Un sentiment sans nom...

"Je t'aime", dit-elle.

Je la savais sincère, et ceci ne rendait la chose qu'encore plus douloureuse...

Je fixais son regard, rempli d'une tendresse infinie, ce regard qui ne m'était point destiné...

"Je t'aime", dit-elle, et tout ce que je pensai "pourquoi lui?... pourquoi pas moi?..."

Ce je t'aime publique, lancé à mon insu, me secoua violemment, bien que rien n'apparut sur mon visage dont j'avais, heureusement, dompté les grimaces et les sentiments depuis fort longtemps. Ses mots malheureusement sincères m'arrachèrent du mensonge dans lequel je me complaisais "ce n'est pas moi, c'est elle, elle est réservée, elle ne sait s'exprimer". Oui, ses mots me giflèrent: "non c'est bel et bien moi"...

Les gens croiraient que c'est de la jalousie, moi je dis que c'est un sentiment autre, un sentiment sans nom.

Est-ce que je l'aimais?

Non, pas vraiment!

Mais j'aurais bien aimé pourtant!

Pour des raisons inconnues, j'avais cherché ses faveurs, sans lésiner sur les moyens. J'avais voulu être plus que le sourire cordiale, et les banalités presque obligées qu'on échange pour peupler une conversation.

J'avais voulu ouvrir mon cœur et voir le sien s'ouvrir à son tour.

Je l'avais même attendu, et tant de fois je suis retourné au carrefour de mes sentiments, espérant, priant presque, mais elle ne vint jamais, du moins pas entièrement...

Un jour je me suis résigné à croire qu'elle était simplement ce qu'elle était, un amour masqué, un amour à moitié...

Un jour j'ai arrêté..

Mais est-ce qu'on s'arrête vraiment quand les choses ne furent que demi-mesures?...

A croire que non, sinon, que serait ce sentiment sans nom?...