Un bail & des balles

liviasansleo

Revenir sur les lieux de son enfance. Se rendre compte que tout est comme avant, même ceux qui y vivent...

Coup de frein. Le quartier.

Non, le quartier n'avait pas changé : les grands immeubles toujours délabrés, les enfants jouaient au ballon, les anciens, eux, squattaient toujours le long des murs.

En descendant du camion, Alyssa eu un drôle de sentiment, étrange mélange de nostalgie et d'excitation. 

La chair de poule envahissait ses bras. 

Il n'y avait plus qu'à s'activer sous cette chaleur plomblante du mois d'août. 

Elle n'avait pas beaucoup de meubles à transporter jusqu'au septième étage. 

Heureusement, son beau-frère avait fait la route avec elle. 
En à peine une heure, tout était  déchargé. Il ne restait que quelques gros cartons de vêtements à monter. 

Pour aller plus vite, elle essaya d'empiler deux gros cartons, mais la porte du hall s'était refermé.

Une voix qui lui semblait familiaire lui proposa de l'aide. Elle posa sa cargaison sur le sol et se retourna. Elle sentit son coeur s'accélérer en voyant ce visage.

Alyssa : Hey, Nathan, c'est toi ?

Nathan : Mais qui voilà, c'est la jolie Alyssa ?

Alyssa : Tu vis toujours ici ?

Nathan : Comme tu peux le constater, mais toi, que fais-tu là ?

Alyssa : Je reviens pour aider mon beau-frère et ma soeur dans leur magasin. Ma soeur attend son troisième enfant, elle est fatiguée, je me suis proposée.

Nathan :  Je suis vraiment content de te revoir, si tu as du temps, passe me voir près de l'épicerie.

Alyssa : Je ne promet rien ce soir mais je viendrais te saluer.

Elle passa la soirée à déballer ses cartons et installer ses meubles, puis, s'écroula sur son clic-clac sans même le déplier.

Le lendemain, elle rejoigna sa soeur à son magasin d'alimentation, fît le plein et retourna dans son studio pour poser ses provisions.

Elle se posa à la fenêtre encore dénuée de store et contemplait les enfants qui jouaient dehors sous le coucher du soleil.

Elle était bien revenue sur les lieux de son enfance : les voix des mamans qui parlent forts, les fenêtres grandes ouvertes, la télé des voisins qui visionnent un jeu télé, l'odeur des grands plats familiaux qui mijotent, le bruit des va-et-vient des ados sur leurs scooters...

L'ambiance d'une ville en plein été basculant doucement dans l'obscurité.

Finalement, ça lui avait manqué.

Elle se sentait chez elle ici.

Après un repas léger, elle enfila ses baskets, pris son perfecto, son portable et décida de rejoindre Nathan.

Nathan :  Hey, Alyssa, quoi de neuf ma soeur ?

Alyssa : Vraiment heureuse que tu n'es pas bougé depuis hier!

Nathan Regardes un peu qui se trouve avec moi.

Derrière lui, trois jeunes hommes qu'elle connaissait bien : Eddy le frère de Nathan, Samuel un mec trop marrant et Saïd connu pour sa sagesse et son calme.

Samuel, s'avança, la regarda, commenta.

Samuel : Aïe, aïe, aïe, de plus en plus charmante...

Alyssa : Toi, tu n'as pas grandit apparement.

Nathan et Eddy eu un fou rire, Saïd d'une voix grave et posé, répondit.

Saïd : Oui, il n'a pas pu évoluer ici, mais toi, pourquoi tu reviens dans ce ghetto ?

Alyssa : Pour aider ma famille et puis je me sentais seule à l'autre bout du pays. J'ai enchaîné les petits jobs alors autant revenir.

Saïd :  Mais tu aurais pu trouver l'homme de ta vie, non ?

Samuel : Il est parmis nous !

Alyssa : Ici comme là-bas, le choix est vaste mais le sujet difficile.

