Tyrion & Hannibal
Julie Paulette
« Me permettez-vous de m'asseoir sur ce banc ? » demanda l'homme aux cheveux plaqués en arrière.
- Quelle question … ? De quelle contrée êtes-vous ... ce banc n'est pas le Trône, chacun peut y prétendre! »
S'asseyant, l'homme constata que les pieds du nain ne touchaient pas terre. Son physique était peu appétissant.
Distinguant un regard glacial chez son nouveau compagnon, le nain retourna à sa chope. Il ne lui était pas nécessaire de vérifier, pour sentir que ce dernier le soupesait ; peu dupe, il se savait de dimensions inhabituelles. Et puis, il avait mieux à faire. À l'autre bout de la cantine - derrière les enfants - traînaient quelques donzelles biens charnues à dévorer des yeux.
« Vin ? » Proposa-t-il « Il n'est pas du cru … mais il fait l'affaire.
- Non, merci, mon Cher. J'ai un palais terriblement fin. Ma préférence va aux vins italiens … Le Chianti, plus particulièrement. »
L'homme fit alors avec sa bouche un bruit à vous glacer le sang. Quel étrange comparse pensa le nain, oubliant les demoiselles.
« Pardonnez mon côté abrupte … on dit mes manières aussi courtes que mes jambes … mais d'où diable sortez-vous ? »
L'homme arbora un sourire aussi froid que son regard. « Vous êtes tout excusé. Je ne souhaite pas jouer sur les mots, toutefois, la franchise, est une qualité que bien des "grands" hommes ont oubliée. C'est un trait fort appréciable » Il marqua une pause. Le nain rit de sa remarque. L'homme reprit : « Pour répondre à votre question, je sors des quatre murs.
- Ah! Vous venez du Nord donc … Mais la Garde vous a laissé partir ?
- Disons que la mâchoire leur en est tombée à mon départ.
- Je vous comprends, jamais telle vie ne me conviendrait … tout y est maigre. Hommes y compris … et mon goût pour les femmes est bien trop prononcé. C'est une vie sans saveur.
- J'avais exactement le même problème. Nous nous entendons donc.
- Que faites-vous là ? … J'imagine que ce n'est pas pour la cuisine. De plus, le marmiton a disparu voilà trois jours. Pas une grosse perte !
- La cuisine ? » l'homme esquissa un sourire « Non. Le cuisinier était aussi rance que son ragoût. Mais, certaines autres délicieuses petites choses vous manquent derrière les murs. » Il regardait droit devant eux, les enfants jouaient.
Le nain reconnut chez l'homme quelque chose de son propre père. Il n'aurait su identifier quoi. Il avait pourtant l'habitude de cerner ses rencontres rapidement.
« Cela peut vous sembler incongru, mais m'autorisez-vous un compliment ? » dit l'homme.
Décidément le nain était intrigué, il avala une nouvelle gorgée de vin, puis acquiesça.
« Vous avez l'air d'avoir la viande dure, cher Ami.
- Je vais accepter ce compliment. » répondit le nain, finalement en confiance.
« C'est une qualité fascinante d'après moi. Elle doit bien souvent vous sauver la peau. » l'homme marqua à nouveau une pause. « Mais je manque à toutes mes manières, je me présente, Dr Hannibal Lecter »
Le nain répondit « Tyrion Lannister … enchanté ».
Merci Kingofevil !
· Il y a plus de 10 ans ·Julie Paulette
J'ai véritablement apprécié ce texte. Très bien écrit. Vraiment une réussite. Je précise que je suis par téléphone et que j'éprouve de réelles difficultés à écrire plus d'une phrase aujourd'hui.
· Il y a plus de 10 ans ·kingofevil