Un samedi lacrymo

scribleruss

Le Foulard Rouge. Au fil du Dimanche 27 janvier 2019 8.37

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  C'était hier samedi en fin d'après-midi ...

   La foule emplissait la rue principale, et croisant le cours des Cinquante-Otages, traversait au milieu des gilets jaunes .. Un casseur en uniforme noir casque-masque s'empara d'une poubelle et voulu la jeter dans un petit brasier tout bête qui  gisait avec ennui au milieu de la chaussée dans l'indifférence des passants.

    L'on eut dit quelques âmes qui y expiraient tranquilles.

    A deux cents mètres d'autres gilets jaunes provoquaient les forces de l'ordre dans un brouillard épais de fumée lacrymogèniques.

   J'entendis une voix, un type me parlait, je me tournai vers la voix, un petit monsieur la soixantaine peut-être, blouson sur blue de jean, comme moi d'ailleurs, je m'étais mis en passant incognito, qui regardait le show, on vient désormais en ville pour le show le samedi, on se faufile entre les cars de la gendarmerie ou des compagnies de sécurité, on dit aux policiers bardés, vous avez le moral ?  un p'tit café ? ...

   ... donc le type qui me mâte ... mais non j'ai plus l'âge et le bonhomme n'est pas mon style ... ah si ma femme me lisait ...  et qui me dit tranquille . " Il faut qu'il démissionne "

   Je ne lui demandais rien.. Il remet ça ; " " Il faut qu'il démissionne. " Je n'ai pas compris tout de suite, qui Il ? ah sans doute le président, je fais une moue dubitative ..

   " Ben oui, il n'a pas le choix, il est arrogant, il est... il est, c'est pas en tapant sur les gens .... faut qu'ça finisse ... "

    J'ai selfié le gilet jaune qui s'en prenait au casseur à la poubelle en lui disant tu nous fait du tort ..

     Une femme s'est approchée puis un autre, laisse tomber ..

                J'ai bien aimé Mai soixante-huit, je n'avais plus d'essence à mettre dans mon solex, un chef d'entreprise pleurait devant un ouvrier d'en être réduit à  ne plus pouvoir manger que des " patates "

     Chacun se racontait son histoire, on en rajoutait dans les forums improvisés tous les soirs jusqu'à une heure du matin et ça dura un mois.

    A vingt-kilomètres autour de la ville, dans les campagnes, les paysans recevaient les cégétistes à drapeaux rouges et noirs à coups de manches de cognées.

  Dans les couloirs de l'immeuble de la Sécurité sociale l'on forniquait sec ... C'était le printemps, c'était l'amour, on ne travaillait plus, on marchait à pied..

                     Ce fut une belle kermesse heureuse, à vingt quatre ans j'étais auxiliaire de bureau, je gagnais cinq cents francs par mois.

        Juillet arriva et chacun prit la route des vacances.

                                                 µµµ


  • Tiens, moi aussi, j'ai commencé avec cinq cent francs par mois, dans les bureaux, il y a bien longtemps...
    Cela dit, très récemment, un homme voulant bien faire, s'est infiltré parmi les Gilets, en leur recommandant de s'en aller pour éviter tout incident grave. C'est alors qu'un projectile venu des forces de l'ordre (sans les blâmer, je n'y étais pas) a atterri dans son œil. Résultat : hôpital, douleurs, très longue opération et il ne sait pas encore si son œil sera sauvé. C'est une horreur !
    Moralité : éviter les manifestations en ce moment du moins !

    · Il y a presque 6 ans ·
    Louve blanche

    Louve

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