Nathan : Tu veux venir avec nous à notre ancien fief ?

Alyssa : Je dois commencer le boulot demain mais je vous suis les gars, allons revivre notre adolescence.

Le pub avait été retapé en club mais sa facade toujours aussi rustique.

Quand le groupe arriva devant l'entrée, le videur leur fît signe de ne pas rentrer.

Eddy attrapa Alyssa par les épaules et la passa au premier plan.

Eddy : Vas-y, soit sympa, on est accompagné d'une belle demoiselle, et en plus, promis ce soir ou fera pas le bordel.

Le videur regarda Alyssa qui lui lança un regard charmeur et suppliant. Il accepta.

Videur : Attention, au moindre écart, je vous vire tous les cinq et définitivement, vous comprenez ?

A l'intérieur la déco avait été amélioré. Les murs de briques et les meubles en inox donnaient un côté underground à l'endroit.

Certaines tables étaient réservées pour la restauration, des poufs tous différents étaient mis à disposition des danseurs fatigués. 

La piste n'était pas vraiment pleine, la musique n'était pas vraiment forte, mais à eux cinq, le groupe su mettre l'ambiance.

Vers minuit le club se remplissa. Des jeunes femmes fêtaient les derniers jours de célibat de leur amie vêtue en fluo. Il faisait chaud dans le club.

Alyssa se dirigea vers la terrasse emménagée en fumoir.
Elle ne fumait pas, elle avait juste besoin de prendre l'air.
Quand elle revint à sa place, ses potes, eux, voulaient rentrer au quartier.

Sur le chemin du retour, à pied, Nathan serra la main d'un homme plus âgé.

Alyssa le regarda un peu timide, elle le trouvait fort sympathique.

Lui, à son tour, la devisagea et fit comprendre à Nathan de lui présenter.

Nathan : Euh... Alyssa, je te présente Ewan aka Monsieur jante alu, Ewan, je te présente Alyssa alias Princesse de la rue...

Ewan : Monsieur jante alu ?

Alyssa : Princesse de la rue ?

Nathan : Ewan tient un garage plus haut dans la ville et Alyssa est revenue dans ce palais qui l'a vu grandir. Ça va, ne me regardez pas comme ça, c'était juste une blague...

Alyssa se sentait un peu embarrassée, tandis qu'Ewan fit une négation de sa tête.

Ewan : Heureux de t'avoir rencontré alors Princesse de la rue !

Alyssa : Je n'ai pas encore de caisse mais peut-être qu'un jour je viendrais faire réparer mon carrosse dans ton garage monsieur... jante alu ?

Alyssa lui souhaita une bonne soirée pour continuer leur trajet pressé par Samuel qui semblait agacé.

Eddy qui n'était pas de nature discrète s'adressa à Alyssa.

Eddy : Dis-donc, il s'est passé quoi là ?  Un enchantement ?

Alyssa le poussa pour lui faire comprendre de se taire tout en replaçant ses cheveux de la main droite.

Ewan qui n'était pas encore monté dans sa voiture pût admirer la scène.

Eddy et Nathan qui habitaient à côté de chez Alyssa l'accompagnèrent jusqu'au porche de son immeuble.
Samuel et Saïd, eux, s'étaient dirigé vers une petite ruelle pour rejoindre la grande tour construite de l'autre côté du quartier.

Alors que Nathan parlait à Alyssa, elle sentit une main se poser sur sa veste en simili-cuir.

L'homme : Bouh ! Je t'ai fait peur ?

En le voyant, elle devint livide.

L'homme : Bah alors chérie, tu ne m'embrasses pas comme avant ?

Eddy s'interposa et éloigna Alyssa derrière Nathan.

Eddy : Vas-y, laisses la, ça fait un bail !

L'homme : Eddy, c'est à Alyssa que je m'adresse...

Eddy : Oui mais tu lui as fait vraiment très peur !

Alyssa énervée avança de nouveau et leva la voix.

