Ultime Affrontement

Florian Gautier

Braxan livre un combat d'une facilité déconcertante ! Du moins, c'était ainsi qu'il voyait la chose... Mais son adversaire refuse de se soumettre, refuse de s'avouer vaincu. Et sa finalité...
L'ultime affrontement.
 
 
 
            Une fois encore, il se retrouve à terre. Une fois encore, il est affaibli... Mais comme toujours, il refuse de se laisser abattre, d'abandonner. Je dois avouer que je suis presque admiratif d'un tel esprit combatif. Presque. Mais il n'est pas un adversaire à la hauteur. Il est faible. Je le regarde et n'éprouve qu'un profond mépris à son égard.
- C'est terminé.
Il tremble, gémit en se redressant tant bien que mal.
- J... Jamais...
- Tu n'es pas à la hauteur ! Tu ne l'as jamais été. C'est pour ça qu'il t'a toujours laissé à l'écart !
- Et... alors ? (Souffle-t-il en se remettant debout.) Quelle importance ?... Quelle importance ?!
Il se jette sur moi et mon poing le cueille au plexus solaire. Trop lent. Ses yeux s'écarquillent de douleur. Il est figé, le corps tremblant, incapable d'avancer ou de reculer, plaqué contre mon poing.
- Ton père était à la hauteur. (Murmuré-je à son oreille avant de le repousser d'une pichenette.)
Il fait un vol plané avant de tomber lourdement au sol. Il gémit, lutte contre la douleur qui le paralyse. Ce combat est terminé. Il ne peut plus rien faire. Je me détourne, laissant mon regard englober les alentours, songeur quant à ce que je vais faire ensuite. Je suis indécis et éprouve une certaine forme d'excitation devant les possibilités qui s'offrent à moi. Je pourrais commencer par...
- BARKAN ! (Hurle-t-il.)
Je me retourne lentement, abasourdi pour poser mon regard sur lui. Il se tient debout, les bras ballants, secoués de courts tremblements, haletant. Mais dans son regard, je vois toute sa colère, sa détermination.
- Jamais je ne plierai devant toi ! JAMAIS !
Son cri est si fort qu'une bourrasque d'énergie me frappe de plein fouet, suffisamment pour me déstabiliser un instant... Et bien entendu, il met cet instant à profit. Son poing s'écrase contre ma mâchoire avec une telle force que je crains qu'elle ne se brise. Ma tête part sur le côté devant la violence de l'impact et je suis propulsé en arrière. Je percute de nombreux murs qui cèdent et s'écroulent sur mon passage avant de finalement parvenir à me rétablir. Je cherche Malka du regard mais le gamin semble avoir disparu. Le sifflement du vent me fait baisser la tête et je le vois surgir sous moi pour me frapper d'un puissant uppercut que je ne parviens pas à éviter et qui m'envoie valser dans les airs. La vache, ça fait mal... Je n'ai pas le temps de me ressaisir que ses deux poings s'abattent impitoyablement dans mon dos pour m'envoyer m'écraser au sol. Je ne m'attendais pas à ça. Il se défend avec une telle fougue... C'est grisant ! Malgré la douleur, je ne peux m'empêcher de ressentir un élan de joie. Alors comme ça, tu veux jouer... Je me redresse au moment où il se pose devant moi. Son poing jaillit vers mon visage et je le bloque, l'enserrant de mes doigts griffus. Il écarquille les yeux, manifestement surpris. Je souris intérieurement. Tu croyais vraiment que ça suffirait ? Tu m'as pris au dépourvu, ne croit pas être capable de me vaincre. Il force, essaye de se dégager et en réponse, je serre un peu plus mes doigts, pénètre sa peau de mes griffes. Il grimace, gémit même.
- Pas mal. Mais toujours insuffisant.
