Un inventaire : le dernier soir d'une année
Pierre Magne Comandu
La vibration d'un iPhone, deux amis prêts à partir en voiture à la nuit tombée.
Descendre l'ordinateur et le livre, nettoyer la table du salon, enlever la nappe grise de velours.
Effacer les dessins et les petits mots, écrits au feutre sur le miroir.
Photographier le miroir, les écritures se fondent dans le reflet du mur blanc et de la porte beige.
" Good night !
Sweet dreams !
Wstawac ! "
Passer une lingette puis une serviette, pour que tout soit propre.
Un peigne fin, des cheveux longs lissés, les reflets de la lumière blanche.
Un pschitt de parfum, L'Homme d'Yves Saint Laurent.
L'Homme posé dans le coffret noir et argenté, sur une table noire en fer.
Un Google Doc qui propose des activités et des plats à partager avec tous les invités.
Les ongles vernis d'un homo et ses cheveux courts.
Les rondeurs callipyges d'une fille toulousaine et sa voix chaude.
Le tee-shirt violet " geek. " d'un étudiant en marketing international et son sourire grand ouvert.
La barbe d'un futur ingénieur et son tube de gel sur les cheveux noirs.
Et puis le littéraire.
L'odeur du parfum de L'Homme quand elle se répand.
Commencer avec la musique des cordes des tavernes irlandaises.
Des premières gorgées de 1664.
Du punch maison.
De la vodka Poliakov.
Du rhum de Martinique.
Des pizzas Fraîch'Up.
Des toasts ronds, saumon fumé - beurre.
Des mousses au chocolat dans des verrines.
Une balance.
Trinquer à minuit devant des vidéos sur l'immensité infinie des étoiles.
Deux matelas deux places au rez-de-chaussée.
Un matelas une place à l'étage.
Se glisser dans une couette rembourrée, après la douche.
Les premières caresses sous une couette d'une nouvelle année.
Les premiers rayons de soleil d'une nouvelle année.
Les premiers sons de voiture dans la rue d'une nouvelle année.
Finir avec la musique des du piano de Ludovico Einaudi.
Et puis la solitude quand le monde est reparti.
L'aurore et la nuit.