Alyssa : Je ne suis pas ta chérie, Sully, donc non, je ne t'embrasserai pas !

Sully : Pourtant, dieu sait comme tu aimes ça ! 

Alyssa : Ne mêle pas dieu à tout ça !

Eddy pris Alyssa par le bras pour partir. Nathan entama la conversation avec Sully.

Nathan : Écoutes Sully, elle vient de revenir, tu devrais peut-être lui laisser du temps...

Sully : Elle est revenue seule ?

Nathan : C'est plus ton problème !

Sully :Mais moi je ne l'ai jamais oublié... Au fait, si tu vois Samuel, tu peux lui dire de passer me voir ? Il a une affaire à régler.

Nathan : Je lui dirais.

Les deux hommes se checkèrent. Pendant ce temps, Alyssa entra dans le hall de son immeuble. Sully pencha discrètement la tête pour repérer à quel numéro elle habitait.

Le jour d'après, Alyssa eu un peu de mal à se lever. Elle aida son beau-frère au magasin.
Avant que la nuit ne tombe, il la laissa partir.

Le magasin était à vingt minutes de chez elle. Elle pouvait prendre le bus mais la température extérieure était trop bonne pour ne pas en profiter.

Sur le boulevard, à la moitié du chemin, elle entendit klaxonner.

Elle jeta un rapide coup d'oeil et la voiture freina près du trottoir.

Le conducteur lui proposa de la ramener.

En le voyant, Alyssa se dit que finalement elle avait bien trop mal aux jambes pour marcher et accepta la proposition.

Alyssa : C'est vrai que ta caisse à de belles jantes.

Ewan : C'est vrai que tu ressembles à une princesse quand tu marches dans la rue.

Alyssa apprécia. La conversation était lancée. Arrivé devant chez elle, Ewan la questionna.

Ewan : Tu as de quoi manger chez toi ? Sinon tu m'accompagnes ce soir ?

Alyssa : Ma soeur tient une supérette, donc oui, j'ai de quoi manger mais... allons plutôt diner dehors.

Ewan : Quand est-ce-que je passe te chercher ? 

Alyssa : Tu peux revenir d'ici une heure, je n'en ai pas pour longtemps.

Alyssa sortit de la voiture, se retourna. Ewan était sous le charme.

Après une bonne douche et l'essayage de trois tenues, elle revint là où il l'avait déposé. Il l'attendait déjà mais dans une autre voiture.

Alyssa : Oh, tu as une voiture pour chaque occasion, je n'avais jamais vu ça !

Ewan : Je change de voiture comme tu changes de tenue.

Alyssa : Et tu fais ça aussi avec les femmes ?

Ewan se sentit un peu mal à l'aise et démarra en trombe.

Après trente minutes de route, il sortit le premier pour lui ouvrir la porte.

Ewan : Madame est arrivée !

Alyssa : En plus, il y a le service voiturier, le grand luxe !

Le restaurant était calme et tamisé.
Durant le repas, Alyssa hésita à lui poser des questions. Ewan le sentait et prit les devants.

Ewan : On a pas vraiment fait les présentations. J'ai trente-huit ans, je me suis installé ici il y a quatre ans. Avant, je vivais dans un bled paumé, les affaires n'étaient pas florissantes, mais grace à un bon plan, j'ai tout plaqué et me voilà. Le travail ne manque pas et j'ai pu embaucher. Et toi ?

Alyssa : J'ai vingt-deux et je suis partie à dix-sept ans pour m'installer en coloc avec une amie. On avait fait notre apprentissage en coiffure ensemble et on devait monter notre salon. Elle m'a laissé tomber du jour au lendemain pour un mec qu'elle avait rencontré dans le train. Du coup, j'ai enchaîné les petits boulots pour payer mon loyer.

Ewan : Tu ne pouvais pas revenir chez tes parents ?

Alyssa : Non, je suis en froid avec eux. Ma soeur a un peu de nouvelles depuis qu'ils sont partis d'ici. Mais moi, je ne peux oublier leurs propos.

