Un soir de pluie
moox
Elle était la. Elle était venue, contre toute attente, contre toute raison, toute logique, elle se trouvait la, devant la porte de l'appartement.
Elle hésitait : devait-elle appuyer sur la sonnette ou faire demi-tour ? Oser, ou reprendre sa petite vie toute tranquille, simple, mais éphémère, routinière ?
Et alors, elle fit demi-tour, s'apprêtant à dévaler les escaliers, la tête basse, l'esprit triste. De se sentir tellement faible, de ne pas parvenir à se comprendre ni a oser…
Elle s'en voulait énormément de ne pas se surpasser jusqu'au bout. Car déjà, elle s'était préparée une heure durant dans sa chambre, afin d'être remarquable. Ensuite, sous cette pluie et dans cette nuit froide, elle avait traversé la ville entendant les remarques des gens dans la rue et les transports en commun, elle avait combattu tout ca pour arriver jusqu'à ce pallier de porte, car, son esprit et son cœur lui avaient guidés tout ces gestes.
Mais la, la peur l'avait paralysé à deux doigts de la sonnette, et sa petite voix, qu'elle voulait faire taire à jamais pour enfin vivre heureuse, lui conseillait d'arrêter de ressentir ce qu'elle pensait ressentir. Alors elle faisait demi-tour, dévalant les 3 étages qui la séparait de la cage d'entrée, de la rue, de la vie qui tournait toujours.
Elle regardait le sol, dévalant les escaliers en fuyant son destin. Mais le destin est toujours victorieux, c est ce qu'il est, il réunit ceux qui doivent l'être, termine la vie de ceux pour qui l'heure est venue, c'est comme ca, c'est notre destinée. Certaines personnes sont la destinée l'une à l'autre, c'est ainsi.
Elle bouscula quelqu'un dans sa course, s'excusa sans lever la tête, en continuant à dévaler les escaliers, mais un bras la rattrapa dans sa course, la stoppa nette, cette sensation quand la main de cette personne qu'elle l'avait bousculé, elle la connaissait par cœur, c était ELLE, celle pour qui elle avait fait tout ca, celle qui avait fait en sorte de chamboulé toute sa vie, son esprit, son cœur, ses pensées et croyances.
Elles stoppèrent net, dans la cage d'escalier, entre le 2ème et le 1er étage.
Elle pleurait, la tête baissée, comme honteuse de tout ce qu'elle avait fait, elle avait peur, mais tellement envie en même temps.
La femme bousculée, qui paraissait plus surprise et heureuse que timide et apeurée, la regarda. D'une main, celle qui ne tenait pas son bras, lui releva son menton, l'obligeant ainsi à relever la tête, relever le regard, qui d'après elle était magnifique, tout comme la personne entièrement.
Leurs regards se croisèrent, l'un emplit de peur, de la peur d'aimer. L'autre, d'étonnement, de se sentir aimé au point d'être la, à ce moment la.
Alors elle se rapprocha d'elle lentement, en douceur, tentant de se montrer le plus apaisante possible, la plus confiante. Ses doigts glissèrent le long du visage de la jeune femme, qui, ne pouvait plus bouger, tellement son esprit bataillait contre son cœur, arrivèrent jusqu'à ses lèvres, puis ce fut, dans la même douceur, les levres de la femme qui allèrent trouver celles de la demoiselle qui avait parcouru la ville entièrement sous ce froid et cette pluie.
Un baiser d'une extrême lenteur, sensibilité, légèreté.
« Vient, rentrons chez moi, ca va aller, je suis la, je suis la pour toi » lui dit elle quand elle ôta ses lèvres des siennes.
Alors elle lui sécha ses larmes, lui prit la main, et ensembles, elles gravirent les escaliers qui les séparaient de l'appartement en question. 15 minutes plus tard et un café dans les mains, elles discuteraient, de tout, tout ce qui en ce moment chamboule leurs petits quotidiens. De cette rencontre dans un tramway à ce qui s'était produit dans les escaliers. Et aussi, de ce qui allait se produire dans un futur proche. Elles se confiaient l'une à l'autre.
Le temps ne comptait plus, plus rien ne comptais, elles étaient ensembles, cela leur suffisait amplement, le monde peut continuer de tourner, si il tourne à coté de la personne dont on tombe amoureux