Un passé futur
François Michaud
Un passé futur
Par François Michaud
-À Florence
I
Le soleil était sur le point de se coucher et le paysage hostile, dépourvu de végétation, devenait de plus en plus sombre. Un brouillard commençait peu à peu à s'épaissir et la température diminuait. Seul au milieu de nulle part, Frank regardait le soleil dans ses derniers instants, avant que la froide pénombre ne s'installe. Une pénombre qui amène avec elle souffrance et mort.
Depuis que les temps sombres se sont installés, la vie était devenue très difficile, voire impossible à plusieurs endroits autour du globe. Les gouvernements se sont effondrés un par un devant les crises économiques, les bouleversements climatiques. Les villes furent détruites lors des grands tremblements de terre et des autres catastrophes naturelles. Seuls quelques groupes pouvaient survivre sur notre planète devenue désertique, où la vie tente tranquillement à s'éclipser.
Sur son chemin, Frank profitait des derniers rayons du soleil avant de repartir, ne sachant pas du tout où aller. Il avait seulement croisé quelques individus sur son chemin depuis Venbourg ; une ville abandonnée où les gens étaient restés quelque temps, ne sachant pas, eux aussi, où aller.
Frank prit son sac rempli de nourriture déshydratée pouvant le garder en vie pour un certain temps et le mit sur son dos. Il agrippa son bâton de marche dans sa main droite, jeta un dernier coup d'œil au soleil couchant avant de lui tourner le dos et partit en marchant vers l'Est. Il entreprit sa longue marche en espérant tomber sur un groupe d'individus. Il était rare de tomber sur des gens et surtout de pouvoir rester avec eux. Certains étaient violents et avaient seulement pour but de voler les vivres des autres. Tandis que d'autres, à u contraire, étaient plus altruistes et essayaient de gagner en nombre pour se défendre contre ceux de mauvaises intentions. Tous essayaient de survivre et de rester forts. Les violentes tempêtes étaient de plus en plus fréquentes et la nourriture était devenue rare, très rare. Les animaux et les plantes avaient presque tous disparu lors des temps de sécheresses ou des inondations par endroits. Les seuls végétaux restants assuraient un taux d'oxygène suffisant dans l'atmosphère, sans toutefois être des plantes comestibles.
Les jambes épuisées et les pieds meurtris, Frank n'en pouvait plus de se déplacer jour après jour. Il avait cependant une motivation qui lui permettait de continuer. Il avait l'espoir de trouver un endroit où il pourrait vivre sans ne rien manquer. Un endroit où il pourrait rester pour le reste de sa vie sans devoir partir à la recherche de nourriture ou d'eau.
À l'horizon, des kilomètres de sable s'étendaient à perte de vue. Mais au loin, quelque chose se dessinait tranquillement devant les yeux de Frank au fur et à mesure qu'il avançait. Il n'avait aucune idée de quoi il s'agissait, il voyait seulement une tache métallique floue en raison du brouillard autour de lui. C'était la première fois depuis des semaines que quelque chose brisait la monotonie du désert et Frank décida de s'en approcher davantage.
Plus près, l'objet métallique devenait plus clair et semblait être à demi enseveli sous le sable. Au début, Frank croyait qu'il s'agissait d'un véhicule abandonné, mais plus il s'approchait, plus il distinguait les formes de l'objet qui avait plutôt l'air d'un bâtiment construit avec de vieilles plaques de métal.
Une fois arrivé à quelques mètres du bâtiment, Frank a pu constater que personne n'occupait cet abri qui avait l'air abandonné depuis déjà un bon moment. Il décida d'entrer à l'intérieur pour y passer la nuit. C'est ce qui serait plus sûr étant que de violents orages allaient fort probablement éclater durant les heures nocturnes, comme d'habitude.
Une fois à l'intérieur, Frank déposa son sac de nourriture sur le sol sableux et déposa son bâton de marche sur une poutre de bois qui soutenait le toit de l'abri. Faisant sombre, il avait de la difficulté à distinguer ce qui se trouvait autour de lui. Il s'agenouilla près de son sac et l'ouvrit. Il en sortit un tube fluorescent, se trouvant dans une pochette, à l'intérieur. Il le cassa, puis le secoua pour qu'il s'illumine d'une lueur bleutée.
Autour de lui, Frank vit une pièce assez vaste avec plusieurs tables placées contre les murs. Sur celle-ci se trouvaient divers documents empilés et étampés « TOP SECRET » sur chacun d'eux. Aux murs, des plans de machines et d'engins étranges étaient accrochés sur des babillards.
Intrigué, il s'avança plus près en s'éclairant avec son tube fluorescent. Il prit l'un des documents laissés sur une des tables et décida d'en étudier le contenu. Il ouvrit la première page du document qu'il avait dans ses mains et commença à lire.
« Projet #701 programmes militaires, gouvernement russe : année 2715 apr. J.-C. »
Intrigué, il tourna ensuite la deuxième page.
« Documentation phases d'essaies contrôle du temps. »
Il feuilleta quelques autres pages avant de redéposer le document sur la table. Curieux il en prit un autre et fit comme le premier et en lu le contenu.
« Programme armée Américaine, projet : Aigle du temps »
Il redéposa le document et jeta un coup d'œil à d'autres qui étaient empilés. Tous comportaient des informations sur des programmes militaires de diverses nations et tous ces programmes portaient sur un même sujet ; le voyage dans le temps. Outre le sujet commun, un détail attira l'attention de Frank : le texte était principalement en caractère d'impression, mais beaucoup de notes manuscrites s'y trouvaient également, toutes écrites de la même main selon la calligraphie.
Frank trouvait étrange de voir ces documents. Sans doute appartenaient-ils à un fou voulant se créer une machine spatio-temporelle. En même temps, les documents semblaient sérieux et bien détaillés. Des seaux gouvernementaux en ornaient quelques-uns et des numéros de classification d'archives étaient imprimés sur leur page couverture.
Frank se demandait pourquoi de tels documents étaient laissés ainsi, sans surveillance, accessibles à qui que ce soit. Il scruta minutieusement les plans affichés aux murs.
Les plans étaient en fait des schémas de machines expérimentales pour permettre le voyage dans le temps. Au bas de chaque plan, il y avait des notes sur les observations obtenues lors des tests de chacune. Sur tous les plans étaient étampés en rouge ; ÉCHEC. Tous sauf un, qui retenu l'attention de Frank. Sur ce plan, les expériences ayant été entreprises sur cette machine se sont avérées à être positifs.
Frank détacha le plan du babillard. Le dessin, fait à la main, décrivait une machine ressemblant à une sorte d'avion d'une taille assez petite selon les dimensions inscrites. Il était très étiré sur les traits, probablement pour être le plus aérodynamique possible. L'engin était muni de deux moteurs à propulsion ionique, cet « avion » semblait pouvoir atteindre des vitesses vertigineuses. Le relief de l'appareil était assez particulier, semblable à celle des balles de golf. Selon les notes qui décrivaient la machine, trois passagers pouvaient en occuper l'habitacle.
Un numéro y était inscrit en haut de la page ; « Projet #36763 ». Frank retourna à la pile de dossiers qu'il avait feuilletés, lors de son arrivée, pour voir si l'un d'eux correspondait au « Projet #36763 ».
Il éparpilla les dossiers sur la table, où ils y étaient déjà posés, et trouva l'un dont « #36763 » était inscrit sur la couverture.
Curieux de savoir ce qu'il contenait, il l'ouvrit et découvrit des plans plus complets de la machine. Toutes les pièces qui la composaient étaient bien détaillées avec leurs dimensions et les matériaux utilisés. Des notes étaient inscrites à la main sur certaines de feuilles, encore une fois de la même calligraphie que les autres documents.
Frank replaça les documents en ordre dans leur chemise et les rangea dans son sac. Il ne savait pas trop quoi en faire. Peut-être les lirait-il pour passer le temps une fois le soleil levé? Il pourrait ainsi s'imaginer construire cette machine et devenir un voyageur spatio-temporel. Rares étaient les choses qui pouvaient faire évadé l'imaginaire de ceux qui vivent dans cette époque postapocalyptique.
Quand il était plus jeune, Frank rêvait de voyager dans le temps, d'aller voir le Moyen-âge ou encore les premiers hommes au tout début de l'humanité. Il aimait écouter les films de voyageurs dans le temps, vivant une panoplie d'aventures et dont ils devaient résoudre les paradoxes temporels qu'ils avaient créée. Jusqu'à ce jour, il n'avait jamais entendu parler d'un voyage dans le temps réussi. Bien sûr il y avait de nombreux dires sur l'expérimentation de tels voyages par les gouvernements, mais jamais l'un d'eux ne se vanta d'avoir procédé ni même d'avoir réussi à « voyager » dans le temps. De toute façon, avec l'effondrement des gouvernements, d'il y a quelques années de cela, tous ces projets potentiels étaient nul doute tous abandonnés.
Frank décida de s'installer dans un coin de la pièce pour pouvoir se reposer durant la nuit. Il prit une couverture roulée sur son sac à dos et l'étala sur le sol afin de se faire un lit de fortune pour être plus confortable.
Son bâton lumineux brillant encore, il décida de rejeter un œil aux documents du projet #36763. Il ne comprenait pas comment cet engin pouvait voyager dans le temps ni quelles technologies étaient utilisées pour permettre une telle chose.
Depuis toujours, il aimait savoir comment les choses fonctionnent. Enfant, il adorait désassembler ses jouets pour voir les mécanismes à l'intérieur et les remonter par la suite. Avant que tout ne soit bouleversé par les catastrophes naturelles, Frank amorçait ses études pour se spécialiser en ingénierie quantique et d'aérospatiale. Il voulait effectuer des recherches sur le développement d'ordinateurs quantiques très puissants visant à être utilisé dans des télescopes spatiaux, ayant pour but de cartographier l'univers.
Le vaisseau spatio-temporel semblait utiliser un système de cristaux photoniques, des cristaux modifiant la propagation d'ondes électromagnétiques et d'ampoules de césium cX310. Frank savait que certaines expériences avaient été menées au niveau quantique depuis déjà des centaines d'années, utilisant des cristaux photoniques et du Césium cX310, mais aucun résultat ne violait la causalité au niveau macroscopique, donc le voyage dans le temps n'avait pas été une réussite.
En lisant les documents qu'il tenait en main, Frank vit que l'engin spatio-temporel semblait nécessiter une installation d'envergure pour fonctionner. « L'avion » ne semblait pas être la machine à voyager dans le temps elle-même. Les plans démontraient qu'il devait passer dans une autre machine, de très grandes dimensions, et c'est cette autre machine qui expédierait l'engin vers le futur ou le passé. Les plans ne détaillaient pas où la machine avait été construite pour effectuer les tests menés sur celle-ci. Une série de rapports détaillaient les modifications apportées à la machine après chaque essai et les résultats qui en découlaient.
Frank se leva et décida de prendre les autres documents qui étaient sur la table, ainsi que sur les murs, et de les placer dans son sac afin de les scruter plus en détail lorsqu'il en aurait le temps. Fatigué, il alla s'allonger et s'endormit dans un sommeil profond.
Cette nuit-là, il fit des rêves étranges. Il ne se souvenait pas exactement de quoi il avait rêvé, mais il se réveilla avec un sentiment qu'il ne pouvait décrire, comme si ses rêves n'étaient des souvenirs jamais vécus.
En ouvrant les yeux une fois le matin venu, il perçut la faible clarté des premiers rayons de soleil, passant par la porte menant à l'extérieur. L'air était sec, mais frisquet. Frank se leva et prit son sac. Il en sortit une boîte de conserve de sardines aux tomates qu'il ouvrit pour son premier repas de la journée. N'ayant pas d'ustensile, il utilisa le couvercle de métal comme cuillère. En mangeant, il remarqua une porte, au fond de la pièce, qu'il n'avait pas vue la veille. Il déposa la canne au sol et se dirigea vers la porte en bois. Une fois près de celle-ci, il essaya de l'ouvrir, mais elle était verrouillée à clef. Afin de pouvoir accéder à l'autre côté, il devait trouver la clef. À ses pieds, sur le sol humide et froid, avait été déposé un paillasson. Il le déplaça avec son pied droit, une clef y était dissimulée en dessous. Il se pencha et la ramassa. Il inséra la clef dans la serrure de la porte, puis la tourna. Un « clic » se fit entendre et la porte se déverrouilla. Frank la franchit et se retrouva dans une pièce très vaste. Elle était sombre, poussiéreuse et avait une atmosphère qui faisait froid dans le dos. L'espace était occupé par de diverses installations qui semblaient être des instruments scientifiques pour mener des expériences. Frank referma la porte derrière lui. Au même moment, des ampoules, accrochées au plafond, s'allumèrent, ce qui permit à Frank de voir plus clairement. Les installations étaient disposées sur des étagères qui formaient des rangées dans la pièce. De l'équipement électronique ainsi que des rouleaux de fil de cuivre étaient empilés dans un coin et une table de travail était placée contre un mur. Il y a avait une dizaine d'étagères au total, ce qui occupait la moitié de la pièce. L'autre partie de celle-ci n'était pas éclairée.
Curieux de voir ce qui s'y trouvait, Frank traversa les rangées d'étagères jusqu'à la demie de la pièce. Dans l'espace sombre ce trouvait un objet, qui semblait être une voiture ou quelque chose dans la même taille, recouverte de drap qui le dissimulait. À droite, dans le mur, il y avait une ouverture ressemblant à une entrée de tunnel d'un diamètre d'environ deux mètres. Frank s'approcha du tunnel. À l'entrée, on ne pouvait pas voir ce qui se trouvait à l'intérieur, faisant trop sombre. Cependant, une légère brise froide en sortait. Frank n'osa pas entrer dans celui-ci. Il retourna vers l'objet couvert de draps. Il enleva un par un les vieux tissus poussiéreux en lin brunâtre, recouvrant l'objet. Il en ôta un, puis deux et vit ce qui se cachait en dessous. Frank n'en crut pas ses yeux. Il s'agenouilla, déposa son sac à dos sur le sol et se dépêcha de l'ouvrir. Il en sortit les plans qu'il avait recueillis dans l'autre pièce. Il les regarda puis porta son regard à l'objet devant lui. C'était la machine qui était représentée sur les plans, elle y était identique en tout point. Il tourna son regard ensuite vers le tunnel et feuilleta les plans. Le tunnel était en fait l'autre machine permettant d'envoyer la capsule temporelle dans le temps.
Le souffle coupé, les mains de Frank devint moites et ses yeux grands ouverts. Frank replaça les plans dans son sac, le ferma puis se releva. C'était surréaliste, ça ne pouvait pas être véritablement un vrai engin spatio-temporel. Ça devait surement être une sorte de laboratoire d'un fanatique un peu dérangé qui occupait son temps à essayer de fabriquer une machine permettant de réaliser l'idée farfelue de voyager dans le temps.
Il enleva le reste des draps de la machine. Des inscriptions étaient inscrites sur celle-ci ; « Ce voyage est un aller simple, usez-en à des fins justes ». L'engin ressemblait vraiment un petit avion, la différence était qu'il ne possédait pas d'ailes. Le fuselage était de forme cylindrique et l'empênage avait une configuration en forme de « V ». La surface était criblée de petits trous en forme de cratère. Il était entièrement blanc et semblait être réalisé avec une technologie de précision. Le véhicule était démuni de hublot et avait trois portes menant à l'intérieur, sur le côté droit. Frank ouvrit celle de devant. Trois sièges munis de harnais occupaient l'habitacle et divers cadrans ainsi que des dizaines d'interrupteurs jonchaient les parois intérieures. Un tableau de commande faisait face au premier siège. Frank s'y assit. Devant lui, le tableau de commande, qui était en fait un écran tactile, s'alluma. Le tableau montrait cinq paramètres à régler afin d'effectuer un voyage : l'un pour l'année, le mois, le jour, l'heure et l'endroit.
Se pouvait-il vraiment que cette machine puisse permettre un voyage dans le temps?
Frank se mit à réfléchir. Si cette machine fonctionnait, si le voyage dans le temps était possible, où pourrait-il aller? Plutôt se demander quand aller? Pourrait-il changer le cours de l'histoire, éviter les catastrophes naturelles ou encore aller vers le futur pour voir si les choses sont finalement rentrées dans l'ordre ? Devrait-il plutôt ne pas tenter le coup? Après tout, le voyage dans le temps semblait quelque chose de très risquer avec tous les paradoxes temporels que cela pouvait créer ; il pourrait y laisser sa peau.
Frank sortit de la machine à voyager dans le temps et referma la porte. Il se dit qu'il serait plus sage de ne pas se lancer dans une aventure folle dont il ne connaissait pas les enjeux réels. En même temps, il avait une sorte de sentiment, quelque chose d'inexplicable qui le poussait à ne pas en rester là.
Soudain, il sentit une odeur forte de fumée. Il se retourna et vit que la porte d'où il était entré était en feu ! L'adrénaline parcourut le corps de Frank en entier. Il était pris au piège, cerné par les flammes. Il cherchait un moyen de s'enfuir, mais il devait faire vite ! Les flammes prenaient de l'ampleur et brûlaient déjà le mur où se trouvait la porte. Une idée folle parcourra la tête de Frank, c'était sa dernière chance, il prit son sac, rouvrit la porte du vaisseau spatio-temporel, y entra et referma la porte. L'esprit de Frank tournait à cent milles à l'heure. Où et quand devait-il aller? Il n'avait pas le temps d'y penser, chaque seconde était comptée. Sans réfléchir, il tapa au hasard les paramètres sur le tableau de commande ; 26 juillet 2045, 16h40, Montréal. Il se pressa d'appuyer sur le bouton de confirmation. L'engin se mit alors à vibrer avec de violentes secousses et quelques instants plus tard, Frank ressentit une très puissante accélération qui le renfonça brusquement dans son siège. Le vaisseau spatio-temporel était sans doute propulsé à grande vitesse dans le tunnel, incrusté dans le mur. Graduellement, l'intérieur de l'habitacle devenait de plus en plus lumineux jusqu'à aveugler Frank qui se couvrit les yeux avec son bras. Il se sentait davantage écrasé dans son siège et commençait à se sentir étourdi et ne pouvait plus bouger. Soudain, plus rien. La capsule ne bougeait plus, n'accélérait plus et Frank fut plongé dans le noir. Plus un son ne se fit entendre, on aurait dit que le temps s'était arrêté. Qui sait, c'était peut-être le cas…
Subitement, l'air devint froid, très froid. Le tableau de bord, qui s'était éteint peu après l'amorcèrent du voyage, se ralluma ce qui offrait une faible clarté dans le brouillard qui s'était créé, dans la cabine, depuis le départ. De la buée sortait de la bouche de Frank lorsqu'il respirait. Tout à coup, un bruit sourd se fit entendre, comme un bruit de coque d'un sous-marin se faisant écraser sous la pression des océans. La capsule se mit à vibrer légèrement puis de plus en plus fort. Frank eut subitement l'impression de tomber dans le vide très rapidement et l'intérieur du vaisseau se remis à s'illuminer intensément. Des alarmes se mirent à sonner un peu partout créant un bruit insupportable. Frank se sentait de plus en plus étourdi par la sensation de chute libre et commençait à voir embrouiller et à avoir mal au cœur. Après quelques secondes, il perdit conscience, le plongeant dans le néant.
II
Frank ouvrit les yeux. Désorienté, il n'était plus dans la capsule temporelle. Il regarda autour de lui, mais il avait de la difficulté à voir étant donné que ses yeux n'étaient pas encore habitués par la luminosité. Il était couché dans un lit. Il essaya de se lever, mais il fut brusquement retenu ; ses deux mains étaient menottées aux barreaux du lit. Pris de panique, Frank se débattait.
« -Restez calme, Monsieur, entendit Frank. »
Ayant la vue plus claire, Frank constata qu'un homme en veston cravate était assis près de lui. Il avait la peau bronzée, un visage ferme et des cheveux courts grisonnants. Cela lui donnait l'apparence d'un homme fin cinquantaine. Frank remarqua que l'inconnu en question portait un insigne de police à sa ceinture.
« -Qui êtes-vous !? demanda Frank paniqué. Où suis-je?
-Je suis l'inspecteur Pelletier, Michael Pelletier du bureau d'enquête de la police de la Sûreté du Québec.
-Montréal ? Dis Frank ne comprenant pas trop comment il pouvait être à Montréal.
-C'est ce que je viens de dire, répondit l'enquêteur Pelletier. Maintenant vous allez répondre à mes questions sur ce qui s'est passé. »
L'enquêteur sortit un calepin ainsi qu'un stylo de la poche intérieure de son veston.
« -Répondez d'abord à la mienne, dit Frank. Où est-ce que je suis ? »
Frank regarda rapidement autour de lui. Il semblait être dans une chambre d'hôpital. Des tuyaux étaient reliés à son bras et ils étaient connectés une machine à sa droite, accrochée à un poteau de soluté.
« -Vous êtes dans un hôpital, répondit M. Pelletier.
-Pourquoi suis-je menotté? demanda Frank. »
M. Pelletier se leva et s'approcha de Frank. Il replaça son crayon dans la spirale de son carnet.
« -C'est moi qui pose les questions ici, dit l'enquêteur. Maintenant, calmez-vous et répondez à ce que je vous demande. »
Frank se ressaisit, il était confus. Comment pouvait-il être arrivé dans un hôpital ? Il ne se souvenait pas de ce qui s'était passé, ses souvenirs étaient flous. Il avait un mal de tête atroce et il avait soif.
« -Dite moi d'abord votre nom monsieur, dit l'inspecteur Freeman.
-Je m'appelle Frank, Frank Halfwarm.
-Bien. Racontez-moi ce qui s'est passé, ne négligez aucun détail, aussi banal, vous semble-t-il.
-Mais de quoi parlez-vous donc ? Je ne sais même comment j'ai abouti ici. »
L'enquêteur Pelletier reprit son crayon en main et commença à prendre des notes, sans doute ce que Frank répondait, dans son carnet.
« -Dites-moi la dernière chose dont vous vous souvenez avant votre réveil, M. Halfwarm. »
Frank essaya d'éclaircir ses souvenirs.
« -Il y avait un incendie dans le bâtiment, puis un engin et puis le reste est flou. »
M. Pelletier finit d'écrire dans son carnet.
« -C'est très bien M. Halfwarm. Je voudrais savoir, le bâtiment que vous venez de mentionner, de quel bâtiment s'agit-il ?
-Celui que je suis tombé par hasard dans le désert, répondit Frank. J'y ai passé la nuit.
-Un désert ? Il n'y a pas un désert à des milliers de kilomètres d'ici monsieur. D'ailleurs vous avez quel âge ?
-Vingt-quatre ans, répondit Frank.
-Et quelle est votre date de naissance ?
-26 juillet 2791 monsieur, répondit Frank.
-Eh bien bonne fête, en passant, puisque nous sommes le 26 juillet, mais je ne crois pas que vous êtes né en 2791, dit-il en riant.
-Et pourquoi donc? demanda Frank.
-Le 26 juillet 2791, n'arrive pas avant quelques siècles j'en ai bien peur.
-Quelques siècles? Nous sommes le 14 août 2815, répondit Frank.
-Je crois que le coup que vous avez reçu à la tête vous trouble la mémoire jeune homme. Reposez-vous, je viendrai continuer mon interrogatoire lorsque vous irez mieux. »
M. Pelletier se retourna et se dirigea vers la porte pour sortir de la chambre.
« -Attendez ! dit Frank. Vous ne m'avez toujours pas dit pourquoi je suis menotté !? »
L'enquêteur arrêta de marcher, revint sur ses pas et prit une télécommande sur la table de chevet de Frank et alluma une télévision accrochée au mur face au lit.
« Vous y trouverez votre réponse, répondit-il. »
Il quitta ensuite la pièce en laissant la porte ouverte. Un policier vint se placer dos à la chambre, dans le cadre de porte. Frank était maintenant seul dans la pièce, toujours menotté.
La télévision était allumée sur le canal des nouvelles locales. L'animatrice, une jeune femme d'environs le même âge que Frank, parlait d'un accident survenu.
« -L'incident s'est produit sur la rue Sherbrooke sur le toit d'un édifice vers 16h40. Les autorités ne savent pas ce qui aurait pu occasionner cette explosion. Selon certains témoins, ce serait l'écrasement d'un petit avion à hélice. Un acte terroriste n'est pas écarté selon les policiers. Un suspect, qui se trouvait sur les lieux de l'évènement, a été amené à l'hôpital. Il aurait des blessures mineures, son état semblerait stable. Pour l'instant, seul le suspect aurait été blessé lorsque de l'explosion. Le SPVM nous confirme que la Sûreté du Québec arrivera bientôt sur les lieux pour faire enquête. Plus de détails vous seront transmis lorsque nous en serons plus sur ce qui s'est passé. »
Frank resta sans mots. Était-ce lui le suspect en question? Surement puisqu'il se trouvait dans un hôpital et qu'un inspecteur venait de l'interroger. Comment pouvait-il être à l'origine de cette explosion? Quelque chose clochait. Montréal n'était plus qu'un tas de ruines depuis des dizaines d'années. Comment pouvait-il se trouver dans un hôpital et être responsable d'une explosion dans une ville qui avait été détruite par les tempêtes et les hautes marées? À moins que…
Tout devin subitement clair dans la tête de Frank. Il se souvenait du bâtiment, des plans, de la machine, de l'incendie qui l'avait poussé à s'enfuir et du voyage dans le temps qu'il croyait impossible. Avait-il vraiment réussi à voyager vers le passé?
Une femme vint vers la chambre. Le policier, de garde, l'arrêta d'un geste de la main. Elle lui montra un badge et le policier la laissa passer dans la pièce.
« -Laissez-nous, demanda la femme au policier. »
Sans dire un mot, le policer quitta. La femme semblait avoir un an ou deux ans de plus vieux que Frank. Elle avait les cheveux blonds et un visage magnifique, mais elle ne semblait pas de bonne humeur. Elle s'approcha de Frank. Elle était habillée comme une inspectrice de police et avait une planche à écrire dans ses mains. Elle avait aussi le sac à dos de Frank en main.
« -Vous venez sans doute m'interroger comme l'autre inspecteur avant vous n'est-ce pas ? demanda Frank.
-Non, répondit la femme sèchement. »
Elle sortit de sa poche une clef et se dépêcha d'enlever les menottes de Frank. Et lui retira les tuyaux reliés à son bras brusquement. Du sang coulait aux endroits où se trouvaient les aiguilles. Puis, elle donna le sac de Frank à ce dernier.
« -Mais qui et que faite vous? Où avez-vous eu mon sac?
-Je n'ai pas le temps de vous expliquer, répondit-elle. Mettez des pansements sur vos bras et prenez les vêtements que j'ai placés dans votre sac. Décampons de cet endroit au plus vite.
-Mais…
-Allez, grouillez-vous ! »
Frank alla vite se changer dans la salle de toilette et revint voir la femme.
« -Qui êtes-vous ? demanda Frank.
-Je n'ai pas le temps pour toutes vos questions, maintenant fermez-la et suivez-moi. »
Frank ne savait pas s'il devait faire confiance à cette femme, mais son instinct lui disait de la suivre.
Ils sortirent de la pièce en prenant soin que le policier de garde ne les voit pas. Ils traversèrent ensuite les corridors à leur gauche d'un pas pressant. La femme semblait être nerveuse et Frank avait du mal à la suivre. Arrivés au bout du corridor, ils empruntèrent une cage d'escalier qui menait au rez-de-chaussée. Une fois l'escalier descendu en vitesse, ils se retrouvèrent à l'entrée principale de l'hôpital. Ils sortirent par la porte et descendirent les escaliers en bétons menant à la rue. Une automobile noire les attendait, un homme en sortit du côté conducteur. Il ouvrit la porte arrière.
« Entrez, dit la femme à Frank, et ne demandez pas pourquoi. »
Frank entra dans le véhicule et se tassa au fond. La femme le suivit et ferma la porte. Le chauffeur reprit sa place.
« -Conduisez-nous loin d'ici Steve et vite, dit la femme au chauffeur. »
Le conducteur démarra en trombe, ce qui fit crisser les pneus.
« -Où allons-nous ? demanda Frank.
-Définitivement vous posez trop de questions, répondit la femme. »
Elle sortit une sorte d'aiguille de la pochette du siège devant elle. Elle la prit dans son point et la piqua d'un geste brusque dans la jambe de Frank. Il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il perdit conscience.
Il se fit réveiller brusquement d'un verre d'eau à la figure. Il s'assit en sursaut et constata qu'il se trouvait dans une sorte de lit de camp, semblable à ceux de l'armée. La femme que Frank avait rencontrée à l'hôpital se tenait debout à côté de lui, un verre vide à la main.
« -Avant que vous m'énerviez encore avec toutes vos questions, je vais vous en dire un peu sur ce qu'il en est, dit la femme. Appelez-moi Serena, je ne travaille pour personne, je ne vous dirai pas où vous êtes, Frank, mais je peux vous dire que vous êtes là parce que vous foutez la merde et que j'évite les dégâts. »
Encore sous le choc de son réveil assez brutal, Frank prit un drap du lit pour s'essuyer la figure, encore mouillée. La pièce où il se trouvait semblait être située dans un édifice à étage puisque les fenêtres, permettant de voir à l'extérieur, montraient une magnifique vue d'ensemble de la ville. L'espace n'était pas beaucoup meublé. Il y avait seulement le lit où se trouvait Frank, ainsi qu'un bureau d'ordinateur dans un coin de la pièce. Les murs étaient gris foncé et le reste de reste de l'endroit n'était pas décoré.
« -Comment connaissez-vous mon nom ? demanda Frank. »
La femme semblait choquée et prit une grande respiration pour se calmer.
« -Non, mais faites-vous exprès de me poser autant de questions ? dit Serena. Depuis que je vous ai rencontré, vous ne m'avez dit aucune phrase affirmative. »
Elle reprit son calme.
« -Je connais votre nom en fouillant dans votre sac, dit-elle. Je l'ai récupéré sur le lieu où vous êtes arrivé avant que les autorités n'y soient. Je savais que vous auriez besoin de soins dus à votre atterrissage, disons plutôt raté. C'est donc pourquoi j'ai laissé les policiers vous amener à l'hôpital. Je suis au courant de tout, votre voyage dans le temps et de tout le bordel que vous avez créé en venant ici. Oh et mettons les choses aux claires avant que vous ne me le demandiez, appelez-moi par mon prénom, je ferai de même et on se vouvoie. Compris?
-Oui euh Serena, répondit Frank.
-Bon, vous faites déjà du progrès en me répondant avec une affirmation. »
Serena se déplaça jusqu'au bureau dans le coin de la pièce et ouvrit l'ordinateur. Elle tapa quelque chose sur le clavier et une fenêtre apparue. Elle revint ensuite vers Frank.
« -Je serai en mesure de vous renvoyer dans votre époque très bientôt. Je vais m'arranger pour faire passer votre arrivée par votre capsule temporelle, dont je ne sais comment vous avez déniché, pour un écrasement d'avion. Vous n'avez aucune idée comment vous avez risqué de mettre l'humanité dans le pétrin. Vous auriez pu tout bousiller le continuum espace-temps si je n'avais pas été là! »
Frank se demandait comment cette fille pouvait savoir autant de choses sur lui et de quoi qu'elle parlait en accusant Frank de mettre l'avenir de l'humanité en péril. Il se dit qu'il ne poserait pas plus de questions puisque Serena semblait assez tendue et ne semblait pas du tout aimer qu'on lui pose des questions. Cependant une chose le chicotait, il n'avait pas du tout envie de retourner dans son époque où tout était en ruine et où il avait de la difficulté à vivre.