Ewan : Leurs propos ?

Alyssa : Ils sont, un peu, beaucoup, racistes et n'ont pas apprécié ma relation avec mon ancien petit ami. Pour eux, ce grand black faisait tâche dans la famille. 
En même temps, lui m'en a fait baver et tout ce qui s'est passé n'a fait que les conforter dans leurs idées. Et toi, tu n'as pas de famille ?

Ewan : Mes parents sont vraiment loin et vraiment vieux. On a jamais été très proche. Je viens d'une famille de huit enfants. Je suis l'enfant du milieu. Mes petits frères et soeurs ont beaucoup monopolisé leur attention, mais je ne leur en veut pas. Mon père travaillait dur et on a jamais manqué de rien, c'est tout ce qui compte.

Alyssa : Si je peux me le permettre, pourquoi un bel homme comme toi est célibataire ?

Ewan : Merci pour le compliment ! Non, j'ai été marié et j'ai un petit garçon, j'espère que ça ne t'effraye pas. Ils devaient me rejoindre mais finalement mon ex femme a changé d'avis. J'ai espéré longtemps, elle m'a avoué avoir refait sa vie. Elle me laisse rarement voir mon fils mais j'essaye de passer plusieurs fois par an.

Alyssa : C'est triste ! Tu n'as pas eu envie de refaire ta vie ?

Ewan : J'ai essayé mais les femmes d'ici manque un peu de piquant. Mais toi, tu es différente...

Alyssa : Parce que j'ai grandit entouré de garçons sûrement.

Ewan : Nathan, Eddy ?

Alyssa : Et plus encore ! Certains ont pu se tirer d'ici, d'autres ont connu la face sombre de la rue... Tu les connais comment ?

Ewan : Je vais souvent au club et puis ils m'ont mis bien quand je suis arrivé ici. Un soir, je leur ai dépanné des pièces devant l'épicerie, en échange, ils m'ont fait une bonne publicité.

Alyssa : C'est pour ça que je les adore !

Après le diner, il déposa Alyssa devant chez elle.

Elle voulait le faire monter mais il resta élégant et lui rappela que demain tous les deux travaillaient. Il lui demanda son numéro et quand Alyssa fut enfin couchée, son portable vibra. Sur l'écran, un message tout en tendresse pour lui souhaiter une bonne nuit.

Deuxième rendez-vous, cette fois un samedi.

Ils avaient décidé de se retrouver juste tous les deux. 
Alyssa connaissait un endroit isolé dans un petit sous-bois où une table de pierre était installée.

Ewan avait prévu le champagne, Alyssa, le diner.

Tout était tranquille mais un vent froid écourta leur repas.

Alyssa proposa à Ewan de venir chez elle pour boire un dernier verre.

Quand ils arrivèrent devant chez elle, Ewan entendait une voix l'appeler.

Ewan : Hey, salut Sully, ça va ?

Sully : Tu la fréquentes depuis longtemps ? 

Ewan : On se voit en toute amitié...

Sully : Et tu vas finir la nuit avec elle en toute amitié ?

Ewan : Rien n'est prévu mais c'est notre problème ! 

Sully : Et tu aimes les problèmes ?

Ewan : Non, Sully, pas vraiment.

Sully : Pourtant on dirait que si. Tu vas voir, avec elle, tu ne vas avoir que des problèmes...

Ewan arrêta la conversation et lui dit au revoir d'un signe de tête. Alyssa appuyant sur le bouton de l'ascenseur l'interrogea.

Alyssa : Tu le connais lui aussi ?

Ewan : Oui, c'est un très bon client, mais je sais pas ce qu'il a ce soir...

Alyssa : C'est son vrai visage. Un bon client avec des caisses volées.

Ewan : C'est lui l'ex que tes parents ont rejeté ? 

Alyssa : C'est lui. Moi aussi je l'ai rejeté et tu ne devrais pas lui répondre.

