Un sanglier
Frédéric Wyczisk
Un sanglier
Souvent singulier, solitaire
Lourdaud, rustre pataud
Magnifique bête, hure en tête
Phœnix des sous-bois, des orées
Dans sa bauge il se vautre le cochonglier
Frotte au tronc d’arbres son long jarre rêche, sa soie
Pour les parasites éliminer, garder son quant à soi
Bigleux mal voyants, il compte sur son flair
Ses marcassins le suivent derrière, en lisière
Il s’en donne à cœur joie dans les champs de mais
Retourne le tout, mulote, fouisse
Et évidemment ça plait pas au pays
Et à la fin tout le champ, ruine. Leurs défenses ils fourbissent
Et quand un chasseur malotru, obtu
Le met en joue
Sans pitié, cruel à 10 mètres, le tue
Il court toujours, têtu, fou
La bête mammifère, fière, s’effondre plus loin
Tout d’un coup s’affale dans son groin
Que le monde est cruel, que cette bête est belle
Une vacuité me saisit, la banalité du mal
Dans cette matinée automnale
Dans mon esprit je pleure pour les marcassins
Pour les hommes, pour les assassins.