Un débordement d'émotions refoulées

emmyfalardeau

Récit pas trop clair d'une histoire d'hier

À l'aube de la tranche de vie appelée «adulte», je t'ai rencontré. Toi le garçon sortie de nulle part, le garçon à la vie si jeune et pourtant si usée. J'ai jamais cessé de narrer comment nous nous sommes rencontrés tout bonnement. Le cliché presque stéréotypé de deux jeunes personnes levant les yeux l'un sur l'autre dans le milieu d'un allé d'un magasin. À ce moment, tu avais ce je-ne-sais-quoi dans ton énergie, ton comportement qui attirait la provocation, rien de bien méchant, seulement un jeune homme encore un peu sur la révolte et nostalgique de la fin de son adolescence, tranche de vie qu'il chérissait tant.

Près de trois années plus tard, je repense à tout ce que l'on a traversé, et partagé, et je dis merci à la vie de m'avoir offert ces quelques moments à tes côtés. Ça pas toujours été rose, mais en même temps, soyons honnête, quelle relation est parfaite ! On s'est entiché l'un de l'autre après un moment que je considère aujourd'hui acceptable vu l'âge que nous avions. Nous étions tous les deux dans le coeur du processus de transition de la vie d'ado à celle d'adulte. Mais sans savoir, les chemins que nous avons pris ont un peu accéléré le processus et ont à trop de reprises malmené notre relation.

Pendant un peu plus de 6 mois, nous avons vécu côte à côte, nous nous sommes apprivoisés, aimés, confiés, j'en passe. Puis soudainement, à la conquête de mes rêves je suis partie à plus de 500 km de toi. Je voudrais m'excuser, mais non, le jeu en vaut largement la chandelle. Je ne porte toujours pas le regret d'avoir mis mon rêve premier à l'avant, d'être partie loin de toi pendant un an. Ce que je regrette, c'est la tournure qu'a prise notre relation, toute l'espace, et à la limite, la complaisance qu'on a laissée s'installer entre nous. C'est vrai d'un côté que le changement est grand entre ne jamais se voir et vivre ensemble 24h/24… mais j'pensais pas que ça serait plus difficile de vivre ensemble que d'être séparés sur de longues périodes.

L'ironie dans toute cette histoire quand j'y repense, c'est que je me sois ennuyée de toi beaucoup plus en ta présence qu'en ton absence. Ouais, tu étais carrément absent lorsqu'on était assis l'un à côté de l'autre  que lorsque tu étais à plus de 500 km de moi.

On s'entendait bien, jamais dans mon souvenir y a-t-il eu une engueulade entre nous. Il y a eu des différends, mais ils se sont toujours réglés dans le respect et le calme. Mais je sais pas, on s'est effrité. Étais-je trop exigeante ? Peut-être. J'ai mes tords aussi, mais je ne porte certainement pas tout le blâme de cette histoire. Tu t'es effacé, combien de remarques ai-je essuyées, de la plus subtile ; « Ah ton coloc est timide dis donc» à la plus franche « Vous êtes encore ensemble, parce que franchement ça se voit pas du tout» … Au début, je croyais que c'était dans ma tête que ça n'allait pas, je me sentais délaissée, je me demandais si c'était parce que tu avais trouvé quelqu'un d'autre ailleurs. Je tournais en boucle ce qui pouvait bien faire en sorte que nous étions devenus ça, cette piteuse relation.

Après un an je me suis remise en question. Allions nous vivre une autre année ensemble comme ça ? Je t'ai fait part de mes inquiétudes, du manque qui était tant présent dans mon coeur. Je m'ennuyais de toi à un point tel, que je n'étais plus capable d'apprécier à sa juste valeur les rares moments affectifs.

Je suis alors repartie le temps d'un été, le coeur âpre de ma pensée, j'étais perdue et apeurée, j'avais l'impression que ce restant de nous me glissait entre les doigts. Et cette peur m'a gagnée. J'ai saboté le nous qu'il pouvait bien rester. Je suis allée m'assouvir ailleurs parce que j'avais tellement été privé dans mon besoin que ça a presque été instinctif. Je suis allée cherché une promesse de tendresse dans les bras d'un autre. Je suis allée goûter au rêve amer d'un bonheur à deux, panser d'un baume la plaie que tu avais créée à long terme. J'ai réalisé à ce moment, que si j'étais restée avec toi, c'était tout simplement parce que je savais à quoi m'attendre, la nouveauté n'était plus un mot usuel de notre vocabulaire. Routine, Routine et routine.

Quand j'y repense, c'est soit que tu m'as jamais laissé ma chance, ou bien on vivait des vies complètement à l'opposé, qu'on avait des mentalités totalement à l'opposé. Ou les deux, j'pense honnêtement que c'est plutôt un mélange des deux… T'as tellement toujours pris la fuite, trois ans c'est gros comme première relation et en trois ans, j'ai rencontré deux de tes amis… une fois. Tu t'insérais dans mon monde, mais jamais n'ai-je été réellement incluse dans le tien. Je t'ai demandé pourquoi la seule réponse a été : tu appartiens pas au même monde qu'eux, tu vaux tellement plus. T'avais honte de tes amis, t'avais en partie honte de qui t'étais?  Je me demande avec toute humilité, étais-tu en amour avec un idéal? Au lieu de tout donner, j'ai l'impression que tu t'es soumis toi même à une vie consumé par le  »je ne serais jamais capable » et ça, ça ne me colle tellement pas à la peau.

T'as commencé à réellement prendre soin de moi, il était trop tard. Le mal avait déjà été fait… Le pire dans tout cela, c'est que j'aurais aimé y croire. C'était doux c'était beau ce que tu m'offrais. Depuis si longtemps je le demandais, et c'est une fois que j'ai commencé à tourner la page que tu me l'as offert. C'est quand j'ai baissé les bras que tu t'es montré tendre et surtout présent. J'ai pleuré, j'ai pleuré parce que je n'y croyais pas comme je le souhaitais. J'ai pleuré de perdre un amour, d'avoir soufflé la dernière chandelle d'espoir, d'avoir piétiné et rejeté après tout le désespoir accumulé une histoire qui aurait pu être belle finalement.

C'est à ce moment-là que je me suis dite, si seulement j'avais su. Mais le plus beau, c'est que je ne regrette rien là-dedans, je ne regrette pas les déceptions des promesses que tu n'as pas tenu, je ne regrette pas d'avoir lâché le morceau et d'avoir pansé mes blessures auprès d'un autre; j'dis pas pour autant que je répèterais le tout… seulement si ça avait à se passer, il y avait une raison à ça…

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