Ewan : Tu sembles lui en vouloir beaucoup.

Alyssa ouvrit la porte de son appartement et continua la conversation dans son salon en enlevant son manteau et ses chaussures.

Alyssa : Sully est un homme dangereux. Quand j'ai commencé à le fréquenter, j'avais quinze ans. Au début, on a connu la passion ardante. C'était le feu, l'amour fou mais justement après deux ans de relation, il est devenu taré ! J'étais devenue son obsession. Il ne me laissait plus voir personne, me reprochait de ne pas lui présenter mes parents. Par dessus ça, il m'apportait des ennuis avec ses traffics et ses vols. Un soir, assise sur un muret,je lui ai parlé de mon projet de partir pour avoir mon salon de coiffure. Il m'a insulté de "pute", de "salope", de tous les noms puis il m'a frappé. Heureusement, Nathan et Eddy étaient présents, sinon, il m'aurait sûrement tué. Après, je n'ai plus voulu le voir. Il a brûlé la boite aux lettres de mes parents, m'a fait suivre par ses connaissances. Ils m'ont fait comprendre que si je portais plainte, je finirais six pieds sous terre. J'ai vécu un calvaire jusqu'à ce que je parte. C'est aussi la raison pour laquelle j'avais quitté cette ville et enchaîné les jobs pour ne pas revenir. On m'avait dit qu'il avait changé mais apparemment, non.

Ewan : Tu as encore peur de lui ? Écoutes, demain je t'apporterai quelque chose.

Alyssa : Bon, et si on arrêtait de parler de lui pour penser à nous ?

Au petit matin, Ewan se leva et glissa le drap sur le corps nu d'Alyssa. Il la réveilla mais rentra chez lui pour se changer avant de ses rendre au garage.

Dans l'après-midi, il lui envoya un message pour lui dire qu'il passerait le soir lui apporter un cadeau.

Vers vingt-et-une heure, il arriva avec un sac à dos.

Alyssa : Tu viens planter ta tente ici ?

Ewan sortit une mallette et l'ouvrit.

Ewan : Non Alyssa. Tu ne te sens pas en sécurité, et moi, je n'en ai pas besoin. C'est une arme Alyssa, tu ne dois t'en servir qu'en cas d'urgence et surtout tu ne le dis à personne !

Alyssa : Pourquoi tu as ça ?

Ewan : Justement, c'est Sully qui me l'a vendu. Il m'a dit que ça pourrait dissuader si on braquait mon garage. Mais franchement, j'ai mes gars sur place, une bonne assurance et je n'ai jamais eu d'ennuis. Je n'en ai pas besoin.

Alyssa : D'accord, je la prend. Mais du coup, vu que tu es ici, tu pourrais rester dormir ? Demain je ne taf pas et j'aimerais être avec toi plutôt qu'en tête-à-tête avec un gun !

Grâce matinée à ses côtés, Ewan appela un de ses employés pour tenir le garage à sa place.

Alyssa prépara le déjeuner, puis, tous deux profitèrent encore de l'après-midi en toute intimité...

Vers dix-huit heure, Ewan dû quitter Alyssa pour se rendre chez lui.
Elle n'avait pas vraiment envie de le voir partir.
Elle l'accompagna devant sa voiture et l'embrassa avec passion.

Comme à son habitude, Sully était assis près des bacs à fleurs de la municipalité.

Dès qu'Alyssa était rentrée, il accourut devant la voiture d'Ewan et le bloqua.

Sully : Tes soirées amicales deviennent un peu fréquentes, non ?

Ewan : Oui, ok, on est ensemble.

Sully : Tu n'as pas compris quand je t'ai dit que tu n'allais avoir que des problèmes ? 

Ewan : Sully, elle ne t'aime plus, elle ne veut plus de toi !

Sully : Parce que tu m'empêches de la voir !

Ewan : Tu délires ! 