Je le tire vers moi avant de lui envoyer mon genou dans le ventre. Malka se plie en deux avec un grognement douloureux. Mais je ne compte pas en rester là. Mon poing l'atteint en pleine poitrine avant de remonter et de poursuivre avec un uppercut qui le projette dans les airs. D'un mouvement du doigt, je surcharge les molécules d'air qui se mettent à exploser les unes après les autres dans un concert tonitruant. Les cris de mon adversaire retentissent à mes oreilles et je me contente alors d'observer le spectacle que j'ai enclenché, les explosions allant crescendo et le ballottant dans tous les sens avec le bouquet final. Durant une demi seconde, il disparaît, noyé par la fumée, avant de finalement retomber au sol avec un bruit mat. Je l'observe patiemment. Il ne bouge plus. J'y suis allé trop fort sans doute... Mais comme je le disais, le combat est terminé. Qu'il soit mort ou non n'y change rien. Je peux passer à autre chose. Je me tourne vers le reste de la ville en partie détruite. D'ici, je peux voir les habitants qui se rassemblent, s'entraident, se soutiennent tout en s'éloignant du champ de bataille. Je laisse mon regard balayer les ruines qui s'étendent autour de moi pour constater l'étendue des dégâts que nous avons provoqués. C'est chaotique. Je dois avouer que je suis impressionné par la puissance du combat que nous avons livré. Je ne m'attendais à rien de sa part. Mais j'ai enfin une liberté d'action totale.
- Héhé... Haha... HAHAHA !
Oui ! Plus rien ni personne ne peut s'opposer à moi. Je suis le seul maître ! Mon rire résonne parmi les ruines et les bâtiments encore debout. Les survivants se tournent vers moi et je m'élève dans les airs pour mieux les voir mais surtout être mieux vu. Ils me regardent tous, indécis. Un sourire barre mon visage. Je prends une inspiration avant d'entamer mon discours. Mais ma voix meurt dans ma gorge quand une autre me parvient aux oreilles.
- Hé, Barkan... Le combat n'est pas terminé !
Je me fige puis écarquille les yeux, furieux, avant de faire volte-face. Mais c'est pas vrai ! Il ne sait pas quand s'arrêter celui-là, quand s'avouer vaincu !
Il est là, debout face à moi, bien vivant, même s'il me semble être un peu mou. Une fois encore, ses bras sont ballants, son dos voûté, sa tête baissée. Je fronce le nez de colère. Il me fait pitié.
Il se redresse en inspirant et plonge son regard incandescent dans le mien.
- Viens... Viens m'affronter, lâche...
Lâche... Lâche ?! Je vais lui montrer à ce putain de morveux !
- Ne confonds pas la pitié avec la lâcheté, abruti ! (Hurlé-je en comblant la distance qui nous sépare d'un bond, poing en avant.)
Je le touche à la mâchoire, vois sa tête partir sur le côté, le sang jaillir de sa lèvre explosée et ressens une immense satisfaction. Son corps décolle et j'agrippe sa tunique pour le retenir avant de le frapper en plein torse.
- T'aurais dû rester à terre, imbécile ! (Crié-je tout en continuant de le frapper.)
Il ne réagit même pas, n'essaye pas de se défendre, totalement pris de court par mes assauts puissants. Non mais qu'est-ce qu'il espérait cet imbécile ? Il ne fait pas le poids, il ne l'a jamais fait ! Je continue de lui pilonner le thorax de mon poing jusqu'à ce qu'il en devienne douloureux et ne me force à changer mon approche. Je contemple un instant son visage quelque peu tuméfié et ensanglanté avant de l'attraper par les cheveux et de lui briser son petit nez de crétin contre mon genou.
- Relève-toi après ça. (Murmuré-je à son oreille.)
Ma main se plaque contre son torse. La réalité se tord quand l'énergie que j'y ai concentré est relâchée d'un coup, créant une impulsion qui traverse peau, muscles, os, organes pour ressortir dans son dos. Elle comprime ses viscères, a peut-être même brisé ses os. Tout son corps se tends, ses mains s'accrochent désespérément à mes bras. Je vois la douleur dans ses yeux écarquillés. Je me défais de son étreinte d'un mouvement dédaigneux. Il tombe à genoux devant moi, la bouche grande ouverte, le souffle coupé. Je lève une main vers son visage, paume ouverte et y concentre une fois encore mon énergie. Une sphère s'y forme et je souris d'un air triomphant.
- Ton père n'a jamais été aussi résistant. Bravo. Mais on en a terminé !
Je libère mon pouvoir, créant une explosion qui lève un nuage de poussière. J'entends quelque chose percuter le sol et ricane. Voilà... Mais cette fois-ci, je vais m'assurer de sa mort. J'attends que la fumée se dissipe afin de contempler le corps à mes pieds, pour ne voir que des morceaux de béton noircis.
- Impossible... (Soufflé-je.)
