un baiser
Philippe Vivier
Un baiser, c'est plus qu'un baiser,
Et je n'en ferai pas le tour,
Il faudrait sillonner la terre, une éternité,
Pour en faire l'éloge, la cour,
Au vécu des lèvres données,
Un périple infini aux multiples détours.
Et donc s'il m'est permis,
C'est du baiser que tu me donneras,
dont je veux explorer l'incertain ;
Et t'en dire la saveur, floue, cristalline,
Qu'en mes songes à yeux mi-clos,
Je me plais à contempler, à déguster.
Lorsque mes farandoles dérivent,
Mon corps en bataille avec mon émoi,
Celui que tu t'appliques à insuffler,
Avec cette douce aisance, pas si prude,
Distillant la prudence et l'allant discret,
En un subtil mélange au parfum d'attrait ;
Là, c'est une folie, qui m'accapare,
Quand tes silences apaisent tes rires,
Ma bouche se dévoile sans fard,
Aux chants de mon désir,
Mimant ces glyphes si particuliers,
Des lèvres amantes, et leurs danses énamourées.
Car les lèvres s'aiment ou ne s'aiment pas,
Il n'y a pas de faux semblants,
Dans les dons fougueux ou tendres,
Et que les langues jouent,
C'est son être que l'on met en balance,
Sa vie. Au baiser, point d'errance.
Alors oui, je veux ta bouche,
Et oui je veux la mienne,
En capitaine, ou en farouche,
Aux aléas des rythmes de nos artères,
Et leurs intentions de passion et de faim,
Irrépressibles, à se dévorer matin.
Et leurs espiègleries et envies fantasques,
Que ne dit-on jamais leurs magiques frasques,
Tu me prends au mot et je suis attentif,
Tes lèvres à demi mots, toutes sur mes caprices,
Ma peau, au centimètre près,
Inquisitrices, indolentes ou dictatrices.
Je te le rendrai au centuple,
Et d'autres goûts s'ouvrent à moi,
Quand je t'aborderai sans plus de pudeur
Quand je saurai que ce moment est à moi,
Que j'irai glaner les sucs de tes labeurs,
Je t'épierai et j'espère te voir sourire…