« -Vous ne me forcerez pas à retourner d'où je viens, dit Frank.
-Oh que si, répondit Serena. C'est mieux pour tout le monde, même pour vous.
-Je vous ai dit non. Je ne veux pas retourner mourir de faim dans une Terre détruite. »
Frank se dirigea vers l'unique porte de la pièce pour en sortir.
« -Vous ne pouvez pas sortir par cette porte.
-Ah oui? Et pourquoi donc?
-Elle est verrouillée et de toute façon même si vous réussissez à l'ouvrir vous ne savez même pas où aller, répondit Serena. »
Frank ne répondit pas.
« -Venez ici maintenant, Frank. »
Frank marcha jusqu'au bureau d'ordinateur où se trouvait encore Serena. Une fenêtre affichait certaines données placées dans un tableau.
« -Vous voyez cela, dit Serena. C'est un programme hautement élaboré. Chaque perturbation, chaque distorsion et la moindre modification apportée au temps sont captées par un système et analysées par ce programme. Ce programme a été fait par un regroupement de gouvernements il y a quelques années pour monitorer les tentatives de voyage dans le temps des autres pays. Mon rôle est d'empêcher que des idiots comme vous ne bousillent tout en effectuant des expérimentations ou même réussir un voyage comme vous l'avez fait. Je me demande comment vous en avez été capable d'ailleurs.
-Je n'avais pas l'intention d'effectuer ce voyage, je suis tombé par hasard sur cette machine, dit Frank. »
Soudain, une alarme sonna dans l'ordinateur et il afficha l'image d'une caméra de surveillance. On voyait trois hommes sur le moniteur et deux d'entre eux étaient armés avec des armes à feu.
« -Comment ont-ils su que je me trouvais ici ?! dit Serena, ayant pris un air très inquiet. Nous devons quitter cet endroit, nous ne sommes plus en sécurité. »
Serena sortit une clef USB de sa poche et l'inséra dans l'ordinateur. Elle y téléchargea du contenu, puis la retira. Elle se pencha et sorti deux pistolets chargés de calibre 9 mm d'un tiroir du bureau. Elle en donna un à Frank qui n'avait jamais tenu d'arme de sa vie. Elle tira un coup dans l'ordinateur, puis un autre, ce qui fit sursauter Frank. Elle prit trois chargeurs dans le même tiroir qu'elle avait sorti les pistolets en les plaça dans ses poches arrières.
« -Que dois-je faire avec ce truc ? dit Frank en tenant le pistolet du bout des doigts.
-Si on vous tire dessus, servez-vous-en, répondit Serena. Maintenant, aidez-moi à pousser le lit vers la fenêtre.
-Pour quoi faire?
-Vous la fermez ou une balle de ce pistolet viendra le faire pour vous, dit Serena en pointant son arme vers Frank. »
Frank n'avait plus le goût de poser de questions. Il alla se placer au pied du lit et Serena de l'autre côté. Frank le poussa, avec l'aide de Serena qui tirait de son côté, vers le bord de la fenêtre. Serena se dirigea ensuite vers le bureau et prit la chaise de celui-ci, dans ses mains. Elle retourna près de Frank et lança la chaise de toutes ses forces dans la fenêtre que se brisa en mille morceaux dans un immense fracas.
« -Vous n'envisagez quand même pas de faire ça? dit Frank, commençant à avoir des sueurs froides dans le dos.
-Le matelas amortira notre chute, affirma Serena. Nous devons y aller, nous n'avons pas une seconde à perde.
-Je ne sauterai pas, dit Frank.
-C'est comme vous voulez, moi je préfère ne pas mourir d'une pluie de balles. »
Serena enleva le matelas du lit et le plaça au sol, le bout sorti à l'extérieur.
« -La chute sera mortelle, dit Frank.
-Au moins, ce sera une façon plus amusante de mourir que de se vider de son sang suite à une fusillade, répondit Serena. »
Elle se plaça sur le matelas, prête à sauter.
« -Ne sautez pas! dit Frank. Je viens avec vous.
-C'était le temps que vous vous décidiez, dit Serena. »
Frank alla se placer lui aussi sur le matelas, derrière Serena.
« -À trois, dit Serena à Frank.
-D'accord, répondit-il.
-Un, deux…
-Attendez! cria Frank. »
Il était trop tard pour revenir en arrière. Frank et Serena étaient maintenant dans le vide, descendant de plus en plus vite.
« -On va mourir!!! hurla Frank. »
Le sol semblait de plus en plus proche. Les passants, sur le trottoir, levaient les yeux vers le ciel, voyant deux personnes chuter du septième étage d'un édifice. Frank voyait le moment de sa mort s'approcher en vitesse. Il ferma les yeux.
Tout à coup, le matelas percuta très violemment le sol en un gros « boom! » . Le choc fut si brutal que Frank perdit son souffle. Incapable de respirer, il fut pris de panique, cherchant son air. Le matelas avait atterri dans un conteneur à déchet rempli d'ordures, ce qui amortit davantage la chute et empêcha Frank et Serena de se blesser.
« -Vous voyez, dit Serena, nous ne sommes pas morts! »
Frank ne répondit pas, le souffle encore coupé.
« -Relevez-vous, nous devons sortir de ces ordures malodorantes, Frank. »
Tous deux se relevèrent et sortir du tas de déchet.
« -Ne me refaites plus jamais un coup pareil, dit Frank encore un peu en panique.
-J'y verrai plus tard, dit Serena. Nous devons aller nous mettre en lieu sûr. Soyez discret et suivez-moi. »
Frank se demandait bien où ils pouvaient bien aller, mais n'osa pas ce risque d'interpeler Serena pour lui poser la question. Ils marchèrent dans la rue en direction Est pendant un bon moment avant de bifurquer à gauche. Arrivés à deux coins de rue plus loin, ils descendirent dans une bouche de métro. Ils passèrent s'acheter un ticket à la billetterie et se dirigèrent vers la rame de métro. Ils entrèrent dans le premier wagon et prirent place sur deux sièges.
« -Écoutez-moi bien Frank, dit Serena. Les hommes que vous avez vus sur la caméra de surveillance veulent ma mort. S'il advenait que vous mettiez nos vies en péril lors d'une éventuelle attaque comme celle-là, ne comptez pas sur moi pour vous venir en aide. Est-ce clair?
-Très clair, répondit Frank.
-Bien, dit Serena. Nous allons nous planquer chez l'un de mes amis de confiance. Il a un appartement à huit stations d'ici. Nous y serons en sécurité. J'entreprendrai de vous renvoyer à votre époque plus tard.
-Mais…
-Pas de « mais » ! dit Serena en coupant Frank. »
Une fois les huit stations passées, ils débarquèrent du wagon et sortirent dans la rue. Ils marchèrent jusqu'à arriver en face d'un grand immeuble à logement.
« -C'est ici, dit Serena. »
Ils entrèrent dans le bâtiment et prirent un ascenseur. Serena appuya sur le bouton du trentième étage et l'ascenseur se mit en marche. Le compteur d'étage montrait la progression de l'ascension. La porte s'ouvrit sur le trentième étage. Serena et Frank en sortirent.
« -C'est par là, dit Serena en pointant sa gauche. »
Ils marchèrent jusqu'à fond d'un corridor et s'arrêtèrent devant une porte. Serena frappa à celle-ci. Personne ne vint répondre. Elle refrappa à la porte. Encore une fois, aucune réponse.
« -Il n'y a peut-être personne, dit Frank. »
Serena ignora Frank et frappa de nouveau à la porte, cette fois-ci, avec plus d'agressivité.
« -Allez, ouvre ! cria Serena. Je sais que tu es là.
-Il n'y a personne, répondit un homme de l'autre côté.
-Et comment peux-tu me répondre s'il n'y a personne ? »
On entendit des pas approcher de la porte. Quelqu'un l'entrouvrit, mais elle était bloquée par une chaînette. L'individu, se tenant de l'autre côté de la porte, était un homme dans le début trentaine, grand, musclé et avec des cheveux blonds.
« -Serena? Que fais-tu ici ? Et c'est qui celui-là ? dit l'homme en dévisageant Frank.
-Arrête avec tes questions et laisse-nous entrer, dit Serena.
-Et pourquoi devais-je t'écouter ? Chaque fois qu'on se voit, c'est quasi automatique que ce soit pour me mettre dans la merde.
-Tu devrais m'écouter puisque tu recevras mon pied au cul si tu me fais attendre encore plus longtemps, répondit Serena qui avait l'air contrariée. »
L'homme ferma la porte, enleva la chaînette, puis la rouvrit.
« -Entre, dit l'homme à Serena. Mais lui, il reste dehors, ajouta-t-il en pointant Frank.
-Non il entre, dit Serena en entrant dans l'appartement. »
Elle prit place sur un canapé non loin de la porte d'entrée.
« -C'est chez moi ici, je décide qui entre, dit l'homme. »
Frank ne savait pas trop comment réagir, il resta debout, devant l'entrée, sans rien dire.
« -Il est avec moi, dit Serena.
-Et en quoi ça change, dit l'homme. Je ne le connais même pas.
-Frank je te présente, Mike. Mike voici Frank. Maintenant que tu le connais, laisse-le entrer.
-Serena tu…
-Entre Frank, dit Serena en coupant Mike. »
Frank entra dans l'appartement un peu malaisé par la situation. Il alla s'asseoir à côté de Serena, sur le canapé.
L'appartement n'était pas très grand, mais avait une configuration optimisée pour l'espace disponible. Il y avait une porte menant à une chambre au fond, une autre menant aux toilettes et une cuisine adjacente au salon. Il y avait certains tableaux accrochés aux murs avec de l'art abstrait peint dessus. Le mobilier était très de base et la cuisine semblait moderne. Cependant, une odeur de cigarette empestait la pièce.
« -Que fais-tu ici avec ce… ce Frank ? demanda Mike. Tu sais très bien que je ne veux pas que tu me mêles à tes problèmes. »
Mike s'alluma une cigarette tirée d'un paquet étant dans sa poche avant de sa veste de cuir.
« -J'ai besoin de rester ici quelque temps, répondit Serena.
-Et lui? demanda Mike en regardant Frank.
-Lui, dit Serena, il restera aussi. »
Frank ne savait pas trop quoi dire ou quoi faire, il restait là, à côté de Serena.
« -Il n'a pas l'air très bavarde, dit Mike.
-Pour l'instant, dit Serena. Il n'arrêtait pas de me harceler avec ses questions avant d'arriver ici.
-Oh toi et ta patience pour les questions, affirma Mike. Dis-moi, Frank, comment es-tu retrouvé dans les embrouilles de ma sœur ?
-De votre sœur ? Mais elle m'a dit que vous étiez l'un de ses amis de confiance…
-Même chose, répondit Serena. Je ne voulais seulement pas vous dévoiler ma vie privée.
-Ta manie de rester à distance des gens n'est pas encore disparue à ce que je vois ? dit Mike.
-Ça me concerne, répondit Serena. »
Serena se leva et se dirigea vers Mike. Une fois près de lui, elle lui enleva sa cigarette de sa bouche avant de la jeter par terre et l'écraser avec son pied.
« -Mais qu'est-ce que tu fais Serena? demanda Mike.
-Ce truc va te tuer, répondit-elle. En plus ça pue. »
Mike regarda Serena se rasseoir sur le canapé, d'un air frustré.
« -Ton Frank n'a pas répondu à ma question, pourquoi est-il avec toi, c'est quoi son histoire?
-Il vient de loin, répondit Serena.
-Et…? dit Mike.
-C'est tout, répondit Serena. »
Frank voulut intervenir, mais se fit couper par Mike.
« -Tu m'énerves au plus haut point quand tu prends ton attitude renfermée et que tu ne veux rien me dire! dit Mike contrarié.
-Bon bon ça va, dit Serena. Il vient du futur, je tenterai de la renvoyer à son époque bientôt. »
Mike alla s'asseoir sur un fauteuil placé devant le canapé.
« -Dit moi pas que tu as recommencé à te prendre pour la protectrice du temps et que tu te mets encore dans l'embarra avec ses fous du gouvernement? »
Serena resta silencieuse.
« -Je ne peux plus t'aider là-dessus Serena, dit Mike, et tu le sais bien.
-Mais c'est toi qui as créé le logiciel, tu peux m'aider à le retourner vers le futur? Demanda Serena »
Mike se croisa les jambes.
« -Tu n'as qu'à le faire toi-même, dit Mike. De toute façon, oui j'ai fait le logiciel, mais je n'ai jamais construit de machine.
-Je ne peux pas le faire à présent, ils ont trouvé mon labo.
-Ne me dit pas qu'ils sont après toi ? Et que tu me mets en danger en te planquant ici? »
Frank ne savait pas de qui ils parlaient, il continua de rester silencieux et d'écouter la conversation.
« -Ils ne m'ont pas suivi, affirma Serena.
-Comment peux-tu en être certaine ? S'ils ont trouvé où tu étais avant de venir ici, ils peuvent bien parvenir jusqu'ici pour te trouver.
-Je te dis qu'ils ne m'ont pas suivi, dit Serena. »
Frank décida de prendre la parole pour éclaircir les choses.
« -De qui parler vous au juste? demanda Frank.
-Les gars de John, répondit Mike.
-John? dis Frank.
-Non, mais tu ne lui as rien dit à ce type ? demanda Mike à Serena.
-Je n'ai pas eu le temps, de toute façon, j'avais seulement l'intention de le renvoyer là d'où il vient sans le mêler à ces gars-là.
-Mais que veulent-ils de vous, Serena? demanda Frank.
-Explique lui Mike, dit Serena. »
Mike soupira avant de prendre la parole.
« -Pour rester simples, ces hommes veulent la mort de Serena. Avec raison d'ailleurs. »
Serena donna un regard froid à Mike.
« -Pourquoi ? demanda Frank.
-Serena, tu veux lui expliquer la suite? dit Mike.
-Je faisais partie d'un groupe de recherche sur un projet secret orchestré conjointement entre le gouvernement canadien et américain sur le développement de technologies permettant le voyage dans le temps. John était celui qui était responsable du programme. Au début, le programme ne fonctionnait pas très bien jusqu'à ce que Mike y soit inclus. Il a développé un logiciel ainsi qu'un engin virtuel expérimental qui permit le pouvoir de contrôler le temps. Le gouvernement le récompensa de son exploit en lui donnant un poste dans le groupe de décisions et lui demanda de poursuivre le développement de cette technologie. Cependant, j'ai découvert les intentions des gouvernements sur ce projet. Les dirigeants ne cherchent qu'à l'exploiter à des fins militaires pour prendre plus de pouvoir. N'étant pas d'accord avec leurs motifs, j'ai volé les travaux en cours et je m'enfuis avec. Aujourd'hui, ils sont à ma recherche.
-C'est d'ailleurs pourquoi tu ne devrais pas être ici, Serena, dit Mike. Tu risques beaucoup plus de te faire remarquer.
-Ils ne savent même pas qu'on est frère et sœur. Ils ne se douteront jamais que je suis ici.
-Fais ce que tu veux Serena, s'ils te trouvent, ne compte pas sur moi pour t'aider.
-D'accord, dit Serena. »
Mike se leva de son fauteuil.
« -Il est tard, je vais me coucher. L'un de vous deux peut utiliser le sofa pour dormir et je vais sortir un matelas de camping pour l'autre. »
Mike entra dans sa chambre et ressortit avec un matelas de mousse, des draps et un oreiller. Il déposa le tout au sol.
« -On se voit demain, dit Mike. Je suis content de te revoir Serena, malgré les circonstances de ta venue.
-Moi aussi Mike.
-Dormez bien, dit Mike »
Il retourna dans sa chambre en fermant la porte.
« -Tu dors sur le matelas, dit Serena. On se reparle demain.
-OK, dit Frank, sans vouloir poser plus de questions. »
Frank se coucha sur le matelas au sol. Ce n'était pas très confortable, mais assez pour dormir. Il réfléchit à tout ce qui s'était passé dans la journée avant de s'endormir dans un sommeil profond.
III
Frank se réveilla avec une bonne odeur de bacon. Il était courbaturé de partout puisqu'il avait dormi au sol. Il s'était, cependant, très bien reposé et se sentait en forme, malgré les courbatures de son arrivée brusque de la veille, en 2045.
Encore sur le matelas, Frank se redressa en position assise. Il vit que Serena dormait encore sur le canapé et que Mike était dans la cuisine.
« -Vous avez bien dormi…Frank c'est ça?
-Oui c'est bien ça, répondit Frank, et oui j'ai bien dormi.
-Bien, dit Mike. Je prépare du bacon, vous en voulez? »
Mike tira une cigarette de son paquet et l'alluma dans sa bouche.
« -Oui, bien sûr, répondit Frank. »
Serena se retourna sur le sofa, elle dormait encore.
« -Dites-moi, Frank, de quand vous arrivez ?
-Eh bien, je viens du futur ?
-Oui, c'est ce que j'ai pu comprendre hier, mais de quand exactement ?
-De 2815, dit Frank.
-2815 c'est loin. »
Mike retourna les tranches de bacon dans son poêlon.
« Comment y sont les filles, en 2815 ? demanda Mike.
-Oh la ferme Mike, dit Serena qui venait de se réveiller.
-Serena ! Bien dormi ? demanda Mike avec un sourire.
-J'ai déjà vu pire, répondit-elle. »
Mike retourna, encore une fois, le bacon dans son poêlon en le secouant légèrement.
« - Merci, Mike, de m'avoir hébergé avec un inconnu chez toi, je te suis reconnaissante, dit Mike en essayant d'imiter la voix de Serena.
-Ta tentative d'imitation est pitoyable, lui répliqua Serena. »
Serena s'assit sur le canapé et tourna la tête en direction de Mike.
« -En plus de fumer, tu te condamnes à une crise cardiaque avec tout ce gras de bacon Mike, dit Serena. Je ne sais plus quoi faire de toi.
-Et toi tu te mets en danger de mort avec des agents du gouvernement, chacun met sa vie en danger à sa manière, répondit Mike. En parlant du bacon, il est prêt. »
Mike enleva son poêlon du feu et le plaça sur une plaque déposée sur le comptoir. Il sortit une assiette en plastique de son armoire et y mit du bacon à l'intérieur. Il se dirigea ensuite dans le salon avec l'assiette qu'il déposa sur la petite table centrale.
« -Servez-vous, dit Mike en prenant un morceau de bacon dans sa bouche. »
Frank en prit une tranche, il était bon, mais très gras.
« -Tu n'en manges pas Serena? demanda Mike.
-Non, c'est dégoutant. Pendant que vous deux mangez cette chose, je voulais te demander si tu pouvais me laisser l'accès à ton labo en bas, Mike. »
Mike finit de mastiquer son morceau de bacon.
« -Et pour quoi faire? demanda Mike.
-Pour que je puisse utiliser ton équipement afin d'essayer de retourner Frank à son époque.
-Je vous ai dit que je ne veux pas retourner à cet enfer! dit Frank.
-C'est comment en 2815? demanda Mike.
-Eh bien, on lutte pour survivre, il n'y plus vraiment de traces de civilisations bien structurées et plusieurs catastrophes naturelles ou artificielles ont tout détruit, répondit Frank.
-Vous n'avez cependant pas l'air de quelqu'un venant d'une époque comme celle-là, dit Mike. Vous avez l'air en bonne santé.
-Certains se débrouillent mieux que d'autres, répondit Frank. Je n'ai jamais manqué de nourriture, il est seulement difficile d'en trouver.
-Il doit retourner d'où il vient Mike, dit Serena. »
Frank n'intervint pas.
« -Pourquoi tiens-tu à tout prix à le retourner chez lui, s'il a fait le voyage jusqu'à notre époque c'est certainement puisqu'il ne voulait plus être dans la sienne ! Et d'ailleurs, comment comptes-tu lui refaire faire un voyage dans le temps ? Il te faudrait premièrement une machine.
-Il risque de mettre le monde en péril s'il reste ici, répondit Serena.
-Bien sûr bien sûr, dit Mike. Toi et ton défaut de tout dramatisez. Je ne crois pas qu'il soit venu pour détruire l'univers, regarde-le. »
Mike prit un autre morceau de bacon dans l'assiette.
« - D'ailleurs, Frank, dit Mike. Comment et pourquoi exactement êtes-vous parvenu à notre époque ?
-C'est par accident en fait, répondit Frank. Je ne voulais pas faire ce voyage, je suis tombé par hasard sur la capsule temporelle qui m'a conduit jusqu'ici.
-Par hasard? dit Mike. Expliquez-moi.
-J'étais dans le désert quand je suis tombé sur une sorte d'abris, la machine ainsi que ses plans s'y trouvaient. Un incendie s'est déclenché, m'emprisonnant dans les flammes. La seule issue était la machine. »
Frank se leva et alla chercher son sac qui était resté près de la porte d'entrée. Il l'ouvrit et en sortit les plans de la machine qu'il avait récupérés. Il s'approcha ensuite de Mike en lui tendant ceux-ci.
« -Regardez, dit Frank. »
Mike prit les plans dans ses mains. Son visage changea d'expression et il devint tout pâle.
« -Comment les avez-vous obtenus? demanda Mike.
-Je vous l'ai dit, dans l'abri dont je vous ai parlé.
-C'est impossible! Dites-moi la vérité! dit Mike en se levant et brandissant les plans au visage de Frank qui recula d'un pas.
-Je vous dis la vérité! dit Frank qui ne savait pas pourquoi Mike avait si subitement changé d'attitude.
-Montre voir Mike, dit Serena. »
Mike marcha jusqu'au canapé et donna les plans à Serena. Il retourna ensuite s'asseoir dans son fauteuil et prenant au passage une tranche de bacon. Il en profita pour s'allumer une autre cigarette, ayant consommé sa dernière.
« -Je n'en reviens pas, dit Serena qui elle aussi avait changé d'expression. Ce sont tes plans Mike. Ils ont même ton écriture.
-Je sais! dit Mike.
-Je vous le jure, dit Frank. Je les ai trouvés dans un abri dans le désert!
-Je vous crois, Frank, dit Mike. Je ne sais seulement pas comment ils sont arrivés là. Ils sont rangés dans mon coffre dans mon labo.
-Nous devrions aller voir, dit Serena.
-Je suis d'accord, c'est très troublant, dit Mike. Allons-y. »
Mike se leva ainsi que Serena, Frank fit de même. Mike se dirigea ensuite à la porte d'entrée qu'il ouvrit en tournant la poignée. Serena et Frank le suivirent à l'extérieur de l'appartement et marchèrent jusqu'à l'ascenseur d'où ils étaient arrivés. Serena appela l'ascenseur en appuyant sur le bouton de commande. Après quelques secondes d'attente. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et tous les trois y entrèrent. Mike sortit une clef de sa poche de pantalon et l'inséra dans une serrure du panneau de commande intérieur de l'ascenseur. Il la tourna, un bruit mécanique se fit entendre ce qui amorça la descente. Les chiffres au-dessus de la porte montraient les numéros d'étages qui diminuaient. Après avoir franchi le rez-de-chaussée, l'ascenseur continua de descendre sans afficher de chiffre d'étage. Soudain, celle-ci s'arrêta et ses portes s'ouvrirent sur un corridor. Mike, Frank et Serena sortirent de l'ascenseur.
« -Suivez-moi, dit Mike. »
Ils marchèrent jusqu'au fond du couloir, face à une porte en fer. Mike inséra la même clef qu'il avait utilisée dans l'ascenseur dans la serrure de la porte. Il l'ouvrit en faisant un grand bruit de crissement.
« -Je devrais lui mettre un peu d'huile à celle-là, dit Mike. »
Mike actionna un interrupteur sur le mur, ce qui illumina la pièce où ils se trouvaient. Il y avait des tables munies d'instruments ainsi que de nombreuses étagères. Au mur, il y avait des cadres comme ceux qui se trouvaient dans l'appartement de Mike.
« -Voici mon labo, Frank, dit Mike. C'est ici que j'effectue mes recherches personnelles et pour le travail.
-Est-ce que vous travaillez encore pour ce John? demanda Frank.
-Oui bien sûr. John ne sait pas que Serena est ma sœur, je me demande pourquoi d'ailleurs, le gouvernement sait pas mal tout de nos jours. C'est pourquoi il ne veut pas me tuer comme Serena étant donné que moi je n'ai pas tout foutu en l'air, dit Mike en regardant sévèrement Serena.
-Pourquoi tu me regardes comme ça? demanda Serena. Mes intentions sont justes, tu ne devrais plus travailler pour ce type.
-Il paie bien, dit Mike.
-Alors pourquoi ne vas-tu pas me livrer à lui? dit Serena. S'il paie bien.
-Parce que là je ne suis pas en train de travailler, répondit Mike, et aussi puisque tu es ma sœur. »
Mike s'avança jusqu'à un tableau accroché au mur. Il l'enleva de son crochet et le déposa au sol. Un coffre-fort se trouvait incrusté derrière. Une grande roulette à combinaison l'ornait ainsi qu'une belle poignée en laiton doré. Mike tourna à plusieurs reprises la roulette en changeant le sens de rotation à quelques reprises. Ensuite, il tourna la poignée et le coffre s'ouvrit. À l'intérieur se trouvaient, à ce qu'il semblait, des piles de billets de banque ainsi que divers documents pliés que Mike prit dans ses mains. Il les déposa sur une table et les déplia. C'était exactement les mêmes plans que Frank avait récupérés dans le désert.
« -Ce sont les mêmes, dit Frank.
-Ça ne se peut pas, dit Serena. S'ils sont là, ils ne peuvent s'être retrouvés dans un abri dans le désert!
-On ne sait pas tout ce qui se passe dans le futur Serena, dit Mike. Quoi que l'on fasse, ils s'y retrouveront. »
Mike replia les plans et les rangea dans le coffre-fort, le ferma et replaça le cadre.
« -Je crois que nous devrions attendre avant de renvoyer Frank à son époque, dit Serena.
-Je suis entièrement d'accord, dit Mike. Que mes plans se soient retrouvés autant loin dans le temps et à un autre endroit que celui-ci m'inquiète. Retournons à mon appartement. »
Mike, Frank et Serena quittèrent le laboratoire en direction de l'appartement situé quelques dizaines d'étages au-dessus d'eux.
Une fois dans l'ascenseur, Mike réinséra la clef dans la serrure et la retourna. Personne n'échangea de mots pendant la remontée. Mike semblait très nerveux et Serena n'exprimait rien sur son visage. Frank était troublé d'avoir trouvé des documents appartenant à Mike dans le futur. Ça ne pouvait pas être simplement par hasard qu'il tombe sur une machine à remonter le temps et d'ensuite rencontrer son créateur encore une fois par pur hasard. Malgré ses efforts de trouver des liens, Frank ne pouvait placer aucune logique à la découverte des plans de Mike et ensuite le rencontrer.
Une fois l'ascenseur rendu au trentième étage, les portes s'ouvrirent et Mike fut le premier à sortir. Frank et Serena le suivirent derrière lui. Ils entrèrent ensuite tous les trois dans son appartement, arrivé à la porte d'entrée.
« -Je ne comprends plus rien Serena, dit Mike. Tu te pointes dans mon appartement avec un parfait inconnu qui vient du futur avec mes plans de recherche entre les mains? Comment est-ce possible?
-Tu sais bien que je n'en sais rien Mike. Je pourrais te poser la même question, comment tes plans se sont retrouvés dans les mains d'un inconnu du futur ?
-Tu m'énerves Serena, dit Mike. Tu ne veux même pas m'aider à trouver! »
Serena alla s'asseoir dans le fauteuil du salon, laissant Mike et Frank dans l'entrée.
« -Et vous Frank ? Vous avez une explication logique à cela ? demanda Mike.
-Je ne vois pas comment ces plans ont pu résister à l'épreuve du temps, dit Frank. Vous les avez vus à peine jaunis. Je ne crois pas que c'est par hasard que je les ai trouvés. Il n'y en avait plein, appartenant à des gouvernements différents, et il y avait les vôtres.
-En fait j'ai travaillé pour plusieurs gouvernements, ce sont tous les miens. Ils sont maintenant en lieu sûr dans mon coffre-fort.
-Un coffre placé derrière un cadre, c'est un classique, dit Frank. Vous devriez le déplacer.
-Les classiques sont toujours plus efficaces, se défendit Mike. Ce qui m'inquiète, c'est de savoir qui les a placés là où vous les avez trouvés. Je veux dire, ce ne sont que des plans d'une machine n'étant qu'au niveau théorique. Je n'ai jamais construit un tel engin, mais si vous me dites que vous avez fait le voyage en l'utilisant, ça veut dire que quelqu'un d'autre l'a construit et peut-être même, ce qui est fort probable, déjà utilisée. Si tel en est le cas, qu'a pu faire cet individu.
-Je n'en ai aucune idée, dit Frank. Le bâtiment était abandonné lorsque je l'ai découvert. »
Mike s'alluma une cigarette et alla avec Frank s'asseoir sur le canapé, dans le salon.
« - Veux-tu bien cesser de fumer Mike, dit Serena. Tu me dégoutes.
-Je ne crois pas que c'est le moment de parler de mes mauvaises habitudes, Serena. Nous sommes en situation de crise là.
-Ce n'est peut-être rien aussi. Tu n'arrêtes pas de dire que je dramatise les choses, c'est probablement ton cas en ce moment, répliqua Serena avec un ton sarcastique.
-Tu as peut-être raison, répondit Mike. Pour l'instant, on peut être sûr que l'individu qui a construit la machine à partir de mes plans ne pourra plus l'utiliser étant donné que Frank l'a détruite en arrivant dans cette époque. »
Frank se sentit un peu gêné. Il n'avait d'ailleurs aucun souvenir de son arrivée, disons plutôt écrasante…
« -Que devrions-nous faire ? demanda Frank.
-Je ne sais pas, pour être honnête, dit Mike.
-Et ces gars qui essaient de tuer Serena, ça ne serait peut-être pas eux qui ont construit la machine?
-Ça ne risquerait pas d'être eux, dit Mike. Sinon Serena serait morte bien avant qu'elle n'ait volé les travaux en cours du programme de John. Ils auraient fait le voyage dans le temps et « pouf ! » plus de Serena ! Disparue comme par magie laissant son pauvre frère hors de l'embarras ! »
Serena prit un coussin qui était dans le fauteuil et le tira sur Mike.
« -Aie! dit Mike.
-Tu n'es qu'un imbécile Mike, dit Serena.
-Je vois que tu n'as définitivement pas le sens de l'humour, ce n'était qu'une blague! Dit Mike. »
Serena se leva et alla ramasser le coussin.
« -Nous devrions détruire ces plans pour ne pas qu'ils ne tombent entre les mains de celui qui a construit la machine, suggéra Frank.
-Ainsi faire un paradoxe temporel? Ce qui est fait est fait, même si ça s'est déroulé dans le futur, dit Mike.
-Alors s'il n'y a rien à faire, il vaut mieux de renvoyer Frank à son époque et ainsi éviter qu'il ne fasse encore plus de merde qu'il a fait déjà.
-Pourquoi es-tu si dur envers les gens Serena? dit Mike.
-Je ne suis pas dur, je suis directe, c'est différent, répondit-elle.
-Et même si je voulais le renvoyer, je n'ai même pas la machine en ma possession, elle n'est même pas construite !
-Tu as les plans, dit Serena.
