Un animal pour un hommage
Pauline Bo
Il disparut un jour de pluie mon animal. Je l'avais amené rendre son dernier souffle sans attente et sans douleur. Ma bestiole était un rat femelle de couleur blanche qui m'aimait autant que je l'idolâtrais.
Dans sa vie, elle ne connut ni les voyages, ni Paris et n'eut pas non plus de mari. Elle trouvait son bonheur ailleurs en goûtant aux câlins, aux yaourts et à la bière. Elle grignotait la toile et le coton et par méprise les fils électriques également. Comme moi, elle pianotait sur le clavier de mon ordinateur en dandinant du derrière et aimait les séries d'horreurs. Elle avait le goût du risque ma petite bête. Notamment quand avant que je sorte, elle s'agrippait à mes vêtements tant bien que mal. Alors on dansait pendant que je me préparais. Dehors, elle respirait l'air du haut de mes épaules en tenant en équilibre sur ses pattes arrières. Je la couvrais de bisous, elle me blinder de léchouilles. Quand elle était contente, elle frottait ses dents dans le creux de mon oreille. Cependant, lorsque sonnait l'heure de l'inspiration, elle savait se faire toute petite dans mon écharpe. Elle savait qu'un étrange phénomène se produisait. En ma présence elle était si heureuse mais quand je partais, elle me regardait de ses petits yeux noirs qui semblaient dire "à plus tard?".
Elle est parti hier ma remarquable, trois ans et demie pour son espèce c'est admirable! Et mise à part la première piqûre, elle n'a pas eu mal. Le temps de sombrer dans le coma, elle me lécha la main puis posa sa petite patte sur mon index. Dans ses yeux noirs luisants, j'ai pu lire sa tristesse de me laisser ce soir. Mais la douleur de la vieillesse est un prix de noblesse ma belle, le bonheur a toujours une presque fin. Puis ses yeux devinrent flous avant de se cristalliser en bille.
Elle a rejoint le ciel par le feu ma combattante. Désormais, mon appartement n'habite plus que ma simple vie et mes écrits. Mes fils électriques vont bien mais qu'en est-il de celle que j'appelais Woody? J'espère que là-haut, elle sautille sur les nuages accompagnée d'un beau mâle avec un bon appareillage. Peut-être voit-elle la Tour Eiffel? Et puis les gens monter au ciel? Il se peut qu'elle me voit en train d'écrire ce petit texte, la larme à l'œil mais si fière d'elle.
Un rat allez vous me dire! Quel dégout! Mais après tout chacun ses goûts. Moi, avant même de la voir, je savais avant tout que je la sauvais du laboratoire. Puis il est toujours difficile de perdre un être cher, qu'importe la manière dont il grimpe en l'air. D'en bas, pour ma part, j'espère que ma petite boule de poil amusent ceux parti il y peu à cause d'actes odieux. Elle doit sûrement grimper sur leurs épaules, glisser son museau humide sur leurs joues et frotter de joie ses dents aux creux de leurs oreilles, pour leur montrer que même si là-haut la vie n'est pas pareille, en réalité, elle est encore plus belle.
très beau récit avec ta petite ratte si douce qui est partie au paradis des rongeurs, mais elle aura eu une vie agréable avec une humaine qui l'a aimée !
· Il y a plus de 6 ans ·amphicyon-ingens