Un amour...1
aile68
Du bout des doigts, du bout de l'âme, décacheter une enveloppe de velours, de crépon, doucement l'ouvrir, sans un pli, sans froisser le papier fin de la lettre, de battre mon coeur a cessé et, ma gorge, sèche, instantanément s'est nouée.
En vitesse je parcours les lignes fines et serrées, quel code, quel message veulent-elles me faire passer? Quelqu'un m'aime-t-il? Au bas de la page, une fleur séchée, peut-être un oeillet... Pas de signature... Est-ce un oubli, je ne crois pas. Une tendresse et une délicatesse se dégagent de cette missive, presque de la noblesse.
Je retourne la feuille, rien dessus, seulement une odeur de talc et de musc blanc parvient à mes narines, je suis comblée, ravie, enchantée. Je relis une fois, deux fois le contenu de la lettre, approche celle-ci de mon nez qui me chatouille, j'éternue.
Je reconnais en fait l'auteur de cette missive, l'autre jour un homme m'a suivie du regard pendant que j'étais en train de tailler mes rosiers, je l'ai aperçu à travers la barrière du jardin. Il avait les cheveux blonds comme les blés au mois d'août et surtout un regard puissant comme l'aigle qui fonce sur sa proie. Il m'a fait peur, je suis rentrée en déchirant mon étole sur les épines des roses. J'en ai été contrariée mais plus que tout mes joues étaient en feu. Je me suis cachée derrière le rideau fermé et l'ai observé à mon tour seulement quelques secondes car il est parti très vite.
Il a bien fallu que mon coeur cesse de battre à toute vitesse à l'arrivée de mon époux dans notre chambre. J'étais un peu perdue, désorientée mais il ne l'a pas remarqué. Mon mari ne remarquait jamais rien, tout concentré qu'il était par ses affaires dites importantes. Il ne pensait qu'à faire de l'argent encore de l'argent, à s'agrandir toujours plus.
A suivre...