-Oui, mais il me faudrait des mois pour la construire ! Sans compter que je n'ai pas tout le matériel nécessaire à sa construction et que j'aurais aussi besoin d'une quantité d'énergie phénoménale pour effectuer le voyage.
-Et si on abandonnait l'idée de me renvoyer à mon époque ? dit Frank.
-Nous y reviendrons plus tard, dit Mike. Il existe cependant une autre machine à voyager dans le temps dans cette époque.
-Ah oui ? demanda Frank.
-C'est l'équipe de Mike qui l'a construite avant que je ne vole leurs travaux, dit Serena. Mais personne ne l'a réellement testé, je veux dire qu'elle est censée fonctionner en théorie, mais on ne sait pas si c'est le cas en pratique.
-Ne m'aviez-vous pas dit que vous n'aviez pas construit la machine ? demanda Frank à Mike.
-Non, je n'ai pas construit la machine que vous avez vue sur les plans. Eh bien, celle que vous êtes arrivé ici. Celle construite n'est qu'expérimentale et n'est pas celle que vous avez utilisée.
-Où se trouve cette machine? demanda Frank.
-Au labo de John, dans un complexe gouvernemental, répondit Mike.
-On pourrait l'utiliser et renvoyer Frank à son époque et tout serait réglé ! dit Serena.
-Et comment veux-tu entrer dans un laboratoire gouvernemental ultra-secret en passant incognito ?
-Tu y travailles, tu peux bien nous y faire passer, dit Serena.
-Eh bien oui, comme dans les films ! Ça ne marche pas comme ça Serena, répondit Mike. De toute façon il me faudrait mon logiciel que je n'ai plus en ma possession, car tu l'as volé, tu t'en rappelles ? »
Serena sortit une clef USB de sa poche et la lança à Mike.
« -Ne me dis pas que tu as copié mon logiciel là-dessus ? demanda Mike.
-OK, je ne te le dirai pas, répondit Serena.
-Imagines-tu les conséquences que ça aurait eues si tu avais perdu cette clef ? demanda Mike.
-Je ne l'ai pas perdu, répondit Serena.
-Heureusement, dit Mike. »
Une alarme sonna sur le cellulaire de Mike qui était dans sa poche intérieure de son veston. Il le prit dans ses mains.
« -Merde, dit-il »
-Qu'est-ce qu'il y a Mike? demanda Frank.
-Je suis en retard au travail, je dois y aller, répondit-il. »
Mike se leva du canapé et se dirigea vers la porte d'entrée où il mit ses souliers.
« -Tu nous laisses comme ça ? dit Serena.
-Tu es bien assez grande pour te garder toute seule, dit Mike en retour.
-Arrête de me traiter comme une enfant, Mike !
-Comme tu ne veux, mais ne vas pas dans mon labo en mon absence, de toute façon j'ai la clef avec moi, dit Mike en tapant la poche de son veston. Je vous laisse ! »
Mike sortit de son appartement en fermant la porte derrière lui.
« -Il nous laisse chez lui en s'en allant tout bonnement ? demanda Frank.
-Il est un peu insouciant, dit Serena. Pendant qu'il n'est pas là, vous allez venir avec moi faire un tour à son labo.
-Mais il a dit qu'on ne pouvait pas y aller, affirma Frank, et il a la clef pour y accéder. »
Serena se leva du fauteuil, plongea sa main gauche dans sa poche et en sortit une clef.
« -J'en ai une autre, dit Serena. Je vais faire un tour dans son labo quelques fois sans que Mike en ait connaissance. Il ne sait pas que j'ai un double de la clef. »
Serena remit la clef dans sa poche.
« -Je vais jeter un coup d'œil aux plans de Mike, je crois être en mesure de construire la machine, dit Serena.
-Mike a dit que cela prendrait des mois.
-Sauf si je m'y mets à plein temps. Cet engin semble complexe, certes, mais si quelqu'un l'a déjà construit, je veux dire que quelqu'un l'a déjà construit dans le futur, et bien je pourrai y arriver.
-Pourquoi le reconstruire alors ? Je vous ai dit que je ne veux pas retourner là d'où je viens et vous ne m'y forcerez pas.
-Vous retournerez à votre époque que vous le vouliez ou non, répondit Serena. »
Frank ne dit plus un mot. Serena était la personne ayant la tête la plus dure que Frank n'ait jamais rencontrée.
« -Levez-vous et suivez-moi, dit Serena. »
Frank l'écouta et sortit de l'appartement avec Serena. Ils allèrent jusqu'à l'ascenseur et y entrèrent. Serena sortit la clef de sa poche et l'inséra dans le panneau de commande de l'ascenseur. Ils descendirent jusqu'au labo de Mike.
« -Mike ne risque-t-il pas de savoir que nous sommes venus ici ? demanda Frank.
-Il a bel et bien des caméras de surveillances, mais il ne les regarde jamais, assura Serena à Frank. »
Serena déverrouilla la grande porte en fer qui se trouvait devant elle. Elle l'ouvrit, ce qui produit encore une fois un crissement strident, et elle alluma, ensuite, la lumière du labo en actionnant l'interrupteur.
Frank et Serena eu soudainement le sang glacé face à ce qu'ils avaient devant eux. Quatre individus se trouvaient debout face à eux ; deux hommes armés et deux autres qu'il ne l'était pas. L'un d'entre eux était Mike.
« -Bonjour Serena, dit l'un des hommes. »
L'individu en question était assez grand, mince, cheveux châtains, yeux bleus, jeune avec un visage ferme et portait un veston cravate.
« -John… , murmura Serena.
-Ça fait longtemps que nous nous sommes vus, dit John, n'est-ce pas ?
-En effet, dit Serena. »
Elle se tourna ensuite vers Mike que se tenait à côté de John, une cigarette à la bouche.
« -Tu n'es qu'une salle merde et qu'un imbécile Mike ! Un vrai salop ! dit Serena. Pourquoi m'as-tu trahi ainsi ?!
-Je te l'ai dit Serena, John paie bien, répondit Mike sans la moindre émotion. »
Deux autres hommes armés arrivèrent derrière Serena et Frank ce qui fit sursauter Frank.
« -Qui c'est celui-là ? demanda John en pointant du doigt Frank.
-C'est le type que je t'ai parlé, John, dit Mike.
-Comment t'appels-tu ? demanda John à Frank.
-Frank Halfwarm.
-Eh bien, M. Halfwarm, je peux constater que tu t'es mis dans une situation qu'on pourrait qualifier « d'indésirable », n'est-ce pas ? Dis-moi, sais-tu exactement ce que Serena nous a fait par le passé ?
-Elle m'a dit qu'elle vous avait volé des travaux de recherche, répondit Frank.
-Elle vous a dit cela, certes, mais elle ne vous a pas tout dit, affirma John.
-Ah non ? dit Frank qui se tourna envers Serena qui détourna son regard.
-Elle vous a dit la vérité, Frank, mais elle en a négligé une partie. Elle n'était pas d'accord avec les intentions du programme qui était depuis le début à des fins militaires. Elle le savait dès son entrée dans le programme. Ce qu'elle ne vous a cependant pas dit, c'est ses intentions à elle. Elle voulait nous voler notre technologie pour son usage personnel. Ce qu'elle a fait.
-Est-ce vrai ce qu'il dit, Serena? demanda Frank. »
Elle ne dit pas un mot.
« -Elle est la méchante de cette histoire, mon cher, dit John à Frank. Je t'en assure. »
Frank se demandait si ce John lui disait la vérité, il ne savait plus à qui faire confiance. Mike avait trahi Serena et du même coup trahi Frank. Serena ne lui avait apparemment pas dit toute la vérité et son silence le lui en confirmait.
« -Je vais te tuer Mike, dit froidement Serena.
-Dans la position où tu es, je ne crois pas que tu en as le pouvoir, répondit Mike. Oh et désolé Frank, vous avez l'air d'un type bien, mais ma sœur en fait trop à sa tête. Elle vous a entrainé dans ces problèmes bien que vous n'ayez rien fait de mal. »
Les deux hommes armés qui se trouvaient derrière Frank et Serena s'avancèrent vers eux et les menottèrent.
« -Qu'est-ce que tu vas faire de moi, John ? Me tuer ? demanda Serena. »
John eut un petit éclat de rire.
« -Nous sommes dans un pays civilisé ma chère, je ne te tuerai pas, répondit John. Je peux cependant te garantir que tu vas payer pour tout le tort que tu nous as fait subir.
-Je tiens à préciser que je n'ai rien à avoir là-dedans, dit Frank dont les menottes lui faisaient mal aux poignets.
-Il dit vrai, affirma Mike qui écrasait son mégot de cigarette au sol.
-C'est malheureux que tu sois confronté à cette affaire, Frank, dit John. Mais qui sait, tu pourrais bien être aussi un espion, je ne peux te laisser aller dans la nature, surtout que tu ne viens pas de cette époque. Je ne sais pas trop quoi faire de toi. Je devrai y penser.
-Je vous le jure, je ne suis pas un espion ! dit Frank.
-Tu comprends que je ne peux pas prendre de risque dans la situation où nous sommes, dit John. Maintenant, Serena, où se trouvent les travaux que tu nous as volés ? »
Serena ne prononça pas un mot.
« -Serena, dis-lui où tu les as mis, dit Mike.
-Toi la ferme, répondit Serena. »
Elle soupira.
«-Bon de toute façon, vous saurez d'une manière ou d'une autre où je les ai cachés, je vais te le dire, John. Et je n'aimerais pas me faire torturer.
-J'aime cette façon de penser, dit John. Ça nous décomplique la tâche. Alors où sont-ils?
-Je ne fais pas confiance à ses types qui te servent de gardes du corps, je ne veux pas qu'ils entendent où est-ce que je les ai cachés. »
John s'approcha devant Serena.
« -J'ai entièrement confiance en ces hommes, dit John.
-Je préfère du moins te le dire dans l'oreille.
-Si c'est le seul moyen que tu me le dises, répondit John. »
John approcha son oreille de la bouche de Serena qui lui cracha dessus. Frustré, John, frappa Serena au visage et s'essuya le sien avec un mouchoir sorti de sa manche.
« -Ne me refais jamais quelque chose comme ça, Serena, dit John. »
Il replaça son mouchoir dans sa manche.
« -On les emmène, dit John. »
Les deux hommes qui se trouvaient derrière Frank et Serena leur placèrent un bandeau sur les yeux.
« -Où nous emmènes-tu, John? demanda Serena. »
John ne répondit pas. Deux de ses hommes prirent Frank et Serena par les menottes et quittèrent le labo en se dirigeant vers l'ascenseur. Mike et John firent de même. Une fois à l'intérieur, ils montèrent jusqu'au rez-de-chaussée, sortirent dehors et entrèrent dans une voiture noire aux vitres teintées. Le véhicule démarra en trombe emmenant Frank et Serena vers un endroit qui leur était inconnu.
La voiture roula pendant environ une dizaine de minutes sans que personne ne parle. Elle s'arrêta, ensuite, dans un stationnement sous-terrain. John, Mike, Serena et Frank ainsi que les quatre gardes du corps sortirent de la voiture. John enleva les bandeaux des yeux de Frank et de Serena.
« -Nous ne sommes pas au centre de recherche, dit Serena.
-Je n'ai jamais dit que c'était là que nous allions, répondit John.
-Pourquoi sommes-nous dans un stationnement sous-terrain? demanda Frank.
-Tu vas voir, répondit John. »
Mike sortit une clef de sa poche et se dirigea vers une porte où il y était inscrit ; « Salle d'entretien, personnel autorisé seulement ». Il déverrouilla la porte et l'ouvrit.
« -Une salle d'entretien? demanda Serena. »
Personne ne lui répondit. Mike passa par la porte le premier, suivi de John qui fit un signe à ses gardes d'escorter Frank et Serena. La salle où ils entrèrent ne sortait guère de l'ordinaire, il y avait des crochets pour y mettre des torchons, des balais étaient déposés contre les murs et plusieurs produits nettoyants étaient entassés sur une étagère au fond. L'endroit sentait l'humidité à plein nez et était très sombre et poussiéreux.
Mike referma la porte et la verrouilla. John sortit, ensuite, une carte magnétique de son veston et la plaça contre la porte, au-dessus de la poignée.
« -Qu'est-ce que tu fais, John ? demanda Serena. »
John ne lui répondit pas et remit sa carte dans son veston.
« -Je déteste quand personne ne me donne de réponse, dit Serena.
-Tu détestes aussi lorsqu'on te demande de nous donner une réponse, dit John.»
La pièce se mit soudain à trembler légèrement pendant quelques secondes. Lorsque celle-ci arrêta de trembler, Mike déverrouilla la porte et l'ouvrit. John sortit de la pièce ainsi que Mike. Ils n'étaient plus dans le stationnement sous-terrain. Ils étaient plutôt dans une sorte de bunker, avec des murs en béton, un plafond bas, et une grande table au centre de l'entrée. Au fond, il y avait deux corridors qui débouchaient sur d'autres pièces.
« -C'est quoi cet endroit ? demanda Serena.
-Mon bunker personnel, répondit John.
-Pourquoi aurais-tu besoin d'un bunker ? dit Serena.
-C'est pratique, répondit John. »
Les gardes escortèrent Frank et Serena hors de la « salle d'entretien ».
« -Une petite visite? dit Mike à Frank et Serena. »
Serena le fixa d'un regard noir et Frank lui ne dit rien.
Deux gardes restèrent à l'entrée. Mike, John, Serena, Frank et les deux gardes restants allèrent au fond de la pièce. Un corridor était sur la gauche et un autre à droite.
« -Conduit Serena dans sa cellule, dit John à l'un de ses gardes.
-Une cellule ? Ce bunker te sert de prison privée ? demanda Serena à John.
-Ne prend pas ça aussi dramatique, Serena, répondit John. Mike te tiendra compagnie, de l'autre côté de la porte.
-Je ne veux rien savoir de cet imbécile, dit Serena.
-Ne sois pas si frustrée, dit Mike. C'est quand même de ta faute si tu t'es retrouvée dans cette situation. »
Serena ne dit plus un mot. Elle emprunta, ensuite, le corridor de droite avec Mike et le garde du corps. Frank, John et l'autre garde prirent celui de gauche.
« -Vous m'amenez aussi dans une cellule ? demanda Frank.
-Ce n'est pas exactement une cellule, je préfère appeler ça une chambre. Répondit John. »
Ils s'enfoncèrent quelque peu dans le corridor jusqu'à la troisième porte qu'ils croisèrent, à gauche. John ouvrit la porte et entra avec Frank dans la pièce. Le garde ferma la porte et resta à l'extérieur.
La chambre d'où Frank et John venaient d'entrer ne ressemblait en rien à une cellule de prison. L'endroit était spacieux avec un mobilier de salon complet, un bar dans un coin et un système de cinéma maison. Il y avait même un petit réfrigérateur à boisson. Le plancher était en bois et les murs étaient peints vert forêt.
« -Tu aimes? On peut se tutoyer n'est-ce pas ? demanda John à Frank.
-Ce n'est pas à cela que je m'attendais, à vrai dire.
-Bien, dit John. Je te sers quelque chose à boire? Boisson gazeuse, bière ou un apéritif ?
-Non, je vous remercie.
-Comme tu veux, dit John en retour. »
John marcha jusqu'au réfrigérateur à boisson, l'ouvrit et se prit une boisson gazeuse.
« -Assieds-toi, je t'en prie, dit John à Frank. »
Frank alla s'asseoir dans un fauteuil et John fit de même.
« -Je ne crois pas avoir fait bonne impression, Frank. Je suis vraiment désolé que tu sois mêlé à une situation pareille. Je ne te veux aucun mal, mais tu dois comprendre que je ne peux pas te laisser comme ça partir dans les rues. De toute façon, où irais-tu ? dit John avec un petit sourire. »
John ouvrit sa boisson gazeuse et en prit une gorgée.
« -Tu es certain que tu ne veux rien à boire ? demanda John.
-J'en suis sûr, répondit Frank.
-D'accord. »
John prit une autre gorgée de boisson gazeuse.
« -Tu dois fort probablement me prendre pour le méchant, Frank. Serena est une bonne fille, mais elle fait trop à sa tête. Elle a commis un acte de trahison envers son pays en volant des travaux gouvernementaux top-secret.
-Je ne vous fais pas confiance, en effet.
-C'est tout à fait normal, dit John. Se rencontrer et faire de toi mon prisonnier n'attire guère confiance. Tu dois te poser beaucoup de questions, Frank. J'en ai aussi. Et si on discutait ?
-De quoi voulez-vous parler?
-Eh bien, commençons par le commencement, dit John. De quand viens-tu au juste?
-De 2815, répondit Frank.
-2815, dit John. Que faisais-tu de ta vie en 2815 ?
-Je travailler pour une agence de développement technologique en aérospatial avant que tout ne soit détruit sur Terre.
-Que tout soit détruit ? C'est désolant de savoir que l'avenir de notre chère planète est mené à un monde apocalyptique. Quoi qu'effectivement l'humanité s'auto dirige vers cette direction avec les changements climatiques. Quel était ton rôle dans cette agence ?
-J'étais l'ingénieur responsable du projet de recherche sur le développement d'ordinateurs quantiques pour des télescopes spatiaux afin de cartographier l'univers, répondit Frank.
-Intéressant, dit John. Nous avons au moins un point en commun, je suis ingénieur spécialisé en physique quantique moi aussi. Quelle science formidable, n'est-ce pas?
-En effet.
-C'est d'ailleurs avec des effets quantiques que nous développons notre technologie pour contrôler le temps. Malheureusement, cette technologie n'est qu'expérimentale, du moins, elle ne le serait plus si Serena n'avait pas volé les travaux en cours. Dix ans de recherche envolée avec elle.
-Pourquoi voulez-vous utiliser cette technologie à des fins militaires au juste ? demanda Frank.
-Des milliers de vies pourraient aussi être sauvées en évitant des accidents ou des attaques terroristes.
-Pourquoi Serena serait-elle contre ces intentions ?
-Eh bien cette technologie nous permettrait aussi d'accroitre la puissance de la nation. C'est simple, qui peut perdre devant un ennemi dont on sait déjà ce qu'il va faire avant qu'il ne l'ait fait ? Le voyage dans le temps permettrait à notre pays de rester le plus puissant pendant des années.
-Vous voudriez voyager dans le temps et voir ce que l'ennemi fait et ensuite revenir dans le passé pour défaire ses plans ?
-C'est exact, répondit John. »
Il prit une gorgée de boisson gazeuse.
« -Je comprends alors pourquoi elle n'est pas d'accord envers vos intentions, dit Frank. Je ne le suis pas plus.
-Pourquoi donc ? L'Amérique en serait gratifiée, notre Amérique.
-Est-ce en faisant la guerre que l'on va apporter la paix dans le monde ? »
John s'esclaffa de rire.
« -La paix dans le monde, dit John qui riait encore. Sois réaliste, depuis le tout début de l'humanité les humains se battent, cela ne changera pas. La paix appartient à celui qui est le plus puissant, pas aux faibles.
-Et vous pensez arriver à vos fins ?
-Oui bien sûr, ce projet est réaliste.
-Cependant il ne se tient pas debout. Vous dites que vous pourriez sauver la vie des gens en évitant des accidents ou des attaques, mais vous voulez aussi tuer des gens pour éviter des choses qu'ils n'ont pas encore faites.
-Ne vois pas les choses en ce sens, dit John.
-Je les vois pourtant ainsi.
-Mes intentions ne sont pas mauvaises, je veux le bien de notre pays.
-Elles ne sont peut-être pas mauvaises vos intentions, mais seulement pas mauvaises pour vous.
-Tu sembles d'un homme intelligent, Frank, dit John. Je peux comprendre ton point de vue, mais réfléchis-y un peu et tu te rangeras surement de mon côté. »
Frank ne répondit pas.
« -Prends tes aises, tu resteras ici un bon bout de temps, Frank, dit John qui se leva de son fauteuil. Réfléchi bien à notre discussion, je comprends que tu ne sois pas d'accord avec moi. Tu ne me fais pas encore confiance et c'est normal. »
John se dirigea vers la porte de sortie.
« -Je reviendrai te voir plus tard, dit John à Frank. Profites-en pour te reposer et écouter un bon film, il y a aussi de quoi manger dans le bar. Demande à mon garde de venir me chercher s'il y a quoi que ce soit. »
John sortit de la pièce et se dirigea vers la cellule de Serena. Une fois arrivé à celle-ci, le garde qui surveillait l'entrée laissa passer John. La cellule de Serena était en tout point identique à celle de Frank. Excepté la couleur des murs qui était bleue. Serena était assise sur un canapé et Mike dans un fauteuil.
« -Elle ne veut pas me dire où elle les a cachés, John, dit Mike.
-Et je ne le dirai pas, répliqua Serena. »
John alla s'asseoir dans un fauteuil à côté de Mike.
« -Voyons, Serena, dit John. Tu sais comme moi que nous allons savoir où tu les as cachés. Choisis donc la manière douce, je n'aimerais pas utiliser la manière forte envers toi.
-Je sais cependant que si je te le dis, tu poursuivras le programme avec les mêmes intentions.
-Tu les connaissais depuis le départ, je ne t'ai jamais menti sur mes intentions.
-C'est pourquoi que je tenais à t'empêcher que tu les réalises. »
Mike sortit une cigarette de son paquet et l'alluma.
« -Serena, dit Mike. Dis-le s'il te plait.
-De toute façon, même si je vous le disais, personne, ni moi y aurais accès, dit Serena.
-Comment ça ? demanda John.
-D'accord je vais te le dire, John, dit Serena. Je ne veux pas que tu me harcèles avec des tas de questions. De toute façon, comme je te l'ai dit, tu ne seras pas capable de les récupérer.
- Alors, où sont-ils ? demanda John.
-La vraie question à se poser est ; quand sont-ils? »
Il eut un moment de silence.
« -Tu n'as quand même pas envoyé les travaux dans une autre époque pour les cacher ? dit Mike.
-Pas vraiment, dit Serena. Je veux dire, je n'ai pas fait le voyage, je les ai seulement envoyés dans le temps.
-Comment? demanda John.
-Avant de m'enfuir, j'ai utilisé la machine expérimentale et j'ai placé les documents dedans pour les envoyer un siècle plus tard.
-Et où les as-tu envoyés? demanda Mike.
-Je ne sais pas, répondit Serena.
-Comment ça tu ne le sais pas? demanda John.
-À l'endroit où se trouve la machine expérimentale, je présume, je n'ai pas entré de données d'envoi. »
John soupira.
« -Qu'est-ce qui te dit que quelqu'un de mal intentionné n'aurait pu les récupérer dans un siècle ? dit Mike
-Je ne sais pas, dit Serena, et ce n'est pas mon problème, je ne serai plus de ce monde dans cent ans.
-Tu te considères comme protectrice du temps, mais seulement lors de ton passage en ce monde ? dit Mike.
-Je ne pourrai plus être protectrice du temps lorsque je serai morte, répondit Serena.
-Je ne comprendrai jamais ta façon de penser, Serena, dit Mike.
-Je te remercie m'avoir dit où tu as caché les travaux Serena, dit John. »
Elle ne répondit rien en retour.
« -Tu vois, dit Mike, ce n'était pas compliqué. On sait où ils sont, mais pas quand ils sont.
-Mais on ne les a pas en notre possession, dit John.
-Et tu ne les auras jamais, dit Serena. Tu n'as pas de machine à voyager dans le temps.
-On a la machine expérimentale, dit Mike.
-Tu sais bien qu'elle ne peut qu'envoyer des objets vers le futur ou le passé, affirma John.
-C'est vrai, dit Mike, mais il y a bien un moyen de l'adapter pour des humains.
-Mais vous n'avez pas les travaux que j'ai volés pour construire une machine te permettant de voyager dans le temps pour les récupérer, dit Serena en poussant un petit éclat de rire.
-C'est vrai, dit John. Mais Mike m'a dit qu'un de ses plans avait servi à la construction d'une machine qui aurait fonctionné pour ton ami, Frank. »
Serena ne dit pas un mot.
« -Si tu me donnes les matériaux et l'équipement nécessaire je pourrais te la construire et tu l'auras dans deux jours, dit Mike.
-Tu m'as dit que ça te prendrait des mois! dit Serena.
-Je ne t'ai peut-être pas tout dit concernant comment je peux la construire, dit Mike.
-Tu n'es qu'un salop Mike ! dit Serena. »
Mike ne réagit pas.
« -Bien, dit John. Je te donnerai ce que tu veux, Mike. Va chercher tes plans à ton appartement et je te laisserai mon labo personnel pour que tu construises la machine.
-Je reviens dans une demi-heure, dit Mike qui se leva de son fauteuil.»
Il quitta ensuite la pièce, laissant seul John et Serena.
« -Ton frère en ? dit John.
-Non, répondit Serena.
-Voyons Serena, il me l'a dit, je sais que vous êtes frère et sœur.
-Qu'est-ce ça change maintenant ? dit-elle.
-Rien, en effet, dit John.
-Il ne l'est plus maintenant, il m'a trahi.
-Oh Serena ne soit pas si dramatique.
-Je ne suis pas, répondit-elle.
-Maintenant, sois honnête, je sais que tu as menti.
-Je n'ai pas menti.
-Tu sais très bien que si, dit John. Tu sais où tu les as cachés. Tu as peut-être dit la vérité sur le saut d'un siècle où tu as envoyé les travaux, mais je sais que n'est pas assez stupide pour ne pas savoir où ils sont. »
Serena détourna son regard.
« -Quand Mike aura construit cette machine, nous allons faire le voyage pour les retrouver, dit John. Tu feras partie de ce voyage.
-Pourquoi vouloir les récupérer si Mike réussit à construire une machine qui fonctionne?
-Tu sais qu'il y avait d'autres choses que des plans et notes dans les travaux, Serena. »
Serena ne répondit pas.
« -Alors tu sais que tu as intérêt à m'aider à les retrouver, n'est-ce pas ? »
Serena fit un hochement de tête.
« -Tu sais que tu ne pourras pas mentir éternellement à Frank, sur ce que tu lui caches.
-C'est mieux qu'il ne sache rien, dit Serena.
-Tu en es sûr? demanda John.
-Certaine, dit-elle.
- Frank ignore tout de ce que toi et moi connaissons, sur son propre passé.
-Je sais, ce n'était pas prévu qu'il réussisse à faire un voyage dans le temps et revenir jusqu'ici.
-Selon moi c'est loin d'un pur hasard, s'il est ici.
-Il n'a souvenir de rien, pourquoi ça ne serait pas un hasard ?
-Il vaut mieux le renvoyer à son époque le plus tôt possible, dit John. Après avoir tout récupéré les travaux.
-Si l'ont réussi à les récupérer. »
John se leva de son fauteuil et quitta la pièce.
Serena se retrouva seule dans sa cellule. Elle pensait à ce dont elle venait de parler avec John sur Frank. John et Serena en savaient plus sur son passé que lui-même. Elle se demandait s'il était plus sage de ne rien lui dire pour le moment ou faire l'inverse en lui disant tout ce qu'il ignore sur lui-même. John avait raison, les travaux contenaient plus que des plans et des notes sur des engins spatio-temporels et Serena savait très bien l'endroit où ils avaient été envoyés. Il serait difficile de les retrouver et elle ne voulait surtout pas que John les récupère. En même temps, elle aussi voulait les récupérer. Elle allait faire partie du voyage pour aller les chercher et elle était la seule à savoir où ils étaient. Elle pourrait peut-être mener John en bateau pendant un bout de temps pour qu'il ne trouve pas les travaux, du moins pas en totalité, mais John n'était pas un sot. C'était d'ailleurs l'un des hommes les plus intelligents qu'elle a rencontré. Ses intentions sur la technologie que contenaient les travaux n'étaient pas mauvaises, elle était seulement en désaccord. John était un homme bien et avait été jadis l'ami de Serena. C'était elle qui avait changé et elle avait peut-être commis une erreur en volant tous les travaux. Elle était cependant très en colère contre Mike qui l'avait trahie en l'amenant à John. Elle avait confiance en Mike. C'était même lui qui l'avait aidé à s'enfuir après qu'elle ait volé les travaux. Maintenant qu'elle était prisonnière de John, elle n'avait pas vraiment le choix de coopérer. Elle savait qu'il ne lui ferait aucun mal, John n'était pas quelqu'un violent de nature, mais elle ne voulait quand même pas rester enfermée éternellement dans une pièce sans fenêtres et sans pouvoir sortir. Elle aurait pu essayer de s'enfuir, mais, cette fois, personne ne pourrait l'aider. Mike ne serait plus là pour elle.
Serena se leva de son fauteuil et alla prendre un vers d'eau dans le bar en coin. Soudain, quelqu'un frappa à la porte. Serena alla répondre. C'était John qui revenait accompagné de Frank. Ils entrèrent dans la pièce.
« -Tu serais mieux de lui dire toute la vérité, Serena, dit John qui quitta ensuite la pièce en laissant Frank avec Serena. »
Le garde qui surveillait la porte la referma.
« -John m'a parlé, dit Frank. Je ne suis pas en accord moi aussi avec ses intentions. »
Serena alla s'asseoir sur le canapé et ne répondit pas à Frank.
« -Est-ce vrai que vous avez volé les travaux pour vous en servir dans vos propres intérêts ? demanda Frank.
-Je ne m'en suis pas servi, répondit Serena. Je ne les ai même pas en ma possession.
-Où est-ce que vous les avez cachés ? demanda Frank. Je ne le dirai pas à John, il ne m'a pas envoyé ici pour vous le demander. Je ne sais pas pourquoi qu'il m'a amené ici à vrai dire.
-Je lui ai dit où se trouvent les travaux, répondit Serena. En fait, quand.
-Je ne comprends pas, dit Frank. »
Serena soupira et fit signe à Frank de s'asseoir sur un fauteuil, ce qu'il fit.
« -J'ai envoyé les travaux, que John veut retrouver, dans le futur, en 2145, répondit Serena.
-Quoi? Comment avez-vous fait ?
-Longue histoire, répondit-elle. Mike est allé chercher ses plans dans son labo pour reconstruire la machine dont tu es arrivé. John veut que nous fassions le voyage pour retrouver les travaux. Je ne lui ai cependant pas dit ils où ils se situent dans le futur.
-Oh, dit Frank. Vous allez l'aider à les retrouver?
-Je ne veux pas qu'il les ait en sa possession, mais je veux les récupérer et si possible m'enfuir avec au dernier moment.
-Comment comptez-vous faire ? demanda Frank.
-Et tu recommences à poser trop de questions, dit Serena.
-Désolé, dit Frank. Puis-je en poser une dernière?
-Tu viens de le faire.
-Je sais, mais ce n'est pas cette question-là que je veux vous poser ! dit Frank.
-Arrête de me vouvoyer, ça devient énervant en fin de compte.
-Désolé.
-Pose là ta question. »
Frank se positionna de manière plus confortable sur son fauteuil qu'il trouvait un peu trop dure.
« -Quand je suis entré avec John, il a dit que vous, euh tu devrais me dire toute la vérité, dit Frank. Qu'elle vérité devrais-tu me dire au juste ? »
Serena resta muette un moment. Elle réfléchissait si elle devait lui révéler son passé.
« -Les travaux que j'ai volés ne contenaient pas que des notes et des plans d'engin servant à voyager dans le temps, finit-elle par dire.
-Ah non ? dit Frank. Qu'est-ce qu'ils contenaient d'autre ? »
Serena prit quelque seconde avant de répondre.
« -Des travaux sur une autre technologie, répondit-elle. Je ne veux pas t'en dire plus.
