Un homme -31-

Rien n'est plus pareil entre Gérard et Marie-Claude. Tous deux se regardent par en-dessous, se parlent le moins possible, ils ont cessé de se voir en privé. Cela dit ils n'ont pas rompu, Marie-Claude réfléchit à une solution mais Gérard ne le sait pas. Il croit que c'est fini ce qui le rend extrêmement mal à l'aise, de nouveau mal dans sa peau. Le pire c'est qu'il ne demande aucune explication. La pauvre femme souffre pour lui, elle voudrait lui parler, le rassurer, pour lui dire quoi à la fin? Au bout de trois semaines (le premier long week-end de mai était passé sans que ni l'un ni l'autre se manifestent), elle se décide à l'appeler. 

"Gérard? Bonjour c'est Marie-Claude. Je voulais te parler.

- Je t'écoute dit notre homme d'un ton neutre.

- Je voulais m'excuser pour ce long silence. C'était pas commode.

- ça ne l'a été pour personne dit-il sur le ton du reproche.

- Je m'en doute, excuse-moi.

- Tu ne pas passer ton temps à t'excuser. Que veux-tu me dire? réplique Gérard un peu agacé (mais il s'en veut).

- J'ai pris une grande résolution mais j'aimerais avoir ton avis...

- Que veux-tu m'annoncer? Je ne sais pas si je pourrais t'aider répond-t-il impatient.

- Voilà, je voudrais profiter du week-end de l'ascension pour organiser une rencontre entre Quentin et toi. Le samedi, précisément. Qu'en penses-tu?

- Je ne sais pas tu me prends au dépourvu. Sur quels critères as-tu décidé ça?

- Eh bien... C'est idiot de ne plus se voir.

- Si c'est pour se revoir, ce n'est pas une bonne raison.

- Oh Gérard, fais un effort implore Marie-Claude.

- Tu voulais mon avis, je te l'ai donné. (Il est dur et il le sait).

- Il faut avancer, tu me manques trop! déclare la femme, agitée. Elle a surtout peur de perdre son amant, mais l'est-il encore?

- Alors si je te comprends bien, tu organises cette rencontre pour toi? Et tous tes principes sur le bien-être de ton enfant?

- Je sais, ma proposition est minable. Je n'aurais pas dû te téléphoner se repend Marie-Claude.

- Ecoute, nous sommes des adultes. Quentin est un enfant, que tu me le présentes maintenant ou à la saint Glinglin, ça ne fera pas de différences pour lui, mais pour nous oui parce que nous allons nous faire du mal, et c'est déjà commencé d'ailleurs.

- Tu as raison. Je n'avais pas pensé à ça.

- A la bonne heure! Alors je propose que nous nous voyions nous dans un premier temps. On a du temps à rattraper tu trouves pas? dit Gérard plus conciliant.

- Oui, on va se revoir et je maintiens la rencontre du samedi de l'ascension.

- Ecoute, je me mets à réfléchir comme toi, maintenant... C'est mieux que nous attendions les vacances d'été pour ne pas trop le perturber. La deuxième semaine s'il est là.

- Oui, il sera là. Son père l'aura en août.

- Très bien! Marché conclu alors.

- Et nous on se voit quand? demande la femme un peu inquiète.

- Tu es libre ce soir?

- Oui. Quelle heure?

- A moins qu'on se voit pour le thé et qu'on poursuive si affinités plaisante Gérard.

- Entendu! Pour le thé, ça nous rappellera ce salon de thé à la mer.

- Tout à fait! On avait dit qu'on y retournerait.

- Oui, c'est maintenu.

- Formidable!

(à suivre)

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