Un homme -38-

aile68

La ville étouffe sous le soleil du mois d'août, les gens s'éclaboussent aux fontaines, la queue est longue aux piscines municipales, les arbres ont soif, dans les nouveaux bureaux heureusement il y a la clim. Gérard, Marie-Claude, Billard et Mélusine forment une équipe de choc. C'est le moment d'étudier le nouveau chantier, celui des immeubles aux jardins suspendus et des jardins  rideaux, ceux qui se développent le long des façades avec des plantes spéciales. Il y en aura trois en tout, à la périphérie de la ville. Les architectes ont prévu des niches ouvertes dans les murs et un toit assez costaud qui accueillera des plantes, il faudra donc éviter toute infiltration de l'eau, la végétation importante aidera à lutter contre la pollution et la canicule car il faut savoir que les plantes libèrent de l'oxygène qui permet de respirer. Gérard est emballé par ce projet, il a hâte de voir les bâtiments terminés avec les plantes grimpantes et celles qui retomberont comme des guirlandes vertes. Grâce à ce projet il se sent utile à la société, le projet du centre commercial avec la structure en bois lui plaisait déjà bien, avec celui-ci le plaisir est bien plus grand. Billard apprécie le défi technique qu'un tel travail représente et savoure d'avance sa collaboration avec le chef de chantier. Il est déjà à évaluer la solidité du toit et des murs porteurs. Marie-Claude et Mélusine se sont  attelées à leur  poste et rédigent  des courriers, répondent au téléphone, font des photocopies. Pour un mois d'août le rythme est plutôt intense. Gérard se demande s'il ne va pas faire partie de l'équipe de maçons, il voudrait en parler à son père d'abord. Il se sent proche de ces gens qui construisent leur vie de leurs mains, qui sentent le poids du travail sur leur dos à la fin de la journée. Son grand-père était maçon et a construit la maison de Bretagne avec des pierres taillées dans la roche granitique. Son père a débuté comme maçon pour devenir ensuite chef de chantier. Gérard ne se sent pas l'âme d'un chef, il se sent polyvalent, il est prêt à négocier un virage à 90 degrés. Il ne verra plus Marie-Claude assez souvent mais il se sentira un homme, un vrai. 

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