Un numéro de téléphone

Franchement James, 

Je te connais pas. Je ne sais pas qui tu es. Et je suis entre le "je t'apprécie, j'ai du respect" et le "je te haïs". Ah, c'est vrai que t'as une bonne gueule avec ton sourire Colgate refait à neuf, tes cheveux courts et ton petit air de Sean Maccoll, marié avec la Reine du Monde, toi même tu te veux Roi.

Mais t'es sympa, en apparence. Pianiste, chanteur, motard, doué, reconnu par tout tes fans et ces stupides personnes qui bataillent pour te connaitre ou te rencontrer. Oui, super. T'es quelqu'un de bien. Tu l'affiches en Grand format sur Facebook, dans les familles, les galas. Le Bon Garçon qui console des enfants malades dans les hôpitaux. Le beau mec qui soigne son look et fait attention à tout. Intelligent, doué, pas pauvre et qui met son argent au service du Bien collectif et oeuvre dans différentes causes, événements, associations...

C'est vrai, j'ose la comparaison pourrie du "t"es pareil que moi". Parce que c'est vrai, t'es exactement pareil que moi. Avec peut-être la Connerie en plus. Parce qu'un mec pareil, attentionné avec les gens et les enfants, tu lui demandes pas la Lune mais un numéro de téléphone, celui de ton propre frère...

Etrangement, d'après le tableau que j'ai dressé avant de lui, tu t'attends à ce qu'il réponde... et bien même pas ! Alors soit, c'est un hypocrite, soit j'ai la Gale ou la Peste et je suis hautement contagieuse au point de me refuser la base, le fait que je puisse parler à mon frère.  

Et maintenant, ce n'est plus du respect que j'ai pour toi. 

Mais du dégoût. 

Si t'es lion, je suis la proie qu'on met en cage et qu'on enferme en attendant l'aube de jour meilleur. Mais c'est vrai, pourquoi je parle de toi ? Je te connais pas. Et tu sais quoi, je ne veux sûrement pas te connaître. Tu fais partie des Tyrans, James. Pas des Gentils. Vois les choses en face.