Un matin presque comme les autres
Paul Robert De La Fauvellerie
Léa est partie un matin, et n'est pas revenue... Elle avait beau m'avoir prévenu, je n'y croyais guère à vrai dire. "Ça lui passera" que je me disais, et le temps a fini par passer... Sans elle...
Je me rappelle de ce matin d'automne où les feuilles mortes jonchaient le sol devant la résidence et l'embellissaient presque de leurs trop jolies couleurs... L'hiver approchait à grands pas, le ciel était gris. De gros nuages lourds se pointaient à l'horizon... Je n'en avais cure. Léa partie, je n'avais qu'une obsession : m'allumer une cigarette. Elle qui me reprochait de trop fumer, à raison sans doute, je lui répondais toujours que sans vice, il n'y a pas de vertu... Ou que j'avais les défauts de mes qualités et les qualités de mes défauts. Ce genre d'inepties...
Comme je la savourais cette clope !! Chaque bouffée de cette drogue pourtant légale me faisait m'envoler telles les volutes de fumée qui s'échappaient de ma fenêtre ouverte pour aller, qui sait, rejoindre les cumulus au loin.... J'écoutais "Lazy River" par Louis Armstrong. J'en profitais car la demoiselle n'aimait pas le Jazz. Elle avait ses goûts que je respectais, mais la réciproque n'était pas à l'ordre du jour.... En musique, j'était un "jeune vieux con" selon elle. Heureusement, nous avions quand même des sujets de concorde... Je buvais mon petit café, autre drogue légale, pour accompagner ce moment de quiétude que je pensais bien temporaire... La tempête Léa allait revenir forcément... Inéluctablement... Et notre petite danse amoureuse allait reprendre son cours...
Je l'avais rencontrée chez des amis communs... Elle était en couple à cette époque avec le beau David, un tordu notoire. Le genre, Mesdames, à vous déclarer sa flamme en lorgnant la petite culotte de la voisine... On peut dire que c'est une façon d'aimer... Pas la mienne en tout cas... N'étant pas bâti comme l'Apollon de service, j'ai d'abord fait rire Léa... De moi, de la vie, de l'absurde... J'ai cru ressentir que ça lui plaisait... Mais mon sens de l'humour, bizarrement, parlait nettement moins à son compagnon... Qui me colla une raclée mémorable lorsqu'il apprît que celle qu'il considérait comme sa créature le quittait. Il ne fût pas triste longtemps, Léa avait une soeur...
L'agitée Léa vînt me voir chez moi pour excuser David, et n'en était presque jamais repartie jusqu'à ce fameux matin... Trois années se sont écoulées entre les deux... Je lui écrivais des poèmes avant d'aller travailler, elle les trouvait sur la porte du frigo. Un nouveau chaque matin, sinon rien !! Elle ne travaillait pas, mais je ne le lui reprochais pas. Pour moi, elle exploitait son principal talent qui était d'être elle tout simplement... Elle lisait beaucoup, et écoutait des musiques qui me paraissaient bizarres par moments. Je n'aime pas le terme "exotique" mais je n'en trouve pas d'autre...
Je repensais à tout ça en regardant par la fenêtre. Depuis j'attends Léa...
Si elle est partie c'est pour plusieurs raisons ,toutes ces habitudes qui ne lui plaisaient plus, et les goûts différents ,au bout d'un temps d'acceptation ,ça a dû lasser...bon courage voyez plutôt la collègue ,,sourire...
· Il y a presque 3 ans ·ventvert
https://enseigner.tv5monde.com/fiches-pedagogiques-fle/jattends-mylene
· Il y a presque 3 ans ·Hervé Lénervé