Sully : Tu es rentré dans un mauvais délire, crois-moi.

Ewan fit marche arrière et pu sortir du parking laissant Sully seul sur la place.

Pendant deux jours, Ewan ne donna pas trop de nouvelles à Alyssa submergé par son travail.

Elle en profita pour passer ses soirées avec Nathan et toute la bande. Elle savait qu'il avait pas mal de boulot et surtout, elle ne voulait pas l'étouffer.

Alyssa rentra seule tard dans la nuit. Elle passa le hall sans refermer la porte derrière elle.
L'ascenseur ne fonctionnait pas.

Elle prit son courage, et, fatiguée, elle monta les escaliers interminables de l'immeuble.

Alors qu'elle allait atteindre le troisième étage, quelqu'un la plaqua contre le mur peint en jaune.

Paniquée par la violence de cet acte, elle n'osa rien dire.

Elle sentait une bouche commencée à l'embrasser.
Ses poignets étaient maintenus par une force incroyable.

Sully : Alors, on se tape plus l'autre tapette ?

Alyssa : Sully, laisses-moi, tu pues la tise et le shit.

Sully : Ne dis pas que tu n'as pas envie de moi !

Alyssa : Non vraiment, laisses-moi.

Sully : Tu préfères te taper un minable ? Je peux te faire te souvenir...

Alyssa : Sully, m'approches pas et arrêtes de me toucher.

Sully : Il a quoi de plus ? Il a tout de moins, non ?

Alyssa : Lui, je l'aime !

Tout se passa vite. Pris de rage, il la giffla, une seconde fois puis lui donna des coups. 

Alyssa se retrouva sur le sol.

Elle sentait le choc de ses pieds dans ses côtes, essaya de s'aggriper à la rambarde pour se relever.

Elle voulait courrir, il la retenait, la cognait. 

Malgré ses sanglots, elle trouva la force de hurler, ce qui mis encore plus en colère son ex petit ami.

Le temps semblait s'être arrêté.

Une femme ouvrit sa porte pour demander ce qu'il se passait.

Sully avait dévalé les escaliers pour prendre la fuite de peur que cette femme ne téléphone aux flics.

Alyssa en pleure rassura la dame et se réfugia dans son appartement.

Ses jambes n'arrêtaient plus de trembler, sa machoire semblait déboitée,son coeur palpitait à une vitesse folle, elle avait l'impression que ses côtes transperçaient ses poumons.

Elle n'arrivait pas à retenir ses larmes et resta assise, dans son couloir, par terre, durant au moins une heure.

Elle glissa sa main dans la poche de sa veste, attrapa son téléphone, envoya un message à Ewan mais ne pensait pas qu'il répondrait.

VIENS VITE, STP
J'AI BESOIN DE TOI
J'AI BESOIN D'AIDE

En moins de quinze minutes, il était là, à l'interphone. Elle ouvrit tant bien que mal sa porte, le visage boursouflé et ensanglanté.

Ewan : Alyssa ! Mon amour, que s'est-il passé ?

Alyssa n'arrivait pas à parler figé par le trop plein d'émotions, le trop plein d'adrénaline qui la tetanisait encore.

Ewan : Alyssa ! On doit aller aux keufs !

Alyssa : Non, non, il nous tuera.
Il a... il a... essayé d'abuser de moi et quand j'ai dit non, il a perdu la tête...

Ewan : Qui il ? Sully ? Écoutes Alyssa, moi je t'aime.

Alyssa : Tu m'aimes ?

Ewan : Oui. Viens chez moi quelques jours. J'habite loin, il ne viendra pas.

Alyssa accepta et durant la nuit, ils prirent quelques affaires et allèrent chez Ewan. 
Alyssa pretexta une grippe à sa soeur pour ne pas venir travailler quelques jours, le temps que les eccymoses disparaissent.

Ewan, lui, laissa le garage au soin de ses employés pour rester auprès d'elle le temps de sa convalescence.

