Un printemps. (2014)

clairel

Quand je pense à toi, je me revois enfant.

Cher G., 

 Il est des départs qu'on oublie jamais, qui nous construisent tout en nous blessant. Je ressens le besoin de parler de toi, de t'honorer à ma façon avec ces quelques mots qui ne toucheront peut-être que moi mais qu'importe, l'écriture est mon seul exutoire. 

Quand tu nous a laissés je n'étais qu'une enfant, tout juste capable de comprendre ce qu'il se passait. Je ne savais pas vraiment ce qu'était la mort, quelles étaient ses conséquences sur ceux qui restent. Et puis, tu m'as laissé là avec ce sentiment de ne pas t'avoir connu, jamais je ne saurai qui tu étais vraiment, quels étaient tes rêves et tes regrets, comment tu en es arrivé à mener cette vie là. 

Je me souviens pourtant bien de toi, même si tu es parti depuis longtemps. Tu parlais peu, tu menais une vie qui me semblait évidente entre ce fauteuil sur lequel tu t'asseyais pour regarder la télé et le garage où tu te réfugiais pour réaliser ce que je considère comme de l'art. Tu étais peut-être le membre de la famille que je considérais comme le plus mystérieux, ce qui forçait mon admiration. 

Aujourd'hui encore j'ignore pourquoi tu as préféré abandonner et même si j'ai ma petite idée, je commence à accepter le fait que je ne le saurais jamais et qu'en vérité ça ne me regarde pas. Après tout, c'est peut être une façon d'entretenir le mythe que j'ai inconsciemment construit autour de toi. 

Où que tu sois, même si c'est nulle part, prends soin de toi, 

Céline. 


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