-Une autre technologie concernant le voyage dans le temps ? demanda Frank.
-Non, une technologie que tu… »
Serena ne finit pas sa phrase.
« -Que je quoi ? demanda Frank.
-Laisse tomber, dit-elle.
-Je veux savoir.
-Tu le sauras en temps et lieu, dit Serena. »
Frank se tut.
« -Il faut que tu fasses partie du voyage pour retrouver les travaux, Frank, dit Serena.
-Pourquoi donc ? Je ne suis d'aucune utilité.
-Je me sens responsable de toi, tu dois venir, dit-elle.
-Et est-ce que John va accepter ?
-Je lui demanderai, répondit Serena.
-Quand est-ce que l'on part pour ce voyage ?
-Dès que Mike aura construit la machine, répondit Serena.
-Ça ne va prendre des mois ?
-Non, il avait menti, ça ne lui prendra qu'un jour ou deux.
-Oh, dit Frank. Va-t-il réussir à la construire ?
-Je n'ai pas de doute, répondit Serena. C'est lui qui l'a dessiné et il est habile de ses mains. »
Frank se souvint alors d'un détail de son voyage qu'il avait effectué dans le temps et décida d'en parler à Serena.
« -Quand j'ai fait le voyage avec la machine, il y avait d'inscrit dessus ; « Ce voyage est un allé simple », est-ce ça veut dire qu'on ne pourra pas revenir en arrière une fois le voyage effectué ?
-On pourra demander à Mike, répondit Serena.
-D'accord, dit Frank. »
Frank avait beaucoup de questions encore à poser à Serena, mais il hésitait fortement à les demander étant donné que celle-ci ne semblait guère apprécier d'être interrogée. Il se risqua, cependant, à en poser une dernière.
« -Où est-ce que tu as caché les travaux que John veut récupérer ? demanda-t-il.
-Je ne crois pas que je devrais de te le dire, répondit Serena, mais je peux te dire qu'ils ne sont pas tous au même endroit.
-Pas au même endroit ? demanda Frank.
-Je les ai envoyés à divers endroits, je ne pouvais pas risquer que quelqu'un tombe par hasard sur tous les documents à la même place, c'est une forme de sécurité de les éparpiller.
-Je comprends, dit Frank. Avais-tu seulement l'intention de les mettre à l'écart de John ou comptais-tu tu plutôt de les récupérer un jour ? »
Serena soupira.
« -Arrête de poser autant de questions, dit Serena. »
Frank resta muet.
« -Quand ça concerne le voyage dans le temps, il est toujours mieux de ne pas trop être curieux, dit Serena. »
Serena ne s'était toujours pas décidé de dire la vérité à Frank à propos de son passé. Elle avait peur des conséquences que cela pourrait avoir.
Frank se leva de son fauteuil et s'apprêta de quitter la pièce, quand Serena l'interpella.
« -Frank, dit-elle.
-Oui ? répondit-il.
-Quand nous nous sommes rencontrés à l'hôpital, dit-elle.
-Oui ?
-Eh bien ce n'était pas la première fois que nous nous rencontrions, finit-elle par dire.
-Hein ? dit Frank.
-Je t'en ai déjà trop dit. Il y a des choses que tu ne devrais pas savoir sur ce qui se passe et sur ce qui s'est passé, Frank. »
Frank décida de garder ses questions pour plus tard. Il tourna le dos à Serena avant de franchir la porte pour retourner dans sa cellule, escorté par un garde. À mi-chemin, il croisa John qui parlait avec Mike qui était revenu avec les plans. Ils étaient assis autour d'une grande table, dans la pièce d'entrée du bunker.
« -Attends un peu Frank, dit John. Viens t'asseoir. »
Le garde laissa Frank s'approcher de Mike et John. Une fois arrivé à la table, Frank prit place.
« -Qu'est-ce que Serena t'a dit ? demanda John.
-Pas grandes choses, seulement que je ne devrais pas vous faire confiance, mentit Frank.
-Elle ne t'a rien dit d'autre ? demanda John.
-Elle m'a aussi dit que vous alliez faire un voyage dans le temps pour récupérer les plans, avec une machine que Mike va construire.
-C'est tout ? demanda John.
-Oui, répondit Frank.
-Bien, je vais devoir avoir une discussion avec elle, dit John. Va dans ta chambre, je viendrai te voir sous peu. »
Frank se leva en direction de sa cellule, laissant Mike et John ensemble.
« -Tu crois pouvoir la faire en combien de temps ? demanda John à Mike.
-Eh bien, j'ai élaboré un plan assez compliqué, dit Mike.
-Explique ?
-La construction de cette machine va me prendre des mois à bien y réfléchir.
-Mais tu m'as dit que ça te prendrait à peine deux jours !
-Laisse-moi te dire ce que j'ai planifié, John, dit Mike. Je vais rester jour et nuit dans ton labo pendant des mois, mais je devrai être totalement isolé de tout le monde. Lorsque la machine sera construite, je reviendrai dans le temps, jusqu'à aujourd'hui. Mais il ne faut pas que quelqu'un ne me voie pendant le temps de construction, sinon ça créera un paradoxe temporel. La machine ne peut apparaître si je ne la construis pas, même s'il elle existe avant. Je dois donc être écarté de tout au monde pour éviter un paradoxe.
-C'est une excellente idée que tu as eue, Mike, dit John. Je vais te laisser t'installer dans mon labo situé en montagne et je vais envoyer l'un de mes hommes te laisser des provisions de nourriture pour des mois. Tout pourra être complètement isolé de tout le monde.
-Parfais, dit Mike. Je noterai l'heure où que je commence à construire la machine et ce sera à cette heure précise que je remonterai dans le temps pour vous joindre.
-Et où vas-tu arriver ? demanda John.
-L'engin atterrit comme un avion, j'ai besoin d'espace.
-Une route en pleine nuit ? suggéra John.
-Il faut être discret et l'engin nécessite une énorme quantité d'énergie à chaque voyage. Je serai cependant en mesure de modifier les plans pour éviter de devoir utiliser un portail pour faire fonctionner la machine. Ça ne devrait pas être très compliqué, il faut principalement juste ajouter de bons moteurs et mettre les cristaux photoniques de manière stratégique sur la machine. Ça permettra du même coup de permettre des voyages aller-retour et non seulement allée simple.
-Bien, dit John. Il faut te trouver un endroit pour atterrir avec l'engin. Si tu peux lui donner une apparence d'avion, tu pourrais arriver par une piste. Je pense à l'adacport de Victoria de Montréal à peine vingt-cinq minutes d'ici.
-C'est proche de la ville, quelqu'un ne risque-t-il pas de nous voir ? Et aussi, il n'y a pas un bâtiment de construit sur cette ancienne piste ? demanda Mike.
-Pas si on le fait en pleine nuit, on peut rester discret. Et il reste encore un bout de la piste ,sans obstacle, assez long pour la distance dont on a besoin. Mais tu devrais partir tout de suite, Mike. Nous sommes déjà en fin d'après-midi, tu pourras être arrivé à mon labo d'ici une heure et attendre le milieu de la nuit avant de commencer à construire la machine. Nous irons attendre le « toi du futur », sur la piste.
-Je vais passer rassembler mes affaires à mon appartement, avant de partir pour ton laboratoire, John. J'y vais de ce pas ! dit Mike en ce levant de sa chaise.
Il prit ses plans, qui étaient sur la table, dans ses mains.
« -Très bien, dit John. L'un de mes gardes t'y conduira. »
Un garde qui surveillait la porte d'entrée du bunker hocha de la tête en direction de John. Mike se dirigea, ensuite, vers la porte d'entrée.
« -Je te souhaite bonne chance, Mike, dit John. On se revoit ce soir.
-À dans quelques mois pour ma part ! dit Mike avant de franchir la porte d'entrée avec un garde. »
John resta assis quelques instants à table, avant de se lever à son tour. Il alla ensuite vers la cellule de Serena. Une fois arrivé à celle-ci, il entra.
« -Suis-moi, dit John à Serena.
-Pourquoi? demanda-t-elle.
-Réunion au sommet, dit John.
-Pourquoi ? demanda-t-elle encore.
-Fais juste me suivre. Tu veux bien ? »
Serena, étant assise dans un fauteuil, se croisa les bras.
« -Je ne bouge pas d'ici tant que tu ne me dis pas la raison, dit-elle. »
John soupira.
« -Toi et ton caractère, dit John. On part ce soir.
-Pour ?
-Retrouver les travaux.
-Quoi ? Mike a déjà construit la machine ?
-Je vais tout t'expliquer, maintenant suis moi. »
Serena se leva et sortit de sa cellule avec John. Ils allèrent, ensuite, voir Frank. Arriver à sa cellule, ils y entrèrent. Serena alla immédiatement s'asseoir sur le canapé. Frank lui était debout derrière le bar en coin.
« -Qu'il y a-t-il ? demanda Frank.
-Nous partons ce soir, dit John qui se tenait toujours debout dans l'entrée.
-Nous partons pour le futur ? Hmm, c'est-à-dire votre futur, mais mon passé ? demanda Frank.
-C'est exact, répondit John.
-Comment ? dit Frank.
-Mike s'en va construire la machine dans mon labo, répondit John. Ça lui prendra beaucoup de temps, mais une fois qu'elle sera achevée, il remontera dans le temps, jusqu'à cette nuit, où nous partirons vers le futur.
-Ingénieux, dit Serena.
-Je prends ça pour un compliment, venant de ta part, dit John. Dommage que Mike ne soit pas ici pour l'entendre, l'idée vient de lui.
-Et où allons-nous le retrouver ? demanda Frank.
-Dans un adacport désaffecté, non loin d'ici, répondit John. »
John alla s'asseoir sur un fauteuil et Frank, qui était toujours derrière le bar, alla faire de même.
« -Frank, tu feras partie du voyage. Je crois que tu vas être très utile, dit John en tournant sa tête vers Serena.
-Comment ça ? demanda Frank.
-Tu es plus utile que ce que tu penses, Frank, dit John. Nous devons nous préparer pour cette mission. Je vais vous donner des armes, je ne sais pas qui l'on pourrait rencontrer en 2145.
-Des armes ? dit Frank. Nous sommes vos prisonniers, n'avez-vous donc pas peur que l'on se retourne contre vous ? »
John ria un peu.
« -Je n'aime pas le terme « prisonnier », dit John. Vous êtes plutôt mes…invités forcés ? Et oui je préfère vous donner des armes et que vous soyez contre moi que de ne pas avoir de moyen de défense et qu'on finisse nous trois prisonniers dans le futur face à un adversaire qu'on ne connaît pas. Et de toute façon, les armes que vous avez sont verrouillées et ne peuvent se déverrouiller que si j'appuie sur la détente de mon arme.
-Je suis une invitée forcée, maintenant ? dit Serena.
-Je ne veux pas être perçu comme étant le méchant, répondit John. Je ne t'en veux pas, Serena, d'avoir volé les travaux. Je veux dire…je ne t'en veux pas à mort. Je ne vous veux pas de mal, ni à toi ni à Frank. Je veux seulement retrouver les travaux, mais s'il faut que j'utilise la force pour les obtenir, je n'hésiterai pas à l'utiliser.
-Tu ne devrais pas me faire autant confiance, dit Serena.
-Peut-être, dit John.
-Quand partons-nous ? demanda Frank.
-Dans quelques heures, répondit John. En attendant, tu dois me dire, Serena, où tu as caché les travaux ? »
Serena resta un moment silencieuse, avant de répondre. Elle ne voulait pas dire à John où elles les avaient cachés. En même temps, il serait plus facile pour elle de les récupérer si elle coopérait avec John. Elle verrait, par la suite, comment s'enfuir.
« -Je les ai envoyés, à divers endroits, éparpillés, finit-elle par répondre.
-Tout pour nous compliquer la tache, dit John. À quels endroits sont-ils plus précisément ?
-Une partie est cachée dans la Maison-Blanche, une autre au parlement canadien, puis une partie à la base militaire de Bagotville et le reste dans une base militaire au Texas, dit-elle.
-Es-tu tombée sur la tête lorsque tu les as envoyés ?! dit John. Comment veux-tu les récupérer ?
-Mon but était dès les rendre inaccessibles, dit Serena.
-Sais-tu comment les récupérer au moins ? demanda John.
-Non, répondit-elle.
-Je n'avais pas imaginé la tâche aussi difficile, dit John. Les bases militaires sont déjà presque qu'impénétrables, le parlement et la Maison-Blanche le sont encore moins.
-Qu'est-ce que la Maison-Blanche ? demanda Frank.
-Il n'y a pas de Maison-Blanche, en 2815 ? demanda Serena.
-Non, répondit Frank.
-La Maison-Blanche est le lieu de résidence et le bureau du Président des États-Unis d'Amérique, il est donc impossible d'y entrer à notre guise, répondit John.
-Oh, dit Frank. Comment allons-nous récupérer les travaux alors ?
-Je crois qu'il serait préférable de commencer par la base militaire du Texas, suggéra John. Nous aurons plus de chance d'obtenir une partie de ces travaux-là que ceux qui sont à la Maison-Blanche. Gardons le parlement canadien et Bagotville pour la fin, puisque c'est en notre territoire c'est moins pressant. Il faudra être ingénieux, les systèmes de sécurités doivent surement être très élaborés en 2145.
-Je ne sais pas comment on va s'y prendre, mais on a peut-être une chance d'y arriver, dit Serena.
-Nous élaborons un plan plus détaillé lorsque nous serons rendus en 2145, dit John. Pour l'instant, il faut s'y rendre. On n'est même pas encore certain que Mike va réussir à construire la machine.
-Vos gardes du corps viendront-ils aussi ? demanda Frank.
-Non, je vous fais assez confiance pour savoir que vous ne tenterez pas de vous enfuir ou d'essayer de me tuer, dit John. Sinon, vous n'aurez pas de possibilité de retour de 2145, vous n'avez pas le choix d'être gentil avec moi.
-On se connaît à peine, je ne vous fais pas confiance, vous êtes mon ravisseur et vous me donnerez une arme sans avoir avec vous de gardes du corps ? dit Frank.
-C'est ça, dit John.
-Ça n'a aucune logique ? dit Frank.
-Je te connais plus que tu ne le penses, Frank, et je sais que Serena n'est pas assez stupide pour tenter quoi de c'est envers moi. Elle a tout intérêt à m'aider à retrouver les travaux. »
John se leva de son fauteuil.
« -Il est déjà tard, dit-il. Vous devriez vous reposer avant de partir. Je viendrai vous chercher lorsqu'il en sera le temps. »
Serena se leva du canapé pour retourner dans sa cellule.
« -Pendant ce temps, Serena, dit John. Réfléchies à comment récupérer les travaux, c'est toi qui sais précisément où ils se trouvent, dans la base et à la Maison-Blanche.
-J'y verrai, dit Serena avant de quitter la pièce. »
John s'apprêtait lui aussi à sortir, quand Frank l'interpella.
« -Qu'est-ce que je ne sais pas et que je devrais savoir, John ? demanda Frank.
-Tu verras bien assez tôt, répondit-il avant de quitter la pièce. »
IV
Frank s'était bien reposé durant la soirée, il s'était même endormi sur le canapé. C'est John qui le réveilla en frappant à la porte.
« -Je t'ai réveillé? demanda John.
-Non, je dormais à peine.
-Bien, il est temps de partir, il est trois heures du matin.
-Je serai prêt dans cinq minutes, dit Frank.
-Je vais aller informer Serena que nous partons, je t'attendrai dans l'entrée du bunker. »
John quitta la pièce pour informer Serena de se préparer. Frank s'assit, sur le canapé. Il se frotta les yeux, étant encore un peu endormi. Il se leva et alla boire un verre d'eau. Il alla, ensuite, retrouver John à l'entrée du bunker.
« -Te voilà, dit John étant debout, seul, à côté de la grande table. Serena devrait bientôt arriver.
-Mike nous attend ? demanda Frank.
-Il m'a envoyé un message me disant qu'il commencera la construction de la machine sous peu. C'est à ce moment qu'il retournera dans le passé, lorsqu'il aura fini la machine. »
Serena arriva dans l'entrée.
« -On y va ? demanda Serena.
-Maintenant que tu es arrivée, oui, dit John. Êtes-vous prêts ?
-Je le suis, dit Frank. »
Serena, quant à elle, ne répondit pas.
Un garde de John ouvrit la porte d'entrée du bunker. John entra dans la « salle d'entretien » en premier, suivi de Serena, puis de Frank. Une fois la porte refermée, John retira sa carte magnétique de sa manche et le plaça contre la porte, comme à leur arriver. La pièce se mit à vibrer et donnait une sensation d'ascension au groupe qui se trouvait à l'intérieur. Une fois le tremblement terminé, John ouvrit la porte face à lui et sortie de la pièce. Frank et Serena le suivirent, ils étaient maintenant de retour dans le stationnement sous-terrain.
« -Nous prendrons ma voiture, dit John. Suivez-moi. »
Ils allèrent plus profondément dans le stationnement sous-terrain. Arrivé au fond, John s'approcha d'une voiture noire, semblable à celle où ils étaient arrivés. Il ouvrit la porte du côté passager et fit signe à Serena de s'asseoir. Elle entra dans le véhicule et attacha sa ceinture. John alla, ensuite, ouvrir la porte arrière du véhicule, pour que Frank y entre.
« -C'est un peu plus serré en arrière, Frank, mais ça reste confortable, dit John. »
Frank alla s'asseoir.
John alla se placer sur le siège du conducteur et démarra le véhicule. Il mit le bras de vitesse sur la position « Drive », enleva le frein à main et commença à circuler dans le stationnement, jusqu'à la sortie menant à l'extérieur. Une fois dehors, John conduisit dans les rues jusqu'à prendre une entrée d'autoroute.
« -Nous serons arrivés d'ici peu, dit John. J'espère que Mike aura réussi à construire la machine.
-Je l'espère aussi, dit Serena.
-Quand j'ai fait le voyage, dit Frank. La machine a passé dans une sorte de tunnel ressemblant à un portail. Comment Mike pourra nous voyager dans le temps avec la machine si nous n'avons pas de tunnel ?
-Mike m'a dit qu'il modifierait la machine pour sacrifier le portail, répondit John. Il avait l'air à savoir quoi faire. Il aura autant de temps qu'il le voudra pour finaliser la machine, connaissant Mike, la machine n'aura aucun défaut lorsqu'il arrivera. De toute façon, on verra s'il a réussi en arrivant au parc. »
John roula encore pendant une dizaine de minutes, avant de passer devant une grande affiche qui indiquait : « Terrain privé, défense de passer ».
« -On y est, dit John. »
Il roula encore quelques minutes jusqu'au stationnement du parc. Il arrêta le moteur de la voiture et en sortit. Frank et Serena firent de même. John alla en arrière du véhicule et ouvrit le coffre. Quatre pistolets et quatre vestes pare-balles se trouvaient au fond. John remit un pistolet et une veste à Frank et à Serena, ainsi que deux chargeurs chacun.
« -Je n'arrive pas à croire que tu nous fais assez confiance pour nous laisser réellement des armes, dit Serena.
-Je fais peut-être une erreur, mais vous seriez bien embarrassant si on n'a rien pour se défendre en cas de pépin, dit John. »
Tous enfilèrent leur veste pare-balles. John alla ouvrir la porte arrière de sa voiture et se pencha pour aller chercher quatre ceintures munies d'étuis à pistolet, en dessous de la banquette arrière. Il en donna une à Frank et à Serena qu'ils placèrent à leur taille. John fit de même, par la suite. Il prit la veste, la ceinture et le pistolet restant dans ses mains et referma le coffre.
« -Ça, c'est pour Mike, dit John en montrant ce qu'il avait dans les mains à Frank et Serena.
-Où devons-nous l'attendre ? demanda Serena.
-Sur une ancienne piste de l'adacport désaffecté, répondit John. C'est à peine deux minutes de marche du stationnement. »
Ils commencèrent à marcher jusqu'à la piste d'atterrissage et n'échangèrent aucun mot pendant ce temps. Une fois arrivé, John déposa ce qu'il avait dans les mains, au sol.
« -Mike ne devrait pas tarder, dit John.
-Et s'il n'arrive pas ? demanda Frank.
-Il va arriver, répondit sèchement Serena. »
Il faisait un peu froid dehors pour une nuit de juillet. Il y avait une faible brise venant du fleuve et l'on pouvait entendre le bruit de la ville venant de loin. Mike n'était toujours pas arrivé et John commençait à être un peu nerveux.
« -Il est en retard, dit John.
-Il a dû sélectionner la mauvaise heure, dit Serena. »
En disant cela, une explosion à l'autre bout de la piste fit sursauter Frank, Serena et John. Ce qui ressemblait être un petit avion s'approchait à toute vitesse, sur la piste.
« -C'est Mike, dit John. »
L'avion commença à ralentir et s'arrêta à quelques mètres du groupe. Une porte s'ouvrit et Mike en sortit. Il avait une très longue barbe blonde et les cheveux longs regroupés en queue de cheval.
« -Bonjour, dit Mike. Je suis un voyageur du futur venant vous annoncer que l'avenir est très sombre, ».
-Arrête de niaiser Mike, dit John en ayant le sourire aux lèvres.
-Six mois, deux jours, huit heures et vingt-six minutes de dur labeur m'ont été nécessaires pour construire ce bijou, dit Mike en regardant l'engin dont il venait d'arriver. »
La machine à voyager dans le temps ressemblait très étrangement à un petit avion. Mike lui avait ajouté des ailes, l'avait peint en rouge et avait ajouté un siège supplémentaire à l'intérieur.
« -C'est du très bon travail que tu as fait-là, dit John à Mike.
-Je suis effectivement fier d'avoir réussi, dit Mike. Ça me fait étrange de penser qu'en ce moment, le moi du passé est présentement en train de la construire. »
John ramassa ce qu'il avait déposé par terre et le donna à Mike.
« -J'espère qu'on n'en aura pas besoin, mais c'est au cas où, dit John. »
Mike regarda Frank et Serena.
« -Tu leur as aussi donné des armes ? demanda Mike à John.
-Ils ne tenteront rien contre nous, répondit John.
-Ils pourraient essayer de s'enfuir ! dit Mike.
-Je leur fais confiance, dit John.
-J'ai eu le même étonnement que toi quand John m'a remis une arme, dit Serena. »
Mike enfila sa veste pare-balles et sa ceinture à pistolet.
« -Nous devrions immédiatement partir, suggéra John.
-La machine est fonctionnelle, dit Mike. Il nous reste qu'à embarquer et partir de cette époque.
-Allons-y, dit John. »
Ils embarquèrent chacun leur tour dans l'engin spatio-temporel. Mike y entra le dernier en refermant la porte.
Frank avait remarqué que l'intérieur de la machine n'était pas identique à celle qu'il était arrivé en 2045. Il y avait bien sûr un siège de plus, mais les parois intérieures de la coque étaient faites en coussins de mousse et il y avait plus d'instruments de commande.
« -Attachez vos harnais, dit Mike. Le voyage risque d'être un peu violent. »
Chacun fit ce que Mike venait de demander.
« -Quelle date précise devons-nous aller, Serena? demanda Mike. »
Serena ne répondit pas.
« -Je sais que tu es encore fâché contre moi, mais je dois savoir quand aller, pour partir. »
-D'accord, dit-elle avec un air bête. Nous devons aller au 4 juillet 2145. »
Mike entra les coordonnés dans son tableau de commande et appuya sur divers buttons.
« -C'est parti ! dit Mike. »
L'engin commença soudainement à vibrer puis à accélérer sur la piste. Les secousses devinrent de plus en plus fortes et l'intérieur de l'appareil devint très lumineux, à n'en devenir aveuglant. John, Serena et Frank se couvrirent les yeux, sauf Mike qui avait mis des lunettes protectrices. Soudain, une sensation de tomber dans le vide se fit ne ressentir, comme Frank avait vécu dans son dernier voyage et tout à coup, plus rien. Tout était plongé dans le noir.
« -Personne n'a vomi ? demanda Mike. »
Personne ne répondit.
« -Je prends ça pour un non, dit Mike. Nous sommes arrivés. »
Ils détachèrent leur harnais et Mike ouvrit la porte de l'appareil. Son sang se figea lorsqu'il porta son regard à l'extérieur.
Mike débarqua de la machine à voyager dans le temps. Une dizaine de soldats les encerclaient, pointant leurs armes vers Mike qui porta ses mains sur sa tête.
« -À terre ! cria un soldat. »
Mike ne dit pas un mot, se plaça sur les genoux, puis à plate vente, ayant toujours les mains sur la tête.
« -Repartez avec la machine ! cria Mike. »
John ayant vu ce qu'il se passait referma la porte et appuya sur divers boutons de la machine. Des bruits de balles se firent entendre sur la coque extérieure de l'appareil.
« -Que fais-tu John ?! demanda Serena. »
John ne répondit pas et sélectionna le ; 5 juillet 2145 sur le tableau de commande, ainsi qu'une destination ; Nouveau-Mexique. Il actionna ensuite quelques interrupteurs qu'il semblait avoir vu Mike utiliser dans le précédant voyage et soudain, la machine se mis à trembler, accélérer, à donner des secousses de plus en plus violentes, à devenir de plus en plus lumineuse, à l'intérieur, et quelques secondes plus tard, les occupants sentirent une grande sensation de tomber dans le vide, comme ils avaient senti quelques minutes auparavant. Puis, le noir total, plus aucune vibration ni bruit ne se firent ressentirent.
« -Est-ce que ça va ? demanda John. »
Des lumières de secours s'allumèrent dans la machine, permettant de voir à l'intérieur.
« -Je n'ai rien de casser, dit Frank.
-Explique-moi ce qui s'est passé ?! demanda Serena.
-Mike nous a fait atterrir directement dans la base où tu as caché les travaux, Serena, répondit John.
-Quoi ? dit Serena. Je ne croyais pas qu'il pouvait être stupide à ce point !
-Il n'a pas dû réfléchir en entrant les coordonnés, dit John. Il était trop fier d'avoir réussi à construire la machine, il était distrait dans ses décisions.
-Distrait-tu dis ? affirma Serena. Quand et où sommes-nous maintenant ?
-Le 5 juillet 2145, quelque part au Nouveau-Mexique, répondit John.
-Donc nous avons perdu Mike hier ? dit Serena.
-On peut voir ça comme ça, dit John.
-On ne peut pas l'abandonner ! dit Frank.
-Je n'ai pas dit qu'on l'abandonnerait, dit John. Nous devons aller le tirer de là.
-On pourrait aussi le laisser là, dit Serena.»
John soupira.
« -Je sais que tu es très en colère contre lui, mais tu ne pourras pas le rester éternellement! Dit John à Serena. C'est ton frère après tout.
-Il m'a trahi, dit Serena.
-Si c'était toi qui aurais été à la place de Mike, il serait fort à parier que tu apprécierais qu'on te vienne en aide, dit John.
-Eh bien ce n'est pas moi qui suis à la place de Mike, répondit sèchement Serena.
-Si tu ne veux pas l'aider et que moi et Frank y allons, que ferras-tu ? »
Serena resta silencieuse un moment.
« -D'accord, on va aller le démerder, finit par dire Serena.
-Comment on s'y prend ? demanda Frank.
-C'est là que ça devient plus compliqué, dit John. En fait, je n'en ai aucune idée.
-On pourrait d'abord récupérer les travaux et ensuite Mike, dit Serena.
-Les travaux peuvent attendre, dit John, pas Mike.
-On commence par où pour le sauver ? demanda Frank.
-Il faut cacher la machine, dit John. Il ne faudrait pas que quelqu'un tombe dessus et l'utilise. Si ça arrive, nous serons emprisonnés en 2145. »
John ouvrit la porte de la machine et en sortit. Frank et Serena firent de même. La machine avait atterri au flan d'une montagne, près d'une entrée de caverne.
« -Voici l'endroit idéal pour la cacher, dit John en pointant la caverne. Il semble que je nous ai fait atterrir aux cavernes de Carlsbad, je suis déjà venu ici visiter.
-C'est un endroit assez achalandé par le public, dit Serena. Après tout, c'est un parc national. La machine ne risque-t-elle pas de se faire découvrir plus facilement ?
-Il y a certaines grottes qui ne sont pas ouvertes au public étant donné qu'elles ne sont pas très profondes, la machine y sera en sécurité. Comme cette grotte-là, dit John en pointant le flanc de montagne, où se trouvait l'entrée de la caverne. Aidez-moi à pousser l'engin à l'intérieur. »
L'engin étant très léger et sur roues, il était donc facile à pousser. John et Frank se placèrent sur chaque côté de l'appareil pour le pousser sur les ailes et Serena, elle, se mit en arrière. Ils poussèrent la machine jusqu'à l'intérieur de la grotte et ils la stationnèrent dans un coin, caché par un rocher.
« -Elle devrait être en sécurité ici, dit John. Du moins je l'espère, il n'y a pas d'autres endroits.
-Ça fera l'affaire ici, dit Serena pour appuyer John. Nous avons cependant un problème, nous sommes loin de la base, maintenant, et nous n'avons pas de véhicule pour nous y rendre.
-Nous devrons trouver un moyen de s'y, dit John.
-Comment ? demanda Frank.
-Nous en emprunterons le véhicule du premier passant que nous verrons, dit John.
-Tu veux dire le lui voler ? demanda Serena.
-En quelque sorte, répondit John. Nous ne sommes pas très loin de la sortie du parc, nous pourrions trouver une voiture dans le stationnement ou sur la route.
-N'avons-nous pas plus de « chance » de nous faire arrêter par la police si nous circulons avec une voiture volée ? demanda Frank.
-Nous n'avons pas vraiment le choix de prendre ce risque, répondit John. Autrement, il nous sera impossible de se rendre rapidement au Texas.
-Allons voler une voiture dans ce cas, dit Serena. »
Ils sortirent de la grotte pour se rendre à la sortie du parc.
« -Je me demande comment est traité Mike en ce moment, dit John.
-Entrer sur une base militaire américaine en arrivant de nulle part soulève de nombreuses questions, dit Serena. Il doit être retenu dans une cellule ou encore être en train de se faire interroger.
-J'espère juste qu'il réussit à ne rien dire jusqu'à ce qu'on puisse le libérer, dit John. J'essayerai d'utiliser mes contacts au sein du gouvernement pour le faire sortir.
-Tu oublies un détail très important, John, dit Serena. Nous ne sommes plus en 2045, tu n'as donc aucun contact ni même de poste au gouvernement à l'époque où nous sommes.
-J'avoue que c'est effectivement un détail qui m'a échappé, dit John. Il sera alors très difficile d'entrer dans la base. »
Serena eut alors une idée.
« -On pourrait se laisser capturer comme Mike, suggéra Serena. Nous entrerions dans la base vite fait et ils nous mettraient même probablement dans la même cellule que Mike.
-Et ne plus être capable d'en ressortir ? dit John. Je ne crois pas que c'est une bonne idée.
-Tu as une meilleure idée ? demanda Serena. De demander gentiment en cognant à la porte de voir Mike, un voyageur de futur qui est prisonnier dans la base peut-être ? »
John était un peu irrité du ton sarcastique de Serena.
« -J'y penserai en chemin, répondit John. Pour l'instant, faisons les choses une étape à la fois. »
Ils arrivèrent au stationnement principal du parc, malgré le fait qu'il était en plein milieu de la nuit, quatre voitures se trouvaient dans le stationnement.
« -Je suis surpris que les voitures n'aient pas beaucoup changé depuis 2045, dit John. Ça me surprendrait qu'elles soient encore à l'essence. Elles doivent être à l'électricité.