Alyssa reçu des appels de Nathan qui avait eu vent de l'affaire.
Elle ne rentra pas dans les détails et lui fit croire qu'elle allait bien.

Sully continuait à la chercher chaque soir, il tournait autour de son immeuble sans jamais la voir sortir.

Sully devenait de plus en plus agressif.

Il croisa Eddy et ordonna qu'il fasse venir Samuel.

Eddy dû convaincre Samuel d'affronter Sully.

L'ambiance était électrique et toute cette histoire sentait le roussi.

Samuel savait qu'il était dans la merde, qui lui devait un sacré paquet de pognons.

Sully était bizarrement détendu.

Il lui demanda de le rejoindre à "son bureau".

"Son bureau" se trouve dans une rue parallèle. En fait c'est un box où sont planqués ses marchandises et objets en tout genre...

Sully : Samuel, tu me dois beaucoup d'argent ? Je vais te faire une faveur, mais, tu vas me rendre un service. Si tu te défiles ou que tu me balances, je m'occuperai moi-même de ton cas. N'oublies pas !

Samuel n'avait plus le choix, il accepta.

De retour à la cité, les autres voulaient en savoir plus.
Samuel esquiva les questions, mais expliqua juste qu'il allait travailler pour lui pour éponger sa dette.

Au bout de cinq jours, Alyssa repris le travail. Pour plus de praticité, elle retourna chez elle.

Ewan avait de la comptabilité à faire pour le garage et pendant deux jours, ils n'allaient pas se voir.

Ewan était prêt à emménagé avec elle.

Les derniers événements l'avait conforté dans l'idée qu'il ne voulait pas la laisser seule.

Il commenca a chercher un appartement au centre-ville, loin du quartier où vivait Alyssa.

Après de longues recherches, il eu un coup de coeur pour un duplex libre de suite.

Vue dégagée, grand balcon, cuisine équipée... Idyllique pour un jeune ménage.

Il signa le bail sans elle pour lui en faire la surprise.

Il allait lui annoncer.

Pour ça il voulait lui donner rendez-vous dans un beau restaurant situé à quelques rues du quartier d'Alyssa.

Pressé de la revoir après ces deux jours sans sa présence, il lui envoya un texto :

PRINCESSE DE LA RUE
METS TA ROBE DE BAL
N'ALLONS PAS DANSER
ALLONS PLUTÔT DINER

Alyssa retourna encore toute son armoire. Elle se prépara, lui demanda l'heure et le point de rendez-vous.

Cette fois il l'attendrait directement sur place.
En fait, un chauffeur viendrait chercher sa belle.
Il lui sortait le grand jeu.

Le ciel était presqu'en feu, Alyssa vêtue de noir, heureuse de le retrouver.

L'atmosphère était étrangement calme. Pas d'enfants jouant dehors, pas de bruit chez les voisins.

Ewan a eu beaucoup de mal à trouver une place pour se garer.
Il arrêta sa voiture en bas du grand boulevard et remonta à pied.

Dans une impasse, il y avait Samuel.

Samuel :  Hey, psss, tu peux venir s'il te plaît ? 

Ewan : Oui, mais vite fait, je vais être en retard.

Samuel :  Voilà, restes là, je reviens dans deux minutes.

Ewan : Samuel ?

Ewan attendit, une, deux, trois minutes. Quand il leva la tête après avoir vérifié l'heure sur son portable, ce n'était pas Samuel qui était devant lui.

Sully se tenait devant lui, accompagné de deux hommes qu'Ewan ne connaissait pas.

Il dû reculer au fond de l'impasse.

Ewan :  Sully, tu fais quoi là ?

Sully :  Je règle mes problèmes !

Les hommes attrapèrent Ewan, le mettant à terre sous les coups.

Sully fit partir rapidement ses deux hommes de main.

Tandis qu'Ewan essayait de se relever, il pointa sur lui une arme.

Ewan :  Sully, ne fais pas ça, tu risques gros !

