Un cœur mort

imany_ct

Un homme prend son courage à deux mains pour dire à son amour qu'il l'aime. Comment va-t-elle réagir à ses sentiments ?

J'avais peur de la blesser…

J'avais pris soin de choisir mes mots, et mon silence les massacra. J'avais prié pour qu'elle se jette sur moi et songé à embrasser ses lèvres maquillées de rouge. Mon corps chancelait, mon cœur battait à une fréquence irrégulière, le rideau de mes cils tombait sans arrêt sur mes yeux bleus et ma voix, trahie par mes émotions humiliantes, n'était qu'un son aigu, sûrement dérangeant à ses oreilles. Je me repris, m'éclaircis la voix, lui offris un son plus fort, plus virile et assuré.

Je suis un homme.

Elle comprit mes sentiments avant même que je ne parle. Je savais qu'elle comprendrait ma parole silencieuse.

Puis, elle rit.

Elle riait tellement fort que ses rires faisaient échos sur les parois de la passerelle. Je ne comprenais pas. Je fis un sourire maladroit, et attendis qu'elle se reprenne pour que je puisse parler avec mon cœur. Mais elle ne me permit pas. Son regard si froid se jeta sur moi comme un lion sur sa proie. J'essuyais mes mains moites sur mon vêtement, élargit mon sourire sur le visage.

On se moquait de moi. Encore une fois. Mais elle fut la première à rire aussi fort de mes sentiments.

A la force de ma douleur, je vis mon cœur se déchirer et entendis des pleurs infinis qui se déverseraient plus tard sur mes joues. Je me crus mort, et quand on est mort, plus rien ne porte au regret. J'aurai pu me contenter du silence de la mort, la regarder m'humilier mais mon cœur mort se vidait du seul amour qu'il nourrissait et, dans mes yeux, je ne voyais qu'une femme au sourire satisfait de sa beauté laide, de sa gentillesse méprisante.

Devrais-je pardonner une femme encore une fois ? Etais-je si repoussant pour que personne ne veuille de moi ?

Je soutins son regard mais elle détourna le sien. Ne voyait-elle pas un homme mort d'amour ?

Je lui pris violement le bras et sortis un poignard de ma poche. Elle semblait avoir peur.

Je constatai que j'avais tort. Que je l'aimais encore car je ne voulais pas la terrifier. Je rangeai l'arme dans ma poche mais elle étouffa un cri de terreur. Je paniquai, mon corps trembla.

Mais pourquoi ?

Je devais la tuer, oui… Ça aurait été la vengeance de mon cœur souffrant de solitude, de toutes ces femmes qui l'avaient blessé. Alors je voulais blesser à mon tour.

Mais elle pleurait, me suppliait de ne pas la tuer. Paniqué, ne sachant pas quoi faire, je ressortis mon poignard, lui montrai sans crainte que je n'avais aucunement l'intention de lui faire de mal. Elle s'affola plus, prit son visage dans ses mains, retint ses cris.

Je criai que je ne voulais pas la blesser. Qu'elle devait me croire. Paniqué, je pris le couteau et l'enfonçai dans mon cœur. Pourquoi ? Je ne savais pas, je ne savais pas ce que je faisais. Je devais la rassurer, je ne la tuerai pas.

Mais elle cria quand mes genoux touchèrent la terre sèche. Ma tête fit un bruit étrange quand elle frappa le sol puis je n'entendis plus rien autour de moi. Je me dis que je m'étais blessé plus.

Mais je lui avais prouvé que je n'avais pas voulu la blesser.

 

 

 

Signaler ce texte