Un homme -39-

aile68

Gérard se retrouve sur le chantier comme par magie. Il a discuté avec son père puis avec son patron, tous deux étaient d'accord pour qu'il travaille avec les maçons. Dehors au grand air, il se sent fort, il se sent bien, il a vraiment l'impression d'être à sa place. Encore quelque chose qu'il va apprendre sur le tas, casquette vissée sur la tête comme un cycliste. Les fondations ont déjà été faites et la dalle a été coulée quand il est arrivé sur le chantier. On lui apprend à faire le ciment, monter un mur porteur, en gros  faire le gros oeuvre, il enregistre bien les consignes, le projet des jardins qui vont pousser le long des palissades le motive. Il aura des choses à raconter à Marie-Claude, le week-end quand ils se verront. La jeune femme a un peu essayé de dissuader Gérard de se lancer dans ce métier prétextant que c'était difficile physiquement mais notre homme n'a pas cédé. Il voudrait apprendre vite et bien, il en a assez d'être l'éternel apprenti de service. Encore une fois c'est un pistonné, mais les autres ne le savent pas. Il veut faire ses preuves, un point c'est tout. Il aime étaler le ciment sur sa truelle puis le répandre sur les moellons comme du beurre, au début il en met trop mais il prend vite le coup de main. A la fin de la première journée, il est fourbu, il est content de rentrer dans sa voiture et de conduire jusque chez lui. Une douche chaude lui fait énormément de bien de même que la pommade qu'il met à titre préventif au bas du dos. Il se bichonne, il se chouchoute puis appelle Marie-Claude:

- Bonsoir ma puce! Première journée de travail dans la maçonnerie! C'est harassant mais j'aime beaucoup ce que je fais. J'ai aidé à faire du ciment et j'ai monté des moellons toute la journée. C'est si agréable de se sentir utile! Tu te rends compte? Je participe à la construction d'un immeuble, des gens vont y habiter, y vivre.

- Je suis bien contente pour toi, mon grand bâtisseur se moque gentiment son amie. Tu nous as manqué au bureau.

- J'ai été remplacé?

- Non, pas encore. Tu rendais bien service tu sais?

- Mais c'est justement ce qui n'allait pas! Je ne veux pas rendre service, je veux exercer un métier, un savoir-faire tu comprends?

- Oui, je comprends. Tant mieux si tu t'épanouis, alors lui dit Marie-Claude avec un petit ton de reproche qu'elle n'arrive pas à dissimuler. Elle craint surtout que Gérard ait de gros problèmes de dos avec son nouveau métier.

- Oui, c'est le mot, je m'épanouis s'exclame notre homme.

- On se voit samedi alors?

- Oui, tout à fait! J'aurai mille choses à te raconter.

- Faudra venir nous voir un de ces moments espère Marie-Claude.

- Oui, promis! Surtout que je n'ai pas fait de pot de départ. Faudra organiser ça très vite. Dimanche prochain par exemple.

- Oui ce serait sympa répond son amie en souriant comme s'il était à ses côtés.

- Et Quentin, ça va?

- ça va, je te remercie. Il est dans sa chambre en ce moment. Il joue.

La conversation se poursuit encore un peu, puis les amants se disent au revoir à regret. Ils s'aiment et veulent officialiser leur relation mais ça ils n'en ont pas parlé cette fois-ci. 

(à suivre)

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