Un pasito palante Maria (part 2)

Cette nouvelle est actuellement présentée au concours "A sa place" dans la catégorie "New Romance" sur Fyctia.com.

Sans que cette catégorie soit ma prédilection, je tente ma chance, car l'amour, en revanche, et les relations humaines sont des sujets sur lesquels j'aime disserter et le thème est intéressant.

N'hésitez pas à venir voter/partager ( 2 par personnes) même sur les chapitres déjà débloqués, car un vote ou un partage débloque les chapitres suivants et aussi me permet de "monter" dans le classement

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Part 2. Vous êtes toujours là ?

Le curseur clignotait inlassablement près du point d'interrogation. Marie était hypnotisée par ce mouvement perpétuel, elle ne parvenait pas à détacher son regard de la fenêtre lumineuse.

« Bouge de là !» Se sermonna-t-elle.

En vain. Milles questions l'assaillaient. Qui était-ce ? Pourquoi parlait-il avec Ginger ? Sur Quel site était-elle ?

Elle chercha l'adresse web, mais elle ne trouva pas vraiment de quoi il s'agissait. Ginger utilisait un logiciel pour « chatter » avec d'autres personnes, et elle ne savait pas du tout l'utiliser. Elle avait surtout peur de le manipuler et que sa colocataire s'en aperçoive à son retour. La seule chose qu'elle voyait, c'était un titre : « L'autre Paris » et un pseudonyme : Magicien2reve. Cela lui faisait une belle jambe ! Qui était ce « magicien » ? Un artiste ? Un étudiant ? Un pervers ? Un homme politique.....

«  Et si je répondais pour savoir ? » se demanda Marie. A cette pensée, son corps s'anima, un frisson la parcourut, faisant se dresser chaque poil de sa peau claire. Gênée par sa propre réaction, Marie recula.

« Je suis folle ! » songea-t-elle. Elle n'était pas une personne effacée, démesurément timide ou spécialement raisonnable, mais là, c'était tout de même risqué. Marie était de taille moyenne, elle avait une silhouette qui se situait « entre une taille 38 et une taille quarante, tout dépend de la façon dont c'est coupé », comme elle avait l'habitude d'annoncer dans les magasins. Elle avait de magnifiques yeux bleus foncés qui tranchaient avec son teint pâle et ses cheveux blonds cendrés, lissés dans un parfait carré plongeant. Comme ses amies, elle aimait les jolies tenues, le maquillage, les sorties. Elle n'était pas la rabat-joie de service, et elle aimait sortir et s'amuser. Cependant, ses études étaient une priorité. Alors, elle faisait passer son travail avant les sorties, dans la plupart des cas. D'ailleurs, elle avait accepté de traduire un livre pour enfant en en français cet été, afin de réviser, mais aussi de gagner un peu d'argent. Mais cela ne lui prendrait pas tout son temps...

Marie faisait les cents pas dans le salon. Etait-ce bien raisonnable ? Si Ginger s'en apercevait ?

Elle revint vers l'ordinateur et s'installa. Elle chercha à remonter dans la conversation, mais rien, c'était la première ligne. Le curseur clignotait toujours. Elle pouvait peut-être s'amuser un peu, non ?

« Non.  Il y a quelqu'un derrière l'écran, ce n'était pas sympa du tout de faire une chose pareille.

Quelque chose bougea, la boîte de dialogue émit un petit son, et une nouvelle phrase apparut.

Je retire ce que j'ai dit, ne boudez pas. Répondez.

Et soudain, mue par un élan instinctif, le cœur battant, Marie posa ses doigts sur le clavier et répondit.

Je suis là.

Voilà ! Elle l'avait fait. Elle tremblait un peu, elle était même un peu nerveuse. Elle souffla. Elle ne risquait rien, elle était tranquillement chez elle.

Ah ! Quand même. Je trouvais étrange que vous soyez aussi susceptible.

Cela dépend des jours, écrivit Marie en songeant à ce dont était capable Ginger.

Très bien, alors c'est un bon jour ?

Peut-être.

Marie sourit. En fait, c'était assez amusant, la réponse lui venait du tac au tac, et Magicien2reve semblait désireux de poursuivre.

