Tueurs où est votre victoire ?

Yvon Bouëtté

Texte expulsé de mes tripes, dans la rage, à la mémoire de toutes les victimes du fanatisme et de l’obscurantisme dans le monde.


Oraison pour crayons

Avant la Bastille, époque bien lointaine, on tuait pour un trait d'esprit.

Maintenant, en l'an 2015, ils massacrent pour un trait de crayon.

La monarchie avait la décence de ne pas invoquer le Saint Esprit.

Les tueurs encagoulés n'ont plus de la bonté le moindre embryon !

***

La foudre s'abattit soudain ce matin-là sur mon ordinateur, dans mon cœur.

Douze êtres humains victimes d'une extravagante et démesurée rancœur.

Mes yeux se refusaient de croire les noires lignes, narration de l'horreur.

En plein Paris, dans cette Ville Lumière, dans nos rues, d'impitoyables tueurs !

***

Douze martyrs, morts pour pas grand-chose, des dessins et de l'humour.

L'art est-il si dangereux ? Un tableau, une photo, un regard porteur d'amour.

Qui êtes-vous et de quel droit tuez-vous des artistes que vous ne serez jamais ?

Stupide carnage qui vous couvre d'opprobre, plus rien ne sera pareil désormais.

***

Croyez à ce que vous désirez, je me refuse sans haine à les partager.

Votre Dieu ne sera jamais le mien, même si mon âme vous assiégez.

Pourquoi déniez-vous avec acharnement le droit à vos jeunes filles d'être éduquées ?

Le savoir vous fait-il si peur que pour elles, l'ignorance avec fierté vous revendiquez.

***

Autant je peux comprendre que l'on lutte pour son pays, pour la liberté.

Tous les révoltés furent nommés "terroristes" mais je refuse votre inhumanité .

L'homme en lutte est traîné dans la boue par l'establishment qu'il combat.

Pour l'occupant allemand, les résistants. Pour le gouvernement britannique, l'IRA !

***

Pour vous je suis un mécréant, oui, je le revendique fièrement et bien haut.

Je suis athée, agnostique, sans foi ni dieu, mais en moi j'ai quantités d'idéaux.

Je refuse la moindre directive d'un pseudo guide d'une quelconque religion.

Je hais les contraintes mystiques, je me garde de toutes vos contagions.

***

Vous avez tué ma jeunesse, pas grave, l'âge aussi est là. Mais vous avez perdu.

"La liberté de la presse" est vivante, par votre infamie renforcée et défendue.

Regardez-vous, intégristes barbus, de tous poils et de toutes sottes confessions.

Rangez arme et bagage votre terreur n'est plus une arme de persuasion.

***

Regardez dans nos villes et campagnes, voyez-vous désespoir ou peur ?

Vos actes sont des ignominies contre le genre humain ! Mais après la stupeur,

Votre barbarie n'aura pas l'effet escompté, acceptez-le ou pas, vous êtes vaincu.

Avec votre haine pour la vie et la dérision, ici-bas, peu de gens vous avez convaincus.

***

Que cherchiez-vous dans ce massacre des innocents, prouver votre valeur ?

Que vous reste-t-il, à part le déshonneur ? Et aux familles la douleur et les pleurs.

Vous espériez le Paradis, en réalité vous entrez misérablement en votre purgatoire.

Des morts et des blessés, voilà votre pitoyable héritage. Tueurs, où est votre victoire ?

***

Poème dédié à Charb en souvenir d'une soirée-conférence à Bannalec (29) le 30 novembre 2013.


Yvon Bouëtté

Signaler ce texte