-À mon époque, avant que tout ne soit détruit, les voitures fonctionnaient à l'hydrogène, dit Frank. Seules quelques voitures fonctionnaient à l'électricité, mais le manque de métaux rares empêchait la fabrication de grandes batteries.
-Je m'en contrefous de comment elles fonctionnent, l'essentiel c'est d'en trouver une qui avance, dit Serena. »
Ils s'approchèrent d'une voiture dans le stationnement. John ouvrit la portière, elle n'était pas verrouillée.
« -Nous n'aurons pas à forcer la serrure, dit John.
-C'est bien, Serena qui alla s'asseoir du côté passager. »
Frank alla prendre place en arrière et John du côté conducteur. Une fois assis, John réalisa qu'il avait un problème. Il n'y avait pas de volant devant lui.
« -Comment je fais fonctionner ce truc ? demanda John.
-Vous n'avez qu'à entrer les coordonnées où vous voulez aller ou encore passer en conduite manuelle, répondit Frank étant habitué à ce genre de véhicule, dans son époque, bien sûr avant que tout ne tourne mal sur la planète.
-Il n'y a aucun bouton, dit John.
-Vous ne connaissez pas la commande vocale ? dit Frank.
-Ça fonctionne par commande vocale ? dit John.
-Bah, dans le futur oui. Je te montre : « Démarrer le véhicule », dit Frank dans le vide. »
La voiture se démarra.
« - « Bonjour », dit une voix provenant du système de son de la voiture. « Où désirez-vous aller » ?
-Fascinant, dit John, mais le système de sécurité de cette voiture est certainement à revoir, il devrait y avoir au moins une option de reconnaissance vocale pour que n'importe qui ne puisse pas la démarrer.
-Contente-toi dont du fait que justement, elle démarre, dit Serena,
- Passer en conduite manuelle, dit Frank à l'assistant vocal. »
Une sorte de télécommande, ressemblant très étrangement à une manette de jeux vidéo, sortit du tableau de bord, devant John, ce qui le fit sursauter.
« -Je vais conduire la voiture avec ça ? dit John.
-Je peux conduire si vous ne savez pas comment vous y prendre, dit Frank.
-Non, merci, ça va dit John. Après tout, ça doit être comme dans les jeux vidéo ?
-Ça doit être le concept, dit Serena. »
John prit le « volant », dans ses mains. Il appuya sur quelques boutons ce qui fit brusquement accélérer la voiture et ensuite la fit freiner sec.
« -Elle réagit vite aux commandes. Je crois que je devrais y aller plus en douceur, dit John.
-Je suis d'accord, dit Serena sèchement. »
John reprit le volant et avança tranquillement avec le véhicule.
« -Je commence à comprendre comment ça marche, dit John.
-Bien, dit Serena. »
John sortit du stationnement pour s'engager sur une route.
« -Je vous conseille de vous reposer, dit John. Nous avons beaucoup de chemin à faire.
-Très bonne idée. Comment fait-on pour pencher ce siège à l'horizontale ? dit Serena qui cherchait un levier sur le côté de son siège.
-Abaissement du siège passager avant, dit Frank à l'assistant vocal. »
Le siège de Serena se pencha en arrière.
« -Tout fonctionne par commande vocale ? demanda Serena.
-Presque tout, répondit Frank.
-Ah bon, dit Serena. »
Serena bâilla.
« -Je suis fatiguée, je vais en profiter pour dormir durant le trajet.
-Moi aussi, dit Frank. Tu peux aussi te reposer, John, le véhicule peut passer en mode automatique.
-Je préfère rester éveillé, répondit John.
Serena s'endormit très rapidement dans son siège, ainsi que Frank qui était très fatigué.
V
« -Réveillez-vous, dit John. »
Frank et Serena se réveillèrent un peu courbaturés.
« -Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Serena.
-On est en panne, répondit John.
-Quoi ? Comment ça ? demanda Serena.
-Ça fait des heures qu'on roule déjà, dit John. Je pense qu'il faut faire le plein.
-Avec un véhicule volé ? dit Serena. Et on n'a même pas d'argent pour le remplir. Je ne pense pas que nos cartes de crédit soient encore valides en 2145. »
La voiture avait manqué de combustible au milieu d'un rang de champ et était stationnée sur l'accotement.
« -Même si la voiture n'était pas volée et qu'on avait de l'argent, nous ne pouvons pas nous rendre à une station-service, dit Frank.
-Qu'est-ce qu'on fait alors ? demanda Serena.
-On a passé une ferme il y a quelques minutes, dit John. On pourrait y retourner à pied pour demander de l'aide à ceux qui y habitent ?
-Nous n'avons pas vraiment le choix, dit Serena. »
John, Serena et Frank sortirent du véhicule. Dehors, il faisait un temps très chaud et le soleil du matin tapait déjà sur leur tête. Il n'y avait pas un brin de vent. Au loin, à l'autre bout de la route, se dessinait une silhouette de deux silos à grain et des bâtiments d'une ferme.
« -C'est par là-bas, dit John en pointant la ferme au loin.
-Tu n'aurais pas pu t'arrêter à cette ferme, avant de que la voiture n'ait plus de combustible ? dit Serena. »
John prit un petit moment de silence, avant de répondre.
« -Nous serons arrivés à la ferme dans moins de dix minutes Serena, dit John. Ça nous fera une petite marche de santé !
-C'est vrai que ça nous fera du bien se dégourdir les jambes, dit Frank.
-OK, on y va à pied, dit Serena. »
Le groupe commença à marcher le long de la route, en direction de la ferme. Était donner qu'il faisait très chaud et qu'il n'avait pas bu depuis un bon bout déjà, Frank avait soif.
« -J'espère qu'ils auront de l'eau quand nous y serons arrivés, dit Frank.
-Je commence à avoir soif aussi, dit John. Nous serons vite arrivés. »
Ils marchèrent encore quelques minutes, avant d'arriver à la ferme. Le bâtiment principal était un grand garage. Il semblait abriter les machines agricoles et les véhicules des gens de la ferme. Une grande porte ouverte du bâtiment permettait de voir à l'intérieur. Cependant, il n'y avait aucune trace d'une quelconque personne à l'intérieur.
« -Allons voir ailleurs, dit Serena. »
Ils contournèrent le bâtiment. Derrière, il y avait une petite maison au toit rouge et aux murs extérieurs blancs. La maison avait très peu de fenêtres et n'avait pas l'air bien entretenue.
« -On devrait aller frapper ? suggéra Frank. »
Serena s'avança d'un pas décidé vers la porte de la maison et frappa. Après quelques instants d'attente, quelqu'un vint ouvrir la porte. C'était un homme corpulent et très grand. Il était dans la trentaine, portait une camisole blanche, tachée de terre et des shorts bleus. Il avait une longue barbe rousse et était chauve. L'homme avait un cure-dent, dans la bouche.
« -Qu'est-ce que vous voulez ? demanda l'homme. »
John prit la parole.
« -Notre véhicule est tombé en panne sur le chemin menant à votre ferme, dit John. Nous nous demandions si vous pourriez nous dépanner en nous permettant d'obtenir du combustible.
-Maman ! cria l'homme d'une voix rauque et grave en se retournant vers l'intérieur de la maison. »
Une dame aux cheveux roux arriva derrière l'homme qui avait ouvert la porte à John, Frank et Serena. Elle était très maquillée et portait une belle robe fleurie. Ses yeux étaient verts et elle portait un très beau collier en argent au cou. La dame semblait être au début de la soixantaine.
« -Qu'est-ce qu'il y a mon petit chéri ? demanda la dame.
-Des gens, dit l'homme.
-Tasse ton gros derrière pour me permettre de mieux les voir, dit-elle avec sa petite voix. »
L'homme laissa passer la dame devant lui.
« -Bienvenue à la ferme des Brown ! dit la femme avec un bon sourire. Venez entrer, j'ai du thé de prêt, il est rare que nous ayons de la visite !
-Nous ne voulons pas vous déranger, dit John. Notre voiture est restée en panne et…
-Venez me raconter ça à l'intérieur ! dit la femme en coupant John. J'ai aussi des biscuits dans le four, ils seront cuits dans quelques minutes ! Vous dites que votre voiture est en panne ? On trouvera une solution autour d'un bon thé. »
La femme s'en alla dans la cuisine de la maison, laissant John, Frank et Serena dans l'embrasure de la porte. L'homme, qui avait ouvert la porte, fit signe de la tête au groupe d'entrer à l'intérieur de la maison.
Malgré l'apparence extérieure, l'intérieur de la maison était relativement en ordre et moderne. Il y avait un salon annexé à la cuisine, un corridor menant à trois chambres et un escalier menant au sous-sol.
« -Asseyez-vous, je vous en prie, dit la dame qui sortait de bons biscuits chauds du four. »
Elle les déposa sur le comptoir et sortit des assiettes en porcelaine des armoires, ainsi que des tasses et du lait, du réfrigérateur.
John, Frank et Serena prirent place dans le salon. Le mobilier était très moderne, le sofa avait une texture très douce et les fauteuils étaient en un textile ressemblant à du cuir. L'intérieur de la maison ne correspondait pas à ce qu'on pouvait s'attendre en voyant l'état de l'extérieur. Serena alla sur le canapé, ainsi que Frank. John, lui, alla sur un fauteuil. La dame arriva dans le salon avec le plateau de biscuit en main.
« -Table de salon, dit-elle dans le vide. »
Une partie du plancher de bois du salon se suréleva, ce qui formait une petite table où la dame déposa les biscuits. Elle alla, ensuite, chercher les tasses et les assiettes, ainsi que le lait, dans la cuisine, qu'elle plaça aussi sur la table.
« -L'eau ne tardera pas à bouillir, dit la dame. Je pourrai, ensuite, vous servir le thé ! »
Elle prit place sur une chaise berçante en métal.
« -Quel bon vent vous amène ? Vous êtes perdu ? demanda la dame.
-Notre voiture est arrêtée au bord la route, non loin d'ici, dit John. Nous n'avons plus de combustible.
-Des ennuis de voiture ? Mon petit Kyle va vous arranger ça, dit la dame en pointant l'homme qui avait ouvert la porte. »
Il se trouvait toujours dans l'entrée.
« -Viens nous rejoindre Kyle, dit la dame. »
Kyle vint s'asseoir sur un fauteuil.
« -Au fait, dit la dame, je m'appelle Marthe.
-Moi c'est John, lui Frank et elle Serena, dit John.
-Soyez les bienvenues, dit Marthe. C'est bien malheureux de tomber en panne au milieu de nulle part. Où allez-vous au juste ?
-Nous étions en direction de l'Est pour des vacances, dit Serena.
-Vous allez au Texas ? demanda Marthe.
-C'est exact, répondit John.
-Quel magnifique endroit, dit Marthe. Ne vous inquiétez pas, vous n'allez pas rater vos vacances. Kyle va vous arranger votre voiture. Pourrais-tu aller remorquer la voiture de ces pauvres gens, avec le tracteur, mon petit poussin ? »
Kyle se leva de son fauteuil, se dirigea vers la porte de sortie et sortit de la maison.
« -Il va vous arranger ça en moins de deux, dit Marthe. »
Soudain, on entendit un bruit de sonnerie dans la cuisine.
« -L'eau est prête ! dit Marthe, se levant de sa chaise et se dirigeant dans la cuisine. »
Elle revint dans le salon, par la suite, avec une bouilloire et des sachets à thé. Elle remplit les tasses d'eau bouillante, en plaçant un sachet au fond. Elle donna, ensuite, une tasse à Frank, Serena et John.
« -Servez-vous, dit Marthe en montrant les biscuits. »
Elle alla se rasseoir dans son fauteuil.
« -Qu'allez-vous faire au Texas ? demanda Marthe.
-Rejoindre un ami, répondit Serena.
-Vous avez l'air à de bons jeunes gens, dit Marthe. De quel endroit venez-vous au juste ? Je ne reconnais pas votre accent.
-Du Québec, répondit John. Nous nous dirigions vers la Californie où nous y avons passé quelque temps et nous sommes, aujourd'hui, sur le chemin du retour, mentit John.
-Je suis déjà allé au Québec une fois, dit Marthe. J'avais visité la ville de Montréal et la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, j'ai adoré. »
Ayant faim, ils commencèrent à manger des biscuits. Après quelques minutes Kyle rentra dans la maison.
« -La voiture est dans le garage, maman dit Kyle, elle n'était pas bien loin au bord de la route principale.
-Bien Kyle, merci beaucoup, dit Marthe.
-Vous devriez venir visiter le garage, dit Kyle.
-Finissons d'abord le thé, tu veux bien mon petit chéri ? dit Marthe.
-J'aimerais bien leur montrer ma vieille bagnole, dit Kyle, que semblait vouloir insister. »
-C'est une bonne idée ! dit Marthe. Ça donnera du temps au thé de refroidir, il est encore trop chaud. »
Marthe se leva de son fauteuil.
« -Suivez-moi, dit Marthe à Frank, John et Serena. »
Tous se levèrent et allèrent à l'extérieur de la maison. Ils marchèrent jusqu'au bâtiment qu'ils avaient contourné en arrivant. Kyle entra la première, suivi de Marthe, Frank, John et Serena.
« -Où est la voiture ? Demanda John qui ne la voyant pas du regard. »
Soudain, un groupe de soldats armés entrèrent dans le bâtiment, encerclant le groupe.
« -C'est eux que j'ai vus à la télévision, dit Marthe en pointant le trio de voyageurs temporels aux soldats.
-Prenez-les, dit l'un des soldats. »
Frank se retrouva le premier à terre, menotté dans le dos. John se coucha avant qu'un soldat ne lui saute dessus et Serena se débattit un peu, avant d'être plaquée au sol.
« -Vous avez bien fait de nous appeler, monsieur, dit un soldat qui remit une enveloppe, rempli de billets, à Kyle.
-Je suis fier de toi mon petit poussin, dit Marthe. Avec cette somme on pourra rénover l'extérieur de la maison. »
Les soldats, qui maintenaient Frank, John et Serena au sol, leur administrèrent, avec une seringue, un sédatif très puissant, ce qui leur fit perde conscience. Ils les embarquèrent ensuite dans un camion.
Après le transport vers un endroit inconnu, Frank se réveilla avec un sérieux mal de tête. Il avait la vision floue et ne pouvait donc pas voir ce qu'il y avait autour de lui. Pour s'éclaircir la vue, il tenta de se frotter les yeux avec ses mains, mais se rendit vite compte qu'elles étaient attachées dans son dos. Il était en fait attaché sur une chaise.
« -Il est réveillé, dit une voix d'homme. »
La vue de Frank commençait peu à peu à s'éclaircir. Il put constater qu'il se trouvait dans une pièce qui avait peu de lumière. John et Serena se trouvaient à côté de lui, eux aussi attaché sur une chaise, toujours inconscients. Devant eux, il y avait deux hommes dans le début de la trentaine. L'un avait le peu noir, il était grand, musclé et il portait des lunettes fumées. L'autre était plus petit, avec des cheveux blonds et des yeux bleus.
« -C'est toi, Frank? demanda l'homme avec les cheveux blonds. »
Frank attendait mal, il était encore étourdi de son réveil. Il n'avait pas les idées claires dans sa tête et n'avait aucune idée où il se trouvait.
« -Hey, je te parle, répéta l'homme. Est-ce que c'est toi Frank ou l'autre gars à côté ? »
Frank regarda l'homme dans les yeux, mais il avait de la difficulté à fixer son regard étant donné qu'il était étourdi.
« -C'est moi, réussi à dire Frank.
-Bien, dit l'homme aux cheveux blonds. Tes deux amis là, ce sont John et Serena ? »
Frank tourna sa tête en direction de John et Serena.
« -Oui, répondit Frank. »
Il devenait un peu moins étourdi, mais il commençait à avoir un sérieux mal de crâne.
« -Comment savez-vous mon nom et celui de John et Serena? demanda Frank.
-Oh, ce n'est pas très compliqué, dit l'homme aux cheveux blonds, c'est ton ami Mike qui m'a révélé de vous, ainsi que la raison de votre présence ici. »
L'homme aux cheveux blonds ricana un peu.
« -Des voyageurs temporels en ? On se croirait presque dans un film de science-fiction, dit l'homme.
-Qui êtes-vous ? demanda Frank. Où est Mike ? »
L'homme aux cheveux blonds alla se chercher un petit tabouret, dans un coin de la pièce. Il se redirigea ensuite en face de Frank et s'assit sur le tabouret.
« -Ne t'en fais pas pour Mike, dit l'homme. Rien ne lui ait arrivé, enfin presque rien. »
Il ria un peu.
« -Moi c'est Christopher et lui, c'est Joseph, dit l'homme aux cheveux blonds en pointant l'autre homme du doigt. Tu peux m'appeler Christ, c'est plus court.
-Pourquoi est-ce que nous sommes attachés ? demanda Frank.
-Je ne voudrais pas que vous tentiez de vous enfuir, dit Christ. Quoique même si tu n'avais pas ses liens, tu ne serais pas en mesure de t'échapper. Tu vois, nous sommes dans une base militaire.
-Une base militaire, laquelle ? dit Frank.
-Bien celle d'où vous êtes initialement arrivés, laissant votre ami Mike. Ah ce Mike, il a la tête dure et il est très loyal envers vous. Ça n'a pas été facile de lui extirper de l'information. Mais tu n'as pas à t'inquiéter, je ne l'ai pas torturé, c'est inefficace de nos jours. »
Christ prit une petite pause, avant de recommencer à parler.
« -Cette mademoiselle ne vous a pas rendu la tâche facile pour retrouver ce que vous êtes venus chercher, dit Christ en portant un regard à Serena. C'est quand même intéressant ce que contiennent les travaux. J'ai pu les récupérer facilement étant donné qu'une partie se trouvait déjà ici. Pour le reste, ça n'a été qu'une question de paperasse, avant de les récupérer. »
Le mal de tête de Frank devenait de plus en plus violent ce qui le faisait grimacer.
« -Tu as mal à la tête ? C'est l'un des effets secondaires de mon petit appareil que voici, dit Christ en sortant un objet de sa poche. »
L'objet en question ressemblait d'un téléphone cellulaire, mais munit de ce qui semblait être une antenne en forme de coupole, en arrière.
« -Ce petit bijou me permet d'analyser la région de ton cerveau appelée l'hippocampe. Tu sais, l'endroit où se trouvent tes souvenirs ? C'est grâce à ça que j'ai fait « parler » Mike. Il ne voulait pas coopérer j'ai donc dut explorer ses souvenirs. J'ai fait la même chose avec vous trois. Je dois avouer que parfois les résultats, de cet appareil, ne sont pas très concluants, mais ils sont souvent fort utiles.
-Ce truc fouille dans ma mémoire ? demanda Frank.
-Oui et non. « Ce truc », comme tu l'appelles, sert à copier tes souvenirs, les évènements que tu as vécus. Je peux donc voir ce que tu as vu et entendu. Plus le souvenir est récent, plus il y a de détails. »
Serena ouvrit les yeux. Elle aussi se réveilla étourdie et avec la vision floue, ainsi qu'un affreux mal de tête.
« -Voilà que la mademoiselle se réveille dit Christ.
-T'es qui toi ? dit Serena désorientée.
-Moi c'est Christ, dit-il avec un sourire charmeur.
-Je m'en fous de ton nom, répondit Serena d'un ton sec. Je veux savoir qui tu es, ton rôle ?
-Tu as du caractère, j'aime ça dit Christ. Ce que je fais ici ? Je suis celui qui est en quelque sorte le dirigeant des opérations secrètes de l'armée américaine concernant tout ce qui sort de l'ordinaire. Je n'ai pas vraiment un grade spécifique. Lorsque quelque chose d'inexplicable arrive, c'est moi qui suis mis en charge des opérations. Je cherche à éclaircir les choses et je n'ai pas de compte à ne rendre à personne, sauf bien sûr le président des États-Unis lui-même. »
Serena remarqua qu'elle était attachée à une chaise, elle se débattit pour essayer d'enlever ses liens, mais ne réussit pas.
« -Pourquoi est-ce que je suis attachée à une chaise ? Dit Serena toujours en train de se débattre. Détache-moi sur-le-champ !
-Du calme ma belle, je ne voudrais que tu te blesses, dit Christ.
-Ne m'appelle pas « ma belle », dit Serena. »
John se réveilla.
« -Enfin, le dernier à se réveiller! Avant que tu ne me poses la question je suis Christ, dit-il à John. J'ai cependant un petit problème, je ne sais pas trop quoi faire de vous. Vous « supprimer » ou en savoir plus de votre part sur les travaux que j'ai pu récupérer à votre place.
-Quoi ?! dit Serena. Comment êtes-vous au courant pour les travaux ? Et comment avez-vous su où les trouver?
-J'ai déjà répondu à cette question à ton ami, Frank, dit Christ. Je tiens ces informations de ton autre ami, Mike et de mon bon réseau de collaborateurs.
-Mike n'aurait jamais dit quoi que ce soit, dit John.
-Il ne l'a pas dit, je viens de te dire que je tiens l'information de lui, pas de sa parole, répondit Christ.
-Je ne comprends pas ? dit Serena
-Frank vous expliquera tout lorsque vous serez seuls, dit Christ.
-Mais comment Mike a su où j'avais caché les travaux ? dit Serena. Il n'était pas présent lorsque je l'ai dit.
-Je lui ai dit par message texte, dit John, pour qu'il configure en avance le trajet de la machine dans l'espace-temps.
-Bon, dit Christ, je n'ai pas temps à perdre avec toutes ces questions inutiles. C'est la première fois que je rencontre des voyageurs temporels, c'est moi qui pose les questions. Je vais commencer par toi ma jolie. »
Christ s'était avancé près de Serena, un peu trop près. Il était assez proche pour que Serena puisse lui donner un coup avec son pied dans les tibias. Joseph, qui était resté immobile depuis le début, prit Christ par l'épaule pour l'éloigner de Serena.
« -Agressive, dit Christ en ricanant. Je crois que je vais attendre pour le reste des questions, dit Christ faisant un clin d'œil à Serena. »
Serena avait seulement l'envie de lui botter le cul.
« -En attendant, je vais vous placer dans une cellule, tous les trois, dit Christ. Je vais venir vous voir plus tard. »
Christ se dirigea vers une porte au fond de la pièce et s'apprêtait à sortir avec, quand Serena lui demanda une question.
« -Tu nous laisses ici ? »
Christ parcourra son regard dans la pièce.
« -Oui, pièce peut bien servir de cellule pendant un moment, répondit Christ qui s'en alla en riant. »
Le trio se retrouva seul, enfermé.
« -Ce salop nous laisse comme ça, sans nous détacher ? dit Serena. J'ai l'une de ces migraines.
-Il reviendra bientôt, dit John.
-Comment a-t-il fait pour en savoir autant sur nous et sur les travaux ? demanda Serena à Frank.
-Il a une sorte de machine permettant de lire les souvenirs, dit Frank. C'est comme ça qu'il a soutiré des informations de Mike. Il m'a dit qu'il l'avait utilisé sur nous et que le mal de tête qu'on subit en est un effet secondaire.
-Ce connard peut lire nos souvenirs ?! dit Serena.
-En quelque sorte, répondit Frank.
-Je ne sais pas qu'est-ce qu'il attend de nous, mais ça ne me dit rien qui vaille, dit John.
-Nous devons nous échapper d'ici, dit Serena.
-Comment ? dit Frank. Il m'a dit que nous nous trouvons dans la base militaire où nous avons abandonné Mike. Même si l'on réussit à sortir de cette cellule, des centaines de soldats nous empêcheront de nous laisser sortir !
-Quoi ?! Nous ne sommes quand même pas dans la base que j'ai cachée les plans ? dit Serena.
-Si Christ a dit la vérité à Frank, alors oui, dit John. »
Serena commença à avoir des sueurs froides dans le dos. Elle avait une bonne raison d'avoir caché les plans dans cette base, mais cette raison ne lui plaisait plus du tout, maintenant qu'elle était dans la base en question.
« -Nous sommes dans la merde, dit Serena.
-Nous trouverons une solution, dit John.
-Tu ne comprends pas, dit Serena. Ce n'est pas par hasard que j'ai envoyé les travaux dans cette base.
-Explique ? dit John.
-Je les ai envoyés ici pour la simple et bonne raison que tout ce qui entre ici n'en sort jamais, répondit Serena.
-Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Frank.
-Cette base est conçue pour que toute information de ce qui se déroule à l'intérieur ne puisse se rendre vers l'extérieur, répondit Serena. Le système de sécurité y est assez particulier.
-Qu'est-ce tu veux dire ? demanda Frank.
-Eh bien, la machine que Christ t'a parlée ne m'étonne pas du tout, dit Serena. Quand je vous dis qu'aucune information de ce qui se passe à l'intérieur ne passe vers l'extérieur, c'est parce que même l'information enregistrée dans le cerveau de ceux qui travaillent sur cette base ne quitte pas l'endroit. À chaque fois que quelqu'un s'en va à l'extérieur, une partie de sa mémoire est enregistrée dans un disque dur, puis est effacée du cerveau de la personne qui s'en va à l'extérieur. Comme ça, il n'y a aucune chance que quelconque information puisse quitter cet endroit.
-Est-ce bien la base que je pense ? dit John en regardant Serena dans les yeux. »
Serena lui répondit d'un hochement de tête.
« -Je ne pensais pas qu'elle se situait au Texas.
-Puis-je en savoir plus sur cette base ? demanda Frank.
-C'est sans importance, pour le moment, il faut trouver une solution pour nous sortir du pétrin et sauver Mike, dit John pour changer de sujet.
-On ne sait même pas où il se trouve dans la base, dit Serena.
-Nous le retrouverons, dit John.
-Il faudrait d'abord savoir comment est configurée la base, dit Serena. On ne sait même pas sa grandeur. »
John tourna son regard vers Frank.
« -Frank le sait, dit John.
-Quoi? dit Frank.
-Non, répondit Serena. Il ne le sait pas. »
John semblait confus de la réponse de Serena, mais après une courte réflexion il comprit qu'elle avait raison.
Soudain la porte de la pièce s'ouvrit. C'était Christ qui était de retour. John, Frank et Serena tournèrent en même temps leur regard vers lui.
« -Je suis en retard à votre petite réunion ? Dit Christ. »
Personne ne répondit.
« -À bien y repenser, je crois que cette pièce ne vous convient pas comme cellule, dit Christ. »
Christ s'avança vers le trio.
« -Je sais ce que je vais faire de vous finalement, dit Christ.
-Heureusement que ça ne t'a pas pris de temps, dit Serena. »
Christ ricana un peu. Il sortit l'appareil permettant de lire les souvenirs, de sa poche.
« -Est-ce que Frank a eu le temps de vous parler de ce petit bijou d'ingénierie ? demanda Christ.
-Le lecteur de pensées ? dit John.
-De souvenirs, corrigea Christ. L'appareil que j'ai utilisé sur Mike et sur vous trois. En quittant la pièce, tout à l'heure, je suis allé lire vos souvenirs, c'est ce qui m'a permis de savoir quoi faire de vous.
-Ah oui ? dit Serena.
-Oui ma jolie, répondit Christ en faisant un clin d'œil à Serena.
-Comment ce bidule fonctionne ? demanda John. Tu vois nos souvenirs sur un écran ou…?
-Je suis content que tu me poses la question, John, dit Christ. Pour utiliser cet appareil, il suffit de la placer contre la tête du patient. Il prend une lecture de l'activité de l'hippocampe, une partie du cerveau, responsable de créer les souvenirs.
-Mais comment fais-tu pour les lire, ensuite? demanda Serena.
-J'y venais, dit Christ. Une fois la lecture faite, je place le lecteur de pensées sur ma propre tête, ce qui transfère les souvenirs à mon cerveau. Alors, je peux les voir comme si je les avais vécus. »
Christ prit une petite pause, avant de reprendre la parole.
« -Les souvenirs de Frank sont les plus intéressants, continua Christ. Surtout ceux dont il ne se souvient plus. Comment oublier son propre passé ? »
Frank était confus. Il n'avait aucune idée de quoi John, Serena et maintenant Christ parlaient en disant qu'il avait oublié une partie de son passé.
« -Est-ce que vous allez enfin m'expliquer ce que j'aurai supposément oublié ? dit Frank.
-Non, dit Serena.
-On devrait le lui dire, affirma John.
-Il ne devrait pas, dit Serena, pas ici.
-Nous ne savons même pas si nous allons quitter cet endroit, dit John. Frank devrait savoir ce qu'il a jadis su.
-Vous allez décider de me le dire ou non ? demanda Frank.
-Non, dit Serena.
-Personne ne va lui dire, dit Christ. Il le découvrira lui-même. »
Christ s'avança et plaça l'appareil, qu'il tenait dans sa main droite, sur le front de Frank. Il sélectionna quelques paramètres sur l'écran.
« -Je vais lui rafraichir la mémoire sur quelques-uns de ses souvenirs, dit Christ.
-Non, ne fais pas ça ! dit Serena. »
Christ appuya sur un bouton, sur le côté du lecteur de pensées.
« -Trop tard princesse, dit Christ en ricanant. »
Frank eut soudain une augmentation considérable de son mal de tête. Il se sentait à nouveau étourdi, il avait mal au cœur et il eut le souffle coupé pendant quelques secondes. Certains souvenirs de son passé lui refaisaient surface, comme un film qui lui passait dans la tête. Mais rien ne faisant de sens, tout était flou. Toutefois, il se souvenait que ce n'était pas la première fois qu'il rencontrait Serena et John, lorsqu'il a fait le voyage jusqu'en 2045. Il se souvenait de les avoir connus dans ses études. Aussi il se souvenait qu'il n'était pas né le 26 juillet 2791, mais plutôt le 26 juillet 2021. Il se souvint aussi que ce n'était pas la première fois qu'il se trouvait dans la base où il était retenu prisonnier. Il y travaillait sur un projet ultra-secret. Malheureusement, il n'avait plus le souvenir du projet en question, mais il se rappelait que ce projet était la cause de son exil vers le futur. Plusieurs choses étaient floues et Frank ressentait un vide à l'intérieur de lui. Il venait de réaliser que son passé qu'il avait cru jusque-là n'était qu'un tissu de mensonges. Il se sentait quelque peu trahi par John et Serena.
« -Pourquoi est-ce que les souvenirs de mon passé m'ont été enlevés ? demanda Frank. »
Personne ne répondit.
« -J'ai déjà travaillé sur un projet, ici, dit Frank en regardant autour de lui, mais je ne me souviens plus lequel. »
Il prit une courte pause.
« -Ce n'était pas la première fois que nous nous rencontrions, en 2045, n'est-ce pas ? demanda Frank à John et Serena.
-Non, dit Serena, ce n'était pas la première fois.
-Je vais vous laisser bavarder un peu, ça va prendre quelques heures avant que Frank ne retrouve tous ses souvenirs. Je reviendrai plus tard, dit Christ en quittant la pièce. »
John, Serena et Frank se retrouvèrent à nouveau seuls, toujours attachés à une chaise, dans la pièce.
« -Pourquoi ne me pas l'avoir dit plus tôt ? demanda Frank.
-Est-ce que tu te souviens comment et pourquoi t'es-tu retrouvé en 2815 ? demanda John sans répondre à la question de Frank.
-Non, je n'ai pas retrouvé la totalité de mes souvenirs, enfin je crois, dit Frank.
-Et heureusement, dit Serena en soupirant.
