Un défi.

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- Et, si je disais : Union Européenne et Europe de l’Ouest ? Si je disais, frites et moules ? Bières et chocolats ? Le petit bonhomme qui fait pipi ?

- La Belgique Monsieur ?

- Exactement.

- Mais, pourquoi vous nous parlez de ça monsieur ? On s’en fou. On y est et on en a marre. On y est monsieur et jamais rien ne se passe, sauf quelques manifestations et quelques grèves de trains un peu chaque jour. Un autre pays monsieur, s’il vous plait !

- C’est donc ainsi que tu te vois ? Si pauvre  ? Si petit au point de ne plus te voir toi-même ? C’est donc ainsi que tu oses parler de ce pays qui t’abrite ?

- Oui monsieur, j'ose. J’en ai marre, marre de tout. Marre de ces partis politiques qui ne font que se disputer, de ces hommes qui ne savent pas dialoguer et d’un gouvernement complètement à poil !

-  « Complètement à poil » dis-tu ? Penses-tu que si tout l’monde pensait comme toi, ce gouvernement finirait par porter un manteau de grande qualité ? Penses-tu que tu es en droit de te plaindre ? Arrête voyons.

- Mais monsieur, on en a juste marre vous savez ! J’ose parler, j’ose vous parler en mon nom et aux noms de tous mes camarades ici présent !

- Tu m’as parlé de politique… Combien de partis existent en Belgique ? Donne-moi quelques noms par exemple, toi qui semble être si doué ?

- Heu… C'est-à-dire que… Et bien : Le PS, le MR, le CDH, Ecole, Open Vld, Groen, … Et les autres ! Il y en a tellement monsieur. Un si petit pays avec trop d’hommes au pouvoir et trop d’idées qui divergents… A quoi bon ?

-  Manges-tu ? Bois-tu ? Dors-tu ?

- Bien sur, quelles genre de questions me posez vous là ?

- As-tu des vacances ? Des cadeaux le jour de ton anniversaire par exemple ?

- Mais oui ! Qui n’en a pas !

- Vois-tu ?

- Oui et pour preuve je sais que vous êtes devant moi monsieur.

-  Non.

-  Pardon ?

-  Tu ne vois pas. Tu ne vois rien. Tu es le genre de malade qui ne veut rien accepter. Tu ne vois rien, même pas le monde qui t’entoure. Tu n’entends pas non plus les appels de tes frères partout ailleurs. Tu réponds avec certitudes, avec force comme si toutes ces questions étaient sans intérêt. Tu es aveugle et sourd, tu es nu !

- Qu’est-ce qui vous prends ? Pourquoi me parlez-vous ainsi ? J’ose m’exprimer, j’ose partager mes pensées et me voilà remercier comme… comme…

- Arrête ! Combien sommes-nous sur terre ? Combien mange, bois et dorme ? Combien ont des vacances et des cadeaux exactement ?

- On s’en fou des autres monsieur, je vous parle de moi. J’ose me plaindre.

- te plaindre de quoi ? D’actes d’autrui ? D’actes où de ton côté rien ne bouge ? D’actes de ceux qui essayent sans y parvenir ? tu ne fais que te plaindre sur ta misérable vie cher enfant, et c’est bien le cas de le dire. tu es  pauvre et misérable.

- Nous n’avons rien… C’est toujours la même chose.

- Viens et prends cette carte dans tes mains. Que vois-tu ?

- Des pays, des océans et des continents monsieur.

-  C’est tout ce que tu vois ? Rien que ça ?

-  Mais oui monsieur, quoi d’autres ?

-  Ta chance

-  Pardon ?

-   Vois ta chance, ouvre les yeux et écoute les appels de tes frères un peu partout. Ouvre les yeux, écoute la famine, le désastre, la nature qui se fâche chaque jour ailleurs. Ils n’en ont pas marre tu crois ? Les entends-tu crier ? Non.

-  Ils sont loin et je ne peux rien faire !

-  C’est ce que tu crois…

-  Ah bon ? Dites moi ce que je dois faire et j’essayerai de le faire monsieur

- Soigner tes yeux et tes oreilles.

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