Un homme -47-

C'est une triste journée aujourd'hui pour Marie-Claude et ses collègues. René, le patron qui s'était rapproché de ses employés a rendu l'âme. Gérard ne sait rien encore. Marie-Claude le mettra au courant ce soir après le travail. Billard se conduit déjà en patron bienveillant, il a organisé une collecte pour faire une composition florale, pour le cimetière, pas de couronne, non, une composition, c'est plus, comment dire, moins sinistre. Ils iront aux funérailles, Gérard viendra--t-il? Après tout lui et les maçons font partie de la même société. C'est ce qui fait son originalité, côté bureau et côté extérieur, pratique. Mélusine, la plus jeune des employée, est toute retournée, elle n'est jamais allée à un enterrement dit-elle. Ira-t-elle à celui du patron? Elle ne pas encore. Elle songe à faire une belle carte à la famille du défunt, comme elle sait faire, elle, avec inventivité et créativité, et la faire signer par tous ses collègues. Mais rien n'est fait encore, ils sont tous abasourdis. Il est du devoir de Billard de remonter le moral de l'équipe alors il prend la parole:

"Allons! Ne nous laissons pas abattre et mettons-nous au travail au nom de la société de feu notre patron. C'est ce qu'il aurait aimé, faire prospérer la société. Ce qui veulent iront à l'enterrement, ce jour-là sera compté comme une journée de travail. Je dois vous avouer que le patron et moi avons eu une discussion au sujet de la continuation de la société. Il m'a fait l'honneur d'en devenir le directeur, je dirigerai le bureau et l'équipe des maçons. Je tâcherai d'être à la hauteur de mon nouveau travail. Il a été pour moi un patron et un collègue avisé et à l'écoute, soucieux des nouvelles techniques de construction, le respect de l'environnement était devenu son credo, c'est ainsi qu'est naît le centre commercial dont la structure en bois m'a rappelé ces grands navires d'autrefois. Grâce à notre patron j'ai pu mêler rêve et réalité et je lui en sais gré.

Personne ne dit mot à la suite de cette déclaration. Tout le monde reste cloué sur place, un silence lourd s'abat sur l'équipe comme si l'esprit de feu René planait dans la pièce.

- Félicitations dit Marie-Claude.

Ce seul mot ses collègues de la torpeur qui les avait saisis tous.

- Oui, tu le mérites amplement dit Mélusine.

Les autres sont d'accord avec elle, Billard est apprécié de tous en tant qu'homme et collègue.

- Allez! A la tâche mes bons amis."

Il fera un bon patron. Ses paroles et sa voix chaleureuse  ont su réconforter ses employés. Marie-Claude rapportera à Gérard chacun des mots du bon Billard que son ami apprécie tant. Peut-être que ça le fera revenir au bureau espère-t-elle...

(à suivre)