Un monde qui disparait
Jean Marc Kerviche
Avons-nous atteint l'apogée de nos civilisations et sommes-nous face au déclin de la vie sur terre ? Cette terre qui nous a tout donné, qui nous a protégés, qui nous a nourris, qui nous a délivré le nécessaire et le superflu durant des millénaires.
Jusqu'ici les générations se sont succédées, le progrès en ligne de mire, si tant est que le progrès fut la principale préoccupation de nos ancêtres malgré les soubresauts et les conflits qui ont submergés les peuples au cours du temps, laissant cadavres et désolations, et nous nous sommes relevés pour construire à tout le moins à l'identique ou mieux encore. Nous avons lutté pour être meilleurs, avons échoué, souvent, et réussi, parfois en en payant le prix pour faire avancer les technologies, les prouesses médicales, les améliorations sociales. Nous avons espéré que tous les peuples bénéficient des avancées que nous avons réussi à obtenir afin que les luttes menées nos pères ne restent pas sans lendemains.
Or, tout nous a été confisqué, accaparé par une meute de loups et de prédateurs sans scrupules, par un commerce sans foi ni loi, des transactions interlopes, une loi de la jungle où le plus fort impose sa loi et domine le plus faible, détruisant pour son seul profit ce que possèdent autrui depuis des temps immémoriaux, rasant les forêts, éradiquant ceux qui vivent alentour, les peuples autochtones et les animaux, puisant dans les ressources naturelles sans vergogne et sans état d'âme, polluant l'air, la terre, les eaux et l'environnement avec comme seul objectif celui de faire encore de l'argent, toujours plus d'argent. Cet argent, qui nous oblige à vendre avant de créer, vendre avant d'acheter, vendre avant de récolter, cette obsession psychopathe que certains nomment Veau d'Or, raison insensée et addictive, comme une illusion qui nous aide à vivre ou à nous perdre.
L'individualisme a pris le pas sur la solidarité et la fraternité. Ces deux concepts ont-ils d'ailleurs jamais existé, je me pose la question. On a remis en cause le socialisme parce qu'il est une dérive de gens qui une fois arrivés au pouvoir se sont comportés à l'image de ceux qu'ils combattaient, puis on est passé au libéralisme et plus encore, à l'ultralibéralisme qui génère et cause tous les drames actuels : les migrations irraisonnées, les attentats et les guerres au nom d'un dieu expectatif choisi comme porte drapeau des exclus, des humiliations et des misères. Certains ne sont pas loin de ressembler au Tchen de Malraux dans "La condition humaine" ou au Kaliayev de Camus dans "Les justes". Des gens qui n'espèrent plus rien, et pour qui la mort est la justification de leur vie... à cette différence près que Tchen et Kaliayev ne s'en prenaient qu'aux hommes qui les dominaient et non à ceux qui les côtoient et qui leur ressemblent comme c'est le cas aujourd'hui avec les djihadistes.
N’exagérons pas, la fin de la civilisation humaine sur Terre n’est pas la fin du vivant. Certains insectes et unicellulaires survivront. Ouf ! :o))
· Il y a environ 4 ans ·Hervé Lénervé
Comme pour toutes les pandémies qui nous ont précédés, peste, choléra, variole, typhus, grippe espagnole ou de Hongkong, quand on aura atteint un niveau acceptable de disparitions, on repartira peut-être sur de bonnes bases. L'homme ne sait pas se gérer. Il lui faut des catastrophes pour limiter ses folies.
· Il y a environ 4 ans ·Jean Marc Kerviche
https://www.franceculture.fr/conferences/acteurs-de-leconomie-la-tribune/aurelien-barrau-nos-bien-sont-proteges-par-la-loi-est-il-acceptable-que-la-vie-ne-le-soit-pas
· Il y a environ 4 ans ·enzogrimaldi7
Tout dépend où l'on vit. Un exemple d'actualité récent : Dans le Haut-Karabakh des familles entières ont perdu tous leurs biens. Elles prennent la route pour sauver ce qu'il leur reste : la vie.
· Il y a environ 4 ans ·Jean Marc Kerviche
Tout â fait. Je suis heureux de voir qu'il y a de plus en plus de voix pour s'élever contre le phènomène destructeur que vous décrivez ici. Mais, et je parle pour les plus anciens bien sûr, dans quel monde vivaient ils il y a 30 ans qd tout commençait à se dégrader grave, qd il était encore temps d'enrayer la machine et d'éviter l'inévitable? Il ne faisait pas bon alors d'aller à contre courant. Pour bcp de soecialistes il est trop tard. En tout cas rien ne nous rendra ces 30 années, c'est à dire notre jeunesse, passées sous l'occupation ultralibérale.
· Il y a environ 4 ans ·enzogrimaldi7