-Tu es mieux de ne pas tout te souvenir, dit John. »
Frank était contrarié. Il voulait en savoir plus sur son passé. C'était étrange pour lui de retrouver des souvenirs qu'il avait oublié.
« -Je dois savoir, dit Frank, c'est de ma vie qu'on parle, par-dessus tous je devrais être plus au courant de mes souvenirs que n'importe qui.
-Tu ne le seras pas, dit Serena. En tout cas, pas de moi.
-Comment te sentirais-tu, Serena, si tu apprenais que ton passé que tu croyais réel n'était qu'un tissu de mensonges et qu'en fait, tu as vécu un autre passé que tu ne te souviens plus ? Mets-toi à ma place, voudrais-tu en savoir plus ?! dit Frank en levant le ton.
-C'est sûr que je voudrais le savoir, mais crois moi, tu risquerais de regretter en apprenant toute la vérité et tu nous mettrais en danger.
-Serena a raison, Frank, dit John. C'est pour ton bien que tu ne devrais pas tout te souvenir. »
Frank avait encore affreusement mal à la tête et n'aimait pas du tout que ni Serena ni John ne veuille le lui dire la vérité.
« -Je sais que j'ai été exilé vers le futur dû au projet que je travaillais, dans cette base. Puis-je au moins savoir quel était ce projet ? »
John et Serena s'échangèrent leur regard. Serena hocha la tête et ensuite John tourna la sienne en direction de Frank.
« -Et bien, tu travaillais sur un programme sur le contrôle de la pensée, répondit John. »
-Sur le quoi ? demanda Frank.
-Sur le contrôle de la pensée, répondit Serena. Tu étais le chef du projet. C'est d'ailleurs sur ce projet que porte une partie des travaux que j'ai volés.
-Tu veux dire que j'étais responsable du développement d'une technologie permettant de contrôler la pensée ? demanda Frank.
-En quelque sorte, répondit Serena. Je ne veux pas t'en dire plus.
-Pourquoi ? dit Frank.
-J'ai peur des conséquences que ça pourrait avoir, répondit Serena.
-Arrêtons de parler de ça, dit John. On devrait plutôt élaborer un plan pour sortir d'ici, nous reviendrons sur cette discussion, plus tard.
-John à raison, dit Serena. Cependant, il faudrait un miracle pour sortir d'ici. »
En disant cela, Mike entra dans la pièce, un pistolet à la main.
« -Mike ?! dit Serena. Comment as-tu…?
-Longue histoire, dit Mike, je n'ai pas le temps de vous expliquer. »
Mike s'avança jusqu'en arrière de Frank, John et Serena et leur dénoua les mains. Frank se leva et frotta ses poignets qui lui faisaient très mal, étant donné la pression que lui avaient faite ses liens, pendant un bon bout de temps. John et Serena se levèrent, quelques secondes après Frank.
« -Nous devons y aller, dit Mike, et vite!
-Comment comptes-tu faire ? demanda Serena.
-J'ai un plan, mais le temps est compté, suivez-moi ! dit Mike. »
Ils quittèrent la pièce en suivant Mike, qui prit les devants. Ils s'avancèrent dans un corridor et tournèrent un coin, puis un autre et encore un autre. Quand soudain, ils arrivèrent face à face à deux soldats.
« -Halte ! dit l'un des soldats. Ne bougez plus ! »
Mike pointa son pistolet envers les soldats et avant mêmes qu'ils n'eurent le temps de réagirent, Mike leur tira, à tous les deux, une balle à la tête, les tuant sur le coup. Une grande giclée de sang qui tachait les murs en un rouge vif et visqueux.
« -Qu'as-tu fait Mike ?! dit Serena, qui venait de voir son frère tuer deux personnes devant elle.
-Tu veux sortir d'ici, oui ou non ? demanda Mike. »
Serena ne répondit pas, aucun mot ne voulait sortir de sa bouche. Mike se pencha vers les soldats et commença à leur enlever leurs uniformes.
« -Mais qu'est-ce que tu fais ? demanda John. »
Mike finit d'enlever les uniformes des soldats et en jeta un à John. Il prit aussi leurs armes, des mitraillettes, et en donna une aussi à John.
« -Enfile ça, John, dit Mike. Nous nous ferons passer pour des soldats. »
Mike prit l'autre uniforme et commença à le mettre, John fit de même. Après quelques instants, ils finirent d'enfiler les uniformes et ils étaient prêts à reprendre leur évasion.
« -Continuons, dit Mike. »
Ils passèrent à côté des deux soldats ensanglantés et continuèrent de marcher dans divers corridors, avant d'arriver à une porte qu'ils franchir, les menant dans un grand hangar aussi grand que huit terrains de football et haut comme la moitié d'un. Il y avait des rangées d'avions, d'hélicoptères et de chars d'assaut qui occupaient l'espace. Plusieurs soldats surveillaient l'endroit.
« Venez par ici! dit Mike en faisant signe à John, Frank et Serena. »
Ils allèrent se cacher derrière un char. Des soldats patrouillaient, entre les rangées. Frank, Mike, Serena et John avaient très peu de chance de passer inaperçus.
« -D'après mon informateur, dans quelques minutes, ce sera le changement de quart de travail pour les patrouilleurs. Nous profiterons du changement pour neutraliser deux soldats pour s'infiltrer parmi les autres, comme si l'on montait la garde.
-Comment peux-tu avoir un informateur ? demanda Serena. »
Mike ricana un peu.
« -J'ai eu des mois à me préparer pour ce voyage, dit Mike. J'ai tout prévu pour récupérer les travaux et repartir, par la suite.
-Tu as les travaux ?! demanda John. »
Mike tamponna la poche de son pantalon, en faisant un clin d'œil à John. Les travaux s'y trouvaient, à l'intérieur, dans deux clefs USB. Soudain, on entendit un son très fort, semblable au sifflet d'un train à vapeur, qui annonçait que c'était l'heure, pour les soldats, d'effectuer le changement de quart.
« -C'est le moment, dit Mike. Viens avec moi, John. »
Frank et Serena restèrent cachés derrière le char d'assaut, pendant que Mike et John allèrent dans la rangée la plus proche. Ils croisèrent deux soldats qui venaient devant eux. À ce moment, le plan de Mike fonctionnait, les soldats ne semblaient pas avoir remarqué que John et lui étaient des imposteurs. Les deux soldats passèrent à côté d'eux. Ils continuèrent de marcher quand Mike fit signe à John de faire demi-tour, pour suivre les deux soldats qu'ils venaient de passer. Ils s'approchèrent discrètement, derrière eux, puis les assommèrent avec les mitraillettes qu'ils tenaient en main. Les soldats perdirent conscience. Mike commença à les dévêtir de leur uniforme, pendant que John prenait leurs armes. Une fois la besogne terminée, ils retournèrent trouver Frank et Serena, derrière le char d'assaut.
« -Prenez ça, dit Mike en tendant les uniformes à Frank et Serena. Mettez-les, on n'a pas beaucoup de temps. »
Frank et Serena se vêtirent des uniformes et, une fois chose faite, John leur donna chacun une arme.
« -Il faut aller de l'autre côté du hangar, dit Mike. On doit se séparer en groupe de deux et faire comme si l'on patrouillait. Frank, tu seras avec moi. Serena et John, vous serez ensemble. »
Les deux groupes s'avancèrent devant le char et arrivèrent dans la rangée. Les deux soldats, que Mike et John avaient assommés, gisaient encore, inconscients, dans le milieu de l'allée. Mike fit signe à Serena et John de partir à gauche, pendant que Frank et lui partirent à droite. Le hangar étant rectangulaire, les deux groupes s'avancèrent jusqu'au bout de la rangée, avant de tourner les coins pour traverser la hangar, en essayant d'imiter des soldats en patrouilles. Une fois le hangar traversé, ils retournèrent les coins pour se rencontrer au milieu de la rangée. Mike se tourna face au mur du hangar, une porte menant à l'extérieur s'y trouvait.
« -Il faut aller là-bas, dit Mike en pointant la porte. »
Ils s'avancèrent vers elle, avant de la franchir, les menant ainsi dehors, à l'aire libre, dans un stationnement annexé à des pistes d'atterrissage. Des camions de l'armée y étaient stationnés. Mike se dirigea vers celui le plus proche et ouvra la porte, qui était déverrouillée, du côté conducteur.
« -Entrez, dit Mike au reste du groupe. »
John vint s'asseoir du côté passager, tandis que Serena et Frank prirent place en arrière.
« -Où est la clef de contact et le volant ?! dit Mike. Mon informateur m'a dit que je pourrais le faire démarrer et conduire à l'extérieur de la base !
-Démarrage du véhicule, dit Frank dans le vide. »
Le camion démarra.
« -Ça fonctionne par commande vocale ? demanda Mike.
-J'ai eu le même étonnement que toi en conduisant un véhicule de cette époque pour la première fois, dit John.
-Et pour le volant ? demanda Mike.
-Passer en conduite manuelle, dit John. »
Un volant ressemblant à une manette de jeux vidéo sortit devant Mike.
« -Je suis censé conduire comment avec ça ? demanda Mike.
-Laisse-moi ta place, Mike, dit John. »
Les deux hommes échangèrent de place et John se retrouva ainsi au volant. Il commença à avancer avec le camion.
« -Où dois-je aller ? demanda John.
-Sors du stationnement et tourne à gauche sur la route devant toi, dit Mike. Regarde au bout, il y a une barrière, c'est là que nous devons aller. »
John fit ce que Mike lui avait indiqué et il s'approchait de la barrière. Trois soldats armés se tenaient, en rangée, devant, celui du milieu fit signe d'arrêter. John s'immobilisa devant eux.
« -Qu'est-ce qu'on fait maintenant, Mike, demanda John qui était un peu tendu.
-Laisse-moi leur parler en premier, je leur répondrai, dit Mike. »
Le soldat, qui avait fait signe d'arrêter, s'avança du côté conducteur. Une fois qu'il était à côté de la porte du camion, la fenêtre s'abaissa automatiquement.
« -Vous n'avez pas l'autorisation nécessaire pour quitter la base, dit le soldat. Veuillez vous identifier. »
Mike ne savait pas du tout quoi répondre. Il sortit soudain une sorte de télécommande de sa poche.
« -C'est notre dernière chance, dit-il à voix basse.
-Qu'avez-vous dit ? demanda le soldat. »
Mike appuya sur un bouton de la « télécommande » qu'il avait sorti de sa poche. Les pupilles du soldat, qui se tenait à côté du camion, devinrent, au même moment, complètement dilatées.
« -Vous nous laissez passer sans faire rapport de notre passage, dit Mike, nous sommes autorisés à passer. »
Le soldat ne répondit pas et fit signe aux deux autres soldats, qui étaient restés à l'écart, d'ouvrir la barrière, ce qu'ils firent. John s'avança ensuite avec le camion, de l'autre côté du poste de contrôle.
John continua d'avancer jusqu'à atteindre une intersection où il tourna à gauche.
« -Comment t'as fait, Mike ? demanda Serena. Que tiens-tu dans tes mains ? Je veux des explications.
-Nous ne sommes pas encore hors de limites de la base, dit Mike. Je vous expliquerai tout, une fois qu'on sera tiré d'affaire. »
John continua de conduire droit devant, sur la route. Soudain, il remarqua qu'ils étaient suivis, par un autre camion identique au leur.
« -Quelqu'un nous suis en arrière, dit John.
-Accélère, dit Mike, on va voir si il tente vraiment de nous suivre. »
John augmenta progressivement la vitesse du camion. Il regarda dans son miroir et constata qu'ils étaient bel et bien suivis. Tout à coup, des coups de feu se firent entendre, ainsi que des bruits de percussions de projectiles, sur la tôle du camion.
« -Ils nous tirent dessus ! cria Serena. »
John accéléra violemment, à en faire gronder le moteur.
« -Ils nous rattrapent ! dit Mike. »
Effectivement, le camion, qui les suivait, n'était qu'à quelques mètres derrière eux. D'autres coups de feu se firent entendre et les balles fracassèrent la vitre arrière du camion.
« -Penchez-vous ! cria John. »
Frank, Mike et Serena se penchèrent vers l'avant, pour éviter de se faire atteindre par un projectile. John lui devait garder les yeux sur la route, il était donc plus à risque d'être atteint par une balle.
« -Ce camion n'a pas de vitres blindées ?! demanda Serena.
-On dirait que non, répondit Mike. »
Frank, ayant toujours sa mitraillette en main, releva son dos, se tourna sur le siège arrière, pointa son arme vers le camion qui les suivait et commença à faire feu, ce qui fit sursauter tout le monde à l'intérieur. Le véhicule riposta en renvoyant une pluie de balles, forçant Frank à s'abaisser.
« -Il faut les semer, John, dit Serena.
-J'essaie ! répondit John en retour. »
Ils arrivèrent à une autre intersection et, cette fois-ci, John fit un virage serré à droite, ce qui fit déraper le camion. Il regarda ensuite dans son rétroviseur et vit que les poursuivants étaient toujours à leurs trousses. Frank retira quelques coups de mitraillettes vers l'arrière. Serena l'abaissa en le prenant par l'épaule.
« -Tu ne sais pas comment viser ! dit Serena à Frank. »
Serena se plaça en position de tir, vers l'arrière. Elle visa, puis tira sur le camion et brisa ainsi son pare-brise. Elle rechargea son arme.
« -Plus vite, John ! dit Serena.
-Je suis au maximum ! répondit-il. »
Serena se remit en position de tire et appuya sur la détente. L'un de ses projectiles atteignit le chauffeur du camion directement dans la tête, ce qui le fit dévier, l'envoyant dans le décor.
« -Joli coup, dit John à Serena.
-Il y en a un autre qui s'en vient ! dit-elle. »
Le bord de la route étant un champ, John tourna pour sauter le faussé pour se retrouver dans le champ. Le camion roulait maintenant dans de la terre fraichement boulée. Les nouveaux poursuivants s'approchaient de plus en plus d'eux et Serena, toujours en position de tire, attendait que leurs ennemies se rapprochent pour tenter de les neutraliser.
« -Ralentis un peu John, dit Serena.
-J'essaye de m'enfuir, dit John, pourquoi devrais-je ralentir ?
-Pour que je puisse leur tirer dessus ! répondit Serena.
-Oh, dit John. »
Il relâcha l'accélérateur faisant ainsi ralentir le véhicule. Les poursuivant se reprochaient de plus en plus près et commencèrent à tirer des coups de feu. Serena répliqua et tua même le passager avant, mais elle fut atteinte d'un projectile à l'épaule droite, la faisant crier de douleur.
« -Serena ! cria Frank voyant du sang couler de l'épaule de Serena. »
Serena lâcha son arme et fit une pression sur son épaule ensanglantée. Elle se tortillait de douleur. Frank se tourna pour tirer sur le camion et après quelques coups, il réussit enfin à abattre le conducteur. Il déposa ensuite sa mitraillette au sol pour se pencher vers Serena qui était recroquevillée sur elle-même.
« -Serena est blessée ! dit Frank. »
Mike se tourna vers l'arrière.
« -Merde, dit-il. Frank, regarde sous mon siège s'il n'y a pas de trousse de premiers soins. »
Frank fit ce que Mike venait de lui demander et trouva effectivement une trousse, qu'il déposa à côté de lui. Il l'ouvrit et en sortit un rouleau de bandages stériles et commença à les enrouler autour de l'épaule en sang de Serena. Elle lui retira ses mains de son épaule.
« -Je peux me soigner moi-même ! dit Serena qui prit le reste du rouleau dans sa main. Est-ce qu'il y en a d'autre qui nous suis ?
-Non, répondit John. »
Il sortit du champ en empruntant une nouvelle route en gravier et continua à rouler sur celle-ci.
« -Est-ce que ça va, Serena ? demanda Mike.
-Ça va aller, dit-elle, ça n'a atteint que le dessus de mon épaule.
-Où est-ce qu'on va maintenant ? demanda John.
-Continue sur cette route, dit Mike. Nous devons aller le plus loin possible d'ici.
-Ne devrions-nous pas retourner à la machine à voyager dans le temps ? demanda Frank.
-Non, nous devons suivre mon plan, dit Mike.
-Quel plan ? demanda John.
-Vous allez voir, dit Mike qui frotta la « télécommande » qu'il avait toujours dans ses mains.
-Qu'est-ce que c'est que ce truc que tu tiens, Mike ? demanda John.
-Ça ? demanda Mike en montrant la « télécommande » à John.
-Oui ça, dit John.
-C'est une sorte d'appareil pour contrôler les gens, répondit Mike.
-Pour contrôler les gens ? dit John.
-Mon informateur me l'a fourni, c'est grâce à ça qu'on a passé la barrière.
-Je ne comprends pas ? demanda John.
-Eh bien, lorsque j'appuie sur les bons boutons, je suis en mesure de prendre le contrôle du cerveau de la personne de mon choix et d'influencer ses actions, répondit Mike.
-Un contrôleur de pensée !? demanda John.
-Oui, répondit Mike.
-Cache cette chose de la vue de Frank ! dit John.
-Pourquoi ? demanda Mike.
-Fais ce que je te dis ! dit John. »
Mike cacha le contrôleur de pensée dans sa poche.
« -Pourquoi je ne devrais pas le voir ? demanda Frank. »
John ne répondit pas.
« -Ça concerne mon passé et mon projet ? dit Frank.
-Oui, répondit John, et je ne voudrais pas que tu te souviennes du reste de tes souvenirs.
-De quoi parles-tu, John ? demanda Mike.
-Et si l'on remettait cette discussion à plus tard ? suggéra John.
-C'est une excellente idée, murmura Serena qui faisait toujours pression sur son épaule.
-Il faut te soigner mieux que ça, dit Frank.
-Ça paraît pire que ce ne l'est réellement, répondit Serena.
-Frank à raison, tu saignes encore, dit Mike.
-Je te dis que ça va, ça commence à coaguler, dit Serena. »
Mike regarda la route devant lui.
« -Nous ne sommes plus dans les limites de la base, dit-il, et j'aurais bien besoin d'une cigarette. »
Après quelques minutes, l'épaule de Serena lui faisait de plus en plus mal et le sang commençait peu à peu à sécher. Elle avait réussi à atténuer son mal avec des antidouleurs trouvés dans la trousse, mais les effets étaient de courte durée. Elle était toujours assise sur la banquette arrière, à côté de Frank, et commençait à trouver le trajet long. Le camion roulait depuis déjà un bon moment et la base était loin derrière.
« -Ça va toujours Serena ? demanda Mike.
-Je gère, dit-elle, mais il faudrait désinfecter ma blessure, il n'y avait rien dans la trousse pour ça, les désinfectants étaient secs.
-On approche de la ville, dit Mike s'étant fié aux panneaux de signalisation, on pourra y faire escale pour te soigner.
-Et risquer de se faire découvrir par les gens de la population ? Mauvaise idée, dit-elle. J'ai appris ma leçon, quand la voiture est restée en panne et qu'on est allé à la ferme.
-Quelle voiture ? demanda Mike.
-Longue histoire, répondit Serena.
-Mais il faut bien arrêter quelque part pour te soigner, dit Mike.
-Je préfère attendre de retourner dans le passé, avant de me soigner. Au fait, pourquoi on n'y retourne pas tout de suite en allant à la machine ?
-J'ai élaboré un plan pour retourner dans le passé, dit Mike, et il est impossible de le faire avec la machine, maintenant.
-Pourquoi ? demanda John qui était toujours aux commandes du véhicule. Nous avons caché la machine dans une grotte au Nouveau-Mexique.
-Elle ne doit plus exister à l'heure dont je vous parle, dit Mike.
-Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda John.
-Eh bien, j'ai tout prévu, pendant mes mois de préparation à ce voyage, j'ai mis un mode d'autodestruction dans la machine par mesure de sécurité, elle doit être en mille morceaux en ce moment.
-Par mesure de sécurité ?! Et si ton fabuleux système d'autodestruction avait fait défaut pendant notre voyage et qu'aujourd'hui on n'était qu'un tas de poussière ?! dit John. Pourquoi est-ce que tu as eu cette idée folle et ne pas tout simplement avoir fait en sorte qu'elle repart en 2045 dans mon labo ?
-Bien je ne voulais pas qu'il y ait une erreur de paramètre et qu'elle se retrouve dans une époque où nous n'y sommes pas et que quelqu'un tombe dessus, d'où le protocole d'autodestruction. Mais bon, étant donné que nous devions quitter la machine pour notre voyage et que j'avais prévu me faire capturer, je ne pouvais pas aussi risquer que quelqu'un tombe sur la machine et l'utilise pendant notre absence.
-Tu avais prévu de te faire capturer ? demanda Frank.
-Ça faisait partie de mon plan, dit fièrement Mike.
-Mais quel foutu plan ? demanda Serena dont la patiente était affectée par sa blessure.
-Bon je vais vous le dire, mais porter bien attention, il est très complexe.
-Nous avons le temps de t'écouter, nous n'arriverons pas avant trente minutes, à la ville, dit John.
-Mon plan s'effectue en plusieurs phases, commença Mike. Premièrement, il fallait que je trouve un moyen de récupérer les travaux, sachant que Serena les avait envoyés via ma machine expérimentale, j'ai fouillé l'ordinateur de celle-ci pour savoir exactement les lieux de destination. C'est alors que les choses devenaient plus compliquées, à commencer par comment entrer dans des lieux si hautement protégés ? Et même si l'ont réussissait à entrer, comment récupérer les travaux et ressortir par la suite ? C'est là que j'ai eu l'idée géniale de me faire capturer.
-Pourquoi pas nous ? demanda Frank.
-J'y venais, dit Mike. Il serait plus compliqué de ressortir de la base à quatre. Je ne m'attendais cependant pas à ce que des soldats armés nous attendent déjà, quand j'ai ouvert la porte. C'est pourquoi je vous ai crié de vous enfuir, avant de vous expliquer quoi de ce soit. Le but de ma capture était fort simple, c'était un moyen peu compliqué et efficace d'entrer dans la base et aussi je n'avais plus la tâche de récupérer les travaux moi-même puisque je savais, qu'en disant la raison de ma venue pour chercher les travaux, que mes ravisseurs voudraient les récupérer à tout prix, faisant le travail à ma place. Ensuite vient mon informateur. Il fallait que je trouve un moyen de récupérer tous les travaux, une fois ceux-ci rapatriés au même endroit. C'est pourquoi j'avais besoin d'un complice à l'intérieur. C'est là que j'ai dû improviser un peu, en prenant de gros risques. J'ai envoyé l'un de tes hommes, John, dans le futur, pour qu'il s'enrôle en tant que soldat dans la base, huit ans avant l'année que nous nous trouvons présentement. Je comptais entièrement sur lui et je ne pouvais pas savoir si ça allait fonctionner, mais aujourd'hui j'ai pu constater qu'il est resté fidèle. Ses huit années de service lui on permit de monter en grade, lui permettant d'aller presque où il veut dans la base. Ne connaissant pas la configuration de celle-ci, je lui ai demandé de dresser un plan d'évasion pour que je puisse sortir de la base, avec les travaux, ce qu'il a fait. Il a cependant décidé de rester dans la base et donc de ne pas s'enfuir avec nous. C'est lui qui m'a remis les travaux, une arme et ce truc de contrôle de la pensée. Il m'a d'ailleurs dit le moyen le plus efficace de sortir de la base indemne et aussi le fait que vous étiez, vous aussi, retenu prisonnier dans la base.
-Tu as eu le temps de réfléchir à tout ça, avant de faire le voyage ? demanda Serena.
-Bien sûr, répondit Mike, et ce n'est pas tout. J'ai aussi dû trouver un moyen de retourner dans le passé avec les travaux, une fois ceux-ci récupérés. J'ai fabriqué une autre machine que j'ai envoyée dans le futur, plus exactement dans trois jours d'ici. Elle apparaitra dans une zone isolée, aux limites du désert Chihuahua, à une heure tapante. La machine ne sera là qu'une durée de cinq minutes. Si on ne se trouve pas dans cette zone dans trois jours, elle repartira vers le jour suivant, à la même heure et pour la même durée de temps et le processus recommencera si nous ne sommes toujours pas présents. Cette mesure de sécurité sert d'éviter que quelqu'un d'autre que nous ne tombe dessus, bien entendu. Je me suis ensuite creusé la tête à savoir comment Frank a bien pu tomber sur mes plans, en 2815.
-Et alors ? demanda John.
-C'est alors que j'ai réalisé que c'était peut-être moi qui avais mis les plans en 2815, dit Mike.
-Pourquoi aurais-tu fait cela ? demanda Serena.
-C'est ce que je me suis d'abord demandé, mais ensuite j'ai trouvé la logique. Je cherche à tout prix à ne pas créer de paradoxes temporels avec mes expérimentations sur le voyage dans le temps, c'est pourquoi que je devais construire le bâtiment que Frank a trouvé, y placer mes plans et y construire la machine dont il est arrivé, en 2045.
-Pourquoi ? demanda Serena.
-Pour la simple et bonne raison que c'était impossible que quelqu'un d'autre que moi ait pu être en possession de mes plans et aussi que ceux-ci devaient obligatoirement se retrouver en 2815 pour ne pas créer de paradoxes. Je m'explique. Si le bâtiment, les plans et la machine ne s'étaient pas retrouvés en 2815, Frank n'aurait pas pu venir en 2045 et on n'en serait pas là aujourd'hui s'il n'était pas venu. Comme je l'ai déjà dit, ce qui est fait est fait, même si ça s'est déroulé dans le futur. Donc puisque je devais éviter qu'un paradoxe se produise, j'ai fait en sorte d'entreprendre la construction d'un abri, comme Frank me l'avait décrit, avec mes plans et la machine à l'intérieur. J'ai ensuite mis un dispositif qui pourra transporter ce bâtiment où je le veux et à l'époque que je le veux. Ainsi, le mystère sur mes plans était levé et un paradoxe temporel a été évité.
-Je dois avouer que je n'aurais jamais pensé à autant de détails, dit John, félicitation, Mike.
-Merci, dit fièrement Mike.
-Et tu as eu le temps de faire tout ce que tu nous as dit, en six mois ? demanda Frank.
-Six mois, deux jours, huit heures et vingt-six minutes pour être exacte, répondit Mike, mais oui, j'ai travaillé jour et nuit pour en arriver à ça. J'ai dû tout faire moi-même. Ça n'a pas été facile.
-Puis-je te demander quelque chose, Mike ? demanda Frank.
-Oui, je t'écoute.
-Pourquoi l'incendie ?
-Ah, c'est vrai ! C'est bien simple, il fallait absolument que tu fasses le voyage dans le temps, pour éviter un paradoxe. Puisque tu m'as dit qu'un incendie, qui se déclenchant de nulle part, j'ai trouvé logique de placé des bombes incendiaires dans l'abri, pour premièrement recréer les conditions exactes qui t'ont menée en 2045, mais aussi te forcer à faire le voyage, n'ayant que cette option pour survivre.
-Alors j'ai failli cramer dans un incendie pour faire un voyage dans le temps ?! Pourquoi n'avoir pas simplement mis un petit mot ?
-Je devais absolument recréer les conditions exactes de ta venue, je devais donc faire l'incendie, je suis désolé, dit Mike.
-Oh, dit Frank.
-Nous ne sommes cependant pas encore tirés d'affaire, dit Mike. Il reste à atteindre la zone d'arrivée de la machine à voyager dans le temps, et aussi espérer que celle-ci arrive.
-Chaque chose en son temps, dit John. Nous sommes arrivés à la ville. »
Ils entrèrent dans une petite ville ressemblant à un village. Les trottoirs étaient très propres, tout comme les rues et les véhicules qui circulaient dans celles-ci. Le camion ne passait pas inaperçu dans le décor, avec sa peinture couleur camouflage, faisant détourner le regard des passants. John tourna à quelques intersections.
« -Où est-ce qu'on s'arrête, demanda John.
-Nous devrions voler une voiture, dit Mike, on ne pourra pas aller bien loin avec ce camion, nous attirons beaucoup trop l'attention. Mais avant, il faudrait arrêter quelque part pour soigner la blessure de Serena, le risque d'infection est élevé.
-Non, mais est-ce que tu m'écoutes parfois, Mike ? dit Serena. Je t'ai déjà dit que j'attendrai d'être revenue dans le passé pour ça. On n'a pas de risque à prendre de se faire découvrir et de toute façon, on traitera, une fois en sûreté, si ça s'infect. Je suggère qu'on fasse le plein dans cette ville et qu'on décampe jusqu'au désert pour retrouver la machine.
-On a trois jours à tuer d'ici là, dit Mike, et ce sans se faire repérer.
-Le désert Chihuahua n'est qu'à quelques heures de route d'ici, dit John. Qu'est-ce qu'on va faire pendant ces trois jours?
-Du tourisme ? suggéra Mike.
-Oh bien sûr ! dit Serena. Nous allons nous promener librement, à la vue de tous, risquant de nous faire repérer, très bonne idée.
-Je plaisantais, dit Mike d'un rire jaune.
-Mais plus sérieusement, qu'est-ce qu'on va faire? demanda John. Il faut penser à se nourrir aussi. La dernière chose que nous avons avalée est les biscuits de Marthe.
-Marthe ? demanda Mike. »
John expliqua en détail, à Mike, le trajet qu'ils ont fait, avant d'arriver à la base.
« -Oh, dit Mike, toute qu'une aventure. Je comprends maintenant le risque de se faire repérer. Je ne savais pas que vos visages sont sur les chaînes de nouvelles, à la télé.
-D'ailleurs, dit Serena, comment ont-il fait pour avoir une photo de nous ?
-Surement avec les souvenirs de Mike, supposa John, ils ont dû tracer un portrait-robot.
-C'est logique, dit Serena.
-Alors nous sommes coincés dans ce camion pour trois jours ? demanda Frank.
-Nous viendrons à manquer de combustible, dit John. Nous devons nous planquer quelque part.
-Surement pas dans la ville, dit Serena, nous devrions continuer notre route en direction du désert Chihuahua.
-Nous n'avons pas d'argent pour faire le plein, dit John. Nous pourrons nous rendre à mi-chemin de notre destination, avec ce qu'il nous reste dans le réservoir.
-C'est déjà mieux que de rester cloué ici, dit Serena.
-Je dois cependant faire escale ici, dit Mike.
-Ça fait partie de ton plan ? demanda Frank.
-Non, ça fait partie de mes besoins naturels, répondit Mike.
-Quoi ? dit Serena.
-Je dois aller aux toilettes, dit Mike.
-Tu n'es pas capable d'attendre qu'on soit sorti de la ville ? dit John.
-Non, dit Mike, c'est urgent. J'ai passé plus de temps que vous dans la base et je ne pouvais pas aller aux toilettes comme je le voulais.
-D'accords, tu iras dans un dépanneur, dit John. Mais n'attire pas l'attention. »
John s'avança dans les rues jusqu'à tomber sur une station-service où il y stationna le camion. Mike débarqua de celui-ci.
« -Je reviens dans une minute ! dit-il, avant de refermer la porte du camion.
-Il peut parfois être pire qu'un enfant, dit Serena.
-Il ne tardera pas, dit John.
-J'ai encore affreusement mal à la tête, dit Frank, il pourrait ramener un vers d'eau ? Ça ferait du bien.
-Ça doit être à cause des effets secondaires de l'appareil que Christ a utilisé sur toi, dit Serena.
-Je commence à me rappeler plus de souvenirs, dit Frank, ça devient plus clair. »
John et Serena commencèrent à angoisser. Ils ne voulaient pas que Frank se rappelle de la totalité de son passé, de peur qu'il change et redevienne comme il était avant.
