Un dimanche parfait.

giby

J'ai envi aujourd'hui de parler de belles choses, de bonheur et de joie. Non j'déconne. Vous savez bien que ce n'est pas mon genre. En fait ... J'y ai souvent réfléchi. Pourquoi ne pas écrire un texte sur quelque chose de beau et de positif ? Mais on écrit sur son vécu, son chemin, son passé et son histoire personnelle en général. Alors je vais faire dans l'innovation, je vais être heureuse et amoureuse. Je vais imaginer ce que j'aimerai.

Je me réveil ce matin au côté de mon petit ami, il fait beau, l'air est chaud, mais pas trop. Une bonne journée s'annonce. Je traine encore un peu dans le lit pendant qu'il se lève et disparait dans les rayons de soleil qui transpercent la fenêtre du couloir. Un morceau d'Otis Redding résonne dans la maison, il sait que j'adore cette musique ... "Sitting on the dock of the bay". Ne trouvez-vous pas qu'elle a un côté ensoleillé et sucré ? Moi non pour tout dire. Elle est triste et mélancolique mais je l'aime bien. Une odeur se fait sentir ... Qu'est-ce que ça pourrait être en ce Dimanche réjouissant ? Je décide de me lever. J'enfile un vieux pull et rejoint mon cher et tendre. Servi sur un beau plateau, des toasts bien dorés et beurrés, un bol de café sucré, une serviette à carreaux bien pliée et un mot tendre de mon amoureux disant tout simplement qu'il m'aime. Je souris bêtement. Aujourd'hui même, cela fait maintenant cinq années que nous nous aimons. Il me dit que la journée ne fait que commencer. Je m'interroge sur cette remarque. Qu'a-t-il prévu ? La sonnette retenti dans la maison, quelqu'un attend sur le palier. Je vois qu'il ne réagit pas alors je me lève, en petite tenue, ouvre la porte et de là surgit un énorme bouquet de lys, ma fleur préférée. Ravie et comblée, je saute dans ses bras et l'embrasse fougueusement. Le petit déjeuné terminé, je débarrasse la table et ne résiste pas à l'envi de faire l'amour là, dans la cuisine, de suite sous un air de Champion nommé "Keep on". 

Après ce partage intense qui s'est terminé dans la chambre, on se regarde, s'embrasse tendrement et nous écoutons à présent une musique reposante nommée "For what it's worth" de Buffalo Springfield, une clope au bec, juste un drap sur nous et une douce brise matinale pénétrant la pièce. Une petite douche à deux et la journée démarre. 

Un Dimanche splendide. Je n'ai jamais vu une journée aussi belle. J'enfile mes dessous, une petite robe, des talons. Il enfile son caleçon, son jean et sa chemise. Nous voilà parti parcourir le parc du quartier. Les enfants courent dans tous les sens, les parents se reposent sur la couverture du pique-nique, le chien vagabonde et le bruit de l'eau en fond est reposant ainsi que les oiseaux qui gazouillent en choeur. Pourtant, je ne peux pas me dire que je me sente toujours aussi bien. Tout est ... si calme ! On décide de s'enfuir de cette torture bourgeoise et snobe, bien trop silencieuse et coincée. On s'évade sur le boulevard principale de la ville afin de marcher et profiter du beau temps. L'heure de l'apéro approche. On entre dans un bar et enquillions quelques boissons joyeuses. Venu l'heure du repas. C'est les yeux bandés qu'il me mène à l'entrée d'un restaurant. Le bandeau levé, notre restaurant. Le notre ! Celui dans lequel nous avons prit la décision de faire notre vie commune, d'habiter ensemble. Un repas fabuleux se déroule. On joue presque le jeu de deux inconnus qui se rencontrent et se cherchent. On rigole, on souris, on s'envi, on se désire, on s'aime. Le repas terminé, nous rentrons chez nous mais faisons quelques détour pour balader un peu main dans la main comme un couple normal qui ne nous ressemblerait pas mais à qui on a envi parfois de ressembler en une si belle journée. C'est la fin de l'après-midi lorsqu'on arrive sur le palier de la maison. Nous voila dans une configuration qu'on affectionne les jours pluvieux. Mon vieux pull et mon petit short en coton, son vieux t-shirt et son jogging en coton. On regarde notre film préféré "Eternal sunshine of the spotless mind". Arrive la fin du film. Viens le repas ... Il m'a préparé un repas exquis. Bougies et chanson d'ambiance. "This love" de Craig Armstrong. Je verse une larme d'émotion. Le repas se déroule à merveille puis je me lève et lui demande de rester là, sur sa chaise. Une musique retentit ... "Glory Box" de Portishead. Sensualité voir sexualité sont de rigueur. Je danse pour lui. Je veux qu'il me désire, je veux qu'il m'aime encore plus. Quand je m'approche de lui, je sens son coeur battre plus fort, son souffle accélérer et son corps trembler. Je le sens faible et puissant à la fois. Il me porte jusqu'à la chambre, ferme la porte et ... Une clope au bec, on s'aime. C'est la plus belle journée de ma vie. Il se lève, se dirige vers l'armoire et en sort une toute petite boite. Je me relève. Il se baisse, me regarde tendrement et presque timidement, il me dit qu'il m'aime et que je suis la femme de sa vie. Il ouvre la mystérieuse petite boite et prononce les mots fatidiques "Veux-tu m'épouser ?". Je reste choquée, sans voix, sans réaction. Je vois qu'il commence à douter, à rougir même. Mais c'est les larmes aux yeux que je saute dans ses bras et répond "Oui, je le veux !". 