Le job vous intéresse encore ?

Ah. Marie songea qu'il était temps pour elle d'arrêter ce petit intermède, elle ne savait absolument pas de quoi il s'agissait. Elle chercha une peu dans les menus du logiciel, mais elle ne trouva pas de quoi l'aider. Elle se doutait qu'il pouvait y avoir une trace des précédents dialogues quelque part, mais cela dépassait de loin ses compétences en informatique.

De quel job pouvait-il parler ? Qu'est-ce Ginger pouvait faire pour financer son train de vie, à part des petits rôles et plumer les hommes ? Marie eût un second frisson et cela l'agaça profondément. Elle n'était tout de même pas envieuse de cette facette de Ginger ? C 'était totalement à l'encontre de ses principes. Et puis, si jamais c'était illégal, si Ginger dealait ou faisait du détournement de mineur ?

Elle se jeta contre le dossier de sa chaise. C'était stupide ! Ginger n'était pas comme ça. Elle méprisait les filles qui se shootaient ou s'affamaient pour décrocher un rôle. Ce ne pouvait pas être si grave. « Bon, dis lui bonsoir, clôture cela à la façon Ginger, et file à ta traduction » se proposa-t-elle à elle-même. Elle écrivit :

A vrai dire, il faudrait m'en dire plus.

Marie appuya sur « Enter » et resta bouche bée. C'est elle qui avait écrit ça ? Ca y est ! Elle était folle, décérébrée, schizophrène ! N'importe quoi. Elle se sentit fourmiller comme une enfant sur le bord du grand plongeoir lorsque la réponse tinta .

Je préférerais que ce soit de visu, dans ce cas.

Je préférerais en savoir déjà un peu plus, répondit Marie aussitôt.

Et pourquoi ?

Je ne vous connais pas.

Ne recommencez pas, je suis un ami d'Edouard, je ne peux pas l'inventer ça.

Marie se sentait mal à l'aise. Elle était allée un peu loin. Elle n'irait pas voir ce Magicien2reve. Elle ne connaissait pas Edouard et n'avait aucunement l'intention d'en savoir davantage. Elle chercha une formule polie, qui ne porterait pas trop préjudice à son amie, bien que celle-ci semblât douée pour se sortir de toute situation. A la troisième tentative de formulation, son smartphone vibra. Elle chercha dans sa poche et regarda l'écran. C'était son père. «  Je viens d'accepter un chantier à 50Km de la maison, ça peut durer au moins deux semaines, il vaudrait mieux que tu viennes après, début Août. Ça ne t'ennuie pas ? ». Rageusement, elle éteignit l'écran et envoya d'un geste souple son téléphone sur le petit canapé de velours râpé. « Merde ! ».

Sa mère, débordée par les travaux dans son gîte avait déjà plus ou moins refusé qu'elle vienne y passer des vacances. «  Tu comprends ma grande, c'est en travaux, il y en a partout, je ne pourrais pas m'occuper de toi, on va déjà rater la saison estivale, il faut que ce soit prêt pour Noël ». Maintenant son père s'y mettait... Il était paysagiste, et l'été était la saison faste pour lui.

Le tintement de la boîte de dialogue retentit.

Pimentsucré ?

Quoi ? Qu'est-ce qu'il raconte le magicien là ? Il est aussi lobotomisé que moi aujourd'hui .

Marie mit quelques instants à comprendre, et puis elle se mit à rire. Pimentsucré, c'est le pseudo de Ginger ! Elle la reconnaissait bien là. Elle fixa l'écran. Qu'allait-elle faire pendant tout ce temps, seule à Paris ? Insidieusement, elle entendit une petite voix en elle qui lui disait de foncer, une petite Marie polissonne, curieuse, téméraire. Tout le monde l'avait laissée en plan. Très bien, alors pourquoi ne pas tenter un truc fou, insensé, un peu risqué, mais tellement enivrant ? Le même petit frisson qu'au début la traversa, et elle envoya valser toutes les alarmes rouges clignotantes de son cerveau. Elle se saisit du clavier et écrivit.

Quand ?

La petite Marie, la polissonne, se réjouit.

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