Turn on the radio

shadowsofbetterdays

Elle était allongée à plat ventre sur son lit depuis plus de deux heures, appuyée sur ses coudes. Perdue dans le livre qu'elle avait sous les yeux, elle mangeait distraitement un sac de chips qu'elle avait sous la main. Abscente, elle ne faisait même plus attention au  groupe de rock qu'elle voulait entendre chanter à la radio. Le silence la sortit de son livre. Elle pensa : 

ouf! La chanson est finie... Quel boucan! " 

Elle se leva à contre coeur, éteignit la radio, en profita pour s'étirer, remuer son cou douloureux et secouer ses épaules endolories. Elle ouvrit la fenêtre, la referma, la rouvrit une nouvelle fois, regarda dehors, à gauche, à droite et rentra  la tête en voyant une silouette apparaitre au bout de la rue. Elle souffla, se pencha sur son ordinateur pour "checker" sa boîte mail... Toujours aucune nouvelle. Elle soupira encore, fit nerveusement le tour de sa chambre, regarda encore une fois si quelqu'un arrivait du bout de la rue. Elle râla, revint s'asseoir sur son lit, faisant culbuter les pages de son livre qui se referma... Elle pensa : 

" Merde! J'ai perdu la page! " 

Elle pensa encore : 

merde! J'ai sifflé tout le sac de chips? Putaiiiiin! " 

Elle ne disait jamais de gros mots à voix haute. Seulement parfois, au fond de son coeur... Quand elle était sur les nerfs. Elle attendait Mathieu. Mais il ne venait pas. Elle lui avait dit d'être là à 15h! Il était déjà 17h... Et monsieur n'avait toujours pas montré le bout du nez. Elle s'impatientait... Mais elle était surtout très inquiète. Elle avait beau l'appeler, il ne répondait pas! Elle alluma la radio, les sons se remirent à fuser dans tous les sens mais elle ne les écoutait pas. Le bruit que faisait ses idées noires était plus fort. Elle retourna s'allonger sur son lit en soupirant, puis se releva, alla vers son miroire, se scruta de la tête aux pieds, palpa son ventre plat en se répétant qu'elle devait perdre un peu de poids... Puis constatant qu'elle venait de siffler un sac de chips entier, à elle seule, elle se rua vers la salle de bain et n'en sortit que trois-quart d'heure plus tard, pâle et tremblante, les yeux rouges et fatigués. Elle se pencha encore une fois à la fenêtre et elle sut qu'il ne viendrait pas. Qu'il ne viendrait plus. Son téléphone sonna mais elle n'eut pas besoin de répondre pour comprendre que son rêve était terminé et qu'il était pour elle, l'heure de fermer son livre (en faisant bien attention à perdre la page qu'elle lisait)  et de  revenir à la réalité. Elle retourna s'allonger sur son lit en trainant des pieds, et le visage aux creux des coudes, essaya de ne pas culbuter dans le vide qui la gagnait. Elle avait envie de mourir. Envie de pleurer. Elle sauta sur ses pieds, fonça droit sur la fenêtre... Dans sa rage, elle la cassa d'un coup de poing et sans prendre garde au sang rouge vif qui dégoulinait sur sa main et  à la douleur lacèrante qui s'ecoulait avec le sang, balança le livre qu'elle lisait sur le trottoir... Il s'abbatit avec un petit btuit, juste au coin de la rue. Les yeux secs mais brûlants, le cerveau enflammé, elle alluma la radio, haussa le volume à fond et dansa, sauta, sur son lit, sa chaise, son bureau...  jusqu'à s'ècrouler.

Une heure plus tard, elle était toujours affalée par terre. Sa main lui faisait mal, et le sang coulait sur le sol, toujours plus rouge, plus fuide. Elle était plus calme et le silence interrompu par sa respiration sifflante, s'installait. 

La chanson était finie... Elle pensa : " Quel boucan... " 

  • Les heures s'écoulent, pénibles, elle est à cran, hélas, il ne viendra plus. Vous avez bien décrit cette triste réalité.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

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