« -Quels nouveaux souvenirs ? demanda John.
-Que c'est toi, John, qui m'a effacé la mémoire et qui m'a envoyé dans le futur. Tout ça parce que j'ai perdu la boule avec mon projet. Je me souviens que j'étais rendu fou et que mes intentions étaient mauvaises. »
Serena et John devenaient de plus en plus nerveux, ayant peur que Frank ne change du tout au tout, en se souvenant d'autant de détails.
« -Quoi d'autre ? demanda Serena.
-Que je travaillais, dans la base que nous avons quittée, mais en 2042. John tu étais mon ami et toi Serena tu n'étais pas très apprécié par les membres de l'équipe de recherche. Mais certains détails restent flous, dont mes intentions exactes sur le projet.»
Serena fronça les sourcils, elle semblait un peu contrariée.
« -Aussi que Mike n'était pas encore dans le projet de recherche, avant mon départ pour le futur. D'ailleurs, je ne me souviens pas comment tu as procédé, John.
-Longue histoire, dit John.
-Je me souviens aussi que la « télécommande », que Mike a en sa possession, est de ma création et que j'ai grandement participé à la conception de la base.
-Tu te souviens trop de chose, dit Serena.
-Pourquoi ? demanda Frank.
-Je ne voudrais pas que le fait de te souvenir de ton passé te fasse changer, je ne voudrais pas te perdre une deuxième fois, dit Serena.
-Me perdre une deuxième fois ? demanda Frank.
-Eh bien Frank… tu ne dois plus t'en souvenir, mais…
-Mais quoi ? »
Serena prit une longue pause avant de répondre. Elle hésita longuement avant de répondre.
« -Nous sommes marié Frank, dit Serena.
-Quoi ?! demanda Frank bouleversé de cette réponse.
-Changeons de sujet, dit brusquement John, Mike revient. »
Mike ouvrit la porte du camion et prit place dans son siège, avant de la refermer.
« -J'ai eu une idée pour le combustible, dit Mike. »
Il eut un long moment de silence. Frank était encore sous le choc de ce qu'il venait d'apprendre. Il avait été marié à Serena ? Pourtant, il trouvait que son caractère était incompatible avec le sien et il n'avait pas vraiment de sentiment d'affection envers elle, en fait c'est ce qu'il croyait. Il était vrai que son physique était plutôt attirant, mais son côté impatient et sa personnalité semblaient être incompatibles avec Frank. Peut-être avait-elle changé elle aussi ? Frank essayait de rechercher aux plus profondes sa mémoire, mais il n'arrivait pas à se souvenir de sa « relation » avec Serena, ayant ses véritables souvenirs mélangés avec les faux qu'il avait vécu en 2815. Il se demandait alors comment il se souvenait de chose qu'il n'avait pas réellement vécue ; ses études en physique quantique et d'aérospatiale, les catastrophes naturelles, etc.…
Mike coupa la réflexion de Frank, ainsi que le silence qui régnait dans le véhicule, depuis son arrivée.
« -Personne ne veut savoir mon idée ? demanda Mike.
-Oui, désolé, Mike, explique, dit John.
-Bien j'ai pensé utiliser le contrôleur de pensées pour avoir du combustible gratuit, il suffirait de l'utiliser sur le caissier de la station-service et il nous permettrait de faire le plein sans payer.
-C'est une bonne idée, dit John. Va tester l'appareil sur le commis pendant que je fais le plein.
-Bien, dit Mike qui redescendit du camion. »
John redémarra le moteur et se dirigea vers la pompe de la station. Il débarqua pour remplir le camion de combustible, laissant Serena et Frank à l'intérieur.
« -Donc nous étions mariés ? demanda Frank.
-Ouais, dit Serena déviant le regard.
-OK, dit Frank, sans trop savoir quoi répondre. Désolé de ne pas me souvenir de cela. »
Serena resta muette, créant un malaise.
« -Sommes-nous techniquement encore mariés ? demanda Frank. »
Serena versa une larme qui coulait tranquillement sur sa joue. Frank ne savait pas trop quoi faire devant cette situation, il ne croyait pas que Serena était capable de pleurer. Elle était du genre à ne pas laisser paraître ses émotions, sauf quand elle était frustrée.
« -Je crois que je n'aurais pas dû poser cette question, dit Frank dans sa tête. »
Serena était triste et aussi en colère que Frank se souvienne de la majorité de ses souvenirs, sauf l'un des plus importants ; leur mariage. Bien sûr elle comprenait pourquoi il ne s'en souvenait plus. Elle se rappela alors les événements qui ont dû les séparer. Frank avait comme but d'utiliser son projet de contrôle de la penser pour aider à l'éducation. Il voulait contrôler certaines zones du cerveau pour y transmettre des programmes, comme apprendre une nouvelle langue ou des concepts de mathématique, mais en seulement quelques secondes. Il voulait aussi trouver comment guérir certaines maladies mentales en prenant le contrôle du cerveau et ainsi pouvoir guérir les patients. Malheureusement, il perdit lui-même la tête en trépassant sur l'idée de contrôler des gens, comme des robots, en influençant leur lobe frontal pour modifier la prise de décision et la personnalité. Il avait ainsi le projet fou de prendre le contrôle du monde. Il voulait tellement être capable de développer une technologie pour contrôler les autres, qu'il ne se rendait pas compte qu'il ne se contrôlait plus lui-même. Sa vie était menacée par de nombreuses personnes, au sein des services secrets du gouvernement, ayant vu le changement drastique de Frank et qui voulaient l'arrêter, avant qu'il ne soit trop tard. Frank faillit y passer quelques fois. Des assassins du gouvernement avaient même été engagés pour arrêter Frank. John étant son meilleur ami à l'époque voulait le protéger à tout prix. Il était la seule personne qui avait le pourvoir de résonner Frank. Il ne savait plus quoi faire pour le mettre en sécurité. Il eut alors l'idée de l'envoyer dans le futur, mais il ne disposait pas de la technologie nécessaire. Il avait bien sûr une machine expérimentale qu'il n'avait jamais été testé. Prit de désespoir pour sauver Frank, lors d'une fusillade dans son labo, John envoya Frank dans le futur, sans savoir s'il allait survivre ou arriver à bon port. À quoi bon, c'était la seule chance qu'il avait de sauver son ami. Cependant il dut lui effacer ses souvenirs, avant son départ, et lui en transmettre de nouveaux. Étant donné que Frank était un danger pour lui-même, John devait effacer la plus petite ombre de lui-même, avant son départ vers le futur. Serena s'était sentie impuissante devant le changement de Frank, elle avait eu l'impression de l'avoir perdu. Le fait que John l'ait envoyé loin d'elle lui brisa le cœur, la rendant froide et nulle d'expression, sauf bien sûr la colère et le désespoir qu'elle vivait. Le choc qu'elle eut en revoyant Frank arrivé du futur, comme par hasard, lui ramena ses émotions, restées glacées depuis longtemps. Elle ne lui révéla pas son passé et le fait qu'il se connaissait, disons-le plutôt qu'une simple connaissance. Elle ne voulait pas qu'il se remémore ce qui l'avait mené à sa propre perte. Elle tenait encore à lui, mais voulait en même temps s'en détacher. Elle avait fait son deuil, après le départ de Frank. Le revoir était comme revoir un mort. Elle décida de faire comme si elle était une pure inconnue aux yeux de Frank, ce qui était en fait le cas. Cependant, un espoir secret caché au fond de son cœur, était qu'elle voulait que Frank puisse redevenir totalement lui-même, avec tous ses souvenirs, en une version où il n'aurait pas perdu raison, et ainsi qu'il puisse aimer Serena à nouveau.
Mike entra alors dans le camion, du côté passage, amplifiant le malaise qui régnait déjà à l'intérieur. Il remarqua que Serena avait les yeux un peu rouges, étant donné qu'elle venait de pleurer.
« -Tu vois, Serena, dit Mike, on devrait soigner ta blessure, elle te fait pleurer de douleur. »
Serena ne répondit pas, elle trouvait stupide Mike de croire que sa blessure la faisait pleurer, mais en même temps, il ne pouvait pas se douter de la véritable cause de son chagrin. Il ne savait pas que Frank et elle avaient été mariés, ses souvenirs ayant lui aussi été effacés par mesure de sécurité. Seuls John et Serena avaient conservé leurs souvenirs.
« -Je vais prendre des antidouleurs dans la trousse, dit Serena n'ayant en réalité pas extrêmement mal à son épaule. »
John fini de remplir le réservoir du camion et reprit place dans celui-ci.
« -J'ai la confirmation que les véhicules de cette époque fonctionnent à l'hydrogène, dit John. Bonne idée, Mike, d'utiliser ton contrôleur de pensées, ça semble avoir fonctionné sur le caissier.
-Je savais que c'était une bonne idée ! dit fièrement Mike. »
Le silence revint régner à l'intérieur du camion.
« -Pourquoi êtes-vous aussi silencieux ? demanda Mike, intrigué.
-Parce que nous n'avons seulement rien à dire? dit Serena.
-Oh, dit Mike. Ça doit parce qu'il manque de la musique ! Comment fait-on pour allumer la radio ?
-Ouverture de la radio, dit Frank dans le vide. »
De la musique commença à jouer dans le véhicule, du rock, n'étant pas un type de musique que Serena appréciait, surtout dans son état émotif du moment. Elle décida de ne pas se plaindre envers Mike, au moins, ça changeait l'ambiance dans le véhicule.
« -Ne devrions-nous pas reprendre la route ? dit John.
-Oui, dit Mike. Il faut continuer au sud-est pour atteindre le désert. Nous avons assez de combustible pour un bon bout de temps encore. Nous réutiliserons la technique du contrôleur de pensées pour en ravoir à nouveau, lorsque nous viendrons à en manquer.
-Bien, dit John qui redémarra le véhicule. »
Ils s'engagèrent de nouveau sur la route principale de la ville, pour en sortir en direction sud-est. La musique jouait dans le camion et personne ne parlait. Frank réfléchissait encore à ce qu'il venait d'apprendre. Il cherchait dans ses souvenirs les plus profonds pour se rappeler de son mariage avec Serena, mais sans succès. Il trouvait cette situation très particulière et fâcheuse. Il essaya de se mettre à la place de Serena, mais il avait de la difficulté encore à réaliser qu'il s'était marié avec elle. Il ne se souvenait plus de son mariage ni de Serena avant de l'avoir rencontré en 2045. Quel bon époux il faisait…
Ils ne roulèrent qu'une dizaine de minutes, avant d'être sortis de la ville. Les abords, de la route où ils se trouvaient, commençaient à prendre l'allure de terrain plus désertique, à quelques endroits. John se mit sur conduite automatique, en utilisant pour la première fois la commande vocale. Il put enfin décompresser un peu et s'allonger. Mike décida de changer de chaîne de la radio, au grand plaisir de Serena, qui s'était ressaisi de ses émotions. C'était maintenant de la musique relaxante qui jouait, ce qui plongea Frank, John, Serena et Mike, dans un profond sommeil très rapidement.
VI
John fut le premier à être réveillé par les sirènes de police, derrière eux. Une auto-patrouille, aux gyrophares allumés, les suivait. John reprit la conduite manuelle du camion et s'immobilisa, au bord de la route. Le véhicule de police fit de même, à une dizaine de mètres derrière eux. Un agent sorti de l'automobile referma sa portière et s'avança vers le camion. Une fois qu'il eut atteint la porte du côté conducteur, il s'arrêta de marcher et cogna à la fenêtre.
« -Abaissement de la vitre du conducteur, dit John dans le vide. »
Il commençait à comprendre le concept de la commande vocale.
« -Qu'il a-t-il monsieur l'agent ? demanda John.
-Vous étiez au volant en dormant, répondit l'agent de police. Même si vous êtes en mode de conduite automatique, le code routier interdit le conducteur de s'endormir au volant. Veuillez sortir votre permis de conduire, preuve d'assurance et d'immatriculation.
-Eh bien…euh, dit John. »
Le policé se mit sur la pointe des pieds pour voir à l'intérieur du camion, il remarqua que les occupants étaient tous habillés en uniforme de l'armée.
« -Oh je suis désolé, officié, dit le patrouilleur en voyant les galons sur les bras de John. Je ne savais pas que vous étiez de l'armée. »
Le policier plissa alors les yeux pour mieux voir le visage de John. Son expression faciale changea, il semblait reconnaitre John. Il dégaina alors immédiatement son arme, le pointant sur lui.
« -Sortez du véhicule ! dit le policier. »
Il tenait son pistolet d'une main et attrapa sa radio de l'autre.
« -J'ai quatre suspects correspondant aux individus recherchés par l'armée, dit l'agent.
-Nous vous envoyons du renfort, dit une voix provenant de la radio. »
Je policier rangea la radio et prenait maintenant son pistolet dans ses deux mains.
« -Je ne le répèterai pas, dit le policer, sortez du véhicule ! »
John attrapa le « volant » et appuya sue l'accélérateur à pleine puissance. Le camion parti en trombe, laissant le policer derrière eux. Le véhicule prenant de plus en plus de vitesse sûre la grande route.
« -Nous avons été repérés, dit John.
-Merci de le préciser, dit sarcastiquement Serena.
-Il faut nous cacher et changer de véhicule, dit Mike. Si ça se trouve, ce camion possède un GPS pour nous localiser.
-Je ne pense pas qu'il y ait de GPS dans ce camion, dit Serena. Sinon nous serions déjà encerclés de soldats, si l'armée savait où nous sommes.
-C'est vrai, dit Mike, mais peut-être qu'ils veulent savoir où nous allons. Ils savent que nous venons du passé. Ils se doutent sûrement que nous tenterons d'y retourner avec une machine. C'est peut-être la machine qu'ils veulent. D'après tout, c'est l'armée et notre évasion de leur base a été beaucoup trop facile, malgré mon plan si efficace soit-il.
-Je dois avouer que c'est une hypothèse qui se tient, dit Serena. Mike à raison, il faudrait changer de véhicule, nous sommes maintenant à découvert et nous n'avons pas beaucoup de temps pour nous cacher. Si ça se trouve, un périmètre et peut-être déjà fait autour de nous, pour nous empêcher d'aller plus loin d'où nous sommes.
-Il y a une sortie de route dans une centaine de mètres, dit John »
Il ralentit le véhicule pour effectuer un virage serré à droite, le menant dans une petite route en gravier. Il reprit de la vitesse dans son nouveau chemin et y roula pendant un bon moment.
« -Il y a des montagnes droites devant, dit Mike. Nous pourrions abandonner le véhicule à proximité et nous cacher dans la nature en attendant de trouver une solution pour rejoindre le désert Chihuahua.
-Bonne idée, Mike, dit Serena. »
John continua de rouler à une vitesse contente, mais élever, jusqu'à arriver entre deux montagnes, à leurs pieds. Elles étaient presque dépourvues de végétation, mais quand même très hautes. John immobilisa le camion.
« -Est-ce qu'une auto de police nous a suivis ? demanda Mike.
-Je ne crois pas, dit John, je roulais assez vite et je ne voyais pas de voiture de police dans mon rétroviseur lorsque j'ai changé de direction.
-Bien, débarquons, dit Serena. »
Tout sortir du véhicule, apportant leurs armes avec eux. Ils commencèrent à marcher en ascension, en direction du sud, le soleil étant à quelques dizaines de minutes de se coucher à leur droite. L'épaule de Serena la faisait encore souffrir, mais la douleur était rendue tolérable, elle pouvait donc se déplacer sans faire trainer le reste du groupe. John arrêta soudainement de marcher, il se retourna. Pointa son arme en direction du camion qu'ils venaient de quitter et tira en plein sur le réservoir d'hydrogène, ce qui créa une gigantesque explosion.
« -Mais qu'est-ce que tu fais, John ?! dit Serena ayant sursauté en attendant le bruit de la déflagration.
-Un peu d'action, ça fait du bien ? répondit John en blaguant.
-Comme si on manquait déjà d'action, dit Serena. Pourquoi tu as fait ça ?
-S'il y avait un GPS à l'intérieur, maintenant il est certain qu'ils ne pourront plus nous localiser pour savoir le secteur où nous sommes, dit John.
-Ah, tu crois ? dit Serena. Heureusement que de l'hydrogène qui brûle ne produit pas une fumée noire comme celle de l'essence, sinon nous serions très facilement repérables. Cependant, le bruit de l'explosion est cent fois plus fort qu'une explosion d'essence et il doit sûrement se propager à des kilomètres à la ronde.
-Ça prendra du temps avant que les autorités viennent pour le signalement d'une explosion, dit John. Pour le moment, nous devrions nous cacher dans les montagnes et vite, avant que le soleil ne se couche. Dans cette zone où nous sommes, l'obscurité devient vite une voile opaque à notre vision. La ville, que nous avons quittée, se trouve maintenant à une bonne centaine de kilomètres d'ici et nous n'en avons pas passé d'autres. La pollution lumineuse ne se rendant pas jusqu'ici ne nous permettra pas de nous déplacer vers en un lieu sûr durant la nuit.
-C'est un fait, dit Serena.
-Il y a très peu de végétation dans les montagnes, dit Frank, ne sommes-nous pas plus à risque d'être repéré ?
-Ces montagnes sont très rocailleuses, remarqua Mike, il y a surement des grottes où nous pourrons s'y cacher.
-Il faudra trouver l'endroit rapidement, dit John, nous disposons de moins d'une demi-heure. »
Ils reprirent leur marche sur un versant de montagne, à la recherche d'un endroit pour se cacher et passer la nuit.
Après quelques minutes de marche, le groupe trouva une toute petite grotte pouvant les abriter pour un certain moment. Il y avait tout juste assez de place pour eux quatre.
« -Ça fera l'affaire pour cette nuit, dit Serena.
-Oui, mais il fera vite froid quand le soleil sera totalement couché, dit Mike. Ne devrions-nous pas aller chercher de quoi allumer du feu ?
-Non, dit Serena, quelqu'un pourrait voir la lueur des flammes.
-Ouais c'est vrai, dit Mike.
-Je ne crois pas que la température descendra en dessous des quinze degrés, dit John. À ce temps-ci de l'année, il fait quand même chaud la nuit. C'est vrai qu'il ne soit pas impossible qu'il fasse un peu frisquet, mais si nous gardons les uniformes d'armée sur notre dos, nous serons en mesure de rester au chaud.
-Il ne reste plus qu'à se coucher pour dormir, dit Mike. Nous nous lèverons à l'aube, demain, et reprendrons notre route à pied pour le moment. Nous serons en mesure d'atteindre le lieu d'apparition de ma machine sans utiliser de véhicule.
-Bonne idée, dit John, je suis épuisé, reposons-nous. »
Ils se couchèrent tous sur le sol et ils se mirent en position confortable. La fatigue leur prit vite par surprise, les lassant sombrer dans un sommeil profond.
La nuit était déjà bien entamée, quand Serena se réveilla, elle avait très froid et grelottait de partout. Elle s'approcha alors de Frank pour voir s'il dormait.
« -Frank ? dit-elle en chuchotant. »
Frank ne dormait pas, il n'avait pas vraiment froid, mais le sol rocailleux, dur et irrégulier lui empêchait de dormir.
« -Oui ? répondit-il.
-J'ai froid, dit-elle, j'irais marcher un peu me réchauffer, tu veux m'accompagner ?
-C'est peut-être mieux de rester avec Mike et John, on n'a rien pour s'éclairer. On risque de trop s'éloigner et se perdre. Veux-tu t'allonger à côté de moi pour que je puisse te réchauffer ? demanda Frank. »
Serena ne répondit pas, elle s'allongea à côté de Frank, dos à lui. Il se rapprocha d'elle et plaça son bras par-dessus son corps frissonnant, pour pouvoir la réchauffer. Serena se sentait mieux, près de Frank. Cela lui rappelait les bons moments qu'elle avait jadis passés avec lui, mais en même temps, elle savait que Frank ne s'en souvenait plus. Cependant, étant réconforté par la chaleur que Frank dégageait, le sommeil la rattrapa bien vite et elle s'endormit à nouveau.
C'est les premiers rayons du soleil qui réveillèrent Mike. Il ouvrit tranquillement ses yeux, mais sa vision étant encore un peu troublée étant donné qu'il ne s'était pas encore habitué à la lumière du jour. Il se leva pour aller prendre un peu d'air du matin dehors. Le paysage qu'il voyait était à couper le souffle. Il y avait des montagnes rocheuses un peu partout, dans un vaste étendu désertique et les nuages dans le ciel avaient une teinte rosée. Mike s'étira un peu, avant de faire un demi-tour sur lui-même pour faire face à l'intérieur de la grotte. C'est alors qu'il vit Serena et Frank, allongé l'un à côté de l'autre.
« -Pauvre Frank, pensa Mike, s'il pense avoir une chance avec Serena, il ferait mieux de revenir les deux pieds sur Terre très rapidement. »
Après quelques minutes, tous étaient réveillés dans la grotte. John avait plutôt bien dormi, malgré son dos qui lui faisait mal à cause de la dureté de la roche.
« -Bien dormi ? Vous aviez l'air confortable, dit Mike en riant.
-La ferme, Mike, dit Serena. J'avais froid cette nuit, je ne cherchais que de la chaleur et rien d'autre.
-Oh et pourquoi n'es-tu pas venu vers moi ? dit Mike, toujours en riant.
-Pour la simple et bonne raison que ça fait au moins trois jours que tu n'as pas pris de douche et donc que tu pus. »
Mike leva l'un de ses bras pour sentir son aisselle. Il remarqua qu'il empestait en effet.
« -Trêve de bavardage, dit John. Nous devons nous mettre en route.
-Oui, mais maintenant nous n'avons rien pour nous diriger, dit Serena. Comment se rendre jusqu'à la zone d'apparition de la machine ? Nous ne pouvons pas longer la route au risque de nous faire voir et seul Mike sait où elle se trouve et Mike est du genre à se perdre dans un centre commercial.
-Ce n'est arrivé qu'une fois ! dit Mike. Je sais comment nous rendre jusqu'à la machine. Il faut continuer vers le Sud et nous n'avons qu'à nous fier au soleil pour savoir quelle direction nous allons.
-Et le soleil se couche vers quel point cardinal ? dit Serena.
-Le sud non ? dit Mike. C'est là où il fait de plus en plus chaud, le soleil s'y couche donc.
-Tu es peut-être intelligent en ce qui concerne la physique quantique, mais pour en ce qui concerne la physique céleste tu n'es pas très doué, dit Serena. Tu vois John on ne peut pas se fier à Mike.
-Nous n'avons pas vraiment le choix, dit John.
-Je vous promets de vous amener à bon port, dit Mike. Je tiens autant que vous à retourner à la maison.
-Tu es mieux de ne pas nous perde, dit Serena.
-Promis, dit Mike.
-Nous avons cependant un gros problème, dit Frank.
-Lequel ? demanda Serena.
-Nous sommes maintenant aux abords du désert et nous n'avons pas d'eau ni nourriture, dit Frank.
-C'est un problème, en effet, dit John. Cependant, nous avons la chance dans l'un des déserts les plus riches au point de vue de la biodiversité, nous allons peut-être avoir plus faim et soif qu'a l'habitude, mais nous n'en mourrons pas.
-C'est un fait, dit Serena. Nous ferons mieux de nous habituer à boire du jus de cactus pour nous hydrater.
-Nous devrions tout de suite commencer à marcher avant qu'il fasse trop chaud dehors, dit Mike. Nous nous reposerons à l'ombre, quand le soleil sera à son maximum à midi, pour garder le plus possible nos énergies et recommencerons à marcher lorsque la température recommencera à baisser.
-Pour l'instant, dit Serena. Puisque nous sommes encore dans une zone où il y a quelques cours d'eau et certaines plantes comestibles, nous devrions faire des réserves ici, avant de partir plus au Sud.
-C'est une très bonne idée, Serena, dit John. »
Ils sortirent de la grotte et descendirent une courte pente de roche pour arriver sur un sentier de sable. Le soleil était maintenant bien levé et le groupe ressentait déjà sa chaleur sur leur peau. Serena se souvenait d'avoir croisé un petit ruisseau lors qu'ils cherchaient la grotte. Le groupe refit donc le chemin inverse pour atteindre le petit cours d'eau. Dans les poches de chacun de leur uniforme, il y avait deux gourdes d'eau, pliables comme un sac de plastique. Ils remplirent tous leurs gourdes, avant de les remettre dans leurs poches.
« -Nous aurons assez d'eau pour un moment, dit Serena. Heureusement qu'il y avait des gourdes dans ces uniformes, ça sera donc plus facile de transporter notre précieux liquide. Si vous n'avez pas remarqué, il y a aussi quatre barres nutritives pour chacun de nous dans vos poches arrière, ça sera bien utile pour remplir nos estomacs pour aujourd'hui.
-Quelle chance que tout ça a se trouvait dans nos uniformes, dit Mike.
-Ce son des uniformes de soldat, dit Serena, ils doivent être prêts à toutes éventualités et à toutes situations ou conditions.
-C'est un fait, dit Mike. Je crois que nous pourrons atteindre la zone d'apparition de la machine d'ici demain, si bien sûr tout se passe bien.
-Bien, dit John, nous avons donc peu de chance de mourir de faim ou de soif dans ce désert et nous n'y resterons pas très longtemps. Cependant, un mauvais pressentiment me tracasse dans ma tête, mais ce n'est sans doute rien du tout.
-Remettons-nous en marche, dit Frank. »
Ils reprirent leur chemin, cette fois-ci, en direction du Sud. Il n'y avait pas vraiment de sujet de conversation qui s'échangea durant leur marche, sauf Mike qui se plaignait constamment de la chaleur qu'il faisait. L'épaule de Serena recommença à lui faire de plus en plus mal, mais elle ne voulait pas le partager au reste du groupe, n'étant guère intéressée à ce que Mike se plaigne d'arrêter et soigner Serena. Pendant leurs brèves pauses pour se reposer un peu et boire de l'eau, Serena souleva ses bandages pour voir comment sa blessure s'en tirait. L'odeur d'infection commençait à s'en dégager. Elle se dit que l'infection ne s'empirerait pas et qu'elle pourra la traiter une fois de retour en 2045. Mais plus ils parcouraient de kilomètres, plus Serena se sentait fiévreuse et avait de plus en plus le vertige, jusqu'à en perdre conscience.
« -Serena ! dit Mike. »
Il s'agenouillant devant sa sœur étendue au sol. Il remarqua alors le pu qui sortait de la blessure de Serena, passant à travers ses bandages.
« -C'est infecté, dit Mike. »
Il posa sa main sur le front de Serena.
« -Elle est bouillante de fièvre, dit-il. »
Serena recommença à reprendre connaissance peu à peu.
« -Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle.
-Ta blessure s'est infectée, dit Mike, tu as perdu conscience.»
Il prit l'une de ses gourdes dans sa poche et la donna à Serena.
« -Bois, tu as besoin d'eau pour lutter contre l'infection.
-Ça va, dit Serena, je n'ai fait qu'un petit coup de chaleur, pas besoin de s'alarmer, c'est à peine infecté.
-Serena, dit John, tu devrais écouter Mike, il a raison, ta blessure et gravement infectée et on doit te soigner au plus vite, avant que tu ne faiblisses trop.
-Je serai capable de survivre encore bien longtemps, avant qu'une vulgaire infection vienne à bout de moi. »
Serena ouvrit la gourde qu'elle tenait dans ses mains et prit trois bonnes gorgées d'eau, avant de la redonner à Mike.
« -Merci pour l'eau, Mike.
-Il n'y a pas de quoi, répondit-il.
-Nous devrions nous remettre en route, dit John, la journée est déjà bien entamée. Nous t'aiderons à marcher, Serena.
-Ça va, dit-elle, je suis capable de marcher seule. »
Serena se releva debout avec l'aide de Frank. Ils reprirent alors leur chemin, mais Serena avançait moins vite en restant toujours derrière le groupe. Ils prirent quelques pauses pour boire et se reposer. Ils s'approchaient de plus en plus du commencement du désert de Chihuahua, voyant le changement de végétation sur leur route. Soudain, John s'arrêta.
« -Que fais-tu, John ? demanda Frank. »
John se pencha vers une plante désertique poussant au sol et l'arracha par les racines. C'était une plante rampante à tiges anguleuses et rudes. Elle était coiffée de quelques feuilles et de nombreux fruits, petits comme des oranges, mais avec l'allure d'une pastèque, y étaient rattachés.
« -Mais comment cette plante s'est retrouvée dans le désert chihuahua ? dit John en la tenant du bout des doigts.
-C'est quoi ? demanda Frank. »
John prit quelques secondes avant de répondre.
« -C'est un Citrullus colocynthis, plus communément appelé coloquinte du désert. Cette plante pousse normalement dans les pays tropicaux, loin d'ici. C'est d'ailleurs pourquoi je me demande pourquoi une telle plante pousse dans le désert Chihuahua, mais il est possible que depuis cent ans, elle ait été importée et répandue en Amérique.
-Et qu'est-ce que cette plante à de si fabuleux à part le fait qu'elle pousse loin de chez elle ? demanda Mike.
-Eh bien, cette magnifique plante, naturellement toxique seulement si l'on en consomme à long terme, contient un puissant alcaloïde, répondit John.
-En français ça veut dire quoi ? dit Mike.
-Serena pourra donc la consommer pour réduire la douleur de son épaule grâce à l'alcaloïde que contiennent ses fruits, dit John.
-Tu viens de dire que ce truc est toxique et que tu veux que j'en consomme ? dit Serena. N'y pense même pas.
-Elle devient nocive seulement si tu en consommes à long terme, dit John, ce qui ne sera pas le cas.
-Bon d'accord, finit-elle par dire. Je mangerai ton foutu fruit si ça me permet de réduire cette douleur infernale. »
John arracha les fruits de la plante pour les placer dans ses poches, sauf un qu'il tendit à Serena. Elle le prit dans ses mains et en prit immédiatement une bouchée, ce qui lui fit faire une grimace due au goût.
« -Recrache ça tout de suite ! dit John en hurlant, voyant Serena manger le fruit qu'elle tenait dans ses mains. »
Serena recracha ce qu'elle avait dans la bouche aussi rapidement qu'elle l'avait mise dedans.
« -Ce truc est tout simplement mauvais, dit Serena.
-Ce n'est pas le fruit lui-même qu'il faut manger, dit John, mais bien les graines qu'il contient. Ce sont dans ses graines qu'est présent l'alcaloïde.
-Tu n'aurais pas pu me prévenir avant de me donner ce fruit ? demanda Serena recrachant les derniers morceaux de sa bouche.
-Tu ne m'as même pas donné le temps de te dire comment le consommer, dit John. »
Serena ne répondit pas. John sortit un autre fruit de sa poche. Il se pencha ensuite pour récupérer un couteau qui étant dans un étui accroché à sa botte. Il se releva ensuite et commença à couper le fruit, afin de récupérer ses graines. Une fois la chose faite, il avait une dizaine de petites graines dans ses mains.
« -Maintenant, donne-moi ta gourde Serena, dit John, une que tu as déjà entamée. »
Serena sortit de sa poche une gourde qu'elle avait commencé à boire depuis le début de leur trajet et la remit à John qui y enleva son bouchon, et la déposant au sol. John s'agenouilla près de la gourde. Il prit une graine entre la lame de son couteau et son pouce pour l'écraser au-dessus de l'ouverture de la gourde. Un liquide jaunâtre en sortait, tombant goutte à goutte dans l'eau de la gourde. John fit de même pour le reste de ses graines.
