Un doux ballet

justine_diot

Une douce musique s'est levée. Je fermais les yeux. Les accords n'appartenaient à personne. Ils vivaient par l'instrument. Ils n'avaient pas de visage. C'était mieux ainsi.La musique parlait une langue étrangère et familière à la fois... étrangère par sa délicatesse, sa portée, son intensité... familière pour mon corps qui lui répondait.
Je chantonnais.
Je n'avais jamais entendu de son si profond, si intense mêlé de notes basses et légères comme la brise d'un matin d'été... de notes fortes et tendues comme l'éclat d'un orage la nuit tombée...
Un grondement venu des fonds de la terre s'élevant dans les airs entre deux accords doux et chaud d'une bouche plaquée sur une autre...
Le souffle court, mon cœur battait à vide. Mes yeux ne quittaient pas les siens. Les sons doux et violents montaient, haletaient tour à tour... doux et violent... léger et fort... laissant présager dès la mesure suivante un merveilleux ballet...
Tels des cuivres et des cordes entamant un long dialogue dans un requiem final, nos langues se fondaient, se disputaient l'espace entre nos bouches.
Je l'invitais à continuer. Nos cœurs chantaient. Nos langues dansaient.
Et, c'est les yeux fermaient, suspendue à ses lèvres que je découvris que je l'aimais.
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