Un jour commun ( autre )

mr-scarecrow

L'aube me vit naître à l'une de ses extrémité. J'arrivais de partout et de nulle part, du centre de l'univers, des méandres de la Terre et dès lors n'avait de cesse de porter mon regard au plus loin qu'il m'était donné de voir. Mes pas furent d'abord hésitants, empruntant cette route inconnue que nous prenons tous un jour, ne sachant pas encore que malgré la multitude des voix et chemins, c'était cette route que tous nous avons parcouru et sur laquelle nous marchons, jusqu'à la fin. Le soleil ayant atteint la moitié de sa course céleste illumina la terre d'une lumière révélatrice, je tentais de distinguer ce qui était alors éclairés de ce qui était caché dans l'ombre et y gagnais la vertu qui fit de moi un homme de bien. Comprenant que rien n'était dissociable au sein de mon propre être, de ma part d'ombre et de lumière. Il m'apparut que je devais être un tout, conscient de chaque chose. J'y perdais mon innocence et commencait à penser alors à ma condition, à celle de tous tandis que mes pas m'amenèrent à un champ que la route traversait. Devant moi, (un innombrable flot de fleurs inconnues). Toutes semblables et pourtant toutes différentes ; c'était dans la lumière qui les baignait, dans les ombres qui s'en détachaient, dans la façon dont le vent les faisaient se ployer, dans les positions qu'elle prenaient. Tantôt torturées ; tantôt dansante, tours à tours. Je restais à contempler le champ, le soleil redescendant vers la Terre, allongeant les ombres. Faisant s'y fondre la lumière. Le champ devint mer et j'en traversais les flots. J’atteins un rivage de pierre ; l'astre rayonnant touchait presque la cime des arbres. La lassitude prenait mes membres d'assaut. Mon esprit vagabondait toujours, allant plus vite que mon corps. Je tentais de le suivre, de le retenir. Mes pas sur la roche me faisait mal car j'étais pieds nus. Je tombais ; à genoux je me vis plus près de la Terre, plus loin du ciel et cela me fit sourire. Je rampais, toujours vers cet horizon. Mon esprit déjà loin, je ne me sentais ni perdu, ni abandonné. Voyant le soleil disparaître derrière cet autre ailleurs, celui que je n'atteindrais jamais ; je me redressais de tout mon être pour aspirer l'air, qui gonflait du cœur des Hommes jusqu'au voiles des navires. Je laissais alors tout ce dont j'étais fait, partir avec le vent ; et alors que je fermais les yeux, suivant le déclin des lumières de ce jour. Je sentis mon esprit revenir, ayant parcouru la Terre jusqu'à cette autre ligne imaginaire que beaucoup poursuivent. Il avait parcouru, vu, rencontré, chanté et dansé partout ou mon corps ne l'avait pu. Et c'est ensemble qu'a la fin du jour, accompagnant le soleil dans sa chute, nous disparûmes.

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