UN PISTOLET SUR LA TEMPE
carl-personne
Mon bébé.
Je croise cette fille, je sais qu'elle est jolie, qu'elle plaît à beaucoup d'hommes, mais je la trouve moche et pathétique, elle ne te ressemble pas, elle n'est pas toi...
Qu'as tu fait pour me rendre ainsi? Dépendant et incapable d'aimer les autres. Tu as tout emporté sur ton passage, mon sourire, ma joie de vivre, mes rêves, mes espoirs, mes pensées, mon coeur, ma vie... Même mes amis les plus proches sont incapables de m'aider. Je leur souris, leur raconte que tu étais trop conne afin qu'ils me soutiennent, qu'ils me disent que je mérite mieux, que je suis un mec bien mais c'est comme si ils me lançaient une bouée crevée au milieu de l'océan.
Le pistolet chargé contre la tempe, je sens le mouvement de mon doigt sur la gâchette, l'appui est lent, je n'ai pas la force de la presser un peu plus et de mettre un terme définitif à la douleur, je tremble et j'espère un faux mouvement, un grelotement involontaire... Chaque matin, je répète cette action espérant en terminer mais peut être que l'heure de la mort n'est pas encore venue, peut être reviendras-tu avant le tremblement fatal. J'y verrais presqu'un signe que notre amour non plus n'est pas décédé, c'est devenu mon rituel matinal, mon rituel du réveil, la mort ou la vie, un jeu de doigt tremblant qui me pousse de façon contradictoire à passer la journée sur mes deux jambes au lieu d'aller au fond du trou... Peut-être ai-je encore quelque chose à faire sur cette planète, peut-être que tu ne me méritais pas ou peut être que c'était moi...
Je ne sais même plus si je t'aime ou si je te déteste, je ne sais même plus si je souhaite ton bonheur ou tes pleurs. Parfois, je voudrais te savoir heureuse, parfois, je voudrais qu'un homme t'arrache le coeur comme tu as brisé le mien. Haine et amour se mélangent dans cette souffrance qui prend racine, qui grandit encore et encore au fur et à mesure de tes silences, de ton absence... Elle se nourrit du manque de toi, elle se nourrit de tes souvenirs, je ne peux plus cuisiner les petits plats que je préparais pour toi, je ne peux plus visiter la Terre, je ne peux plus boire de vin, je ne peux plus faire l'amour, je ne peux plus...
Je t'aime et je te hais.
CARL PERSONNE.
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