Mais, trop tard, doigt sur la gâchette, il tira trois coups sur lui. Ewan s'écroula.

La ville était tellement paisible que les détonations fût entendu à plusieurs mètres.

De sa fenêtre, Alyssa entendit le bruit et comprit que cela venait du boulevard.

Elle envoya un message à son homme :

IL Y A EU DES COUPS DE FEU
OÙ ES-TU ?
RÉPONDS-MOI, STP !

Pas de réponse, ni accusé de réception.

Alyssa enfila ses baskets et dans sa robe noire moulante se mis à courrir jusqu'à l'endroit de leur rendez-vous.

Elle entendait les sirènes, elle voyait les pompiers, les policiers.

La foule, curieuse, s'était réunie pour voir le corps au sol.

Elle poussa un maximum de personnes pour essayer de se faufiler.

Policier :  S'il vous plait Mademoiselle, reculez.

A travers tout ce monde, elle distingua une voix

Eddy :  Alyssa ne regardes pas !

Eddy était venu accompagné de Saïd et Nathan.

Juste après les coups de feu, Samuel en panique les avait rejoint au quartier pour leur expliquer la mission que lui avait donné Sully.

Son rôle était de retenir Ewan quelques minutes mais il ne savait pas qu'il avait été impliqué malgré lui dans un guet apens.

Saïd lui conseilla de se rendre à la police. Samuel écouta.

Alyssa compris ce qui venait de se passer et intercepta un pompier.

Alyssa :  C'est mon homme, comment-va-t'il ?

Pompier :  Je suis désolée Madame...

Alyssa effondrée s'approcha d'Eddy et lui demanda où était parti Sully.

Eddy : Il a fuit, il est parti, il a même peut-être quitté la ville.

Alyssa voulait voir le visage de son homme mais on l'empêcha de s'approcher. Tout ce qu'elle pouvait voir c'est son sang sur le béton.

Déboussolée, sur le point de s'évanouir, elle repartit à son appartement...

Pendant des jours, elle n'a pas dormi.

Elle s'est rendu à l'hôpital pour reconnaitre le corps.

Elle s'est rendu au commissariat pour répondre aux interrogatoires.

Après, elle n'a plus voulu parler.

Elle n'est plus partie travailler.

Elle ne voulait plus s'alimenter.

Elle a tenu cinq jours...

Le soleil se couchait, les enfants du bitume étaient déjà rentrés.

On sentait l'odeur des plats préparés par les mamans qu'on entendait discuter dans leurs cuisines.

Le voisin avait encore mis sa télé trop forte,  mais, elle s'en foutait.

Elle n'écoutait plus rien.

Elle aurait aimé entendre encore le son de sa voix.

Elle avait froid, il faisait chaud.

Elle avait mal, pourtant, ne ressentait plus rien.

Sous une pluie de larmes, elle fit résonner le bruit sec qui la hantait depuis des jours.

Dans sa main, l'arme qui lui avait donné.

Dans sa tête, une balle.

Enfin, elle allait le rejoindre.

Plus rien ne fut plus jamais pareil dans la cité.

Ils eurent tous deux de belles funérailles. 

Tout le monde était venu même les parents d'Alyssa, même l'ex femme d'Ewan.

Les deux amants furent enterrés ensemble.

Régulièrement, les mamans et les enfants venaient fleurir la porte de l'immeuble d'Alyssa.

Saïd décida de quitter la région.

Nathan et Eddy, nouveaux volontaires à l'association de quartier, partaient à la rencontre d'adolescents pour faire de la prévention contre l'harcelement, la délinquance juvénile, les violences conjugales et le suicide.

Au garage, les employés d'Ewan firent poser une plaque en son nom.

Samuel, lui, a été écroué pour complicité de meurtre.

Trois mois plus tard, Sully fut enfin retrouvé dans un département  voisin, il allait être enfin jugé...


"Le retour fait aimer l'adieu" Alfred de Musset 

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