Un goût de noisette.

Christophe Hulé

Au Moyen-Age, on mettait plein d'épices, pour faire passer le goût des viandes avariées.

Aujourd'hui les amerloques mettent de la cannelle ou du Ket Chup partout, pour à peu près les mêmes raisons.

Les sommeliers et les maîtres de bouche nous ramènent à chaque fois ce « petit goût de noisette ».

Eh bien mettons de la noisette partout pour plaire au plus grand nombre.

José, hélas, n'est plus là pour les contredire, parce qu'il a pris sa retraite, la règle veut qu'on attende que les « meilleurs d'entre nous » (ce que Jacquot disait d'Alain quand il a dû s'exiler au Canada pour le sacrifice), soient morts pour reconnaître enfin combien ils ont comptés, tout ça pour dire que notre Astérix bien aimé résiste encore.

Les « goûts et les couleurs » ne doivent pas faire débat dit-on, mais on susurre ici et là qu'on voudrait nous les imposer.

Tout est bon, n'est-ce pas, pour tenir le peuple en laisse, jouer sur les peurs ne suffit plus, il convient de rappeler à ces écervelés ce qu'il est bon de manger.

Après le merde in China, voici le merde in France (Dutronc).

Quand l'inflation ressemble aux marées du Mont Saint Michel, on est prêt à avaler n'importe quoi, et je ne parle pas ici des couleuvres.

A quand les œufs carrés et les poissons en rectangles, ou la gastronomie moléculaire ?

On nous sert des chefs-d'œuvre dans des terrines qui semblent dés à coudre.

On attend en vain le vrai plat de résistance, mes les serveurs cachent à peine leur mépris.

« On vous l'a déjà servi, mon bon Monsieur, ma bonne Dame ».

Se sentant un peu plouc, on paie l'addition délirante en récitant La Fontaine : « Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendra plus ».

Car il faut bien avouer que tout ce cirque ne vaut pas un bon fromage !

Voilà qui redonne tout son sens au concept de « bobos ».

S'offrir un camping car, au prix d'un quart d'un appart, ou peut-être moins, soyons justes, d'une maison.

S'offrir les spécialités locales, et pas seulement en France, à peu de frais.

Moi je n'ai rien contre, et je trouve l'idée géniale.

Je ne suis pas toujours adepte de coutumes ou traditions, pour des raisons que je suis prêt à expliquer plus tard.

Mais allez savourer des repas Gascons, et peu chers de surcroît, pour ne citer qu'un exemple, car à chaque région sa pépite culinaire.

Tout a un prix dit-on, alors qui sont ces pseudo-déités qui prétendent le fixer ?

Allez goûter le confit d'oie ou de canard dans le Sud-Ouest.

La poule au pot ou la vraie choucroute.

Et je laisse au lecteur le soin de continuer la liste.

Le vrai couscous et la vrai paella, dans un « woke », enfin le vrai, celui qui nous réjouit, et merde au « wokisme », on devrait leur faire procès pour récupération d'un domaine, autrement plus utile et prestigieux.

Parlons de bouche, de nez, ou autres sens, qui ne sont que cinq, et qui concentrent ce que nous sommes.


Bien sûr qu'il doit y avoir autre chose, on attend d'être instruit.


A part les sensations immédiates, et les souvenirs qu'on en garde, plus ou moins déformés, selon le compte financier à un instant T.


Dieu, paraît-il, a succombé au relativisme, tout n'est pas égal à toutes les époques.

N'en déplaise aux marchands d'apocalypse, et surtout à leurs Grands Patrons, Dieu reste le maître du calendrier.

Signaler ce texte