Un Ange Esseulé en Enfer

E.L. Haven

Les doutes.


Face au vide je cherche la jouissance.

Je désespère à trouver du sens.

L'amour ? L'amour s'écrase face à la haine.

Ils me bouffent, se nourrissent de ma peine

Moi-même je les hais de m'avoir rendu haineuse.

Haineuse de la vie, constamment malheureuse.

Tous les regards me jugent, me calomnie.

Ils ne me laisseront jamais trouver l'harmonie.

Alors je préfère me cacher.

Et mourir. Me réincarner. Me réinventer.

Je n'en peux plus de lutter, je suis si fatiguée.

Pourtant, j'ai peur de la mort soudaine.

Avant de partir, je veux une fin hollywoodienne.

J'ai peur de ce qu'on dira de moi après mon départ.

Peur de ne laisser aucune œuvre d'art.

Peur de ce que je n'ai pas eu le temps de transmettre.

De n'avoir été personne et l'admettre.

Marquer son époque, mais quel épuisement.

Encore une lutte pour rien finalement.

Je suis un ange esseulé en Enfer.

Les idées noires m'enserrent.

Je suis une loque. Je me fonds dans ce décor.

Et ils veulent que je collabore,

Que je m'intègre dans cette comédie sociale.

Et malheur à toi d'être anormal.

Je me suis choisi un personnage,

Mais je ne colle pas à leur image.

Je suis un bug dans la matrice.

J'ai du mal à être une simple consommatrice.

Ils réinvente ma vie et je deviens leurs pensées.

Peu importe alors le rôle que je me suis imaginée.

La subjectivité des souvenirs viendra tout balayer.

Et tous mes efforts seront oubliés.

Il n'y aura pas de devoir de mémoire.

Juste née pour suivre ou décevoir.

Née pour être brisée.

Mon temps doit absolument compter, rapporter.

Née pour servir des intérêts.

Née pour polluer.

Née pour mourir d'ennui.

Je veux plaire pour qui je suis.

On me hait pour ce que je ne suis pas.

C'est l'incompréhension, le désarroi.

Je veux me cacher dans un tout petit trou.

Vous laissez vous battre pour quelques sous.

La vie est riche, cette société est vide.

L'avenir m'intimide.

Les choses simples sont d'un chiant.

On nous rabâche que le bonheur s'y cache, mais on nous ment

Le moment présent rendrait heureux.

Mais ça soulage juste un peu.

On y croit et puis on se dit « c'est tout ? Et après ?»,

Finalement, les angoisses ne s'effacent jamais.

Tous ces bouquins et gourous pensent avoir les clefs.

Mais les doutes reviennent une fois la nuit tombée.

On cherche toujours plus

On est tous en quête d'absolu

On n'a plus peur quand on est maintenant

Mais ça ne donne pas plus de sens au présent.

Mes questions n'auront jamais de réponses.

Il faut que je fasse semblant et renonce.

Je ne suis qu'un grain de sable dans l'univers,

De la poussière d'étoile dans un trou de vers

C'est à la fois poétique et terriblement mortifère.

Je ne pourrais jamais rien y faire.

Moi qui rêvais de grandes choses, je vais devoir me contenter des petites choses.

Collectionner les petits bonheur, en faire une overdose.

Le cadeau de la vie, c'est juste ça.

Être déjà reconnaissant d'avoir un toit.

Ce n'est qu'un jeu, un immense théâtre,

Où on est tous les figurants des autres.

Quand mon enfant intérieur me demande pourquoi

Quand je l'entend crié « Ô vie, exalte moi ! »

Je dois lui avouer qu'une fois qu'il grandira

Il devra survivre et ses rêves ne se réaliseront pas.

Signaler ce texte