TRUMP : J’ai un problème, je n’ai pas envie de pleurer

El Mimomandes

Depuis ce matin, on nous assène sur les médias, sur les réseaux sociaux qu'il faut voir là un cataclysme, un monde cauchemardesque qui s'apprête à émerger. Tout le monde rédige des articles à la pelle sur la fin du monde, tout le monde rédige des poèmes enterrant la démocratie, tout le monde se flagelle avec des #MondeDeMerde.

Le problème : j'aimerais écrire sur la fin d'une civilisation, sur la bêtise humaine, sur le prochain sursaut des mentalités, j'aimerais au moins y croire. Mais je n'y parviens pas. En fait j'ai l'impression d'être comme ces gens qui décident de ne pas aller aux urnes, ou qui décident de s'y rendre pour mettre un bulletin blanc. Je n'y crois plus.

Pourquoi ? Parce que j'ai l'impression que peu importe le combat, certains médias sont pour, d'autres sont contres. Des amis se frittent contre d'autres parce qu'ils pensent avoir raison, les autres se frittent contre les uns parce qu'ils pensent qu'ils ont tort.

J'ai vu un Donald Trump totalement antipathique et sociopathe pendant la campagne, mais j'ai entendu lors de son discours ce matin un Mélenchon sous cortisone, avec de beaux idéaux inédits chez lui et aucune violence, qui le caractérisait le jour d'avant. Donc je ne sais plus où est le jeu, et où est la réalité. Je ne sais plus discerner ce qui est vrai de ce qui est faux. Je ne sais plus ce que je crois et ce que je dois croire.

J'ai écouté toute la journée France Inter, ma radio favorite. Et là où je voulais entendre des informations neutres, objectives sur ce qui s'était passé, sur ce qui se passerait prochainement, je n'y ai entendu qu'un militantisme. Que des comparaisons entre le FN et Trump, entre l'ignominie et l'abjection. J'ai cru entendre des chants scandés lors des manifs, mais discutés par des « experts politologues ».

Je ne sais plus si j'aurais dû pleurer devant les notifications du Monde ce matin, ou simplement coupé mes alertes sur mon smartphone.

Finalement qu'en ai-je à foutre, et qu'en ont à faire mes amis Facebook qu'un pays à 2000km de nous ait élu un fou comme président ? « Bah parce que ça va devenir le leader du monde occidental » me répondront certains. Alors pourquoi n'avons-nous pas milité pour un monde sans frontière élisant un président pour la planète terre ? Parce qu'on en a personnellement rien à cirer la plupart du temps de ce qui se passe dans un autre pays ? Parce qu'on est des je-m'en-foutistes, des branlosses de la politique ?

Non, simplement, parce qu'au fond de nous, on a compris. On a cette conviction que notre bonheur, notre malheur, nos moments de joie, nos déprimes, nos victoires personnelles, nos burn-out professionnels n'ont rien à voir avec une quelconque politique.

Comme j'ai l'impression que ma vie n'a en rien été changée par le fait qu'un black ait été président des USA (comme je pense que les blacks qui ont été tués sans raison par des policiers ricains l'auraient pensé s'ils en avaient encore la chance) ou qu'un petit gros socialiste l'ait été dans mon pays. Je peux très bien ne pas me soucier qu'un orange soit le nouveau président des states, ou qu'un nabot plein de tics soit le président français.

Parce que ce n'est pas ces gens qui vont décider que ce soir je ne vais pas aller boire un verre avec des gens qui me font rire, parce que ce n'est pas Trump qui va décider de m'empêcher de faire mon prochain voyage dans un pays asiatique, parce que ce n'est pas une Le Pen qui va m'empêcher de faire des câlins dans mon lit les soirs de 2017 si jamais elle est élue.

Alors apprenons une bonne fois pour toute à faire la nique à ces politiciens qui flattent leur ego dans leur Trump Tower ou leurs villas à Saint-Cloud. Apprenons à ne pas accorder d'importance à ceux qui n'en auront jamais sur notre bonheur : sur nos barbecues entre amis et nos weekends au ski.

Vivons sans pleurer pour des gens qui ne méritent pas ne serait-ce que nous allumons la télé et payons 50cts de facture d'électricité en plus pour eux.

Si certains gens sont cons pour élire des encore plus gros cons qu'eux, apprenons enfin à rendre notre bonheur indépendant de leur connerie. Retrouvons le dans l'autre qui est à côté de nous et qui attend uniquement qu'on décroche nos yeux de BFM et nos pensées d'un monde qui s'effondre. Parce que notre monde à chacun est dans notre vie, pas dans un système infiniment plus grand et plus insignifiant que nous.

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