Un homme -30-

aile68

Quentin revoit sa mère une heure après l'école, à chaque fois il veut rester dormir mais sa mère ne cède pas, elle ne veut pas contaminer son fils. Alors il pleure un peu, joue un peu la comédie, il veut emporter la moitié de sa chambre chez sa grand-mère qui le garde depuis trois jours. Arrivé là-bas le temps passe très vite, devoirs, douche, chantage pour un oui ou pour un non, l'enfant est pénible, vivement que Marie-Claude guérisse. Encore trois jours et ça ira mieux lui dit-elle mais ça ne console pas le petit. Alors il réclame son père, veut aller là-bas, la vie est vraiment dure pour ce pauvre enfant de huit ans. Ses grands-parents sont vexés car il n'est pas bien chez eux, plus ils veulent lui faire plaisir, plus il les envoie dans les roses, ce n'est vraiment pas gentil alors ils sont peinés. Ce n'est qu'un enfant dirait Gérard mais il est dur. Justement Gérard lui aussi est peiné de ne pas voir son aimée davantage, il ne l'a pas vue depuis la dernière fois où il s'est retrouvé dans le balcon. La suite de la soirée a été agréable pourtant bien que courte car Marie-Claude était fatiguée. Il est peiné et un peu agacé pour tout dire mais comme c'est un adulte il se contrôle. Il n'a pas le droit de lui en vouloir. Au bureau il est de mauvaise humeur, Billard le lui a discrètement fait remarquer, Gérard s'est platement excusé et n'a rien dit d'autre. Ce n'est qu'au bout de cinq jours qu'il est allé voir son amie, en la retrouvant sur le palier de la porte il l'a prise dans ses bras en un élan amoureux, la jolie femme n'a pas cherché à se dégager à cause de son angine, elle allait mieux, et quand bien même! Gérard lui avait manqué. Elle avait pensé à lui, à leur relation, elle ne sait pas pourquoi elle ne lui avait pas demandé de venir la voir, en fait si, elle savait, mais par pudeur elle n'avait osé le dire à son amant... Pendant toute sa présence chez elle, elle avait eu envie de se serrer dans ses bras, de se lover contre lui, et de s'endormir ainsi. La fièvre qu'elle a ressentie ce soir-là n'était pas due à son angine...

"Tu m'as tellement manqué! dit Gérard à Marie-Claude une fois dans le salon.

- Oui, excuse-moi, ça fait quelques jours qu'on ne se voit pas confesse la jolie femme repentante.

ça n'a pas été facile ces derniers jours. J'ai beaucoup réfléchi à nous deux.

- Et? demande Gérard à la fois intrigué et anxieux.

- Je ne sais pas, c'est comme si, comment dire, je m'étais rapprochée de toi pendant ce temps où j'ai été malade explique la femme avec un peu de mal. Elle ne veut pas dire des choses qu'elle regretterait ensuite.

- Oui, c'est pareil pour moi réplique son ami qui attend la suite.

- Mais je ne veux pas me laisser influencer par l'émotion du moment déclare Marie-Claude. Il y a mon fils entre nous, en fait. Je ne devrais pas parler comme ça, je suis sa mère et je veux le protéger.

- Dis-moi Marie-Claude, j'aimerais te poser une question personnelle. Tu as eu d'autres hommes depuis que tu as divorcé? demande Gérard sans beaucoup de tact.

- Non, tu es le premier déclare-t-elle, et heureusement d'ailleurs.

- Oui comme tu dis. Il me semble que tu en fais beaucoup pour Quentin pour ne pas le traumatiser.

- Oh tu parles! Je me demande si j'ai bien fait de le laisser à mes parents pendant toute cette semaine.

- Tu l'as fait dans une bonne intention et puis ce n'est pas comme s'il ne t'avait pas vue pendant ce temps. Il ne faut pas non plus le couver comme une mère poule. Tu en faire une chochotte.

- Oui, tu as raison, j'en fais trop pour lui. Je veux absolument tout contrôler, je ne veux commettre aucune erreur.

- C'est tout à ton honneur ma chérie. Et pour nous deux je vais te laisser faire les choses à ton rythme mais n'oublie pas que je suis fait de chair et d'os.

- Oui, je le sais bien, excuse-moi. Mais comme on dit les femmes et les enfants d'abord.

- Comme tu dis. Mais tous les hommes ne pas si solides que ça...

- Que veux-tu dire? s'inquiète la femme.

- Non, rien je me comprends.

- Si, c'est important dis-moi!

- Non, je suis heureux de t'avoir à mes côtés. Je suis bien mieux dans ma peau depuis que je te fréquente. Je ne voudrais pas...

- Non, ne t'inquiète pas. Ecoute, je vais laisser passer l'été...

- Tais-toi je ne veux pas t'entendre. Fais comme bon te semble se résigne Gérard. Il a envie de se lever et de partir, il se lève et va à la fenêtre fumer une cigarette. Il est nerveux, la cigarette le calme rien qu'un peu. De son côté Marie-Claude s'en veut, ne sait quoi faire, quoi dire. Elle est partagée entre le bien-être de son fils et l'amour qu'elle porte à Gérard.

(à suivre)




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