« -Le goût sera désagréable, mais cette boisson te permettra d'atténuer ta douleur, dit John. Tu en boiras deux gorgées à l'heure en plus d'une gorgée d'eau normale, de ton autre gourde.
-Et je ne mourrai pas empoisonné même si ce truc est toxique ? dit Serena.
-Ne t'inquiète pas pour ça, dit John.
-Est-ce que ça va ralentir l'infection ?
-Non, mais au moins ça enlèvera une partie de la douleur. Je ne suis pas pharmacien ou médecin donc je ne connais pas toutes les vertus de ce médicament maison, mais je sais qu'il peut être efficace. Il est utilisé depuis longtemps comme médecine naturelle. »
John se releva avec la gourde dans les mains et la donna à Serena. Elle en but deux gorgées et une d'eau normale de son autre gourde.
« -Le goût est tolérable, dit Serena.
-Tant mieux, dit John. Maintenant si tu t'en sens capable de continuer, nous devrions reprendre immédiatement notre route.
-Je vous avertirai si je dois faire une pause, dit Serena.
-Donc, allons-y, dit Mike. »
Ils reprirent leur route, mais cette fois en prenant des pauses plus fréquentes. Serena prenait sa petite boisson miracle toutes les heures et elle semblait effectivement faire effet. L'infection à son épaule ne s'était certes pas améliorée, mais elle ne s'était pas empirée non plus. Ils marchèrent encore une bonne parti de la journée quand ils durent tous arrêter d'épuisement. En regardant leurs réserves d'eau, ils se rendirent vite compte que puisque Serena en buvait plus qu'elle le devrait normalement, dû à son infection, le groupe viendrait à en manquer plus tôt que prévu, ce qui constituait un problème en effet.
« -Nous devrions commencer à nous rationner sur notre consommation d'eau, dit Mike. Encore une demie journée et on est à sec.
-Mais nous avions deux gourdes pleines chacune. Comment se fait-il que nous en manquions déjà ? demanda Frank.
-Eh bien nous n'avions pas prévu que la blessure de Serena s'infecte aussi agressivement, elle a besoin de plus d'eau pour lutter contre celle-ci, dit Mike.
-Serons-nous capables de nous rendre à la machine avec ce qu'il nous reste ? demanda John.
-J'estime que nous sommes à environ trente kilomètres de la zone d'apparition, ce qui représente approximativement six à sept heures de marche. Je crois que nous serons en mesure de nous y rendre d'ici le coucher du soleil, mais il faudra attendre demain midi avant son apparition.
-Demain midi ? dit John. Il me semblait que la machine n'apparaissait que dans trois jours?
-C'est ce que j'ai dit il y a deux jours, dit Mike. Nous sommes sortis de la base avant-hier, nous avons dormi dans le camion durant la nuit et une partie de l'avant-midi d'hier, avant de nous faire arrêter par la police. Nous avons ensuite passé le reste de la journée à chercher un endroit pour dormir dans les montagnes et nous sommes maintenant là où nous sommes. Donc techniquement le troisième jour est demain.
-J'ai complètement perdu la notion du temps, dit John.
-Avec en plus le voyage dans le temps, je peux te comprendre, dit Mike en retour.
-Que fait-on si la machine n'apparaît pas ? demanda Frank.
-Nous ne sommes pas encore dans cette situation, dit Mike. Pour le moment, espérons qu'elle arrive et qu'elle soit fonctionnelle.
-Donc tu dis que nous sommes à moins de sept heures de marche de ta foutue machine ? dit Serena. Crois-tu que je suis capable de marcher sept heures dans le désert, avec une quantité d'eau limitée et avec une infection qui veut me tuer ?
-Nous y sommes presque, dit John. Bois un peu d'eau ainsi que ta solution de coloquinte. »
Serena prit quelques gorgées dans sa gourde, la rangea, prit celle de son médicament contre la douleur maison et la rangea à son tour. Elle croisa ses bras.
« -Je propose de faire une pause, dit Serena. Je n'en peux plus de ces conditions désertiques.
-Nous sommes déjà en pause, dit Frank.
-Eh bien encore plus en pause, je voudrais seulement dormir dans un bon lit douillet. Ça fait des jours que je n'ai pas bien dormi et je suis à moitié morte. M'a blessure n'aide pas la chose.
-Comme je viens de le dire, nous sommes à encore sept heures de marche de notre destination, j'estime que le coucher du soleil est dans environs cinq heures et qu'il y aura encore un peu de clarté pour arriver au point de rendez-vous de la machine. Tu devrais être capable de survivre à ça ? dit Mike.
-Je suis exténuée, dit Serena. Nous ne pourrions pas prendre la route demain ?
-Qu'est-ce qu'on ferait du reste de l'après-midi ? dit Mike. »
Serena ne répondit pas et prit un air bête.
« -Bon, ça va, dit-elle. Nous allons encore des kilomètres et des kilomètres. »
Serena reprit la marche sans répondre à Mike. John se tourna vers lui.
« -Ça doit être les effets des médicaments qui amplifient sa mauvaise humeur, dit John.
-Même sans médicaments c'est rare qu'elle soit de bonne humeur, répondit Mike. La dernière fois que je l'ai vue heureuse, c'était avec son ex-copine. C'était déjà son nom ? Je ne me souviens même plus de son visage. C'est bizarre ce n'est pas mon genre de ne pas me rappeler du visage de quelqu'un, surtout si c'est mon ex-beau-frère. À bien y penser, je pense qu'il ressemblait un peu à Frank, il aura peut-être ses chances avec Serena finalement.
-Mais je la comprends, moi aussi je commence à en avoir ras le bol d'être dans le futur. Et dire que lorsqu'on sera rentré en 2045, on pourra considérer ce qu'on a vécu en 2145 comme faisant partie de notre passé. On pourra donc dire, sans mentir, nous avons un passé futur.
-Ça dépend de quel point de vue qu'on parle, dit Mike. Maintenant, nous devrions nous remettre en route. »
Ils rejoignirent Serena qui avait pris un peu d'avance. Il était un peu après midi et la température était dans les environs de trente degrés Celsius, mais malgré le fait qu'ils se trouvaient dans un désert, l'atmosphère était très humide et des nuages de pluie en forme de ouate se formaient au-dessus d'eux, ne tardant pas à faire tomber une bonne averse.
« -Non, mais depuis quand il pleut dans un désert ? dit Serena.
-Nous sommes dans le temps de la mousson, dit John. Le mois de juillet est le mois le plus humide et le plus pluvieux de l'année dans le désert Chihuahua.
-On va être trempés, dit Serena.
-Au moins tu n'auras plus chaud et on pourra remplir nos gourdes dans les flaques que la pluie formera dans des creux de rochers, dit Frank.
-C'est un fait, dit Serena, et ça fait un bon bout de temps que je n'ai pas pris de douche.
-Un peu d'eau ne nous fera du bien, ajouta John, et étant donné que la chaleur a considérablement diminué, nous aurons moins de difficulté à avancer.
-Nous sommes dans un endroit où il y a plus de végétation maintenant, dit Mike. Nous pourrions peut-être trouver de quoi nous rassasier l'estomac pour quelque temps.
-J'ai faim moi aussi, dit Frank, les barres énergisantes de ses uniformes ne m'ont guère aidé à calmer mon appétit. »
Le groupe continua à marcher pendant quelques heures et trouva des baies et des fruits comestibles qu'ils se partagèrent. La pluie s'intensifia quelque peu et chacun put remplir leurs gourdes avec l'eau qui ruisselait en petite cascade, entre deux grands rochers. Le soleil parcourait son dernier quartile et les nuages se dissipèrent jusqu'à faire cesser la pluie en fin d'après-midi. Les jambes de chacun des membres du groupe leur faisaient accomplir un effort supplémentaire à chaque pas et ils durent s'arrêter pour passer la nuit dans un micro oasis.
« -Nous continuerons le reste du chemin demain matin, dit Mike, j'ai un peu sous-estimé la distance qu'il nous restait à parcourir.
-Nous sommes bien pour passer la nuit ici, dit John. Il y a quelques arbustes que nous pourrons utiliser pour faire du feu. Nous sommes loin de tous regards et un peu de chaleur dans la pénombre froide nous fera du bien et nous permettra de sécher nos vêtements.
-Comment est-ce qu'on va l'allumer ce feu ? demanda Mike.
-J'utiliserai mon couteau et le frotterai contre une pierre, répondit John. Avec quelques brindilles sèches, les étincelles allumeront vite un feu.
-Bien, dit Serena. Il était temps de s'arrêter, mon épaule me fait mal de plus belle.
-Fais-moi voir, dit Mike. »
Mike s'approcha de Serena afin de voir si l'infection s'était propagée davantage, mais il put heureusement constater qu'elle était restée stable. Chacun se sépara pour trouver plus de fruits ou autres choses de comestibles, ainsi que de quoi allumer un feu et l'entretenir. Bien vite, le soleil disparu à l'horizon et le groupe pu profiter de la chaleur du feu que John avait réussi à faire prendre en vie, avec un peu de rigueur, dut à la pluie qui avait humidifié le bois. Ils ne discutèrent que quelque peu, avant de sombrer dans un sommeil réparateur, épuisé de la chaleur de la journée et des kilomètres de marche parcourus.
Ils se réveillèrent bien après le lever du soleil. Il devait être environ neuf heures du matin. Mike se réveilla en premier et en remarquant qu'ils étaient en retard sur leur itinéraire, il s'empressa de réveiller les autres.
« -Réveillez-vous ! dit Mike. Je ne voudrais pas attendre encore une journée de plus si l'on manque l'apparition de la machine. »
Frank, John et Serena se réveillèrent chacun leur tour. Serena avait cependant une mine affreuse, elle n'avait presque pas dormi à cause de son infection qui s'était quelque peu empirée.
« -Ça va Serena ? demanda Frank.
-Disons que j'espère que Mike ne nous a pas perdus et que nous arriverons le plus tôt possible et sans embûche à la machine.
-Je sais exactement où nous sommes, dit Mike. »
Serena avait passé la majorité de la nuit éveillée et était encore moins patiente que d'habitude. Elle avait donc eu le temps de penser à comment récupérer les travaux que Mike avait dans sa poche. Elle ne voulait pas que John les utilise maintenant qu'il les avait récupérés. Elle s'échafauda quelques théories de plans qu'elle puisse utiliser, afin que John ne les ait pas quand ils seront de retour dans le passé. Elle avait discrètement réussi à voler les travaux dans les poches de Mike durant son sommeil et mettre une clef USB identique, qu'elle avait amenée avec elle, à la place de celle qui contenait les travaux. Mike ne pouvait donc pas se rendre compte qu'il s'était fait voler. Elle avait pensé abandonner les travaux dans le désert Chihuahua pour ne pas les ramener en 2045, mais elle abandonna cette idée, son instinct lui disant de les garder pour le moment. Mais en même temps, l'idée n'était pas bête. Elle pourrait garder les travaux bien cachés sur elle et faire passer le blâme de la « perte » de ceux-ci sur le dos de Mike. Elle avait essayé de détruire les travaux entre deux pierres pour réglé une fois pour toutes son problème de les garder loin de John, mais les clefs USB étant faites de carbone ultra résistant, ont à peine une égratignure paraissant sur leur coque. Dans le pire des cas, si John se rendait compte de la supercherie de Serena. Elle trouvera une solution pour les lui reprendre plus tard. En passant à d'autres idées de plan d'évasion lors de son retour dans le passé, Serena se perdit dans sa tête et commença à se demander si elle ne pourrait pas faire une copie des travaux qu'elle garderait. Elle pensait à Frank et le fait qu'il ne se souvenait plus de son passé. Une partie des travaux concernaient les notes et les expériences que Frank avait procédé dans le projet sur le contrôle de la pensée. Elle pourrait peut-être les utiliser pour faire revenir sa mémoire et les souvenirs qu'il avait oubliés ? Pas tous ses souvenirs, bien sûr, pour qu'il ne reperde pas la tête.
Si seulement elle avait la chance, infime est-elle, de retrouver le Frank du passé, celui qu'elle aimait. Bien sûr même si elle réussissait à découvrir un moyen de le faire avec les travaux, serait-elle capable de procéder de la bonne méthode ? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête. Elle espérait que c'était sa dernière nuit passée en 2145 et son infection la faisant souffrir, elle n'avait aucune envie que Mike ne les ait guidés dans la mauvaise direction.
« -Nous arriverons bien avant que la machine n'apparaisse, dit Mike. Il faut encore continuer au Sud encore et nous y serons.
-Je te fais confiance, Mike, dit Serena, mais si tu nous perds d'ici là ou que la machine n'apparaît pas, je te le jure que tu regretteras.
-Tu fais bien de me faire confiance, dit Mike, je te dis que je vous amènerai à bon port.
-Bon, dit John, nous devrions nous mettre immédiatement en route si nous voulons arriver avant la machine.
-Je dis qu'on fait ce que John vient de dire, ajouta Frank. »
Ils se mirent en marche d'un bon pas, tous motivés à arriver à leur destination. Mike ne semblait pas avoir remarqué que les travaux manquaient dans sa poche, mais Serena était quand même nerveuse. Pendant une pause, John lui prépara une autre gourde contre la douleur de son épaule et en regardant l'état de son infection, ils purent constater que les anticorps de Serena semblaient faire leur travail, mais ce n'était que pour le moment, il fallait qu'elle prenne des antibiotiques dès qu'elle le pourrait. Il plut encore un peu durant leur marche dans le désert, mais cette fois plus faiblement, leur permettant de ne pas être complètement détrempés et de ne pas avoir trop chaud. Peu avant midi, ils arrivèrent à leur destination.
« -Nous y sommes enfin, dit Mike. Quelle heure est-il ? »
John regarda sa montre.
« -12h43, répondit-il.
-Ouf nous sommes arrivés de justesse! dit Mike.
-Tu es sûr que c'est ici ? demanda Serena.
-Bien entendu, dit Mike. Nous n'avons que quelques minutes à attendre. »
Ils restèrent sur le pied d'alerte et avec un peu de nervosité pour attendre la machine. Le temps devenait interminable.
« -Il reste combien de temps, Mike ? demanda Frank.
-Quelques secondes, dit-il. »
La montre de John sonna, indiquant qu'il était une heure de l'après-midi, mais aucune ne trace de la machine à voyager dans le temps.
« -Je savais qu'il ne fallait pas faire confiance à Mike, dit Serena. Nous sommes désormais prisonniers dans le temps ! »
Mike ne comprenait pas pourquoi la machine n'était pas apparue. Il se remémorait tous les calculs qu'il avait effectués et il ne comprenait rien à rien.
« -Ce n'est pas possible, dit Mike, elle était supposée arrivée à 1hPM tapant !
-Elle a peut-être du retard ? suggéra John.
-Oh oui, ça doit être ça, elle avait surement une petite commission à faire à l'épicerie avant de venir, dit sarcastiquement Mike. C'est impossible qu'elle ait du retard ! »
Frank réfléchit un peu et trouva une cause possible au fait que la machine n'a pas apparu.
« -Mike ? dit Frank.
-Quoi ? dit sèchement Mike.
-Je crois avoir trouvé le problème, dit Frank.
-Ah oui ? dit Mike. J'ai refait tous les calculs dans ma tête et je ne le trouve pas le foutu problème ! »
Mike reprit son calme.
« -Vas-y je t'écoute, dit Mike.
-Tu as programmé la machine pour qu'elle arrive à 1hPM tapant, n'est-ce pas ?
-Effectivement, 1hPM tapant heure de Montréal.
-Heure de Montréal ! dit Frank. Nous avons loupé la machine à cause du décalage horaire. »
Mike se frappa au visage avec sa main.
« -Que je suis stupide, dit Mike. Je n'avais aucunement considéré le décalage horaire. Tu as trouvé, Frank.
-Alors on doit attendre qu'elle réapparaisse demain !? dit Serena. Je n'ai pas envie de passer une nuit de plus dans le désert!
-Malheureusement je ne crois pas qu'on en ait le choix, dit Mike. »
Serena s'avança vers Mike et le gifla.
« -Hey! dit Mike. Ça l'a fait mal.
-Tant mieux, dit Serena. »
John prit la parole.
« -Je suis désolé Mike, mais le décalage horaire n'est pas la cause du problème, dit John.
-Bien sûr que c'est cela, dit Mike.
-Eh bien non puisque ma montre est réglée à l'heure de Montréal. »
Mike devint tout blanc. Serena, étant toujours à côté de lui, lui donna une pluie de gifle au visage.
« -Je savais qu'il ne fallait pas te faire confiance ! dit Serena.
-Mais, mais, mais… dit Mike.
-Heure d'hiver, chuchota Frank.
-Qu'est-ce que tu as dit ? demanda Mike.
-Heure d'hiver, répéta Frank. Mike, lorsque tu as programmé la machine, c'était en hiver, non ?
-C'est exact, dit-il.
-Alors puisque la montre de John est programmée en heure de Montréal et que nous sommes partis en été, ça veut dire que l'heure d'hiver d'aujourd'hui est non 1hPM en ce moment, mais bien midi. »
Il eut un long silence.
« -Tu es plus stupide que je ne le pensais, dit Serena. »
Mike se sentait gêné.
« -Au moins on ne l'a pas manqué, dit-il. »
Soudain, ils virent des véhicules arriver au loin.
« -Mais qu'est-ce que c'est ? demanda John n'ayant pas une très bonne vue de loin.
-Des véhicules approchent, dit Serena.
-Nous ne pouvons nous cacher nulle part, dit Frank regardant autour de lui.
-Nous n'avons pas d'autre choix que de les attendre, dit Mike. Charger vos armes. »
Ayant encore leurs armes sur eux depuis le début de leur expédition dans le désert, chacun enleva le cran de sureté de leur fusil et le chargea. Les véhicules s'approchaient de plus en plus. C'était deux camions, l'un étant bleu et l'autre rouge, respectivement dans l'ordre.
« -Ce ne sont peut-être que des gens croyant que nous avons besoin d'aide, dit Frank.
-C'est possible, dit Mike. Espérons que c'est le cas. »
Les camions s'arrêtèrent à quelques mètres devant eux. Un homme sortit d'un des véhicules. Il était habillé avec une chemise décontractée, un chapeau sur la tête et portait des shorts beiges. C'est alors que tous le reconnurent.
« -C'est Christ, le gars de la base ? demanda Serena.
-Je crois en effet que c'est Christ, dit John. »
Aux mêmes moments des soldats sortirent des autres portes de la jeep ainsi que celles du camion. Ils portaient tous leurs uniformes et ils étaient lourdement armés.
« -Je suis flatté que tu me reconnaisses ma jolie, dit Christ. Est-ce que je vous ai manqué ? »
Serena ne répondit rien à ces paroles. John, Mike et Frank firent un pas en arrière.
« -Dommage que ça ne semble pas être le cas, moi en revanche, vous m'avez énormément manqué, dit Christ en ricanant. »
Il fixa l'épaule de Serena.
« -Tu es blessée ? demanda Christ. Je peux prendre bien soin de toi en guérissant cette vilaine blessure.
-Je peux très bien m'en passer, répondit Serena. »
Quand ils reconnurent Christ, John, Frank et Serena avaient pointé leurs armes vers lui par réflexe.
« -Je vous conseillerais, à votre avantage, de laisser vos armes au sol, dit calmement Christ. Je ne voudrais pas qu'un malheureux accident survienne. »
Personne ne bougea.
« -Quand je vous dis de les mettre au sol, je voulais plus précisément dire de les mettre maintenant au sol. »
Serena, Frank et Mike déposèrent doucement leurs armes au sol, voyant que les soldats de Christ avaient chargé les leurs. John lui, avait sa mitraillette toujours pointée sur Christ.
« -Toi aussi, John, dit Christ en affichant un sourire menaçant.
-Non, dit John qui ajusta son visé sur la tête de Christ.
-Non ? Dit Christ. Allons, John, ne fais pas l'idiot.
-Fais ce qu'il dit, John, dit Mike ayant mis ses mains sur sa tête. »
John ne lâchait pas son arme.
« -Je vais te laisser cinq secondes, John, dit Christ. Cinq…
-Non, dit John.
-Quatre…
-Allez, John, ne fais pas l'imbécile, dit Frank.
-Trois… »
John ne bougeait pas d'un poil.
« -Deux…
-Ils vont te tirer dessus, John ! dit Mike. »
À ce même moment, John appuya sur la détente de son arme, mais ratant son tir en direction de Christ. Il continua cependant à tirer avec son fusil automatique sur les soldats en arrière. Il réussit à atteindre en pleine tête cinq des sept soldats présents. Soudain, un clic se fit entendre, le chargeur de John était vide. Il dirigea ses yeux en vers ceux de Christ qui s'approchait de lui. Christ sorti calibre 9 mm d'un étui à pistolet qu'il portait à la ceinture. Une fois qu'il eut été à deux pas de John, Christ le frappa avec la crosse de son révolver ce qui fit tomber John à genou. Christ le frappa encore, faisant une entaille profonde à la figure de John, laissant couler le sang chaud, visqueux et mélangé à la sueur, sur sa joue qui enflait.
« -John ! cria Frank. »
Frank sentait qu'il devait aider John, comme s'il avait retrouvé son sentiment de forte amitié qu'il avait avec lui dans le passé. Mais craignant Christ, Frank resta figé.
« -C'était une très mauvaise idée que tu as eue, John, dit Christ. »
John ne répondit pas, pétrifié devant Christ qui pointait son arme sur son front.
« -Tu viens de tuer cinq de mes plus fidèles hommes, dit Christ à John. Tu peux comprendre que lorsque quelqu'un comme toi tue mes hommes comme ça, puisqu'il voulait faire son « héro », ça me met très en colère, tu comprends John ? »
John ne répondit toujours pas. Frustré du silence qu'il exprimait, Christ le frappa de nouveau au visage.
« -Tu vas répondre à ma question ! Dit Christ. »
John ne répondit toujours pas. Il fixait son agresseur directement dans les yeux. Christ soupira.
« -Et tu dois d'ailleurs comprendre que je dois te punir pour ça, reprit Christ. C'est beaucoup de boulot remplacer ces gars-là. Et que vais-je dire à leur famille ?»
John hocha vigoureusement de la tête. Christ chargea son révolver en enclenchant la crête de celui-ci.
« -Non ne fais pas ça, dit John.
-Attend Christ ! cria Serena.
-Ferme tes yeux princesse, je n'aimerais pas que tu fasses des cauchemars, dit Christ poussant un rire. »
Soudain, un bruyant coup de feu se fit entendre, créant le silence. John tomba étendu au sol, couvert de sang, sans vie. Christ le regardait, n'exprimant aucun remords, avec un petit sourire sur son visage.
« -John !!! hurla Mike de tout son corps. »
Christ continua de rire et essuya une goutte de sang sur son front, provenant de John. Il prit ensuite la parole.
« -Oh c'est vrai, dit Christ, il était votre ami. Toutes mes condoléances, mais c'est de sa faute s'il est mort. On doit réfléchir avant d'agir, mais John n'a su être intelligent et faire ce que je lui avais demandé.
-Tu n'es qu'un monstre, dit Serena.
-Surveille tes paroles, dit Christ, jolie princesse. Maintenant, je me demande bien ce que je peux bien faire de vous. »
Il réfléchit un bon moment.
« -Je pourrais tout simplement vous tuer comme John, sauf bien sûr toi, Serena, je ne peux gâcher ta beauté. »
Il lui fit un clin d'œil. Serena détourna le regard vers le cadavre de John.
« -Je crois bien c'est ce que je vais faire, dit Christ.
-Non s'il vous plait ! cria Mike. »
Christ afficha un sourire à glacer le sang.
« -Je n'ai pas dit que j'allais le faire maintenant dit Christ. Avant, je vais répondre à quelques questions que vous devez surement vous poser. Premièrement, vous vous demandez surement comment vous ai-je retrouvés ? C'est bien simple. J'ai lu les souvenirs de Mike et c'est ainsi que j'ai su son plan d'évasion de la base et le moyen qu'il allait prendre pour retourner dans le passé. Je savais donc tout ce que vous alliez faire et je n'ai pas fait d'efforts pour vous empêcher de vous échapper de la base. Ce que je voulais de vous, c'est de m'approprier la technologie dont vous disposez pour voyager dans le temps. J'aurais pu me contenter de prendre vos travaux dans les clefs USB et ensuite me débarrasser de vous, mais je ne voulais pas me contenter de la théorie de la chose. Ce que je veux, c'est un engin fonctionnel pour voyager dans le temps. C'est pourquoi que je vous ai rejoint ici, là où mon cadeau que j'attends précieusement est supposer d'arriver d'une minute à l'autre. Maintenant que j'en suis où nous sommes présentement, je vais pourvoir prendre, dès que j'aurai la machine, des vacances en 1998 ou encore en 2016 ou pourquoi pas dans le futur sois en 2245 ? »
Christ poussa un grand rire.
« -Heureusement que je n'ai pas beaucoup d'émotion envers vous, dit Christ. Il sera donc moins difficile pour moi de me débarrasser de vous en vous tuant. Vous comprenez que je ne veux pas qu'il y ait de témoins et me compliquez la tâche à vous emprisonner quelque part ? Donc, qui veut y passer le premier ?»
Mike regarda sa montre.
« -Toi, dit Mike. »
À ce même moment, la machine à voyager dans le temps apparue et frappa de plein fouet Christ et les deux soldats, les tuants sur le coup, à quelques mètres devant Mike, Frank et Serena. Ils avaient les yeux encore grands ouverts devant le spectacle inattendu qui venait de se produire.
« -Ils…ils..ils…balbutia Serena.
-Ils sont morts, dit Frank en regardant les corps au loin. Mais je ne me tenterai pas d'aller plus près vérifier. »
La machine à voyager dans le temps, identique à celle qu'ils avaient utilisée pour aller dans le futur, s'était arrêtée quelques mètres plus loin, en roulant. Mike qui s'était effondré à genoux quand John fut tué se releva.
« -Ça l'a marché, dit Mike sans excitation de son exploit.
-Oui, Mike, maintenant rentrons, dit Serena en commençant à marcher vers la machine. »
Mike suivit Serena, mais pas Frank qui fixait le corps de John.
« -Ne nous devrions pas ramener son corps ? demanda Frank. »
Serena et Mike cessèrent de marcher et firent un demi-tour pour faire face à Frank, avant de se rapprocher de lui.
« -Nous devrions l'enterrer ici, dit Mike tristement.»
On aurait dit que tous les bons souvenirs d'amitié qu'il avait vécu avec John avaient refait surface dans la mémoire de Frank due au choc de la perte de celui-ci. Frank était très triste de la mort de John.
Mike laissa Serena et Frank seul en se dirigeant vers la machine à voyager dans le temps, pour y arrêter le minuteur qui l'aurait renvoyé une journée plus tard, s'il l'avait manqué Serena prit Frank dans ses bras pour lui apporter du réconfort.
Mike revint ensuite de la machine à voyager dans le temps avec une pelle en main. Sans dire un mot, il commença à creuser un trou pour y enterrer le corps de John. Frank et Serena le regardèrent faire. Le sable dont Mike creusait était un peu humide, empêchant que le sable ne se renverse au fur et à mesure dans le trou. Une fois la besogne faite, Mike déposa sa pelle, il s'approcha de John, prit sa dépouille et la jeta dans le trou qu'il venait de creuser. Frank, Mike et Serena se placèrent en cercle autour du cadavre de John.
« -On devrait dire quelques mots ? dit Mike. »
Serena prit alors la parole.
« -Tu n'étais pas forcément une mauvaise personne, John. Nous n'étions certes pas d'accord dans certains, disons plutôt la majorité de nos convictions, mais ton départ inespéré et brusque me bouleverse énormément. Tu ne méritais pas de mourir. Repose en paix, John. »
Serena se pencha et prit une poignée de sable pour la jeter dans le trou où était couché John. Frank et Mike ne savaient pas quoi rajouter comme parole firent la même chose que Serena en enterrant peu à peu le corps de John. En quelques minutes, la petite fosse que Mike avait creusée fut remplie. Étrangement, un cactus était planté à une extrémité de la « tombe » de John, faisant office de pierre tombale. Mike prit son couteau de son uniforme d'armée et écrit sur un bout de bois au pied du cactus : « John Joseph Williams 2015-2145 RIP». Il rangea ensuite son couteau, et se leva.
« -Nous devons y aller, dit Mike. »
Sans dire un mot, le groupe retourna à la machine à voyager dans le temps et y entra à l'intérieur. Une fois leurs harnais de sécurité attachés, Mike fit décoller la machine en direction de 2045. Le voyage fut aussi brusque que les précédents, mais le groupe ne le ressentait pas tout étant donné leur état émotif.
Lorsque la machine cessa de trembler dans tous les sens, Mike ouvrit la porte de celle-ci et en sortit. Frank et Serena le suivirent. Il faisait nuit et on voyait au loin les lumières de la ville, comme lors de leur départ.
« -Nous devrions nous éloigner de la machine, dit Mike, je l'ai programmée pour qu'elle s'autodétruise. »
Ils reculèrent d'une vingtaine de pas de la machine. Après quelques instants, elle commença à s'enflammer doucement, créant un grand feu, sans explosion. Un long silence fut accompagné de cette scène. Serena sortit alors les travaux qu'elle avait dans sa poche et les tira dans le brasier que la machine créait.
« -Je te les ai volés pendant ton sommeil, Mike, dit Serena. Je crois que tu comprends que c'est la meilleure chose à faire de s'en débarrasser. Tu peux voir par toi même où ça nous a menés.
-Je comprends, dit Mike.
-Mike? demanda Frank.
-Oui ?
-Tu as toujours la machine à contrôle de la pensée?
-Oui pourquoi ?
-Donne-moi-la, dit Frank. »
Mike sortit la petite machine de sa poche et la donna à Frank. Frank la plaça contre son front en appuyant sur quelques boutons de commande, puis fit la même chose à Mike.
Mike eut une sensation comme s'il avait reçu un grand coup à la tête. Il avait un sérieux mal de crâne, mais ce qui le frappait n'était pas la douleur, mais le retour de milliers de souvenirs oubliés, dans sa mémoire.
« -Je me… je me…dit Mike en cherchant ses mots. »
Il frotta ses yeux, comme s'il venait de se réveiller.
« -Frank, tu es marié avec Serena ? dit Mike. »
Frank se plaça alors face à Serena. Ayant entré les bons réglages dans la machine, il se souvenait de la relation qu'il avait eue avec Serena, ainsi que son mariage. Il se tourna alors face à face avec Serena.
« -Je me souviens de tout Serena, dit Frank.
-Ah oui? dit-elle, avec un peu d'inquiétude. »
Frank prit quelques secondes avant de répondre.
« -Serena, dit Frank.
-Oui? »
Frank se pencha alors vers Serena pour lui chanter quelque chose à l'oreille.
« -Le jour comme la nuit
Mon cœur fond dans le tien,
À toujours et à jamais,
Je t'aimerai… »
Serena versa une larme et serra de toutes ses forces Frank dans ses bras.
« -Je suis si contente que tu me sois revenu, Frank, dit Serena. »
Prenant ! Bravo pour l'imagination. Encouragements
· Il y a plus de 2 ans ·odess
Merci beaucoup Odess, je suis heureux que vous ayez aimé mon texte. Je l'avais écris lorsque j'avais 16 ans et j'ai décidé sept ans plus tard de le resortir de la glace :) Je suis en train d'écrire un "prequel" dont le titre est "Un passé oublié".
· Il y a plus de 2 ans ·François Michaud