Tu vis, en chacun de nous

compteclos

Les arbres robustes se dressent en forêt,
Faisant verdoyer leurs riches couleurs dorées,
Parsemés, ici et là, d'endroits sans netteté,
Lorsque le ciel s'assombrit, et que sonne la fin de l'été,

Les âmes se couchent derrière les collines,
Et je t'imagine, seule, devant tes abîmes,
Tu écoutes le fracas des vagues sur les rochers,
Et imagines, ton propre corps, calciné,

Dévoré par des sirènes carnivores,
Emietté par quelques requins dans l'aurore,
Saigné par des dauphins voulant goûter à ton nectar,
Oui, je sais que tu y penses, lorsqu'il se fait tard,

Toi, la petite fille abandonné,
Toi, la petite fille non désirée,
Mais dis toi que si le soleil se couche sous tes mains,
C'est pour te dire de tenir, encore, jusqu'à demain,

Ton espoir ne mourra pas, ton espoir ne s'éteindra même pas,
Tant que tu l'entretiendras, tant que tu l'animeras,
De tes mains de poupée, construis-toi ton royaume,
De tes mains de fées, fais jouer tes paumes,

Tu es belle, exquise comme le pêché,
Si jeune et si vieille à la fois, élixir de beauté,
L'on te jalouse et l'on te traîne,
En haut de ces rochers, tu clames ta peine,

Personne ne veut de toi, si ce n'est la Lune,
Qui te regarde, aux bords des yeux, l'amertume,
Longue conversation entre deux beaux satellites,
Plonge dans l'union que t'offre ta réussite,

Tu n'es pas plus humaine que je ne suis Déesse,
Tu n'es pas plus réelle que je suis dans l'ivresse,
Mais tu vis, en chacun de nous,
Petite fille, sans le sou.

 



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