Un au-delà possible.

Christophe Hulé

Bon d'accord on était que deux, mais ça fait déjà un collectif, surtout si on a eu une hallucination partagée.

Je ne sais pas si vous avez déjà vécu une ou deux expériences surnaturelles, de celles dont on ne parle à personne mais qui vous hantent un peu quand même.

Il faut bien reconnaître que parfois on se dit, ne sachant pas tout expliquer, qu'un au-delà est possible.

Mais enfin !

Dans les Alpes, j'étais avec des ados, n'étant qu'un ado avec quelques années de plus, mais la majorité vous donne des ailes, et pourtant, il faut attendre longtemps avoir de savoir vraiment voler. 

Bref, une soirée dans un refuge à s'amuser à se faire peur avec des histoires glauques de revenants et autres.

Une fille extra canon est apparue, sa copine et elle ont vu des phares devant leur tente.

La copine est partie en courant.

On a rassuré la donzelle, surtout moi, j'étais plutôt actif à l'époque.

Une battue par deux, entre arbustes et petits rochers, les Alpes c'est un peu comme un jardin japonais.

L'ado avec qui j'étais, costaud de préférence, on ne se refait pas, a demandé à une superbe fille si elle allait bien, il faisait nuit et pourtant elle rayonnait, je l'ai vue comme il l'a vue.

Quand on s'est approché d'elle, elle avait disparue.

Il ne restait que le rocher.

Entre temps, on avait retrouvé la copine.

Je peux vous assurer qu'avec l'ado on a comparé ce qu'on a vu, même description, mêmes vêtements.

Vous avez sans doute compris pourquoi je n'en ai pas parlé, mais plus de quarante-cinq ans après je l'écris.

Si vous avez vécu des trucs pas nets, peut-être pour nous mettre à l'épreuve ou nous tromper, vous trouvez un écho dans cet épisode (je précise ici que j'en ai vécu un autre, dont j'ai déjà parlé).

Parfois je me dis que le cerveau invente ces trucs invraisemblables pour nous permettre d'affronter l'absurde ou le néant.

Parfois je me dis n'importe quoi, mais c'est comme les campagnes contre l'alcool : « Et vous, vous en êtes où ? ».

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