nous mener vers une certaine béatitude ? Difficile d'accepter cela, lorsqu'on voit les sentiers tortueux que certains empruntent. Je ne sais guère si ce sont les choix qui sont mauvais, ou si ce sont les intentions qui le sont ; peut-être les deux, sûrement les deux. Il est bien délicat de penser la vie ; de penser les choses de la vie. Car la vie est une complexité sans fin. Mais une complexité que l'on aime découvrir, qui nous attire, nous détruit, et qui toujours nous passionne. En ce sens, la vie est un paradoxe qui nous englobe sans cesse. Mais nous faisons avec ; et nous l'aimons, la désirons, ou la rejetons. Nos réactions ne sont jamais similaires lorsqu'il s'agit de la relation entre le sujet et la vie qu'il mène. Cette vie qu'il mène, c'est lui. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il est sa propre vie, et qu'il le sera pour toujours, parce que sa vie n'est que la somme de ses choix et de ce qu'il constitue. Or, ses choix possèdent bien un peu de lui en eux, de sorte qu'il ait un lien plus ou moins fort avec ce qu'il choisit de réaliser dans l'effectivité du monde ; de l'espace et du temps. Certes, il n'est jamais aisé de mener sa vie, parce que ces choix nous apparaissent au premier abord bien trop conséquents pour nous. Mais c'est précisément là, en cet instant, qu'il faut surpasser chaque doute et chaque effroi qui nous transperce d'horreur, parce que choisir, c'est se rendre de plus en plus concret ; peut-être reviendrai-je là-dessus une autre fois. Car, maintenant, j'estime avoir libéré le maux qui troublait mon bien-être. Il m'est désormais possible de partir, serein, apaisé, vivant.

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