La plus belle journée de ma vie. Le plus beau Dimanche de mon existence. Il est l'homme qui partagera ma vie à jamais (ou du moins je l'espère).

Je ne veux pas que la fin de l'histoire soit qu'il m'ait trompé pendant dix ans pendant que j'élevais seule nos deux enfants. Je ne veux pas non plus que l'histoire se termine sur un adieu déchirant, obligé de nous séparer par manque d'amour et de passion. Je ne veux pas non plus croire que cette folie cessera un jour. Non. Il est l'homme qu'il me faut, l'homme qui fera de ma vie un rêve éveillé. 

Le lendemain matin, je me réveil, seule. Un petit mot sur l'oreiller me dit qu'il est parti chercher les croissants. Toute contente, je me prélasse dans le lit en attendant son retour mais fini par me rendormir. Une heure s'est écoulée quand je me suis à nouveau réveillée mais il n'était toujours pas là. J'ai vu par la fenêtre que le temps était gris et pluvieux. Triste. Mais j'étais heureuse car j'étais la femme d'un homme parfait. Je descend les escaliers et entends du bruit dehors. Beaucoup de bruit. Une foule assourdissante se tient dans la rue. J'enfile une robe de chambre et sort avec mes pantoufles dans l'incompréhension totale. Les pompiers, les flics, une ambulance. Tellement de monde et pourquoi ? La voisine de droite vient me voir, effondrée. Je ne comprend pas ce qu'elle me dit, les sonneries des camions m'empêchent d'entendre ses mots et ses pleures encore plus. Je m'approche alors du brouhaha et les gens semblent avoir pitié de moi. Je m'affole et accélère le pas. Je pousse ce monde oppressant. Je tombe. Je crie. Je hurle. Je pleure. Je souffre. Il est là, sur le bitume noyé de pluie. Inerte. Sans vie. Vide. J'ai cru comprendre vaguement que la folie d'un homme échappé d'un asile était la cause de la perte de l'homme de ma vie. Nul doute, je ne pourrais jamais m'en remettre. Je ne pourrais jamais vivre avec cela. Je reste des heures sous la pluie qui tombent en trombe. J'aimerai qu'elle me noie. 

Des jours entiers ont passé, tous aussi longs et douloureux. L'enterrement fini, je rentre chez nous ... chez moi. Son odeur est partout. J'ai mal. J'écoute tristement I monster, "Heaven" ...

"Ce soir au journal de 20h sur france 2 une tragédie dans les alentours de Marseille. Suite à la mort d'un homme âgé de 27 ans, tué à l'arme blanche dans la rue à quelques pas de son domicile par un homme atteint de schizophrénie qui s'est échappé depuis déjà une semaine de l'asile de Marseille, la femme du défunt, âgée de 25 ans, a mit fin à ses jours hier soir et a été retrouvé ce matin dans son lit avec une forte dose d'alcool et une prise conséquente de médicaments très puissants. L'homme malade court toujours et est recherché par les forces de l'ordre. [...]"

J'ai menti ... C'est vrai, je n'aime pas les histoires qui finissent bien.

Le bonheur me fait vomir.

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