Je perçois un mouvement dans mon dos et me retourne pour le voir me foncer dessus. Je lance mon poing en avant et le cueille au visage. Il est propulsé à travers plusieurs bâtiments avant de finalement racler le sol dans une cacophonie monstre. Je reste sans bouger un long moment, haletant, le poing tremblant. J'ai... Mal... Je baisse les yeux et vois mon sang qui goutte. Son pied m'a touché au ventre, avec assez de force pour m'ouvrir.
- Sale petit enfoiré...
Je... Il....
- Tu vas me le payer ! (Hurlé-je en libérant mon pouvoir dans un tourbillon puissant.)
Je m'élance à la vitesse de l'éclair et me jette sur lui. Il s'est déjà relevé, totalement groggy. Je ne lui laisserai pas le temps de reprendre ses esprits.
- La plaisanterie a assez duré ! Ce monde est à moi !
Je le frappe de mon poing et il pare le coup. L'onde de choc fait s'écrouler des ruines proches, me vrille les tympans. Je force, essaye de le repousser, mais il ne bronche pas. Sa tête est légèrement baissée, me dissimulant une bonne partie de son visage de même que ses yeux. Je ressens une étrange tension en le regardant et recule d'un pas, essayant, sans succès, de briser le contact. Mais son poing retient le mien avec fermeté. Après de nombreuses secondes, je commence à ressentir une gêne. J'ai chaud... L'air autour de moi semble onduler... Cette chaleur... Elle provient de lui. Un tremblement d'angoisse me traverse.
- Ton père... (Commencé-je.)
- Je ne suis pas mon père. (Me répond-t-il d'une petite voix qui s'affirme au fil des secondes.) Je n'ai jamais été comme lui, on me l'a assez souvent répété. Je n'ai pas sa force, son courage ou son talent.
Sa main comprime la mienne. J'essaye une fois encore de me dégager mais sa poigne est trop ferme et se durcit de seconde en seconde. J'ai l'impression que mes doigts vont exploser et laisse échapper un grognement. La chaleur continue de gagner en intensité dans le même temps, devenant rapidement insupportable. Finalement il relève la tête, plongeant son regard ardent dans le mien.
- Et encore moins son caractère ! (Hurle-t-il en me broyant la main.)
Je pousse un hurlement et recule précipitamment avant de trébucher. Cet enfoiré... Ma main... Ma main ! Je me tortille pour me mettre hors de portée. Il ne bouge pas, le corps secoué de tremblements, le visage déformé par la rage. Il ferme les poings et pousse un hurlement. Son énergie s'embrase et du feu l'entoure littéralement, s'échappant de sa peau.
- Tu vas crever, BARKAN ! (Crie-t-il.)
Sa puissance ne cesse de croître. La peur me paralyse un instant. Finalement, je bondis dans les airs avant de lui foncer dessus, pied en avant. Sa main attrape ma cheville et il me tire vers lui avant de me frapper d'un puissant direct. Je traverse le champ de bataille comme une fusée. Il est là quand ma course folle se termine et ne me laisse pas une seconde de répit. Ses poings s'abattent à la vitesse de l'éclair, dans les bras, les épaules, le torse, le visage... Bordel, je suis incapable de réagir ou de contrer. Il est trop rapide, trop puissant... Son père n'a jamais fait preuve d'une telle fureur. Jamais encore je n'avais vu quelqu'un s'embraser littéralement. Mais déjà ses coups sont moins puissants. Ce surcroît d'énergie se dissipe alors que la chaleur continue d'augmenter. Je parviens finalement à me dégager, et décide de lancer ma contre-attaque ! Je concentre mon énergie dans mon poing encore intact. Un seul coup pour l'étaler !
- CRÉVE ! (Hurlé-je.)
Mon poing le touche en plein front. Il ne bouge pas malgré la grimace de douleur qui déforme son visage. Ses deux mains se plaquent contre mon torse. La chaleur est étouffante... Et là, je sens toute l'énergie qu'il a accumulé se déverser de ses mains dans mon corps sous la forme d'un torrent bouillant. Je suis littéralement en feu. Non... Non... Je hurle alors que la réalité entière se teint d'orange. Le sol sous mes pieds explose, l'air s'embrase et je vois des colonnes de lave qui s'échappent du sol tout autour de nous, de plus en plus nombreuses, couvrant de plus en plus de terrain. Et son cri qui résonne à mes oreilles tandis que mon corps se désagrège, de même que tout ce qui est à portée de vue... S... sale morveux.... Morveux !
Mor...
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