Un adieu
Nicolas Pellion
L'été parisien dissipe sa douceur de vivre. Hier soir j'ai savouré seul les joies d'une péniche à quai, dans la brise légère du jour caniculaire finissant, portant avec plaisir une coupe de champagne à mes lèvres, les yeux dans les scintillements des flots. Nuit courte dont je suis sorti plus reposé que les autres nuits. Comme chaque matin, j'ai traversé le Parc de Sceaux où plus jamais je ne croiserais le jeune homme au prénom d'écrivain, dans les tons pastel du petit jour, au milieu de la verdure couverte de rosée, sous les frondaisons des allées. Il ne manquait jamais d'arrêter son vélo pour me saluer. Joie du matin de voir la douceur de son regard. Il part loin pour une année. Je l'ai regardé ces derniers jours plus que de coutume, pour inonder mon esprit de son image, faire durer un peu le ravissement. Quand certains d'entre nous le plaisante sur les « blondes » qui ont insufflé le choix de sa destination, c'est étrangement dans mes yeux que les siens plongent, plus que le temps nécessaire, comme pour amender les mots qu'il dit, qui ne sont peut-être pas la vérité ou simplement en raison de la conversation que nous avons eu hier sur ces motivations. Je fantasme tout cela mais plusieurs fois dans la journée, il a eu ces regards qui me charment, sans doute ceux de l'adieu et du départ. Ce soir, après quelques verres, nous partons tous ensemble et je suis le dernier qu'il salue, timide, les pieds dans la poussière de la piste, sous le soleil encore chaud. Je sens qu'il voudrait dire quelque chose, ne sait pas, ne trouve pas, peut-être pas devant les autres. Moi non plus, je ne sais pas quoi dire. Une dernière fois ce regard puis la main sur la mienne, puis plus rien, chacun allant son chemin. Je lui ai juste écrit quelques mots plus tôt dans la journée pour lui souhaiter bon vent, qu'il profite de chaque instant, lui dire le bonheur de sa rencontre. J'ai hésité à les écrire et sans doute l'ai-je fait pour ne pas être oublié trop vite. J'aime ces instants de nostalgie, les regards sans mots de l'au-revoir puisqu'il ne s'agit que de cela…
Comme ça, ce ne seront pas des écrits-vains
· Il y a presque 3 ans ·rechab
Celui qui part est toujours plus beau que celui qui revient... de la guerre de cent ans. :o))
· Il y a plus de 3 ans ·Hervé Lénervé
En effet, le regard posé n'est pas le même. L'adieu est aléatoire et peut ne jamais aboutir au revoir...
· Il y a environ 3 ans ·Nicolas Pellion